Enfer Céleste
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# Qu'avec le Vent Céleste ricane l'Enfer ~
 
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 Rencontre fortuite [Libre]

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Loup Iudalaël
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Loup Iudalaël


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MessageSujet: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeMer 6 Jan - 17:35

La rue était déserte, petite, étroite et sinueuse. Lugubre presque en cette fin de journée. Les bâtisses défraîchies se rangeaient, lassées par ces longues années passées à subir les intempéries, le long d’une allée cabossée en songeant tristement à leur jeunesse ; lorsque la rue était encore pleine et que les échos d’une animation enjouée se répercutaient sur leurs murs. C’avait effectivement dû être une jolie rue, deux ou trois décennies plus tôt : les quelques maisons ayant encore un semblant d’enthousiasme avaient leurs volets ouverts sur d’immenses baies vitrées d’où provenaient ça et là des lumières colorées.
Trouver ce genre de quartier sinistre sur le beau territoire Tempête connu pour son côté futuriste pouvait surprendre. Pourtant, l’unique promeneur qui déambulait lentement la connaissait bien, cette allée. Il y venait souvent. Il s’arrêta doucement, le regard porté sur un détail qu’il devait être le seul à voir. Il portait un manteau noir tombant jusque ses pieds et se déplaçait avec une aisance et une souplesse si éthérée qu’il semblait à peine effleurer le sol. Pour peu, de dos, il aurait pu passer pour inquiétant si sa capuche rabattue n’avait été si longue et si pointue, lui flanquant un air franchement lutin.

Loup reprit sa marche et leva le nez vers le ciel, comme souvent. Son attention se fixa ensuite sur une grande demeure grise proche. Cela faisait si longtemps qu’il n’était pas venu… Il arriva à la hauteur de la bâtisse, lança un bref regard derrière lui, puis disparu.
Ayant esquissé un écart souple dans une ruelle adjacente, il crocheta un lampadaire qui lui donna l’élan nécessaire pour bondir lestement sur une corniche un peu large, puis, escaladant dextrement jusque l’étage suivant, il se coula silencieusement, félin, sur un balcon et se tapit dans l’ombre d’un recoin, observant par la porte-vitrée la vie animant l’appartement.
Il n’y eut rien pendant quelques minutes, jusqu'a ce qu'un jeune garçon rieur déboule dans le salon, bientôt suivi par une femme élancée au ravissant sourire, balafrée de la tempe à la pommette, qui attachait en queue-de-cheval haute ses longs cheveux châtains. A sa ceinture, elle portait un gros revolver qui au jugé de ses éraflures devait en avoir vu beaucoup. Loup eu pour lui un regard triste, puis sourit tendrement lorsque le gamin rit de plus belle. Il s’appelait Noé, et sa mère Eïa. Son père devait être sorti. Le Nuage connaissait bien cette petite famille, même si la réciproque était fausse : seule Eïa l’avait un jour aperçu, brièvement. C’était surtout pour prendre silencieusement de ses nouvelles à elle, qu’il venait régulièrement se percher sur ce balcon.


Cela faisait quatre ans maintenant, l’âge de Noé, que Loup avait tué le père d’Eïa. Un contrat. Un bête contrat. Eïa était alors enceinte jusqu’aux yeux et n’avait jamais rendu son père aussi heureux ! Pourtant, la cible, Noé Senior, ne devrait jamais connaitre son petit-fils.
Par respect pour la mémoire de l’homme, Loup ne refoula pas les souvenirs du soir tragique où il avait exécuté avec brio Noé Owsen, sa toute première victime sous contrat, et ferma les yeux. Il resta froid sur les émotions qui l’avaient alors submergé ce fameux soir, l’indicible horreur qui l’avait saisi lorsqu’Eïa avait surgi, juste avant que le louveteau ne disparaisse. La vue de cette jeune femme qu’il venait de rendre orpheline et sur le point de devenir mère l’avait alors figé un bref instant. Une erreur. Mais il s’était rapidement ressaisi lorsqu’en hurlant, Eïa avait empoigné l’arme de Noé-père.
Iudalaël revit cela tristement, sans pour autant s’y impliquer. Ressasser trop profondément le passé n’apportait rien de bon, et Loup n’avait aucun penchant particulier pour l’auto-flagellation, le remord mélodramatique où les litanies affligées. Owsen serait mort de toute façon, que ce soit lui ou un autre qui l’exécute, et l’assassin avait accepté depuis bien longtemps le camp dans lequel il était né. C’était ainsi, il n’aimait pas tuer, mais c’était parfois nécessaire. Trop souvent à son goût.
Al’époque, il aurait dû sans doute faire disparaître le corps de sa victime, mais laisser au moins la dépouille à sa famille pour qu’elle donne au mort une sépulture décente lui avait parut la meilleure chose à faire. Ce n’était pas réellement une erreur : rien, de toute façon, ne permettait de l’identifier lui sur la scène macabre, et qui ne se serait douté que l’acte fut commis par un Nuage ? Deux autres contrats avaient suivi. Deux sans-fautes, ces fois-ci.


Dans la pièce, une autre femme entra ; la belle-sœur d’Eïa. Sans doute pour garder Noé junior puisque la mère embrassa tendrement le front de son enfant avant de faire mine de sortir. Elle se figea pourtant et se retourna brusquement vers le balcon.
Loup soupira. Elle était douée, et lui un imbécile ; il avait relâché sa vigilance… La jeune femme ouvrit à la volée la porte, mais le Nuage était déjà parti.

Camouflé dans l’ombre de la maison, Loup attendit quelques minutes que les soupçons d’Eïa se taisent, puis, mains enfoncées dans les poches, il reprit le chemin du Nord pour sortir du territoire Tempête. La maison était proche de la frontière venteuse, mais mieux valait ne pas trop traîner : un assassin-espion théoriquement allié aux ennemis des guerriers ne pouvait qu’être une source de problème s’il était découvert en ces terres… D’ordinaire cela ne l’aurait pas spécialement effrayé : Loup ne se repérait pas facilement et à vrai dire, il n’était pas rare qu’il vienne dans le Sud. Pour jouer. Ou pour s’informer, lui ou les Nuages puisqu’il était espion.
Mais Loup se savait dans un jour mauvais : de ces jours où tout vous échappe. Il n’avait pas fait deux pas que déjà, son regard flânait partout, à la recherche d’une curiosité à accrocher. Habituellement, c’aurait été pareil, mais habituellement il aurait eu l’esprit plus lucide et se serait glissé avec délices dans les ombres, serait tout bonnement devenu invisible à tous, aurait prit un malin plaisir à jouer avec ses talents, aurait goûté avec une ivresse pleine à sa liberté… Mais non, pas aujourd’hui. Aujourd’hui il était plongé dans ses pensés, ne songeant même plus à l’endroit où il se trouvait : à découvert dans un lieu désert du territoire Tempête.
Il sursauta presque, ressaisissant tout son potentiel, ses moyens et ses pensées en sentant une présence proche et leva les yeux. Ah… Repéré. Quelqu’un se trouvait juste en face de lui. Quelqu’un… Instantanément, Loup chercha tous les indices possible pour se composer une personnalité qui passerait pour naturelle en ces lieux.


Dernière édition par Loup Iudalaël le Mer 13 Jan - 0:25, édité 1 fois
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Jichinôra Fides Ei
# Membre du clan Etoile

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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeJeu 7 Jan - 3:42

    « Ah ! Et puis zut, alors ! »

    Jichinôra, la douce et petite Jichinôra, n'en pouvait plus. Voilà des heures qu'elle tentait par tous les moyens d'ouvrir la maudite porte de ce satané phare délabré question de faire une inspection générale avant les rénovations. Rien n'y faisait; de la force brute – qu'elle ne possédait pas trop – jusqu'aux mesures infaillibles de grand-mère. La surface lisse et rouillée du bâtiment fatigué ne permettait pas d'accéder à la fenêtre percée douze pieds plus haut et son agilité ne lui permettait pas de jouer les araignées. Elle était loin d'être en colère – comment l'être, par une si belle journée ? – seulement éreintée et à court de ressources. La petite Étoile commença à se creuser les méninges plus sérieusement. Elle se laissa choir contre la porte coincée et horriblement têtue du phare rouge et cuivre de rouille, soupirant. Ses cheveux se collèrent au métal tiède grâce à un formidable effet d'électricité statique que Jichi' balaya de la main.
    Eh non, il n'y avait décidément aucun moyen. Elle devait s'y résigner : il lui fallait de gros bras. Mais des brutes à la Foudre ne lui faisaient pas du tout envie, aujourd'hui. Ils avaient beau être des personnages pour le moins intéressants, les conversations avec eux se limitaient toujours au strict minimum, soit par sérieux accablant ou grave manque de propos pertinents. Son petit côté léger désirait un compagnon agréable, rien de moins, mais avec la force nécessaire pour ouvrir une porte bien réticente. Bien-sûr que sa récente connaissance – le jeune Sheen – lui avait traversé l'esprit. L'idée de le revoir lui plaisait, mais il était un peu... maigrelet. Oh, il lui plaisait tout de même, seulement, il n'était pas l'homme de la situation. Alors, si le Nord ne convient pas, pourquoi pas le Sud ? Les Tempêtes étaient des gens sympathiques, d'ordinaire. Avec un tempérament différent de celui des Foudre, plus tempéré malgré le nom énergique de leur Clan, et toujours avec la force connue aux guerriers. Seul hic : elle ne connaissait pas vraiment de Tempêtes... bah, une autre rencontre, qui sait ?

    Sur cette pensée pleine d'enthousiasme, Jichinôra Fides Ei trottina jusqu'à sa maisonnée et se mit des ballerines aux pieds ainsi qu'une longue écharpe au cou. Un vent frais faisait danser ses longs cheveux noirs et frissonner sa peau délicate. Vivement les foulards !
    Elle fila vers la première station à sa portée.

    En un sens, elle était heureuse de s'être trouvé un prétexte pour visiter le Sud d'Enfer Céleste et pour sortir un peu de son îlot. Elle se sentait un peu seule, parfois, malgré tout. Elle n'avait pas vraiment d'amis proches qui lui rendraient visite, mais tellement de connaissance dont elle ne prenait pas la peine de raffermir la relation, qu'au bout du compte, elle connaissait énormément de gens, mais de loin. Se lier d'amitié était une question délicate pour Jichinôra, même si normalement autrui lui trouvait un aspect plaisant, ça n'allait pas plus loin. Sa curiosité, bien que grande, ne touchait pas ce côté de la vie. M'enfin, elle restait optimiste quant au futur, propre à elle-même.

    Les gens s'entassaient dans le tramway; l'heure de pointe avait sonnée. Tout le monde se précipitait dans les transports pour rejoindre le foyer familial, ou régler quelques courses vite fait. Bien des visages familiers lui sourirent – elle le leur rendit bien – ainsi que bien d'autres lui adressèrent un maigre salut, la plus part compatriotes des laboratoires Étoile, ceux avec qui elle n'arrivait tout simplement pas à tisser de liens. Encore une question sans réponse. Les relations humaines étaient un mystère à ne jamais divulguer, semble-t-il; elle aurait parié que personne n'en avait la clé. Ou du moins, personne ne la partagerait avec elle. Elle n'estimait pourtant pas en avoir besoin; son bonheur ne reposait pas là-dessus...
    Son flux de pensée fut interrompu par l'arrêt du train. Elle leva les yeux sur les insignes au dehors qui annonçait le territoire Sud. La pancarte n'était pas aussi hostile de celle des Foudres... ceux du Nord avaient clairement écrit que les Tempêtes étaient proscrits en leurs terres. Jichinôra ne jugea cependant pas ce comportement. Histoire de politique, loin de la regarder. Elle, elle se contentait de faire pousser de belles roses et de guérir les pauvres blessés qui requéraient son aide. Très peu, cet an-ci, très peu... ce qui pouvait s'avérer une bonne chose. Peut-être y avait-il une possibilité de trêve, hein ? Peu importe, n'en restait pas moins qu'elle devait trouver un gentil homme pour l'aider.

    Dans le tourbillon de têtes et épaules qui l'engloutissait, il n'y avait pas moyen d'y voir. Elle se guida à l'aide des indications au plafond et trouva la sortie. Lorsqu'elle déboucha à l'extérieure, à sa grande surprise, il n'y avait plus foule; seulement quelques promeneurs, pressés ou relax, ou encore retardataires se précipitant en direction de la station bondée. La rue qui plongeait directement vers les édifices résidentiels était plus achalandée que les autres, celle vers les hautes tours futuristes probablement d'affaire l'était aussi passablement, mais la jeune guérisseuse se dirigea illogiquement vers une petite rue discrète. Elle traîna des pieds sur les trottoirs, tourna des coins, la tête dans les nuages, distraite par le paysage totalement nouveau qu'il y avait sous ses yeux. Inconsciemment, elle se faisait un portrait général du coin, notait les particularités de l'endroit, instinct pointilleux propre à elle et initiative stratégique héritée de son père. Elle zieutait du même coup les passants, mais soit ils étaient petits, soit frêles, soit des femmes.

    Puis Jichinôra nota un léger changement dans le paysage. Les habitations devenaient irrégulières, toutes dotées de la même gloire effacée, leur charpente un peu plus penchée que la première fois et leur peinture écaillée aux volets ouverts sur la rue caillouteuse, tout cela sur un territoire aux premiers abords futuristes dont on pouvait présumer la richesse. Chaque joyau a ses tréfonds, il faut croire.

    Jichinôra avait la mine basse, au sens propre, et réfléchissait intensément à cela. Puis une paire de pieds se pointa devant ses yeux. Un peu surprise, elle cligna un peu sur le fait puis releva la tête. Un petit air béat se dessina d'abord sur ses traits doucereux. Un jeune homme à la silhouette délicate, un grand manteau noir sur le dos, se tenait devant elle, avec pour une microseconde un air aussi indécis qu'elle. Jichi' nota dès le début ses cheveux de blé, d'une couleur claire qu'elle trouvait si rare, un regard pomme sûre contrastant avec le sien à l'iris quasi-fade devant un éclat si adorable, en clair sa binette la ravie immédiatement, et la jeune guérisseuse fut ravie d'une rencontre si fortuite dès le premier instant.

    Jichinôra Fides Ei ne changera jamais : elle sourit, de cette façon chaleureuse typiquement Étoile, inclina la tête de côté et joignit ses mains devant ses cuisses.

