Ô, pot de peinture ! [Libre]

La vis-à-vis de Sheen s’écarta bientôt, et ce dernier ne fit aucunement attention à l’air de son visage. Il conserva la même expression, le même petit sourire léger, abaissant les bras et songeant. Il leva un instant le nez en l’air pour jeter un coup d’œil de jade au ciel gris, qui semblait doucement se couvrir. Et la brise, légère, s’était faite peut-être un tantinet plus forte depuis le début de leurs pérégrinations. Un orage se préparait-il ? Peut-être, à moins que ce ne soit qu’une averse ou un simple passage nuageux. Après tout, on ne savait jamais. Jichinôra, qui s’était retournée, dévia une nouvelle fois vers le jeune Tempête, un vague sourire aux lèvres. Elle se pencha sur le panier en osier qui l’accompagnait, pour en sortir une rose qu’elle y avait déposé. Après avoir lissé ses pétales et l’avoir glissée dans ses cheveux d’ébène, la jeune fille bondit en face de Sheen. Un douce effluve s’échappait de la fleur, une odeur de fleur sucrée. Si la rose était belle ? Oui, bien sûr. Même si le jeune homme n’était pas friand de la flore en général, il savait trouver une rose délicate de beauté. De toutes façons, l’intrigante question de la jeune guérisseuse ne semblait pas nécessiter de réponse, aussi Sheen n’ouvrit-il pas la bouche, se contentant de garder un instant le regard flottant sur la fleur rougeoyante.

Il écouta d’une oreille distraite Jichinôra lui raconter l’histoire de cette fleur, tombée d’un arbre sur son îlot le matin même. Elle poussa un discret soupir, auquel le garçon ne réagit pas, une nouvelle fois balloté par quelques pensées anodines qui venaient doucement bercer son esprit en veille. Les fleurs rouges, comme cette rose que Jichinôra avait déposé dans ses cheveux, lui donnaient toujours l’impression de quelques gouttes de sang, écarlates à souhait, se découpant sur un fond quelconque. Des gouttes de sang sur une couche de neige, des gouttes de sang s’éparpillant au pied d’un arbre… Image peut-être sordide mais incontestablement poétique. Voilà d’ailleurs le seul intérêt que Sheen trouvait à ce genre de fleurs, à leur délicate et fascinante beauté. Ce fut à son tour de pousser un soupir, léger et furtif, avant de redresser la tête qui s’était légèrement abaissée, alors qu’il parcourait le sol du regard sans le voir, quelques instants. Posant les yeux sur la fleur une nouvelle fois, il se rappela soudainement l’histoire du pot de peinture rouge. N’était-ce pas ce qu’ils étaient venus chercher à la base ? Mais oui, bien sûr ! Ils s’étaient juste fait distraire un instant… Comme cela semblait facile dans ce genre de situations. Relevant les yeux pour les ficher dans ceux de son interlocutrice, Sheen ouvrit la bouche pour prendre la parole et rappeler les faits, de sa voix au timbre naturellement agréable.

- J‘y pense, et notre fameux pot de peinture ?

Oui, ils l’avaient complètement oublié, celui-là. Pour un temps du moins.

Sur ces mots, le garçon aux cheveux noirs se releva sur ses jambes un peu engourdies, inspirant au passage une bonne goulée d’air, se redressant de toute sa taille. Embrassant de son regard verdoyant l’étendue du quartier dévasté qui s’étendait tout autour d’eux, comme s’il pouvait repérer un éclat rouge d’un coup et d’un seul regard, Sheen tourna sur lui-même doucement. Jusqu’à ce qu’il s’arrêta face à sa compagne d’investigations, à laquelle il adressa une esquisse de sourire encourageant. Avisant les décombres sous leurs pieds, les gravas, les bouts de plâtres et les objets non identifiés qui se dressaient de là, Sheen sauta lestement à bas du pseudo-talus sur lequel ils s’étaient arrêtés. Il se posta habilement sur une surface plus ou moins en équilibre, appréciant le son des décombres qui roulaient ou grinçaient sous ses pieds, comme un écho du passé. Puis là, il dévia de nouveau le visage pour l’orienter vers Jichinôra, attendant qu’elle se mette en mouvements à son tour, l’air serein et tranquille, comme s’il avait fait cela toute sa vie. Une nouvelle fois, il prit la parole sur un ton interrogatif.