    « Bien, bonjour, étranger ! »

    Ces jours-ci, les rencontres à croquées pleuvaient... l'adorable Sheen, puis lui ? Elle était gâtée par la vie. « Je le verrais bien avec une rose rouge dans les cheveux... il serait si ravissant ! » songea-t-elle. Oh si, raison de plus pour entamer une joyeuse conversation, non ?
    Motif bien suffisant pour la petit Étoile, à mon avis.


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Loup Iudalaël
# Membre du clan Nuage

Loup Iudalaël


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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeSam 9 Jan - 19:02

    . Quel imbécile il faisait, parfois ! Il le savait pourtant que durant les jours-qui-échappent il devait rester dans le territoire Nuage ! Elle rirait bien, Elie, si elle le voyait, un vrai bleu ! Non ça, c’était du grand art : marcher la tête en l’air dans une ruelle bien déserte, bien exposée à tout et n’importe quoi, aucun sens en alerte, aucune méfiance, en plein territoire ennemi ! Pour un Nuage connu comme doué il était assez décevant.
    . Etant ce qu’il était pourtant, Loup n’écouta que très distraitement cette conscience assassine qu’on avait conditionné chez lui depuis son enfance : il s’était fait repérer, et bien alors ? Tant pis, pourquoi s’y attarder ?


    . Jamais vraiment perturbé par ses écarts de conduite qui ne sciaient pas aux Espions de l’île volante, Iudalaël préféra reporter son attention sur son acolyte d’exploration de rue déserte. D’abord afin de décider si c’était une menace, et surtout pour confectionner une attitude à adopter, l’idée étant de se faire oublier le plus tôt possible. Il hésita à continuer tout bonnement son chemin, comme un rustre personnage, mais il aurait fallut pour cela qu’il ne lève pas les yeux sur la jeune femme qui le regardait d’un air étonné.
    . Adorable. Sa première réaction fut de se dire qu’il avait rarement croisé une créature aussi adorable. Certes ses longs cheveux ébènes ondulant sur sa peau opaline, son petit minois lumineux et sa charmante tenue y était pour beaucoup, mais c’est surtout l’aura qui s’en dégageait qui fascina Loup. Une aura simple, enjouée et douce qui pourtant semblait pétiller d’une énergie débordante... Elle esquissa alors un sourire rayonnant qui, comme bien des pauvres hères avant lui, fit tomber Loup sous le charme.
    . Sa seconde réaction, moins candide, fut de l’étudier avec minutie : était-elle un danger ? C’était une des premières règles qu’on lui avait inculqué : ne jamais se fier aux apparences. D’ailleurs son chef de clan illustrait parfaitement cette loi, le plus grand danger personnifié de l’Enfer Céleste pouvait sans doute lui aussi passer pour adorable.


    .
    Aussi, dans la première fraction de temps où il l’aperçut, Loup lui chercha des armes. Il n’en devina aucune. Soit qu’elle n’en ait vraiment pas, soit qu’elle dissimula un petit poignard ou des lames de lancé. Il analysa, dans la seconde qui suivit, sa morphologie : d’une taille respectable -peut-être une demi-tête de moins que lui-, fluette, elle n’avait pas dû recevoir un enseignement guerrier très poussé ou visant la force brute. Il était peu probable qu’elle soit un Foudre ou un Tempête, ce que le doux assassin désirait savoir. Il envisagea la possibilité qu’elle ait néanmoins de la famille dans ce dernier clan –il devait y avoir une raison à sa présence sur ce territoire-, mais elle ne devait pas avoir la paranoïa de ses membres, en ces temps de guerre. Aussi Loup pouvait-il se faire passer pour un habitant des terres Neutres sans être soupçonné de quoi que ce soit. Rien n’était grave dans l’immédiat. Et il avait eu beaucoup de chance.
    . Oh bien sûr, même s’il considérait qu’aucune victoire n’était jamais acquise, il avait confiance en ses capacités ; il savait pouvoir semer aisément un poursuivant ou se défendre efficacement. Mais Loup n’aimait pas l’idée, il préférait passer inaperçu, fuir les hostilités autant que possible.
    . Pour le jeune homme, appartenir à tel ou tel clan n’avait aucune importance, les querelles déchirant les différents points du Céleste Enfer l’indifféraient, lui-même n’étant pas forcément né dans le clan qui lui correspondait le mieux. Il devait pourtant se méfier des deux belligérants du moment, puisqu’il était sensé soutenir l’un et combattre l’autre. Ce dont il se fichait éperdument. Le problème ne viendrait jamais de lui, mais d’en face. Toutefois seuls les Nuages étaient connus pour leurs facilités aux mascarades et à moins d’être une Guerrière ou une Conquérante surprenante, la demoiselle ne devrait pas lui poser trop de problèmes sur ce point là.
    . Malgré tout, Loup était curieux et par jeu, il essaya de deviner quel genre d’éducation la jolie brune avait pu recevoir… La neutralité et l'insouciance alizée ? La chaleur et l’humanité stellaire ? Ou bien l'indépendance et la défiance nuageuse ?


    . Son étude du personnage se prolongeait depuis déjà une dizaine de secondes, et Loup, toujours un peu dans les vapes avait gardé sur son visage une mine impassible, presque froide. Plongé dans sa curiosité, il suivait avec une attention aiguë chez sa vis-à-vis chaque mouvement, chaque mimique, chaque petite variation, que se soit sa respiration régulière, un battement de cil, un infime trait du visage... Et même si cette analyse était imperceptible, beaucoup se seraient senti comme étudiés par un prédateur essayant de juger si la proie valait ou non la peine d’être mangée. Encore une erreur décidemment…
    . A vrai dire Loup n’hésitait que par goût du détail car le sourire et le charme de la jeune femme ne trompait pas un œil avisé. C’était une Etoile. Mais… Ses gestes étaient emprunt de la fluidité propre aux Nuages. Comme une marque lointaine, pas réellement travaillée mais bien là, comme tous les Nuages avaient naturellement depuis très jeunes, imitant l'harmonieuse gestuelle de leurs parents. Somme toute, c’était un bien énigmatique individu qu’il avait croisé là.
    . Il se ressaisit pourtant, prenant brusquement compte de son attitude austère, et sourit à son tour. Un sourire doux et tranquille, un peu timide car honteux de sa conduite introvertie. Il baissa légèrement les yeux et replaçant machinalement une mèche derrière son oreille, frôlant au passage sa perle émeraude, il s’excusa :


    « Veuillez pardonner ma grossière réaction, vous m’avez surpris… »


    . Il commença dès lors à endosser son personnage : progressivement, pour ne pas que cela paraisse évident. Ainsi s’appliqua-t-il à paraître plus neutre, plus normal. Il gomma cet air mystérieux qu’il se savait avoir, effaça cette empreinte si forte de liberté qui faisait vibrer chacune de ses cellules, modifia son attitude pour avoir une aura plus banale, presque insignifiante en fait, pas remarquable pour un sous.

    « Bonjour, donc, demoiselle. »


    . Il était en revanche trop tard pour modifier ses traits angéliques. Pas qu’il ait la capacité de changer de tête, mais il en fallait peu généralement pour paraître terriblement commun.
    . Loup lança un regard circulaire, observant les lieux : ils étaient toujours dans un quartier un peu sinistre et triste, très gris. Il songea avec tendresse que la jeune femme mettait une nuance agréable dans ce tableau, rafraichissant la peinture, ravivant ses couleurs. Unique étincelle pétillant encore dans un âtre terne chargé de cendres.


    « Pardonnez ma question indiscrète, mais qu’est ce qu’une si charmante personne peut bien venir chercher par ici ? »


    . Elle aurait pu y habiter. C’est ce que le personnage Venteux que Loup fabriquait aurait pensé. Les Vents savaient tout de même faire la différence entre les clans guerriers et les autres le plus souvent, mais il aurait préféré que son rôle ait l’air un peu plus naïf… Décidemment, il ne faisait que des âneries… Il maintint son air paisible, plongeant ses yeux captivant dans les prunelles si chaleureuses de sa charmante rencontre fortuite.


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Jichinôra Fides Ei
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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeSam 9 Jan - 23:46

    « Veuillez pardonner ma grossière réaction, vous m'avez surpris... »

    Jichinôra adora la réplique; pas parce qu'elle était terriblement polie, seulement, c'était honnête et sans sous-entendus comme bien des gens seraient portés à en faire dans de telles circonstances. Le genre qu'elle-même dirait. Simple, accueillante, un gros bienvenu, franchement plus agréable à recevoir qu'un regard accusateur et une moue réprobatrice. Ceux réagissant ainsi tournaient généralement le dos, et Jichi' supposait qu'il devait se sentir encore plus mal dans sa peau d'avoir rejeté un sourire rayonnant qui lui était adressé. La guérisseuse les plaignait mais ne leur tordrait jamais le bras pour qu'ils sourient à leur tour. Elle tendait la main, à qui de droit, sans davantage de complications. Elle était comme ça, Jichinôra.
    Pour ce qui était de son présent vis-à-vis, il semblait bien vouloir d'elle et de ses délicates attentions. Quelque chose en lui la ramenait à son enfance. Une sensation, un déjà-vu, peut-être ? Un changement qu'elle avait déjà observé ailleurs, sans pouvoir le nommer, mais beaucoup moins discret et étudié. Oui ! À chaque fois que Zek disait « aller endormir quelqu'un pour le compte des Foudres », il restait impassible un instant, changeant d'un papa aimant à... quelqu'un d'autre, une personne qui va au boulot, qu'avait imaginé la jeune ex-Nuage. Pour elle, c'était normal, une attitude que tout le monde devait adopter avant d'aller travailler. Rien de plus, juste un sérieux professionnel. Elle ne faisait cependant pas le lien entre ce concept et pourquoi le blond étranger l'utilisait. Malgré que cette fois-ci était différente; Zek adoptait un comportement sérieux et placide. Tandis que l'autre... eh bien, il restait accueillant, mais différemment. Peut-être était-ce parce qu'elle l'avait sorti de ses rêveries... sûrement.

    « Bonjour, donc, mademoiselle. »

    Un regard circulaire, puis il poursuivit :

    « Pardonnez ma question indiscrète, mais qu'est-ce que si charmante personne peut bien venir chercher ici ? »

    Analyse rapide de la question : venait-il juste de lui demander pardon pour la seconde fois, en ayant échanger à peine trois phrases depuis le premier regard ? Ce fut la seule réflexion qu'elle eut a ce sujet : « Le drôle de petit minois ! ». On supposait qu'elle aurait pu trouver son unique défaut; l'excessif besoin d'être pardonner. Allons, c'était ridicule.
    Second détail : un compliment ! « Si charmante personne », n'est-ce pas ? Quelle autre réaction avoir à cela qu'un sourire, tout frais, qui indiquait clairement la réciproque. Inutile de se cacher, son avis à propos de lui était pour le moins identique. À l'exception du « e » après « charmant ». Ah, mais quel splendide sens de l'humour elle pouvait avoir. La jeune guérisseuse eut tout de même assez de réserve pour ne pas lui communiquer son petit gag intérieur. Elle ne voulait pas que sa première impression ne soit négative, Jichi' n'était pas fêlée. Ou l'avait-il déjà eu, le coup de la charmante personne. Ça fait toujours un petit velours, que voulez-vous.
    Puis simplement la réponse à la question elle-même : eh bien, elle venait chercher de la compagnie, elle devait bien se l'avouer. Un ange gardien assez généreux pour lui prêter main forte dans ses réparations. La maison, la jeune demoiselle pouvait bien s'en occuper seule, les modifications faites par Heidy lorsqu'elle possédait encore l'îlot pouvaient bien durer encore une bonne dizaine d'années. Le phare, c'était un tout autre défi. Encore une excuse pour faire du social, à l'évidence.

    Elle sautilla sur place une fraction de seconde, fit un petit tour sur elle-même – que voulez-vous, c'est Jichinôra, petite demoiselle pleine de saveur! – et répondit :

    « Enchantée de te rencontrer! Et je suis ici pour trouver de l'aide. Vois-tu, j'ai entamer la rénovations de mon phare-chéri qui ne progresse pas du tout car je me retrouve incapable d'ouvrir la porte tellement la rouille y est prise. »

    Elle haussa des épaules puis poursuivit très honnêtement, sur sa foulée, comme à l'habitude :

    « J'aurais pu aller chercher un gros bras aux Foudres mais j'avais aussi envie de discuter, alors j'ai opté pour les Tempêtes que l'on dit plus... maniérés. Pour être honnête, je n'en ai rencontrer que quelques-uns dans ma vie, mais je n'ai rien à perdre, alors je me sous offert une petite virée ici. »

    Elle cessa subitement son petit discours enthousiaste et regarda autour. La rue se poursuivait encore bien plus loin, bordée des mêmes maisons fatiguées, non-loin il y avait une intersection. Elle jeta un œil derrière en espérant voir, au moins de loin, la jonction de la station de tramway et des trois larges rues. Elle était peut-être allé un peu plus loin qu'elle ne le croyait...

    « Eh uhm... bien à l'évidence, je me suis perdue. Enfin, je crois. Je ne suis pas sûre. »

    Une expression divisée entre l'embarras et l'indécision flottait sur ses traits harmonieux. Une sotte d'erreur qu'elle venait de faire, s'enfoncer dans un territoire inconnu, totalement désavantagée, sans aucune connaissance autour.
    Elle reposa les yeux sur son bel inconnu. Oui, son bel inconnu. Possiblement l'unique moyen de retrouver le tramway en peu de temps qu'elle avait, un bien joli moyen, pas trop désagréable, elle tenait à le garder. Non, Jichinôra n'est pas avare ni possessive; elle le partagerait bien... après avoir retrouvé son chemin ou, préférablement, avoir fait plus ample connaissance. Si le jeune monsieur était du même avis, bien entendu.

    Si ?

    Au bout du compte, la gêne empiéta sur l'indécision. Le rouge lui monta aux joues, un peu intimidée par son propre ridicule. La jeune guérisseuse se grattouilla un peu la tête en souriant bêtement.

    « Vivement la maladresse, tu ne changeras pas, Jichinôra... »
    pensa-t-elle à cet instant.


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Loup Iudalaël
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Loup Iudalaël


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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeMer 13 Jan - 0:22

    . Le personnage de Loup était en place. Pas si différent de lui-même au final : simplement plus anodin, histoire d’effacer son appartenance au clan Nuage. Genre de détail auquel il ne songeait même pas lorsqu’il déambulait dans les rues de l’Est ou des deux districts en paix –quoi que…. Chacun était un individu propre selon lui, le clan n’étant qu’une broutille, une sorte de titre rassurant pour certain, qui traçait des destins pour les plus patriotiques. Mais Loup ne voulait pas d’un destin. Il ne voulait pas arpenter l’un de ces tristes chemins tracés dès la venue au monde par un bête lieu de naissance, préférant se frayer une petite voie à travers des champs en friche. Une voie dont l’horizon n’était jamais complètement dégagé, sinueuse, pleines de surprise, s’orientant selon ses envies. Que pouvait bien lui être son clan ?

    . Mais la dissertation n’était au menu du jour, car après un joli sourire, la ravissante Etoile commença à sérieusement entrer en scène.
    . Iudalaël la regarda sautiller, intrigué, et plus encore lorsqu’elle lui fit l’honneur d’une gracieuse rotation sur elle-même. Il n’eut rien besoin de feindre sur ce coup-ci : penchant légèrement la tête de côté dans une mimique interrogative, il laissa paraître son étonnement, un air amusé rehaussant ses traits doux. Mais la demoiselle n’en avait sûrement pas fini avec lui, et elle entama une joyeuse causerie, répondant à l’assassin. Un tel débit après quelques brefs mots échangés seulement l’effraya -même si pas même un expert n’aurait su le déceler. Il se sentait un peu désorienté face à cette énergique brunette à l’abord si facile…
    . Non, bien entendu qu’il connaissait des gens bien plus bavards ! La patronne du restaurant où il travaillait par exemple était un véritable moulin à parole au milieu d’un ouragan ! A croire qu’elle ne s’arrêtait jamais ! D’ailleurs, elle terrorisait le pauvre Loup qui avait dû se retenir plus d’une fois d’agir selon son instinct de conservation et de la faire taire de façon radicale : il connaissait parfaitement les points où frapper pour plonger dans un coma de quelques heures quelqu’un qui au réveil ne s’en souviendrait pas.


    . Heureusement, sa nouvelle connaissance était encore loin d’égaler le niveau de la restauratrice, et à vrai dire tout en elle émanait d’une jovialité si apaisante que Loup ne l’aurait fait taire pour rien au monde, sensible qu’il était aux particularités de chacun. Et il était curieux aussi ; la jeune femme semblait pleine de ressources, un tantinet imprévisible et surtout… Un peu loufoque ! C’est la réflexion qu’il se fit au fur et à mesure qu’elle s’expliquait :

    « … j'ai entamé la rénovation de mon phare-chéri qui ne progresse pas du tout car je me retrouve incapable d'ouvrir la porte tellement la rouille y est prise. »


    . La rénovation d’un phare… Il resta un instant interdit, même si après-tout… Pourquoi pas ? Il fallait bien des phares pour faire le monde, alors pourquoi n’appartiendrait-il pas à une élégante, svelte et délicate demoiselle ? Il resta dubitatif quant au « chéri », mais il était le premier à trouver du charme dans tout et n’importe quoi, alors chérir un phare ne lui parut pas si incongru au final…

    « J'aurais pu aller chercher un gros bras aux Foudres… »


    . Pourquoi n’accordait-on cette qualité qu’aux Foudres… ? Il était vrai que de façon globale les Etoiles et les Nuages étaient plutôt fins, mais les Tempêtes étaient plutôt bien bâtis et à vrai dire, beaucoup de Vent valaient leur carrure, certains l’ayant acquis grâce aux efforts de leur métier.

    « … mais j'avais aussi envie de discuter, alors j'ai opté pour les Tempêtes que l'on dit plus... maniérés. »


    . Loup se retenait de ne pas ouvrir de grands yeux ronds ; s’il était vrai que ce genre de préjugés se révélaient parfois exacts, les déployer de façon si crue sur le ton de la conversation n’était pas commun. Cependant, la qualité ingénument directe de ses propos était plaisante !

    « Pour être honnête, je n'en ai rencontré que quelques-uns dans ma vie, mais je n'ai rien à perdre, alors je me suis offert une petite virée ici. »


    . Un peu sonné, Loup écouta la conclusion, s’efforçant de maintenir son air amusé. En résumé, elle était venue trouver une aide sociable et Tempétueuse, puisqu’elle estimait en connaître peu. Elle aussi semblait curieuse de nature. Curieuse, spontanée, originale, crue et un peu loufoque ; se furent les premières hypothèses de Loup quant à sa vis-à-vis. Absolument rien de péjoratif, au contraire cette personnalité enjouée l’entraînait lui aussi dans une humeur plus gaie.
    . NAprès une pause, elle reprit :


    « Eh uhm... bien à l'évidence, je me suis perdue. Enfin, je crois. Je ne suis pas sûre. »


    . Après quoi elle sembla se plonger dans une démêlée intérieure qui lui fit rosir les pommettes et adopter une gestuelle confuse… Loup la regarda un bref instant, la mine un peu interloquée par le pétillant phénomène qu’il venait de rencontrer, avant d’éclater d’un rire argentin et agréable aux accents taquins. Bah, elle avait réussi à enclencher son lunatisme. Loup se sentait d’une humeur plus légère, espiègle.
    . Il tissa rapidement les liens qui avait dû se faire dans l’esprit de l’Etoile ; elle s’était perdue, envisageait Loup comme une boussole potentielle et finalement, s’embarrassait toute seule de son étourderie. Ce qui surpris un brin Iudalaël d’ailleurs ; la jeune femme ne lui avait pas parue prompt à la gêne avec son caractère franc et intrépide.


    . Tout ceci embêtait quelque peu le jeune Nuage ; réorienter son enthousiaste compagnon ne le dérangeait pas dans l’absolu… S’attarder sur ce territoire en revanche l’ennuyait, surtout qu’il devrait déambuler ouvertement puisqu’il guidait quelqu’un. Et quoi qu’on en dise, même s’il était parfaitement capable de ne pas se faire remarquer, l’idée ne lui plaisait pas plus que cela…
    . Mais quoi ? Il n’allait pas laisser seule dans ce quartier glauque une si rayonnante donzelle. Il pouvait bien risquer de la remettre sur son chemin, l’artère menant au centre du territoire n’était pas bien loin et puis… Loup en avait envie. Et cela, c’était sans aucun doute l’argument le plus convainquant qu’il trouverait.


    . Aussi esquissa-t-il un ravissant sourire, un soupçon malicieux, et posa sur l’égarée un regard espiègle. Espiègle mais bienveillant, c’était Loup.

    « Et je suppose être le meilleur candidat en liste pour vous aider » amorça-t-il d’un ton rieur « où plairait-il à Mademoiselle de se rendre ? »


    . En effet, tout Nuage qu’il était le joli blond connaissait un peu près le district nord, force de vadrouilles solitaires. Temps qu’on ne lui demandait pas une adresse précise… Mais vu sa quête, l’Etoile devait plutôt désirer un endroit où elle trouverait des Tempêtes sans réelles occupations, ce que Loup se contenterait seulement de lui indiquer -si telle était sa réclamation- après l’avoir conduit à proximité, ou bien simplement à une station de tramway. Ce transport qu’il ne prenait jamais la peine d’emprunter était assez commode en définitive.


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Jichinôra Fides Ei
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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeVen 15 Jan - 5:01

    Il était perplexe. C'était évident, d'après son gestuel. Probablement quant à la réaction à avoir... pour peu que ses pommettes prirent une tinte cerise, ce n'était pas si mal. Puis il rit, un rire doux sans vilenie, juste un simple éclat. Les intentions semblaient bonnes; il ne se reflétait aucune hypocrisie dans sa voix taquine, mais Jichinôra ne put s'empêcher de rougir davantage, un peu troublée. Elle avait peut-être fait une erreur en exposant sa situation aussi rudement, d'une seule traite. Elle voulait bien admettre que le flots de parole qu'elle avait lâché pouvait paraître imposant, sur le fait, et la jeune guérisseuse se sentait un peu maladroite. Au moins, il ne l'avait pas dévisagée, comme quelques rustres l'auraient fait. Rarement elle prenait ces réactions en considération, mais tout de même, ce rire en disait beaucoup sur sa petite rencontre. Il semblait... léger, peut-être pas de la même manière qu'elle, mais tout de même dénué tout angoisse ou désarroi. Ouvert d'esprit, pourrait-on dire, pour la gloire de la chose. Une belle petite âme, à première vue.

    « Et je suppose être le meilleur candidat en liste pour vous aider... »


    Il la taquinait... gentiment, juste pour dire.
    Un petit sourire gêné, tout mignon sur sa petite fripouille de demoiselle, se fit voir, un tantinet... et Jichinôra sentit le sang lui affluer aux joues, encore plus cerise qu'auparavant. Cela l'amusait, cette petite coquinerie, quoique vraie, c'en était pas moins agréable. À jeter un œil aux alentours, l'évidence sautait aux yeux : il n'y avait personne d'autre que ce charmant et blond petit minois pour la sortir d'ici. Ça n'était pas un bien mauvaise chose.

    « ...où plairait-il à Mademoiselle de se rendre? »

    Jichi' arqua les sourcils. Fichue bonne question.
    Son petit côté rationnel lui disait : « Oh, Jichinôra, tu as un phare à finir, mais tout d'abord à entamer ! Cesse de papoter, indique à notre jeune ami ta requête selon laquelle tu as besoin d'ouvriers volontaires, et allons travailler. »
    Dieu sait ô combien de fois son côté rationnel avait mordu la poussière. Elle l'écoutait si rarement...

    À l'opposé, sa part rêveuse était bien claire : « Parle donc un peu, ça ne fera pas de mal. Il me plait bien. » Toujours et encore, elle répondait tout bonnement à cette offre par un « Pourquoi pas! » insouciant. Les complications, c'est lourd. Alors, pourquoi pas?
    Voilà, la décision était prise, sans plus de réflexion. Les coups de tête, c'était pratiquement sa marque de commerce. Elle se souvenait encore avoir sauver plusieurs personnes grâce à cet instinct d'allégresse. Pendant des flâneries, ou bien l'une de ses si rares « pauses improvisées », elle tombait sur des gens qui avaient besoin d'un médecin. Elle ne se faisait pas prier et dans ces occasions fortuites, jamais elle ne demandait monnaie d'échange. Comme lorsqu'il y avait eu une mêlée de bagarres au marché qui s'était transformée en véritable carnage... des Tempêtes avaient abusés un peu de la patience d'un jeune Nuage, bien que ce soit surprenant. Dieu sait combien les Foudres sont sang-chauds; c'était une bonne opportunité pour l'un d'eux qui se trouvait là à cet instant de faire ses preuves à l'ennemi. Il s'imposa, bien brusquement, et les citadins autour huèrent les actes de provocations qui suivirent. Deux, trois, puis quatre groupes de différents côtés se pointèrent et les fusils rugirent. C'était une période troublée, en ces temps-là... une période que Jichinôra n'appréciait pas, qui ne lui sciait pas. Pourtant, elle ne quitta pas les lieux, endura les horreurs du sang et de la souffrance. Elle s'était imposée un calme olympien, une fois la stupéfaction passée; Zek le lui avait appris, cela. C'était la sécurité de tous d'abord. Même à travers les guerriers en furie, la jeune guérisseuse fit son travaille et pansa les plaies des blessés. Celui qui la rudoya parce qu'elle prenait soin d'un membre du camps adverse eut lui aussi droit à son attention, quelques instants plus tard. L'avis personnel n'avait pas lieu d'être dans de telles circonstances, ça, Heidy le lui avait appris. Contrairement aux autres toubibs qui arrivèrent par après, elle n'exigea aucun comptant. Jichinôra s'en alla simplement, gardant en tête le rustre qui l'avait apostrophée trop violemment à son goût.

    Ce flash dura une fraction de secondes, environ de la même longévité de l'ombre qui passa dans ses yeux à ce moment-là, mais elle se ressaisit. Et puis, pourquoi s'était-elle remémorée un souvenir aussi morose dans des circonstances plutôt... décontractées ? C'était idiot, elle ressassait pour rien. Stress inutile.

    La jeune Fides Ei revint à elle-même et son sourire réapparut. Elle se gratta vaguement la joue du bout de l'ongle, puis lança avec un enthousiasme entraînant:

    « Où Monsieur voudrait-il bien faire plus ample connaissance ? »

    Jichi' joignit les talons et prit une position d'éducatrice d'école trop sérieuse.

    « Je vous suis, cher guide... »

    Son ton solennel se transforma en chuchotement et son doigt dressé vers le ciel vint se poser sur le coin de sa lèvre.

    « ...car entre nous, je ne connais pas l'endroit... »

    Elle pencha la tête sur le côté, sourit comme un ange, une main sur les hanches et l'autre rivée vers le jeune blondinet.

    « ...et que je suis curieuse de savoir votre petit nom ! »

    Jichinôra effleura vivement le bout du nez de son vis-à-vis sans y penser et sortit la langue. Elle se plaisait en face de lui, sans même savoir son identité, qui il était vraiment, ou peu importe. Mais au fond, qui à travers toutes les personnes qu'elle avait rencontrées avait-elle vraiment connues ? Si peu, l'étranger ne l'effrayait pas. Surtout un étranger si accueillant. En Sheen l'étranger elle avait vu son père, mais en lui, autre chose. Elle se demandait bien quoi.

    Qu'allait être le beau Loup pour Jichinôra, dites-moi ?


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Dernière édition par Jichinôra Fides Ei le Lun 15 Fév - 20:02, édité 1 fois
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Loup Iudalaël
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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeDim 14 Fév - 21:03

    . Envolée la morosité de l’assassin triste d’avoir accompli son macabre métier ! Heureusement pour l’âme généreuse de Loup qu’il était lunatique, autrement quoi sa jolie bulle serait bien nébuleuse et noire. En revanche le problème était toujours quelque peu ennuyeux et Loup se sermonnait de ne pas s’être fait passer dès le début pour un guerrier bourru… La proximité du district Nuage lui avait fait spontanément adopter l’attitude qu’il endossait chaque jour en allant travailler. Au restaurant, s’entend. Loup aimait beaucoup faire ces petits boulots… Le remplacement qu’il avait décroché chez les Vents lui était fastidieux, certes, et il n’était pas du tout dans le besoin mais… Utiliser la paye reçue pour avoir ôté une vie lui pesait… Piocher dans son héritage amoncelé grâce à des morts revenait au même. Cela lui donnait la nausée… Vivre grâce aux récompenses de gens heureux d’en avoir vu d’autre périr. Malsain système.