- On y retourne ?

A la recherche du pot de peinture écarlate perdu.
Du moins, s’ils en trouvaient un avant qu’ils ne s’en aillent.

« On y retourne ? »

Alors il n’était pas prêt de se débarrasser d’elle, apparemment ! Non pas que ce sentiment n’était pas partagé, seulement, après une telle rencontre… si elle continuait comme ça, elle finirait dilapidée à la fin de la journée, sur un autre traître morceau de verre. Et puis, l’heure avançait, et à force de parler pour rien dire comme cela, et à court de pain chaud… ô, fatalité ! Elle devait se remettre à son fourneau. Après s’être mise à ses pinceaux et tournevis, peut-être. Dépendant des travaux qu’il y aurait à faire. À évaluer lorsqu’elle rentrerait. Entretenir un îlot seule, c’était tout de même du travail. Même si jusqu’à maintenant, elle s’en tirait plutôt bien. Heidy n’avait pas été mauvaise; elle lui avait laissé en bon état, sans problème majeur à régler. Et elle aurait sûrement trouvé des bons samaritains pour l’aider s’il y en avait eu; il y en a toujours des prêts à aider ! Ne sait-on pourquoi, elle n’arrivait à y inclure Sheen, même si elle le trouvait adorable. Le terme le plus exact, à son goût, était plutôt « agréable personnage », ou mieux, encore : « curieux mais agréable personnage ». Personne n’est parfait, surtout pas elle.

Mise à part cela, il y avait toujours cette blessure sous son pied qui l’élançait inlassablement. Il faut dire que ce genre de tiraillement ne manque jamais de tanner sa victime, même si Jichi était habituellement d’un naturel patient, elle avait envie que ça cesse ! Son bandage de fortune ne tiendrait pas bien longtemps et la guérisseuse voulait y mettre une compresse pour que lorsqu’elle s’appuie dessus, la douleur ne soit que passive. Un médecin blessé, c’est le comble, mais s’il faut en plus qu’il traîne pour se guérir lui-même ! Alors là ! Mais les apparences passent toujours en dernier, et puis l’élancement incessant de son pied commençait à l’irriter légèrement.
Jichinôra grimaça doucement, puis prit un petit air d’excuse :

« Eh bien, c’est que mon pied me dérange un peu… je ne me crois plus en mesure de conquérir le vaste univers, tristement. Peut-être un autre jour, si nous nous croisons encore à travers les décombres. »

La guérisseuse sourit gentiment puis tourna sur elle-même pour savourer la vue nostalgiquement imprenable des ruines une dernière fois et ajouta :

« Je dois m’avouer vaincue; nul artéfact rarissime ne se trouve ici, sinon peut-être, jadis le splendide éventail que j’ai recueilli. Excepté celui-ci… je me rendrai aux marchés, pour m’en procurer un et alléger ma bourse. Par la suite… sur mon îlot, et sache que je t’y invite volontiers quand tu le souhaites, vaillant compagnon ! »

Papier et crayon en main, bien-sûr sortis de son panier d’osier adoré, elle nota quelques coordonnées rapidement, d’une petite écriture élégante et serrée à l’encre noire et grasse. Elle fit quelques bonds boitillants vers Everfield et glissa le petit mot dans son collet sans prendre gare à ses manières : après tout, il n’était pas plus vieux qu’elle, et la gêne n’avait pas sa place au cœur d’une excursion aussi laborieuse. Elle recula de quelques pas en évitant de croiser son regard d’émeraude et lança :

« Mon îlot n’est pas très difficile à trouver, il est pratiquement l’un des seuls qui n’ait un seul logement. En l’occurrence, ma maison, et j’y habite seule, alors tu me visites si le cœur t’en dis. Parfois j’ai des blessés, par contre… mais ce n’est pas très délicat, je déciderai bien de qui entre chez moi, hein ! »

Puis elle plongea les yeux dans ceux de son nouvel ami qu’elle trouvait de plus en plus envoutants. C’est vrai, quoi, son regard lui faisait l’effet d’une plante carnivore à une mouche; c’était mielleux, mielleux jusqu'au moment où elle s’y empêtrait. Mais bon, rien de dangereux. Seulement un petit pressentiment qui lui dictait de parfois rester à distance, car oui, foncièrement, il l’attirait. Il l’attirait, une attirance normale, pas très alarmante, mais tout de même existante. Jichinôra Fides Ei sourit. La journée avait mieux tournée qu’elle ne l’avait espéré, au bout du compte.
Elle passa la main dans ses cheveux et son sourire devint plus timide.

Ah oui, cette histoire d’écorchure au pied, Sheen l’avait momentanément oubliée. La grimace légère qui étira les traits du visage de Jichinôra, alors qu’elle s’excusait de ne pouvoir continuer leur quête improvisée, était de toutes façons suffisamment explicite pour que le garçon comprenne que cela ne servait à rien d’insister. Il n’allait pas non plus se mettre à bouder et exiger que sa compagne continue les recherches avec lui, voyons ! Et puis, après tout, il fallait se rendre à l’évidence : un pot de peinture rouge serait indéniablement difficile à trouver dans ces décombres du quartier Ouest. Il serait terriblement plus simple d’aller directement en acheter un, c‘était sûr. Néanmoins, cette diversion aura permis aux deux jeunes gens de se trouver une occupation, certes quelque peu originale et courte, mais qui aura eu le mérite de leur permettre de faire un peu plus ample connaissance également. Car même s’ils donnaient l’impression de s’apprécier mutuellement, de trouver peut-être chez l’autre un petit quelque chose d’intriguant, ils ne s’étaient rencontrés que quelques instants plus tôt, après tout. Ce matin-même, ils ne se connaissaient pas encore, par exemple. Bref, il faudrait certainement du temps et d’autres rencontres pour apprendre à se connaître, pour avancer comme tous le faisaient dans les chemins de recherche et de confiance de l‘autre, pour se permettre peut-être plus de libertés et découvrir certaines choses. Comme tout le monde.

Sheen, qui s’était contenté d’un hochement de tête compatissant aux paroles de la demoiselle, comprenant qu’il était temps pour eux de s’en aller de ces décombres et de se séparer, esquissa un léger sourire lorsque Jichinôra se mit à griffonner sur un bout de papier. Ainsi, il pouvait se rendre sur son îlot quand il le souhaitait ? Voilà qui était intéressant, et surtout gentil de sa part. Il lui avait fait un si bon effet que cela, ou c’était juste par simple politesse ? Allez savoir, hein. En tous les cas, il était plutôt satisfait de savoir qu’il aurait l’occasion de revoir cette jeune guérisseuse, ma foi intéressante en plusieurs points. Cette dernière, d’ailleurs, finit par le rejoindre en quelques bonds et sans qu’il ait eut le temps de réagir, lui glissa le mot dans le collet de sa chemise et entama ses explications. Sheen écouta avec attention les dires de sa vis-à-vis, son esprit vif et intelligent retenant les éléments importants qui l’aideraient à trouver ce fameux îlot lorsqu’il aurait envie de s’y rendre. En même temps, et machinalement, il avait pris le papier pour l’extirper de son collet et le déplier entre ses doigts, afin d’y jeter un rapide coup d’œil. Il releva les yeux à l’instant où Jichinôra finissait ses explications, leurs regards se croisèrent, l’éclat de jade contre l’éclat rosé, l’éclat de jade avec l’éclat rosé, et la demoiselle sourit. Au même instant, un grondement de tonnerre, lointain mais néanmoins audible, se fit entendre de la masse nuageuse qui approchait. Sheen n’y prit même pas garde, à vrai dire. Il sourit, à son tour, mais avec un de ces sourires à la fois complice et d’une petite arrogance de démon enjôleur, qui pouvait faire sourire ou gêner peut-être, tenant le papier replié entre l’index et le majeur de sa main droite. Fixant la demoiselle qui lui faisait face, une main glissée dans une poche et l’autre tenant le papier à la hauteur de son visage, le jeune homme inclina une nouvelle fois légèrement la tête avant de prendre la parole et de répondre à son interlocutrice, l‘air adorablement nonchalant.