    . Quoi qu’il en soit, pour l’heure ces funèbres réflexions étaient bien loin de lui effleurer l’esprit. Il observa un instant le ravissant bout de femme face à lui, se demandant bien quel genre d’endroit serait susceptible de plaire à une joviale brunette excentrique dans le quartier guerrier…
    . Il la vit prendre une adorable couleur pivoine, ce qui lui fusa droit au cœur. Il connaissait bien peu de personne capable de s’empourprer avec tant de naturel… L’orgueil masquait trop souvent la spontanéité des gens, et en ces temps de guerre, voir ce bout d’ange rougir avec un si admirable sourire réchauffait son âme qui se mourrait dans un océan de glace de puis déjà bien longtemps… A vrai dire, un tel sourire ferait fondre n’importe quoi.


    . Curieux, Loup épiait la moindre mimique du personnage, quêtant un nouveau rayon de soleil. Quant à elle, elle semblait dubitative… Quoi, elle ne savait pas où trouver sa main d’œuvre ? Ainsi était-elle venue sur un coup de tête, espérant sans doute que les déménageurs croiseraient sa route !
    . Alors qu’il commençait à réviser sa connaissance du district pour trouver de quoi satisfaire sa vis-à-vis, cette dernière s’assombrit. Oh, un très bref instant, mais ce ne put échapper à l’œil exercé de l’assassin. Son sourire s’évanouit, la chaleur de son visage tiédit, ses traits si pétillant s’imprégnèrent d’une brume funèbre…
    . Parfait reflet, la mine angélique de Loup s’obscurcit elle aussi. C’était une sorte d’empathie qu’il avait toujours eu. A cause de sa mère sans doute. A force de guetter les humeurs de cette dernière pour ne pas surcharger ce chagrin qui avait détruit son esprit, il avait toujours été à l’affût de ses moindres humeurs. C’est pourquoi en dehors de situations combatives ou défensives, les émotions du Nuage n’étant pas bridées étaient toujours influencées par son entourage. Et puisqu’aujourd’hui il semblait décidément ne pas vouloir être sérieux et se voiler de prudence comme de coutume, son esprit trop sensible s’emmêlait dans la joie ou la mélancolie que lui communiquait la jeune femme.


    . Toutefois, elle retrouva bien vite son minois ensoleillé et celui de Loup ne tarda pas à suivre.

    « Où Monsieur voudrait-il bien faire plus ample connaissance ? » clama-t-elle en se mettant presque au garde-à-vous.


    . « Faire plus ample connaissance » ? Fichtre, il n’était pas tiré d’affaire… L’idéal serait de converger vers le district central mais c’était hélas après des Tempêtes que la demoiselle réclamait.
    . Tant pis ! Ecartant toute pensée contrariante avec un superbe sourire, le Nuage regarda l’insolite manège de l’Etoile. Levant un doigt vers le ciel, doigt que Loup suivit machinalement du regard, elle admit son ignorance complète des terres tempétueuses avant de le poser sur ses lèvres. Loup s’en dé-focalisa et fut ravit de recevoir un nouveau déferlement solaire de son enthousiaste compagnon.
    . Puis, une main sur la hanche, l’autre brandit vers lui, elle chantonna vouloir connaitre « son petit nom ». Penchant légèrement la tête sur le côté dans une attitude espiègle, deux doigts fins effleurant ses lèvres, Loup masqua bien mal un sourire railleur. Le genre de rictus ravageur qu’il avait à peine conscience d’esquisser. En effet, il avait enfin trouvé ce à quoi lui faisait penser la demoiselle : ces fillettes du Petit Peuple dont parlaient les très anciennes Légendes du monde d’autrefois. Lorsque tous les ilots Célestes étaient encore soudés au noyau terrestre et que les Hommes ne connaissaient rien d’autre que leur imagination pour expliquer les phénomènes bizarres de leur existence.


    . La jeune femme ébaucha alors un geste déclenchant tout le système d’alarme de la machine humaine que Loup représentait. Machine dont il avait lui-même assemblé les pièces que ses professeurs lui avaient données. Une violente impulsion le parcourut de la tête au pied alors que la charmante créature face à lui allait simplement lui toucher le museau. Chacun de ses muscles s’arc bouta, prêt à bondir en arrière, chaque synapses de son cerveau envoya le même signal à chacun de ses atomes : bouger. Il dû faire appel à toute sa volonté pour retenir son corps, luttant violemment contre son instinct de préservation et son enseignement de toujours. Cependant il ne sentait aucune animosité émaner de la jeune femme et c’aurait été une stupide erreur que d’accomplir maintenant une habile esquive. En plus d’être une discourtoisie, et la demoiselle aurait pu se vexer. Ce qu’il n’avait pas du tout envie de voir arriver. Il ne put s’empêcher néanmoins de reculer son visage de quelques millimètres, serrant les dents pour se retenir d’obéir à ce que toutes les cellules de son corps lui hurlaient en pagaille. Le doigt l’effleura à peine, Loup loucha dessus, perplexe et tendu de voir une main étrangère si proche de ses prunelles. Sa réaction pouvait paraître exagérée, mais dans le milieu où vivait Loup, un tel geste était rarement innocent. Un ennemi en aurait profité pour lui crever les yeux. Lui-même l’aurait fait chez un adversaire.

    . L’Etoile, elle, préféra lui tirer la langue, ce qui détendit presque complètement Loup à présent plus raisonnablement sur ses gardes. Il s’ébroua comme un louveteau pour chasser la pression accumulée en freinant ainsi sa nature de Nuage. Dur. Cette scène avait au moins eu le mérite de le rappeler à l’ordre. Un sourire, de celui que les enfants turbulents offrent à leurs mères après une bêtise qu’ils savent bientôt pardonnée, s’accrocha à ses lèvres un bref instant alors qu’il se remémorait les dires d’Elie :
    « C’est Louveteau qu’aurait dû t’appeler ta mère ! Non mais regarde-toi ! On a peine à imaginer que tu fasses un Nuage hors pair ! Tu n’agis que sur coup de tête et ne commence à réfléchir qu’après une ânerie qui aurait pu être grave ! L'insouciance n'a pas sa place dans notre sphère, Loup ! ».
    Son amie serait vraiment désespérée de le voir maintenant.


    . C’était l’absence totale de méfiance chez l’Etoile qui endormait celle de Loup. Bien sûr, toutefois, qu’une part de lui était toujours prête à réagir, bien sûr qu’une part de lui analysait mécaniquement le moindre et infime détail susceptible de représenter un péril, bien sûr qu'une part de lui filtrait tout ce qu'il disait et en calculait les conséquences, bien sûr que cette même part l’empêcherait de s'attacher à la jeune femme, bien sûr qu'elle l'étudiait comme une menace potentielle et en listait tout les points faibles pour une hypothétique élimination. Bien sûr qu’elle rendrait la main de l’assassin ferme et meurtrière si jamais l’être qu’il avait en regard devenait un danger, et bien sûr qu’elle briserait dans l’œuf toute hésitation ou miséricorde. C’était cela, la machine qu'on lui avait appris à devenir. Si cela l’attristait parfois, il ne s’en plaignait ni ne le regrettait : tout ceci lui permettait de se sentir infiniment libre et indépendant.

    . Revenant à la situation présente, il joua un moment avec sa boucle d’oreille tout en réfléchissant :

    « Ce n’est pas dans le clan Tempête que l’on peut faire connaissance », décréta-t-il platement.

    . En effet, tous les commerces de la ville Infernale se trouvaient dans le centre.


    « A moins que vous n’aimiez les revolvers… »

    . Car c’était bien là les seules boutiques qu’ils pourraient rencontrer dans ce district.

    « Personnellement, je les trouve trop… Froids. »


    . Il ne se dit qu’après coup que le qualificatif employé pouvait paraitre étrange. En réalité, Loup parlait de complicité. Peut-être des adultes plus aguerris trouveraient-ils ça naïf, mais lorsque le Nuage utilisait l’une de ses lames, il en sentait la moindre fibre, entendait chaque notes qu’elle sifflait en décrivant sa gracieuse danse mortuaire. Son arme devenait le prolongement de son corps, et il y déversait une partie de son âme pour lui donner vie. Un accord parfait.

    . Oui, il aurait été bien hypocrite de le nier : Loup haïssait les tueries, mais il était dans son élément, en plein combat. Lorsque l’adrénaline échauffait son sang, le portant à une ébullition brûlante emplissant ses veines d’une rage de vaincre, d’une énergie bouillonnante qui enflammait son esprit. Lorsqu’il libérait enfin sa pleine capacité, lâchait complètement sa bride, lorsqu’il goûtait à sa pleine vitesse, sentait l’air glisser sur sa peau, écoutait avec une attention macabre la respiration de son adversaire. Lorsque son esprit déployait tout son génie, s’éveillait intégralement, prévoyait chaque geste de l’ennemi, voyait dans son jeu comme s’il en eut été le maître. Lorsqu’il devait échafauder mille et une subtilités pour doubler son adversaire, improviser, essayer, s’échapper, revenir… Lorsqu’il pouvait sentir la puissance de l’opposant, s’y glisser, se l’approprier, puis la réutiliser à sa guise… Lorsqu’il sentait enfin la liberté dans ses veines et toute la force qu’elle y entrainait.
    . Mais décidemment, non : il n’aimait pas ôter la vie. C’est pourquoi il choisissait bien souvent la fuite à l’affrontement.


    . Toujours est-il que les revolvers étaient trop mécaniques et impersonnels pour lui. En plus, il y avait des balles en réserve au cas où la cible était manquée, c’était moins stimulant. Loup n’aimait pas se battre s’il était sûr de vaincre, quoique l’issue d’un combat ne soit jamais fixée.

    . La fraction de seconde que dura sa réflexion, les douces prunelles de Loup reflétèrent un brasier qu’on ne soupçonnait pas chez lui, avant de reprendre leur éclat rieur :

    « Je peux simplement vous montrer de jolies places et de belles maisons ! Par contre le centre des Tempêtes ne me dis rien. »


    . Il décrivit une gracieuse volte pour se ranger aux côtés de l’Etoile et lui décocha un sourire énigmatique :

    « Allons donc où nous mène nos pas ! J’essaierais de les faire converger toutefois là où vous pourrez trouver vos ouvriers. »

    . Loup tenta tout de même, pour la forme :

    « Sauf si votre avis change en faveur des Vents… »

    . Il frôla à nouveau sa perle d’oreille, lui tirant un joli tintement :


    « Je trouve que c’est le plus beau quartier. »


    . Le Nuage ne faisait pas référence à l’architecture ou au paysage, mais au niveau humain : là-bas, les autochtones étaient pour la plupart des gens naturels et expressifs qui n’ayant aucune science du combat, n’étaient pas entrainés à l’analyse ou au déguisement. Ils vivaient de bon cœur sans toute la méfiance qu’imposait la guerre, leur neutralité et leur absence de spécialité dans aucun art ne leur flanquant aucun poids. Pour Loup, leur insouciance était également une forme de liberté qu’il leur enviait parfois, bien que la sienne lui soit trop chère pour vouloir changer.

    . Dans un nouvel éclat de rire argentin, il déclara :

    « Mais mon point de vue est subjectif, peut-être préférez-vous le domaine du Clan Etoile ! »


    . Sans y faire attention, il venait de révéler sa déduction quant au clan de la jolie brune, même si cela n’avait pas grande importance.
    . Ne songeant pas à ce détail, il leva le nez vers le ciel, puis plongeant ses émeraudes dans le chocolat de l’Etoile, il se présenta enfin :


    « Mon nom est Loup »déclara-t-il simplement avec ce sourire "
    de loup", justement, qui lui était si caractéristique.

    « Aurais-je l’honneur de connaître le votre, gente dame ? » questionna-t-il, mimant la révérence de la noblesse, rôle qui lui allait affreusement bien.


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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeLun 15 Fév - 20:09

    « À moins que vous n'aimiez les revolvers... »

    Elle inclina la tête. Les revolvers... chose qu'elle était si loin d'aimer. Quand on y pense, il n'y a aucun art à s'en servir. N'importe qui, même un bambin dans la plus pure innocence, pourra appuyer sur la gâchette et tuer quelqu'un. Sans avertissement, de loin, sans lui-même prendre de risque. C'était un joujou pour les gens craignant de se blesser eux-même, selon elle. Franchement trop simple. Pour mériter un meurtre, il fallait au moins y mettre du sien, faire un effort, ça ne pouvait pas être aussi facile. Même si à première réflexion ça semblait incorrect... mais inutile de se le cacher, ici, les assassinats étaient une chose omniprésente. Et ça ce devait d'être une entreprise recherchée avec un effort considérable, ou même, distingué dans le plus rare des cas, mais certainement aussi obscur que l'acte en soi. Donner la mort ne devait pas être aisé; il fallait y mettre du sien, du temps, du talent. Les pistolets ne menaient qu'à l'anarchie. C'était à la portée de tous grâce à cela, sans plus aucune élite pour limiter le tout. Les Nuages, eux, avaient comprit. Des années d'entraînement, des heures de simulations, et toujours ils prenaient le risque parce que tel était leur engagement. Le meurtre discret demandait une aptitude à se mouvoir dans l'ombre, à manier des lames sans risquer de blesser qui que se soit excepté la cible.

    « Personnellement, je les trouve trop... froids. »

    Elle acquiesça fièrement. Ni Foudre ni Tempête, mais pas Étoile.

    Un Étoile aurait certainement décrété que les dommages causés par ces engins étaient trop collatéraux et ardus à réparer pour rien. Un organe sectionné se recoud, un organe percé doit être bouché et l'urgence ne permet pas d'aller chercher les tissus nécessaires à cette entreprise. Un peu plus et l'on se contente de faire une boucle cancéreuse dans la plaie pour que la patient ne rende pas l'âme d'ici l'arrivée des suppléments cutanés. C'était un fait.

    Après avoir offert l'alternative de lui faire visiter de jolis endroits ou quelques quartiers classes, il fit un gracieux jeu de pieds pour se retrouver à ses côtés, un sourire magnifique aux lèvres:

    « Allons donc où nous mène nos pas! J'essaierais de les faire converger toutefois là où vous pourrez trouver vos ouvriers. »

    Cette réflexion la ravit. C'était parfaitement le genre de chose qu'elle aurait même dit. « Au gré de nos pas, vers Dieu sait où, le destin fait bien les choses. » Et la jeune personne tout près d'elle confirmait justement la thèse.

    « Je trouve que c'est le plus beau quartier. »

    Les petites lèvres de Jichinôra esquissèrent un doux sourire. Pacifiste ? Peut-être Vent, alors.

    « Mais mon point de vu est subjectif, peut-être préférez-vous le domaine du Clan Étoile. »

    Ce fut plus fort qu'elle : une moue désapprobatrice flotta sur son visage quelques secondes en se disant bien fermement que son île n'avait rien à voir avec le Clan au sens propre. C'était un héritage familial, plus rien à voir avec la besogne incertaine des guérisseurs. Leurs jardins étaient bien, mais pas autant que son arc aux roses, les gens y étaient bien, mais pas autant que les Nuages ou les Vents.

    Loup. Ce nom était poétique, et cela la fit sourire de nouveau. Un éclat de charme scintilla dans ses prunelles. Elle l'appréciait de plus en plus.

    « Aurais-je l'honneur de connaître le vôtre, gente dame ? »

    La révérence l'acheva. Il était bon joueur ! Elle rit, puis fit elle-même une courbette d'une agilité sans faille, la seule chose que le séjour chez les Étoiles ne lui retira pas : des salutations distinguées. Puis, bien redressée, elle lança avec grâce :

    « Jichinôra dans mon foyer, et Fides Ei dans les affaires. L'amitié s'est cependant vu octroyer le privilège de m'interpeler Jichi, si le cœur vous en dit. »

    Elle dit Jichinôra avec chaleur car son âme en débordait, Fides Ei avec une fierté et un amour éprouvés, puis Jichi avec le ton le plus entraînant qu'il eut lieu d'exister en ce monde fatigué. Elle venait de décrire sa vie en émotions, et cela en une seule phrase. Ceux qui sut y lire entre les lignes verraient pour de bon qu'aucun masque ne lui dissimulait de quelconque face cachée. Si elle-même haïssait les hypocrites, elle ne pouvait se permettre d'en être une. Goûter à une existence limpide était bon, meilleur qu'un tissu de mensonges et mesquineries. Ce pourquoi elle répondit bien honnêtement :

    « Le Clan Étoile ne me dit rien. Épargne-moi cela et j'accepterai volontiers d'aller dans un de ces légendaires cafés Venteux. Tant pis pour les ouvriers, mon phare ne s'en ira pas en courant, après tout. »

    Elle tournoya car le cœur lui en disait, rit quelques brefs instants puis réfléchit à voix haute :

    « Malgré que je préfère le quartier Nuage... il me rappelle des souvenirs. »

    Papa, tu me manques.
    L'exact traduction de ce qu'elle venait de dire. Lorsqu'elle allait vers l'Est, un vent de quiétude la portait et sa mélancolie, aussi étouffée soit-elle, disparaissait dans une vague de souvenirs que la guérisseuse savourait autant que possible. Peu de choses avait cet effet sur elle. Malheureusement, ça aurait pu devenir comme une véritable drogue. S'enliser dans les méandres du passé sans penser au présent. Mais Jichinôra était raisonnable; les bonheurs quotidiens deviennent vite éphémères. Un discret soupir s'échappa puis elle reprit tout son aplomb :

    « Alors, en avant ! J'ai bien hâte d'en savoir plus, Louveteau. Dis, ça te dérange, si je t'appelle ainsi ? »

    Elle trottina plus loin, l'intersection à deux pas d'elle. Lorsqu'elle y fit face, son cœur fit un bond. Un bond douloureux. Un homme, assez grand et au visage massacré par la vie, affichait un sourire à mi-chemin entre la colère et la joie. Épouvantable. Il s'était terré sur l'autre face de l'immeuble, Dieu sait pourquoi. Mais ces réflexions ne durèrent qu'une fraction de secondes. L'expression de stupeur et son corps crispé changea totalement de langage quand ses yeux se posèrent sur la lame qui plongeait droit sur elle. Jichinôra lâcha un cri puis instinctivement, elle croisa ses avant-bras sur la garde du poignard à quelques centimètres de sa poitrine. La force brutale de son agresseur la fit basculer par derrière sans qu'elle n'eut le temps de poser une jambe à l'endroit propice afin de garder se équilibre. Elle chuta dans la poussière de la rue pavée, une respiration saccadée s'échappant de ses poumons.

    Si en un seul coup ton adversaire te cloue au sol, fuis. Esquive.

    Le commandement de Zek s'imposa à son esprit en un éclair. Elle recula, les yeux brûlants d'un mélange tortueux de haine et de frayeur. Puis juste comme elle allait se remettre sur pieds, un autre élément entra en jeu.


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Loup Iudalaël
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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeMar 16 Fév - 0:46

    . Vie, chaleur, paix, joie, vie, allégresse, étincelle, dextérité, vie, gaité, virtuose, grâce, vie, harmonie, fluidité, vie, pétillement de vie…

    . La jeune femme n’était qu’un condensé de tout cela. Loup était fasciné, il la regardait avec une attention aiguë, comme s’il eu peur de perdre le moindre chatoiement lumineux qu’elle envoyait.

    . Il reconnaissait une certaine grâce aux Etoiles, mais celle-ci avait bien plus que cela. Dans ses rondes, ses pas, ses gestes… Tous étaient emprunt de cette même adresse subtile et naturelle que l’on retrouvait chez lui, chez les Nuages.

    « Jichinôra dans mon foyer… »


    . Flammèche dorée irradiant la vivacité. Un bout d’essence de vie à l’état pur, sans souillure.

    « …et Fides Ei dans les affaires. »


    . Affection et orgueil. Non, pas orgueil : fierté. Cette enfant là aimait celui ou celle qui lui avait donné son nom. Le chérissait même. Loup sourit, essayant d’imaginer ce brin de joie rentrer chez elle, entourée peut-être d’une famille tout aussi pure qu’elle. Quoi que… Quelque chose en elle résonnait et lançait le lointain écho de la solitude. Cette joie non contenue peut-être, justement, et cette sorte de maturité qui se superposait à peine à son entrain enfantin. Ce genre de maturité non pas adulte qui se croit des responsabilités, mais qui parle de choses vécues, trop tôt souvent, d’indépendance, et de superbes ailes déployées…

    « L'amitié s'est cependant vu octroyer le privilège de m'interpeler Jichi, si le cœur vous en dit. »


    . Loup laissa paraître son étonnement, puis offrit à sa rencontre une frimousse enchantée qui en disait bien long sur l’appréciation du cadeau que venait de lui faire la brunette. Oh, il ne l’accepterait pas, non. Parce qu’il ne devait pas s’autoriser une attache, parce qu’il était très difficile d’apprivoiser Loup en dépit des apparences et parce que l’amitié était pour lui une valeur infiniment précieuse qu’il ne risquerait jamais de bafouer en la saisissant trop brutalement. Il était ainsi.
    . L’éclat de vie qui flamboyait à ses côtés lui était comme un baume dont il profitait des bienfaits, sachant que ce ne saurait que bref et temporaire. Quoi qu’il ne songeait que rarement plus loin que l’instant présent : ici et maintenant, il était bien, en compagnie adorable. Plus tard, c’était plus tard.
    . Il entendit chaque note, chaque accent de chaque mot de l’Etoile. Tous résonnaient à son oreille comme de délicieux sons sans aucune vilénie, des sons qui sonnaient justes, droits et francs. Cette capacité qu’avait la demoiselle à donner à ses mots comme une âme, une signification personnelle, cette faculté de les empreindre de l’exact sens qu’elle voulait leur donner et de les emplir de ses propres expressions le captivait. Lui qui était curieux de tout et de rien, qui se distrayait à la vue d’une simple couleur… La découverte d’un tel personnage le passionnait.


    « Le Clan Étoile ne me dit rien. »

    . Ah, oui… Il l’avait vu froncer les sourcils. C’était un clan qui lui allait bien pourtant, bien que beaucoup d’Etoiles fussent blasées par leur métier : à force de côtoyer la mort et les blessés, reflet de la laideur humaine, certaines d’entre elles devenaient insensibles à tout. Enfin cela dit, pour une raison sur laquelle il ne s’était jamais interrogé, Loup allait assez peu souvent du côté des îlots…

    « Épargne-moi cela… »

    . Il sourit. Elle n’aimait pas qu’on la groupe dans un clan… Mais elle-même ne stéréotypait-elle pas les Foudres et les Tempêtes ? Loup était le premier à dire qu’un clan ne faisait pas un Homme, mais on ne pouvait nier qu’il pouvait y influencer.

    « …et j'accepterai volontiers d'aller dans un de ces légendaires cafés Venteux. Tant pis pour les ouvriers, mon phare ne s'en ira pas en courant, après tout. »

    . Il tourna vers elle des prunelles emplie d’un enjouement qu’il ne feignit ni ne réprima ; enjoué d’avoir une excellente raison de retourner arpenter les enthousiasmantes rues du quartier venteux, heureux d’échapper à son dilemme et réjoui de constater qu’il resterait encore un temps en compagnie de cette si jolie nymphette à laquelle il pouvait à présent donner un nom : Jichinôra.


    . Elle lui offrit un nouveau fragment de valse, de nouvelles notes claires et ajouta :

    « Malgré que je préfère le quartier Nuage... il me rappelle des souvenirs. »

    . Ce qui atteignit Loup de plein fouet, même si pour le coup rien n’en transperçât. Il gardait son sourire amusé et épanoui, fronçant légèrement les sourcils à l’information, histoire de mimer un air intrigué, avant de reprendre rapidement sa mine rayonnante.
    . Mais dans son esprit, ces mots firent leur chemin, s’ajoutant au puzzle qu’il complétait depuis sa rencontre avec la charmante Fides Ei : elle avait arpenté le quartier Nuage de façon suffisamment poussé pour s’en faire « des souvenirs ». Il avait bien repéré chez elle la grâce voluptueuse des Nuages, et également le « truc ». Un « truc » qu’il n’expliquait pas vraiment, mais ressentait : une sorte de trait spécifique que l’on retrouvait chez tout les Nuages dignes du nom. Un morceau de… Un morceau de rêve, d’abstrait, quelque chose qui rendait le sujet un peu à part, excentrique et calme à la fois, original et pourtant normal, normal mais attrayant sans explications. Un charme éthéré qui paraissait proche, familier et pourtant insaisissable. C’était infime… Mais c’était toujours là. Et il y avait quelque chose comme ça chez elle.
    . Il doutait cependant qu’elle y soit resté suffisamment longtemps pour que le meurtre ne vienne l’abîmer, elle qui paraissait si entièrement spontanée. Il savait pourtant que certaines blessures se cachaient aisément en dépit de leur ampleur.
    . Le discret soupir qu’elle lâcha ne lui échappa pas non plus, sans qu’il ne guette rien. Nostalgique donc. Elle devait y avoir vécu une partie de son enfance. La nostalgie n’apparaît qu’après le deuil d’une époque, et le deuil qu’après un laps de temps.


    . Puis, la trêve fut rompue et elle repartit aussitôt :

    « Alors, en avant ! J'ai bien hâte d'en savoir plus, Louveteau. Dis, ça te dérange, si je t'appelle ainsi ? »

    . Loup eut un mouvement de recul dû à la stupéfaction. Il laissait volontairement passer ses réactions pour ne pas donner à son rôle une image froide et impassible.
    . Louveteau… Voila qu’Elie gagnait des adeptes. Mais dans l’absolu, les surnoms que l’on pouvait bien lui donner lui importaient peu. Ca l’amusait même plutôt. Il était habitué à vrai dire à se faire appeler différemment de son nom de naissance. Il y était attaché toutefois ; sa mère lui disait autrefois que c’était la première chose que l’on offrait à un enfant, son nom, après sa vie.


    . Brusquement, le théâtre changea d’ambiance du tout au tout. Loup vit l’homme, sentit la stupeur de Jichinôra et saisit toute l’action. Son esprit d’analyse le submergea et le cloua au sol avant que son inné penchant pour la réaction irréfléchie ne puisse bondir en avant. Il n’y avait pas à tergiverser cependant : un homme attaquait l’Etoile sans raison apparente, sans même avoir prévenu de rien. Soit il s’entêterait, soit il repartirait. S’il choisissait la première option, Loup devrait faire un choix : agir ou… Ou ? Ou quoi ? Il ne posa même pas la deuxième option, qu’il lui parut dans la situation actuelle bien trop superflue.
    . Jichinôra eut un superbe réflexe ; elle para le poignard habilement mais fut projetée en arrière. L’homme ne s’arrêterait pas là, ça se lisait dans son aura. Loup agirait, c’était inéluctable. Il n’y réfléchit même pas.
    . Cette fois-ci, une pirouette comme celle qu’il avait amorcée dans le quartier Venteux en compagnie de sa supérieure ne fonctionnerait pas : pas de badauds à terroriser, pas de belligérants opposés à impressionner.


    . Loup reprit donc sa propre peau, abandonnant le mince rôle qu’il avait revêtu. Son souffle devint plus calme, plus stable et profond, ses gestes plus déliés, son regard plus placide et lointain, sa proximité plus froide.
    . Il s’imprégna aussitôt du lieu : rue relativement large bordée de maisons hautes et modernes, deux venelles étroites derrière lui, une placette abandonnée derrière l’intru. Pas d’obstacle particulier.
    . Il entendit chaque respiration haletante de Jichinôra et s’en servit comme appui. Comme cadence, comme rythme. Il sentit sa peur, son étonnement et sa colère.
    . Il écouta le souffle profond de l’homme, visualisa son déplacement, analysa ses pas, son balancement, sa démarche souple et brute à la fois. La comprit, l’enregistra ; c’était l’une des premières clefs. Il lui décela deux autres armes : un poignard, un révolver. Petit et neuf. Il le détecta à l’odeur de la poudre et du métal avant même de voir son éclat à la ceinture du malfrat. L’homme avait donc un revolver, pourtant il ne s’en était pas servit. Rien ne le rattachait donc au clan Tempête, à première vue, si ce n’est ce semblant d’habilité au combat qu’il paraissait avoir. Loup marqua chacun de ses traits : balafré, le regard perdu dans une violence incompréhensible. Fou, peut-être ? Pourquoi avoir attaqué Fides Ei ? Le Nuage n’écarta pas la possibilité d’une vengeance d’un quelconque ordre.
    . Tout ceci fut quasiment instantané : la longue expérience de Loup lui faisait avaler un nombre impressionnant d’informations au premier regard. Jamais en dépit de l’importance de l’étude de la situation il n’aurait permit à l’assaillant une seconde action victorieuse.