- Bien entendu. Je serais enchanté de passer chez toi dès que je le pourrais.

Ce qui n’était que pure vérité. Cette rencontre qui n’avait pas forcément été prévue lui laissait un petit goût intéressant aux lèvres, ce genre de rencontre plaisante, intrigante et qui donnait envie de se revoir. A cet instant, son esprit affuté de traître en puissance n’avait pas vraiment dressé de plan précis, il n’avait pas trouvé un moyen quelconque pour tirer profit de cette fameuse rencontre à sa façon. Mais c’était sa manière de procéder, après tout : attendre, observer, analyser et agir comme il l’entendait, comme il le sentait. Il ignorait encore ce qui résulterait de cette rencontre, de ce qu’il se passerait par la suite, mais il attendrait. Il savait se montrer patient, et saisir les occasions, les bonnes, au bon moment. Il n’était pas réincarnation et traître parfait pour rien. Néanmoins, les réflexions et analyses plus poussées attendraient encore un peu. Sheen glissa le mot plié dans sa poche, et d’un geste élégant, tendit un bras en direction de Jichinôra, en parfait gentleman, dans l’intention de lui servir d’appui mobile le temps qu’ils s’en retournent à la gare déserte où un tramway passait encore de temps en temps. Toujours le sourire au coin des lèvres, un éclat brillant dans ses prunelles, le garçon lui demanda alors si elle acceptait qu’il la raccompagne jusqu’au dehors du quartier dévasté. Après tout, si sa blessure au pied l’handicapait encore, il serait plus simple de prendre appui sur Sheen que de boitiller jusqu’aux quais, non ? Et puis, même s’il n’en donnait pas forcément l’air, le jeune Tempête était robuste et savait parfaitement tenir sur ses jambes.

Marchant, et levant un instant le nez en l’air pour jeter un nouveau regard dans le ciel qui se faisait progressivement plus sombre, le vent léger qui se levait alors agitant ses cheveux noirs, Sheen garda le silence un instant. Puis trouvant la situation appropriée, vu qu’ils allaient maintenant se quitter pour rentrer chacun chez soi, le jeune homme se décida à prononcer les mots d’usages avant l‘au revoir, mais qui n’en étaient pas moins pensés et ressentis, à sa compagne, tournant la tête vers elle.

- J‘ai été ravi de te rencontrer, Jichinôra Fides Ei.

La certaine solennité de ses paroles le fit sourire quelque peu d’amusement non feint, mais il ne voyait guère d’autres moyens d’énoncer sa pensée. C’était sûr que cette journée, qui avait pourtant commencée sous le signe du détestable Ennui, se finissait sur une note vivifiante et satisfaisante.

Une belle rencontre.
Intéressante.

Jichinôra prit volontiers le bras que lui offrait Sheen, en grand gentleman. Ce petit geste simple et conciliant lui fit très plaisir, ainsi qu’il désamorça l’irritation provoquée par la plaie sous la plante de ses pieds. Cela lui serait utile pour se déplacer sans aggraver son cas; elle devait minimiser l’emploi de cette jambe pour qu’elle guérisse et Everfield l’aidait bien en agissant de la sorte. Ils marchèrent en direction de la gare déserte, le tonnerre grondant derrière eux, ce qui aurait pu les presser davantage mais leurs pas restaient tranquilles et sereins, sans aucune pression. Ils ne pipèrent mot un instant et progressèrent sous le ciel qui s’assombrissait à vue d’œil. Le pire qu’il risquait d’arriver était qu’ils finissent ruisselants, un sourire aux lèvres enfantin dans le cas de la guérisseuse, et qui sait pour Sheen. Elle pensa quelques instants à ses roses qui se délecteraient bien d’une bonne pluie fraîche après les quelques jours à sec qu’ils avaient précédemment passés. Et si cela était possible, elles brilleraient davantage sur leur arc de métal sombre, une véritable boule vivifiante sur le paysage grisâtre que devait offrir la vue de son îlot en ce moment même. Jichi’ sourit intérieurement. Ces petites fleurs écarlates faisaient vraiment sa fierté de femme au foyer. Quoiqu’elle était plutôt seule pour une femme au foyer… m’enfin, le terme était passablement convenable, ce qui était amplement suffisant.