    . L’homme fit mine de réitérer son attaque : lourde, sans aucun style ni harmonie, mais adroite et assurée.
    . Loup esquissa un sourire railleur. Un bref instant ses prunelles émeraude se parèrent d’un cynisme insolent proche de l’arrogance, et il entra en scène. Il se glissa à la rencontre de l’agresseur avec une légèreté ondoyante, le dépassa, devint son ombre et esquissa sa danse. Une volte gracieuse et fatale qui donna à son coude l’élan nécessaire ; il percuta la troisième côte de sa proie alors que celle-ci était en équilibre sur le pied opposé. Déséquilibre.
    . Une fraction de seconde à peine et la paume gauche de l’assassin propageait un choc électrifiant à un point stratégique du cou de l’homme. Douleur.
    . L’ensemble fut rapide, net et radical : la cible fut éjectée un mètre plus loin, sur la placette, avec un manque évident d’air dans les poumons tout en pressant prestement un point de son gorge où déjà se dessinait un cercle noir. Loup n’avait fait aucun geste inutile, ses pieds avaient à peine bougés, son buste fait une légère rotation. Pourtant, son attaque avait tout de la danse des Nuages : une harmonie parfaite avec le Vent, une souplesse vaporeuse, une fluidité aérienne et fascinante.


    . L’assassin lui avait rendu ce qu’il avait infligé à l’Etoile : une chute, une respiration haletante. Y ajoutant une touche personnelle : une paralysie temporaire de la tête, quelque chose de problématique, douloureux, humiliant pour les orgueilleux et angoissant.
    . L’homme devait avoir comprit : Loup lui avait donné un avertissement. A présent, soit il s’en irait, soit il deviendrait plus sérieux.


    . Le Nuage glissa un regard vers la brunette qui semblait aussi effrayée qu’énervée par les évènements. Il guettait sa réaction. Par habitude tout d’abord, un peu idiotement peut-être pour la situation actuelle : dans le milieu de Loup, venir en aide à quelqu’un impliquait un accord tacite entre les deux, sinon quoi l’agressé pouvait se sentir offensé. Cependant Jichinôra était loin d’être le type de son milieu…
    . Mais il redoutait surtout sa réaction. Oh il ne pensait pas qu’elle se mette en colère contre lui ; il ne lui avait pas mentit. Mais même si c’était peut-être la meilleure chose à faire, l’idée qu’elle puisse prendre la fuite l’attristait, ce serait la fin de leur rencontre fortuite.



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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeMar 16 Fév - 3:02

    L’homme, du haut de son horrible laideur, fit mine de rabattre sa lame sur elle. La jambe de Jichinôra était tout juste courbée pour se relever qu’elle craignit le pire. Sa propre âme, ébranlée par ce maelström poignant de peur et de stupéfaction, se déchira alors pour rouvrir une plaie béante dont l’existence avait été niée, peut-être trop longtemps, mais pour le bien de la guérisseuse. Un abîme sombre, d’une noirceur qui semblait absorber la douce lumière dans laquelle elle avait sut s’enliser pour se protéger d’elle-même. Sa respiration précédemment saccadée semblait maintenant expirer des litres de sang, macabre, souffrant. Elle sentait bien son dos gémir de douleur, sa colonne résonner intensément. Pourtant, c’était insignifiant : son petit cœur qu’elle avait tant peiné à garder sain et sauf allait être transpercé. Éclater. Crever. Exploser. Fendre. Mourir blessé, sans avoir retrouvé le sérum à ses soupirs solitaires. Jamais, elle ne l’aurait revu. Jamais, pourtant, il lui avait promit, et jamais on ne rompt une promesse.

    Jamais.

    Toutes ses rencontres. Chacune d’entre elles. Toutes insignifiantes, désagréables, sans aucun sens propre. Elle n’avait pas d’amis proches, un ravin la séparait de sa mère dont elle n’était même plus certaine de l’existence, tous ceux qu’ils lui avaient sourit et dont elle avait hypocritement refusé le rapprochement même s’ils semblaient très enclins à l’affection… Volontairement, sans se l’avouer, elle avait bafoué ses propres principes. Vivre seule et lointaine pourtant toujours accompagnée. Elle avait été elle-même, ça, elle ne pouvait se le reprocher. Elle-même jusqu’au plus profond de son cœur, en tentant de se faire voir par les autres, désespérément, son âme leur hurlant d’entendre ses supplications et de la permettre d’aimer avec encore plus de brillance et de flamboiement. Jichinôra accueillait les blessés non pas parce qu’elle était Étoile jusqu’à preuve du contraire. En vérité, elle espérait ouvrir les yeux de quelques malheureux en les introduisant dans l’intimité de son foyer. Ils repartaient toujours bredouille, inconsciemment. Un secours qui ne venait pas. Tout le monde était aveugle. Toute la bienveillance qui émanait d’elle était un miroitement de son passé. Elle était si minime comparativement à celle qui l’éblouirait une fois guérie. Des petits instants avec lui, heureuse, sans aucun tracas, prête à apprendre les grandes lignes et à deviner les plus petites.

    Cependant, même face à cette réalisation atroce, l’apparence n’en laissait rien voir. L’expression de peur sur son visage était restée et au détail près il n’y avait que ses yeux qui contemplaient le poignard étincelant sans pourtant le voir réellement.
    Elle avait voulu vivre heureuse. Cesser de trouver des excuses.

    Puis il se glissa derrière son assaillant. Le temps, lui-même subjugué par cette musette noyée de grâce, cessa de s’écouler. Elle contempla, le regard vide et le corps crispé, le ballet mortel d’une justesse terrifiante. De son œil expert, son aptitude d’assassin éveillé, elle vit chaque élément de la danse se succéder. Elle distingua les détails que Zek lui enseigna, les petits secrets qu’il lui confia sans qu’elle soit capable de les appliquer. Elle reconnut l’allégresse évidente par laquelle il se mouvait dans le temps et l’espace. L’Étoile en elle aperçut le point exact que le coude percuta : la troisième côte. Elle s’imagina la fracture qu’elle savait infiniment douloureuse et non sans séquelles futures. Les os de l’homme se contractèrent anormalement et tous ses muscles se contractèrent. La guérisseuse apercevait déjà les premiers signes de l’évanouissement par douleur mais elle n’eut pas le loisir d’avoir raison de lui : un pivotement agile et calculé s’effectua à sa gauche et il fut foudroyé. Un nerf primaire fut touché avec une exactitude sans faille. Jichinôra put visualiser le choc entier de l’impact, le vaisseau qui se contractait et l’éclair insupportable qui le parcourut.
    Terrassé. Elle avait vu une personne chère effectuer exactement la même parade, des années auparavant. De façon plus violente. De façon moins minutieuse. De façon plus mortelle.

    Jichinôra contempla le corps inerte mais pourtant étranglé de souffrance de son agresseur. Elle était consciente du regard de Loup sur elle. Elle avait détourné le visage, rivé vers l’homme qui gisait là-bas, sur les pavées poussiéreux. Ses doigts s’ouvraient et se fermaient nerveusement, signe apparent de sa panique confuse. Elle savait qu’il attendait sa réaction. Mais pour l’instant, elle suffoquait.

    Pourquoi ? Pourquoi avait-elle été incapable de se défendre ? Une seconde de plus et la voilà décédée. Une simple roulade au lieu de pétrifier sur place l’aurait sauvée. Une esquive élémentaire. Son père… Zek serait si déçu d’elle, voir que sa fille était une indigne parmi tant d’autres, loin de porter l’aisée fierté des Nuages dans ses mouvements et réflexes. En plus de se trahir elle-même, la voilà qu’elle tarissait la confiance qu’il avait eut en ses capacités. Les Étoiles avait tué son héritage par leur manque d’impétuosité. La passion que son paternel avait placée en elle s’était-elle envolée ? Son souvenir avait-il fané ? Les roses sur son arc ne suffisaient plus à le tenir en vie. Plus rien de suffisait. Onze ans.

    Onze.
    Un père qui abandonne sa fille aux mains d’une étrangère, c’est impardonnable, non ? Jichinôra était restée la même pour lui. Elle n’aurait pas grandit en noirceur, au contraire, déjà enfant-lumière, à l’apogée de sa croissance, un véritable ange elle serait devenue. De son propre velours blanc elle s’était donc vêtue et chercha, à travers toutes ses rencontres, la réponse, l’écho Nuage de son père évaporé. Ou, tout simplement, une âme pour l’apaisée. L’idée ou la possibilité que Zek ait quitté l’Enfer Céleste de quelconque manière était… inexistante. Tout simplement.

    Jichinôra tourna son visage ruisselant de larmes vers Loup. Il était Nuage. Elle connaissait les nuages; méfiance soignée. La politesse le pousserait peut-être à la rassurer. Cette avarie n’était pas en cause, bien que tout le monde croirait le contraire. Toujours et encore. Le même scénario. Ou bien il s’évanouirait dans l’air comme eux seuls savaient le faire car maintenant elle représentait un obstacle à son anonymat. Mais elle comprenait tout cela. Elle ne pouvait le blâmer. Alors il restait un étranger, même si elle aurait voulu davantage de son sourire attendrissant, de ses œillades rieuses. Probablement un personnage, comme on lui avait raconté. Comme Zek lui avait dit concernant l’expression qu’il revêtait avant chaque mission, aussi rares soient-elles.

    « Tu es Nuage. Un Nuage… »

    Elle se remit sur ses pieds, un peu chancelante. Elle passa vaguement sa main sur sa joue rougie par l’émotion.

    « Je m’excuse, Loup, ou quoi que soit ton véritable nom. Je connais le code Nuage. Ne t’en fais pas, mon père m’a bien expliqué tout cela. Pardonne-moi… personne ne saura rien… »

    Loup ne pouvait mesurer l’ampleur des paroles qu’elle dit alors, à moins de véritablement la connaître :

    « …je te le promets. »


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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeMar 16 Fév - 22:43

    . Jichinôra Fides Ei semblait comme absente, perdue dans les méandres de son esprit, quelque part à mi-chemin entre le présent et un passé révolu. Loup n’y était plus avec elle, mais elle lui racontait tout son trouble, toute sa détresse à travers son regard lointain et son souffle douloureux. Elle peinait sous un poids énorme qui oppressait son cœur. Ses doigts griffaient nerveusement le sol ; elle paniquait.

    . Toutefois… Elle avait besoin de cet égarement, pour se retrouver peut-être, et Loup le lui accorda, prêt à la réveiller si la panique coupait court à sa respiration. Il ne dit rien, ne murmura rien, ne tenta rien, ne l’approcha même pas pour rompre son angoissante torpeur, se contentant de la fixer. Peut-être pour lui apporter un soutient, un regard sur elle. Une présence.

    . Il recula d’un pas pour élargir son champ de vision et garder le dernier acteur de la scène à l’œil.
    . Son attaque l’avait secoué, il paraissait tétanisé, lui aussi. Loup songea tristement que cet homme devait avoir une histoire, un vécu, une famille peut-être et une raison, bonne ou mauvaise quelle qu’elle soit, d’avoir agi de la sorte. Qui était-il pour en juger ? Sa paralysie s’estomperait bientôt, sa côte se remettrait au bout de quelques semaines ; Loup avait seulement voulut lui faire sentir qu’il n’avait aucune chance dans ce combat-ci. Peut-être cette défaite le ferait-il réfléchir… Pour l’heure, le blessé semblait terrifié à l’idée de ne plus pouvoir bouger, il roulait des yeux affolés en essayant d’apercevoir celui qui lui avait fait mordre la poussière avec tant d’adresse. Loup avait stimulé un nerf de son cou directement relié à la moelle épinière, l’onde de choc immobilisait son système nerveux. Ce devait être douloureux, ne serait-ce que de respirer. Coup classique.


    . L’Etoile suffoqua, Loup ne l’avait pas quitté du regard. Il attendait patiemment qu’elle réagisse, qu’elle revienne, lui laissant du temps.
    Iudalaël songea à sa propre situation : il avait attaqué un homme sur le territoire ennemi, homme qui était peut-être Tempête lui-même. C’était un problème. En ce qui le concernait, il ne considérait absolument pas le clan guerrier comme son opposant, mais hélas la réciproque était fausse. Il lui fallait remédier à cette complication. Meurtre ? Non. Une disparition parfaite était signée Nuageuse de toute façon, et Loup choisissait toujours la mort comme ultime option. Il allait devoir bousculer un peu plus son malfrat… L’idée ne lui plaisait pas plus que cela, mais il ne voulait pas envenimer la situation entre son clan et les Tempêtes.
    . Le vrai problème, c’était bel et bien Fides Ei. Le Clan Etoile n’avait pris aucun parti dans la guerre mais Loup ne pouvait s’assurer de son silence. Toutefois, la brutaliser comme il s’apprêtait à le faire avec l’homme lui paraissait excessif et inutile. Et puis il le refusait, de toute façon. Certain pourraient considérer cela comme un traitement de faveur, mais Loup ne faisait que poser les faits : c’était l’homme qui avait attaqué, c’était lui qui désirerait une vengeance et c’était donc lui qui était dangereux. De plus, la jeune femme semblait chérir son père, membre des Nuages d’après ses dires : elle ne trahirait pas son clan paternel.


    . Loup frôla sa boucle d’oreille, geste qui trahissait son appréhension. Au fond de lui, là où il cachait son essence première, Loup avait peur. Comme à chaque fois. Il s’était encore battu et devait encore en régler les conséquences. Mais ses choix, même à petite échelle auraient des répercussions sur des personnes qui jusque là lui étaient étrangères. Il était incertain quant à la conduite à tenir, ses décisions lui paraissaient injustes. Il fallait pourtant qu’ils les prennent.

    . Il revint à la jeune femme. Elle était désemparée. L’Etoile lui évoquait une poupée brisée, vidée de ses forces, de sa volonté. Une partie de son monde devait s’être effondré ou en tout cas obscurcit… Pourtant, Loup persistait à penser qu’il n’y avait pas sa place, qu’elle devait affronter seule ses pensées. Pour se rebâtir, il était bon d’avoir un soutient, mais il fallait trouver seul ses réponses, se sortir soi-même de ses propres brumes. Du moins était-ce son sentiment.

    . Soudain, elle se redressa, chancelante. Loup la parcourut rapidemment des yeux, s'assurant qu'elle n'était pas blessée alors qu'elle levait vers lui un regard détruit. Plus de joie, juste une immense tristesse, une blessure béante et profonde qui la meurtrissait jusque dans sa chair. Elle pleurait sa détresse, son mal… Pleurait pour cet élément clef et décisif de son passé que Loup ignorait.
    . Il tressaillit en son âme mais resta de marbre face à elle. L’assassin était indécis sans rien en laisser filtrer. Il ne renvoyait qu’une image polaire, un regard profond et boréal, tous ses traits d’une beauté glaciale figés dans une expression impassible et déterminée. Il n’émanait plus de lui ni chaleur, ni sympathie. Juste une inquiétante atmosphère de givre, ténébreuse et impitoyable. Les plus habiles de ses paires n’aurait su y déceler toute l’incertitude que cette image cachait.


    . Jichinôra parla, Loup ne broncha pas.

    « Tu es Nuage. Un Nuage… »

    . Oui, il était vain de le nier. En ce moment même, personne ne se serait leurré sur ce fait. Certes, tous les guerriers de l’île Céleste étaient capables également de cette personnalité polaire, Foudres ou Tempêtes… Mais peu d’entre eux possédaient cette ombre subtile et macabre qui charriait l’instinct de survie des êtres alentour, portait les nerfs à fleur de peau et rendait attentif, farouche, tourmenté… Une ombre qui respirait la crainte, une source de peur à l’état pur. Il n’y avait en Loup aucune colère bien humaine contenue susceptible de rassurer les sujets proches. Juste un effrayant vide glacé, monstrueux, un néant de givre, un mot et un seul qui s’imposait "dangereux".

    « Je m’excuse, Loup, ou quoi que soit ton véritable nom. Je connais le code Nuage. Ne t’en fais pas, mon père m’a bien expliqué tout cela. Pardonne-moi… personne ne saura rien… »


    . Beaucoup de gens, ou du moins trop à son goût, lui avaient déjà dit des choses similaires. Sous la panique, balançant serments et promesse de silence en échange de leur vie ou de leur intégrale santé. Mais si Jichinôra avait peur en ce moment, il n’en était pas la cause. Ses mots sonnaient toujours aussi justes, elle n’avait pas perdu sa droiture. Elle les pensait, elle les pesait. Elle connaissait toute leur valeur et appréciait lucidement la situation en dépit de son heurt : elle avait appris tout cela. Comme un Nuage.

    « …je te le promets. »


    . Il y avait bien plus qu’une promesse dans ce qu’elle venait de lui donner. Elle y laissait quelque chose de lourd, de fort, de déchirant qu’il ne pouvait pas saisir, mais qui donnait crédit à ses dires.
    . Sans se départir de cette attitude glacée dont il avait à peine conscience, il l’observa longuement, la transperçant du regard. Cherchant quelque part un éclat de mensonge. Il n’y trouva rien. Rien qu’une blessure profonde et une sincérité pure. Elle était encore là, la nymphette qu’il avait rencontrée un peu plus tôt. Ensevelie sous la douleur, mais elle était là.


    . Sans un mot, il s’en détourna et marcha vers l’homme. Il n’était que souplesse et harmonie, ses mouvements étaient félins et silencieux. A hauteur de l’homme, il s’accroupit et le toisa un instant. Celui-ci frémit mais ne dit rien. Sa fierté lui laissait les lèvres closes et dans ses yeux se lisait une résignation qui masquait mal regrets et terreur. Il pensait que c’était la fin.
    . Loup saisit l’arrière de sa tête paralysée, plaçant ses doigts stratégiquement autour de son crâne, le pouce sur la tempe. Puis, sans une once d’indulgence ou d’hésitation, il frappa violemment le crâne de l’inconnu contre le sol. Un choc fort, net, bref et propre. Cela provoquerait l’amnésie. Toutefois, la mémoire était une donnée extrêmement fragile et complexe : cet homme pouvait très bien oublier jusqu’à son nom, jusque ses enfants, devenir fou ou même mourir d’une commotion cérébrale. Loup était adroit et talentueux, ma la complexité crânienne de chacun ne s’évaluait pas grâce à l’adresse ou au talent.


    . Il s’assura du pouls de sa victime et se releva, laissant gire là le corps inconscient mais vivant de l’homme. Loup le contempla un moment, la mine indéchiffrable. Ce ne fut qu’une bonne minute plus tard qu’il tourna enfin les yeux vers l’Etoile.
    . Il avait changé : il était redevenu Loup, tout simplement. Le Loup indépendant et détaché, celui qui respirait la liberté, l’habile assassin du clan Nuage, tranquille et lunatique.


    « Je vais vous croire. » déclara-t-il simplement.

    . Nul besoin d’expliquer l’importance de ses dires ; si elle avait grandit dans le district des assassins, elle le savait. Il n’aimait pas l’idée d’avoir brusqué l’homme devant elle, mais il trouvait cela plus franc. Après tout, elle aurait pu subir la même chose.


    . Loup revint vers l’Etoile. Il garda tout de même une distance, de peur de l’effrayer, par respect aussi. Puis il sourit à nouveau, un sourire à la chaleur timide, doux et infiniment beau et paisible. Une éclaircie après l’orage.

    « Votre père a bien fait les choses, je le pense sincèrement. »


    . En contemplant la jolie Etoile devant lui, il ne pouvait que respecter l’homme qui l’avait éduqué. Elle si franche et fière, elle à l’âme si rayonnante, solide en dépit de tout.

    . Puis soudain, il se rappela l’une des choses qu’elle avait dite dans son désarroi et son sourire gagna en chaleur :

    « Oh, et puis… Mon nom, c’est vraiment Loup. »



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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeSam 20 Fév - 2:12

    Il ne répondit pas. Ce n’était pas peu dire qu’à cet instant, elle avait envie de retourner sur son îlot, s’emmitoufler dans des tonnes de couvertures et réchauffer son petit cœur grelotant avec une bonne vieille tisane aux herbes. Le vent qui soufflait dans ses cheveux, faisait virevolter des parfums floraux juste sous son nez et la porte de son phare qui faisait des siennes… Jichinôra avait quelque part où retourner. Un cocon de sûreté, présent et permanent. Il lui appartenait. Les Hallway, pour le peu qu’elle avait retenu de cette part de son arbre généalogique, avaient acquis cette petite bénédiction avec le temps. Dieu merci. La vision mentale de sa petite maisonnette la rassurait déjà. Elle voulait s’étendre dans l’herbe et oublier sa peine. Laisser les longs brins lui fouetter le visage au gré du vent, les yeux perdus dans le ciel, donner le temps à son âme de s’apaiser pour redevenir aussi limpide qu’auparavant. Mais pour l’instant, un trou béant lui lacérait la poitrine, comme si une main squelettique lui enserrait le cœur avec une poigne violente. Cette impression lui donnait envie d’éclater en larme de nouveau alors elle préférait tenter de l’ignorer. Elle restait cependant bien présente, comme un écho sourd dans une grotte, une sensation agressante en arrière-plan. La seule chose que la guérisseuse sentait sur son visage était le tracé sinueux de ses larmes asséchées et retenues ainsi que la poussière des lieux se reposant sur elle après avoir été brusquement agitée. Et l’unique chose qu’elle pouvait apercevoir en levant les yeux était des nuages.

    Nuages.

    Jichinôra regarda du coin de l’œil ce que son sauveur faisait. Il était penché sur l’homme paralysé au sol, les doigts à des endroits précis sur le crâne de ce dernier. La guérisseuse reconnut le geste. Un peu barbare, mais nécessaire. Il n’aurait certainement pas été coopératif une fois remis sur pieds. Et de toutes manières, même si son jugement lui indiquait avec ferveur que c’était incorrect, elle avait uniquement envie de le laisser pourrir au milieu de l’allée. En l’attaquant, il avait provoqué un bouleversement atroce. Elle n’était pas en mesure de jouer à l’infirmière pour un agresseur, qu’importe son identité. Maintenant qu’il était inconscient et probablement amnésique pour de bon, le Nuage posa les yeux sur elle.

    « Je vais vous croire. »


    Son ton était neutre. Jichinôra baissa les yeux avec honte. Honte de lui avoir imposé cette situation, honte d'avoir fait en sorte qu'il gâche sa couverture pour elle. Mais il avait tout de même la bonté de la croire malgré le strict protocole Nuage à ce sujet. Oh, et de n'avoir sut se défendre seule. C'était outrageux.

    Puis il s'approcha. Il resta inaccessible au touché mais c'était une précaution purement Nuageuse et Jichinôra ne releva pas. Ce n'était pas une question de dégoût envers elle. Du moins, elle l'espérait. Une voix lui murmurait du côté ombragé de son cœur qu'au contraire, sa lâcheté et ses larmes puériles l'avait répugné d'elle. Un écho sonore, loin, petit, infime. L'envisageable était là. Elle espérait que ce n'était pas le cas, tout simplement. Tout comme elle espéra des années entières que... Zek, qu'il revienne. Qu'il ne soit pas... ailleurs. La guérisseuse frissonna. Il faisait froid, soudainement.
    Jichinôra nota avec une sensation avide de bonheur l'esquisse d'un sourire sur les lèvres délicieuses du Nuage. Un percée de soleil déchirant l'impétuosité de l'ouragan, cependant dénué de violence ou brusquerie. Seulement une fraîcheur apaisante. Elle n'osa pas s'abreuver dans cette source de réconfort, par respect et par insécurité.

    « Votre père a bien fait les choses, je le pense sincèrement. »

    L'étreinte de la main squelettique sur son cœur sembla s'amoindrir. Jichinôra sentit le flux de larmes qui lui monta aux yeux instantanément. Elle les retint. Ç'aurait été absurde de mêler peine et joie en un seul et unique sanglot. Son menton tremblota cependant et un sourire semblable à celui d'un condamné face au dernier éclat de rire de sa bien-aimée se traça sur ses traits délicats. C'était un point sensible. Non, c'était le point sensible qu'elle avait toujours eu. Son père... qui d'autre ? Aucune mère, que lui, matin et soir, pour prendre soin d'elle et la faire rigoler. Un seul soleil. Il est plutôt ardu de se contenter d'une Lune et sa lumière diaphane, après cela. Alors on se met à briller soi-même.

    « Oh, et puis... mon nom, c'est vraiment Loup. »

    Son cœur se serra. Il avait dit la vérité, alors ? Celui dont elle avait effleuré le nez quelques minutes auparavant existait, finalement ? Ou au moins, partiellement ? Une grande vague de soulagement, malgré elle, se diffusa en elle et elle ne put retenir un hoquet. Jichi tira la langue et se la mordit pour ne pas que ça aille plus loin, puis couvrit le bas de son visage de sa main. Au coin de son œil, une petite larme singulière perla et traça le contour parfait de sa pommette droite. Aucune autre ne suivit. C'était inutile. Ses yeux brillaient. C'était banal, dérisoire. Mais pour une personne telle qu'elle, cela voulait dire tant. Le sourire de Loup était radieux. Tout simplement magnifique. Et comment elle savourait le fait de pouvoir l'appeler ainsi à nouveau.
    L'Étoile réfréna un peu sa joie et reprit un brin sur elle. Du calme. Elle croisa ses bras sur sa poitrine comme après chaque émoi qu'elle ressentait. Son expression était un mélange bouleversant d'apaisement, de peine et de gratitude. Oh oui, elle voulait le remercier. Elle fit deux pas vers lui, mais au troisième, stoppa son geste. Il était Nuage. Distant et professionnel, du moins, jusqu'à connaître son vis-à-vis comme sa poche. Elle respecterait cela. Tout comme elle respecterait le reste, en entier, à tout jamais. Jichinôra resserra ses bras autour d'elle et dit timidement avec une pincée de clarté dans sa voix:

    « Merci. »

    Peut-être un doux murmure, peut-être un petit chuchotement. Ou encore une simple phrase dite tout bas, à la limite d'un ton serein. Peu important. Le message était clair et franc; bref et porteur d'espoir.
    Jichinôra baissa timidement les yeux et sourit légèrement. Un sourire effacé, discret. Possiblement le plus beau qu'elle n'ait jamais eu. Une parcelle de ce qu'elle serait devenue. Ou deviendrait.

    « Je sais que... dans les circonstances, ce n'est pas nécessairement propice à cela mais... »

    Elle redressa l'échine et capta le regard de Loup.

    « ...je ne suis plus trop encline aux beuveries de café alors je me demandais si... »

    Elle se mordit la lèvre.

    « ...tu viendrais faire un tour chez moi ? Mais ne te sens pas obligé! » se précipita-t-elle à spéculer.

    Jichinôra indiqua l'homme évanoui de tout son long.

    « Et puis... nous ferrions mieux de ne pas trop traîner... »

    Elle tendit la main en guise d'invitation.

    « Ne te sens pas plus obligé de la prendre, Loup. »


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Loup Iudalaël
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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeLun 22 Fév - 18:58

    . « Merci. »

    . Ce n’était qu’un souffle, mais il ne tremblait pas. La jeune femme avait regagné de l’assurance. Oh pas grand-chose mais Loup avait vu, alors qu’il parlait, Jichinôra Fides Ei redresser la tête et les épaules. Un peu. Mais déjà. Ses yeux s’étaient également apaisés, bien qu’encore nacrés de perles salées. Il avait bien sentit que son père était un point sensible, et il était aisé de conjecturer que l’homme ne fusse pas étranger à la blessure de son enfant. La première hypothèse qui s’imposait en mettant bout à bout tous les éléments que Loup notait depuis le début était simple : Fides Ei senior devait être un Nuage qui élevait consciencieusement sa fille avec amour, et était mort en mission, comme beaucoup. Ceci dit, ce pouvait être une histoire bien plus affreuse : un abandon, un emprisonnement, une exécution…

    . Les bras croisés sur sa poitrine, Jichinôra avait fait deux pas vers lui, puis s’était arrêtée. Loup n’avait pas bronché, prêt à reculer, retenant toutefois tout geste brusque qui aurait pu peiner davantage la jolie brune.
    . Il n’aimait pas l’idée qu’elle l’approche, sans savoir réellement pourquoi. Peut-être parce qu’il venait encore d’exercer sa force sur un être plus faible que lui, et qu’il s’en sentait impur. Loup était solide et n’avait aucune tendance pour le mélodrame qui l’aurait fait plonger dans un long repentir lancinant quant à ses assassinats. Cependant ce n’était qu’un rempart qui n'avait été bâtit qu’avec le temps et quelque part, le Nuage avait l’âme fragile et sensible. La proximité de la jeune femme, si naturelle et spontanée, le rendait farouche. Comme si son éclat eut pu le briser. Comme si elle l’eut mis en danger en faisant reculer la pénombre alliée qui protégeait l’assassin depuis si longtemps, cette pénombre-mère qui avait permis à son âme de survivre, de ne pas sombrer dans son océan glacé, de ne pas s’endurcir à jamais, de pouvoir redevenir lui-même même après ses missions les plus macabres.