Puis, après un second grondement des cieux, Sheen la tira de ses pensées en lançant à la cantonade :

« J’ai été ravi de te rencontrer, Jichinôra Fides Ei. »

« Plaisir partagé, mon cher ! », pensa-t-elle. Elle se contenta cependant de sourire et d’échapper un rire délicat. Elle avait bien-sûr l’habitude de faire bonne impression, rare étaient les personnes qui la dépréciaient particulièrement ou avaient un quelconque mépris envers elle. Il y en avait, bien évidemment, mais très peu. Et puis, il n’était pas idiot, loin de là : il savait très bien qu’elle acquiesçait et lui renvoyait très honnêtement le même message.
Ils arrivèrent finalement au seuil à moitié effondré de la gare. Jichinôra vit les traces élancées de ses pas dans la poussière accumulée au sol et se souvint pourquoi, d’origine, elle était venue ici. Chasser l’ennui, était-ce bien ça ? Bref, mission accomplie. L’endroit était sordide et silencieux, de la même lourdeur morne qu’à son arriver aux Ruines, et c’était à peine si elle n’entendait des murmures du passé lui susurrer quelques mélodies empoisonnées qui causèrent la perte de ces gens innocents. L’unique rail encore en service n’était pas bien loin, en fait, pratiquement tout juste à l’entrée, bien heureusement, car elle n’aurait pas voulu s’engloutir davantage dans un tel lieu, même si la crainte n’était pas de la partie. Par simple respect pour ses prédécesseurs. Quel intérêt de jouer dans un endroit désert, après tout… m’ouais, disons plutôt qu’elle n’était pas spécialement d’humeur à jouer les fanfaronnes là-bas. Elle se doutait même que Sheen n’ait accepté cela; qui sait, peut-être accordait-il un sauvage respect pour les morts ! Elle n’était très certainement pas au bout de ses surprises avec lui, c’est tout juste si elle avait effleuré sa personnalité. La surface glacée d’un lac ne vous dictera jamais l’ampleur de sa profondeur. Bien dit, n’est-ce pas ? Eh bien, cette analogie exprimait parfaitement son point de vue.

Jichinôra fit face à son compagnon de recherches, son pied blessé dispensé de poids grâce à son jumeau de droite, et pencha la tête en souriant d’une manière absente, sans trop de signification. Une bourrasque discrète fit danser ses cheveux et lever un peu de poussière autour. Dehors, le ciel gronda violemment et des éclairs déchirèrent l’atmosphère déjà éprouvé par l’activité humaine. La pluie tomba des nuages surchargés de manière soudaine et commença à détremper les décombres depuis longtemps exposés aux intempéries des cieux capricieux. La guérisseuse regarda en direction de l’extérieur quelques temps, la lueur brève de la foudre lui captivant les pupilles. Puis une autre lumière attira son attention : le tramway qui se dirigeait vers le nord, là où son îlot se tenait, contrairement au territoire Tempête où Sheen devait bien évidemment se rendre, arrivait. La rampe d’embarquement était très longue, alors le tram défila un bon moment à côté d’elle, faisant voleter ses longs cheveux et jouer des ombres sur son visage qui avait prit un aspect mystique. Elle sourit à Sheen, puis pratiquement au moment où le train stoppa sa course, elle déposa un léger baiser sur sa joue et dit, murmura presque :

« Au revoir, Sheen Everfield. »

Elle lui adressa un regard plein de bienveillance, malgré elle quelque peu typique de la bonhomie légendaire de son Clan, puis clopina dans le tramway sans regarder derrière. Maintenant, à la maison, puis vers le marché pour un beau grand pot de peinture rouge et autres breloques !

[ Sujet clos. ]

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