    . Elle baissa les yeux et sourit. Un sourire qui n’avait rien du rayon de soleil de précédemment. Non, c’était un sourire qui tenait plus d’une aube fraîche et matinale ; il n’éblouissait pas, mais sa pâle lumière rosée n’avait d’égal dans toutes les lumières céleste. C’était sa subtilité, sa beauté discrète, son manque de tout superficiel, son caractère de première lueur, de promesse d’un éclat formidable qui lui donnait son charme infini.

    . Puis, elle se redressa et affronta le regard de Loup, immergeant ses prunelles dont la flamme éteinte se ravivait petit à petit dans l’indéchiffrable immensité émeraude de celles de Loup. Elle semblait hésitante alors qu’elle déclarait ne plus vouloir visiter le quartier Venteux. Loup ne broncha pas, gardant son expression douce et tranquille au visage, plutôt satisfait de la tournure que reprenaient les évènements. Il n’avait plus envie de compagnie à présent, ou de lumière, ou de chaleur. Il avait envie de solitude, il avait besoin d’aller délier ses muscles, de filer loin, de se fondre dans les ombres, de se mêler au vent, de disparaître aux yeux de tous. Pas par honte, non bien sûr. Il n’avait honte de rien ; les choses n’auraient pas pu se passer autrement. Seulement… Son humeur avait changé, encore. Il était redevenu le garçon détaché de tous qui n’aspirait qu’à s’éclipser des regards, des vies, des pensées, à ne plus sentir son existence en personne, pour ne plus rien avoir qui le relie à la réalité, pour pouvoir se sentir libre, enfin.

    « ...tu viendrais faire un tour chez moi ? Mais ne te sens pas obligé ! »

    . L’imprévu de ces propos rappela Loup à l’existant. Son regard perdit le flou dans lequel il s’était égaré et raccrocha l’éclat interrogatif de ceux de Fides Ei. Faire un tour… chez elle ? Pourquoi donc ? Quelle drôle d’idée… Pour lui qui était en plein vague, cette proposition lui paraissait plus qu’étrange. Etonné, il pencha doucement la tête de côté, s’interrogeant sur le pourquoi d’une telle invitation. Elle voulait vraiment qu’ils fassent plus ample connaissance ? Elle ne voulait pas repartir, elle aussi, oublier qu’elle avait été agressée ? Elle ne voulait pas rester seule pour remettre de l’ordre dans ses pensées secouées par les évènements ? Comme c’était étrange ! D’eux deux, Loup avait sincèrement songé qu’elle serait celle qui voudrait le plus mettre un terme à leur rencontre fortuite pour aller rebâtir ses murs, en paix…
    . Elle indiqua d’un geste l’homme qui gisait au sol et avisa qu’il ne fallait pas trainer. Loup ne voyait pas trop pourquoi ; évidemment, il savait bien que l’homme ne se réveillerait pas avant une bonne dizaine de minutes. Et quand bien même, ce serait avec un vide effrayant qui ne lui donnerait sûrement pas envie d’attaquer qui que ce soit dans la journée. De toute façon, le Nuage avait bien l’intention de s’effacer avant cela.


    . Elle lui tendit une main amicale, chaleureuse, accueillante et répéta :

    « Ne te sens pas plus obligé de la prendre, Loup. »


    . Loup la fixa un long moment, distant mais toujours l’air paisible, avant de baisser les yeux sur cette main qu’on lui tendait. Un geste si simple, qu’on ne lui faisait pourtant pas souvent. Soufflant légèrement sur sa léthargie pour en dissiper un peu les brumes, il esquissa un sourire plein de mystère, un sourire qui pouvait aussi bien dire qu’il trouvait la situation amusante, qu’il était trop loin pour être attrappé à présent ou qu’il se moquait de cette charmante personne qui sans vraiment en être consciente tentait de l’apprivoiser. Un sourire fabuleux, morceaux de féerie sans souillure, qui était en parfait accord avec son âme, résonnait avec son essence et faisait écho à l’éclat fantasque des milles et unes facettes de ses iris.
    . C’est avec ce sourire énigmatique qu’il s’insinua dans la légère brise qui balaya la place, ébouriffant au passage ses mèches blés et faisant tinter ses boucles d’oreille dans un son clair et argentin. Se glissant aux côtés de Jichinôra, il frôla plus qu’il ne posa sa main d’albâtre sur celle de la jeune femme. Son mouvement fut si fluide, si silencieux, si parfait que c’est à peine si on l’eut différencié d’un sylphe. Avec ce même sourire, il referma les doigts de l’Etoile, plongeant sans animosité son regard dans le sien. Il n’était que rêverie : insaisissable, incertain, indéchiffrable, imprévisible, irréel presque… Sa main effleurait à peine celle de la jeune femme, son souffle paisible contrastait avec l’étincelle de vie opalescente pétillant dans ses prunelles. Il n’était qu’un fragment de mystère. Un Nuage.


    . S’éloignant aussi subtilement qu’il s’était approché, réinstaurant la distance entre eux, il déclara finalement :

    « "Obligation" n’a aucun sens pour moi. »

    . Il eut un éclat de rire cristallin, brisant sa propre torpeur, bien que l’aiguille de son lunatisme se soit arrêtée sur le versant évasif :

    « Qui irait s’ennuyer avec ce triste concept ? »

    . Il lui offrit un nouveau sourire. Ce n’étaient pas les rayons solaires de la jeune femme, ils étaient plutôt lunaires, même : lointains, distants, lactescent, mais chimériques et envoûtant. De magnifiques sourires doux recelant pourtant d’une vie secrète et évidente à la fois. Loup respirait la liberté et l’insaisissable à l’état pur. Imprévisible comme jamais, il finit par répondre à la jeune femme :

    « Ce sera un plaisir que de vous accompagner, Jichinôra. »


    . Utilisant pour la première fois le prénom de son hôte, il stabilisait ses propres impressions, pour peu que l’onde mouvante de son esprit puisse être un jour stable ; Fides Ei ne serait pas qu’une rencontre fortuite qu’il oublierait avec le temps, ce serait au moins une rencontre agréable dont il se souviendrait. Un nouvel élément dans son existence, un peu plus qu’un remous s’effaçant sans bruit.
    . Ce fut bien trop fluide pour parler d’une "décision", c’était plutôt un écoulement inéluctable de ce qu’il ressentait. Car oui, en ce moment même, Loup ressentait plus qu’il ne réfléchissait ; un vent joueur et taquin l’entrainait sans qu’il ne veuille y résister sur des voies qu’avec une réflexion normale, il ne verrait même pas.


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Jichinôra Fides Ei
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MessageSujet: Re: Rencontre fortuite [Libre]   Rencontre fortuite [Libre] I_icon_minitimeMer 24 Fév - 4:38

    Il y a des choses dans le monde qui sont hors de notre portée. Des choses qui font rêver, partout autour. Elles nourrissent l'imagination de ceux qui s'y évadent et donnent espoir aux démunis. Des milliards de printemps et hiver auparavant, les humains crurent en l'infinité inaccessible du ciel et de son azur profond. Ils en vénérèrent la pureté, la simplicité. Ils admiraient sa persévérance, l'assiduité avec laquelle il voilait le scintillement des étoiles, jour après jour, de son irréprochable bleuté. Ils le croyaient impossible à atteindre, un doux rêve pour endormir les enfants dans une délicate torpeur. Les lumières nocturnes de la voûte céleste elles-même, et encore aujourd'hui, malgré tous les livres qui prétendirent avoir l'explication à tous leurs mystères, sont sources de fantaisies romanesques et embrassades fantasques. Les millions de lampions dorés dans le ciel d'obscurité ont fasciné, envouté et emporté loin de la terre ferme de si nombreux personnages qu'ils sont aisément qualifiables de miraculeusement ensorceleurs. Qui n'a jamais, lors d'une belle nuit, glissé les pieds hors des draps pour savourer le spectacle avec un sourire béat ? Qui n'a jamais laissé ses pensées se bercer d'illusions magnifiques en tentant, du bout des doigts, d'effleurer les boutons d'or fabuleux qui s'offrait à lui, sachant bien que jamais il n'y parviendrait ? Eh bien, c'est la sensation que Jichinôra eut en cet instant. Elle ne comprit pas le changement qui s'opéra en Loup. Et jamais elle ne voulut en comprendre la source, tout comme celle des étoiles. Il en perdrait sa magie. L'empreinte d'inexplicable laissée dans l'air par le sourire du Nuage ravit la guérisseuse. Elle sentit ses palpitations se calmer peu à peu et la crevasse béante sur son coeur recicatriser progressivement. Une bourrasque vint lui chatouiller la nuque et faire virevolter ses longues mèches sur ses épaules. Les sillons creusés par ses larmes devinrent feints sous la caresse tendre du vent. Une parcelle involontaire d'admiration s'échappa et elle ne put qu'adorer la valse gorgée de toute la grandeur et noblesse Nuageuse dont elle s'était imbibée dans son enfance. Loup s'approcha d'une manière qui rendait le terme "agile" indigne de sa signification. Souple, leste, d'une continuité pareille à celle des rivières du passé, chaque mouvement en faisant naître un autre, des petits détails que son œil attrapa aux mouvements dont l'enfant le plus ignorant s'émerveillerait. Voilà pourquoi elle adorait cet art. Tout en grâce, tout en beauté. Inconsciemment, Jichinôra avait laissé sa main tendue, offerte, sans qu'elle ne bouge d'un poil. Elle ne réalisa son immobilité que lorsque les doigts de son vis-à-vis la frôla et s'y croisèrent. La guérisseuse plongea dans le regard tranquille, distant de Loup. C'est à ce moment précis qu'elle vit qu'il se noyait d'authenticité. Un rêve, vaporeux, imprécis. Une douce hallucination dont on désirerait voir le mensonge basculer dans la réalité. Comme un papillon hors d'atteinte, peu important la force de la volonté de l'enfant à sa poursuite, toujours libre. Il s'éloigna de nouveau et lança :

    « "Obligation" n'a aucun sens pour moi. »

    Jichinôra sourit. Un présent. C'était un présent qu'il venait de lui faire. Un touché bref, petite pincée de confiance qu'il lui accordait même si le soleil n'avait eu le temps de se coucher et de rencontrer l'Est de nouveau depuis leur toute première rencontre. La guérisseuse avouait son ignorance concernant ce genre de phénomène. Pourtant, il ne lui était pas hostile et il l'avait laissée approcher.
    On lui avait apprit à reconnaître les faveurs silencieuses des gens, les cadeaux inestimables qu'un étranger pouvait offrir par un simple geste. Elle songea à l'acte précédent de Loup et le grava dans sa mémoire.
    « Quel cadeau inestimable pourrais-je bien lui faire ? »
    Elle ne réalisait pas qu'elle lui en avait déjà offert un par une innocente promesse. Pourtant, la guérisseuse restait de nature à toujours vouloir donner plus, à la recherche du reflet identique de l'émoi ressenti après avoir reçu l'offrande de la présente compagnie. C'était quelque peu une naïveté d'enfant restée figée en elle. Personne ne ressentait ou ne percevait les choses de la même manière, alors pourquoi s'entêter ainsi ? Telle était Jichinôra.

    En écho au rire argentin du Nuage, les yeux expressifs de Jichi scintillèrent. Si le mot "obligation" n'avait aucun sens pour lui aussi, alors peut-être était-il resté un peu enfant, pareillement à la douce Fides Ei ?

    « Qui irait s'ennuyer avec ce triste concept ? »

    De nouveau ce sourire luminescent, en tous points différent du sien. Loup avait, dans ce rictus mystique, quelque chose qui lui échappait. Quelque chose qui devait échapper à tout le monde, d'ailleurs. Cela était possiblement ce qui le rendait si délicieux. Un mystère. Une devinette, une charade. Douce comptine à la signification encore vague aux yeux de tous. Et c'était mieux ainsi.

    « Ce sera un plaisir de vous accompagner, Jichinôra. »

    De nouveau, il lui avait fait une faveur. Une faveur qu'elle considérait comme immense. Elle n'osait cependant pas croire en un compagnon, en un ami tout de suite. Les dizaines de relations sans avenir qu'elle avait entamées auparavant ne lui donnait plus goût. C'était fade, vide. La guérisseuse était une demoiselle pleine d'abondance, vraie et honnête. Cette jeune pousse qu'elle venait tout juste de planter lui ressemblait davantage. Une fleur, cependant, est plus difficile à faire fleurir qu'à entretenir au fil des ans. Il y avait des risques de voir des épines apparaître, mais ses roses elles-même n'en avaient-elles pas ? Toute beauté a deux facettes, autant celle de l'amitié, des fleurs ou même des Nuages.

    Jichinôra rayonna. Elle se sentait privilégiée. C'était un velours exquis après un coup de griffes atroce. La demoiselle réfréna de toutes ses forces son excès de joie. Lui sauter au cou lui semblait une mauvaise idée. Elle ne devait pas abuser, y aller tranquillement. Cette réflexion lui fit comme si elle tentait d'apprivoiser un animal. Mais oui, qu'y a-t-il de plus difficile à apprivoiser qu'un humain ?
    Jichinôra répondit avec un calme déconcertant après l'avoir vue s'agiter en tous sens, sa joie en écho :

    « Tu me fais plaisir, Loup. Tellement plaisir ! »

    Elle voulait bien faire les choses, cette fois-ci.

    « Mais tu devras tout de même faire le guide jusqu'aux îlots du sud-ouest... »

    Cela ne l'empêcha pas de sourire. Il avait achevé sa guérison temporaire en acceptant son invitation. Sa blessure cessait de saigner et elle en avait refermé le coffre. Elle espérait pour toujours et à jamais, mais c'était trop beau pour être vrai.

    « Tu verras, mon îlot est un endroit magique. Il n'y a pas d'inconnus troublants, c'est tout à moi ! »

    Son regard brilla. Oui, un endroit où retourner.

    « Allons-y ! »


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Loup Iudalaël
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