Enfer Céleste
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# Qu'avec le Vent Céleste ricane l'Enfer ~
 
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 Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]

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April Starfish
# Chef du Clan Etoile

April Starfish


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MessageSujet: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeLun 19 Avr - 21:29

Le bruit des pas sur le dalage, les cris des patients qui agonisent, le personnels soignant qui s'activent... Assise sur un brancard, la chef du clan Etoile observait cette agitation avec un détachement encouragé par l'habitude. De garde dans le principale centre de soin des îlots, aucune urgence n'avait necessité sa présence, et il fallait bien avouer qu'elle s'ennuyait franchement. Fatiguée April ? Certainement. Rien, ni l'agitation ambiante, ni les hurlements de douleur n'arrivait à la distraire, et c'était dans ces moments là qu'elle aurait aimé être de nouveau une adolescente, retourné auprès de Roland, et boire jusqu'à s'oublier elle-même. Sauf qu'April ne buvait plus, qu'elle haissait Roland, et surtout, qu'elle n'était plus une adolescente. Elle était une chef de clan.

N'empêche qu'elle s'ennuyait quand même. N'aurait-elle pas dû avoir l'esprit occupé par des plans de bataille, de conquète ou de défense ? N'aurait-elle pas du être accablé par le soucis constant d'apporter plus de bénéfice à son clan ? Que faisait-elle là, assise, à observer le va et vient des patients lorsqu'elle aurait été plus utile à son bureau, ou dans un quelconque bloc opératoire..? Etait-elle inconsciente ? Etait-elle désespérée ? Etait-elle inutile ?

Non. La raison de la présence d'April ici ? La raison pour laquelle, alors qu'elle s'ennuyait profondément, assise sur son brancard, les jambes pendus dans le vide, elle ne cherchait pas une occupation ? Elle se ressourçait. L'ennui à ceci de bon qu'il permet de se laisser allé à tout ce qui nous parasite d'ordinaire. Et ensuite, le vide. Lorsque plus aucune pensée dérangeante ne viendrait perturbé son conscient, et qu'enfin, une idée d'occupation viendrait l'éclairer... elle pourrait se concentrer sur ce qui est vraiment important.

Elle promena un instant son regard sur les guerisseurs autour d'elle. Il ne faisait pas attention à elle, trop occupés à courir d'un endroit à l'autre du centre, habitués aussi à sa présence. Elle préférait autant que se soit ainsi. Son attention pouvait alors s'accrocher aux petites choses inutiles. Les baguettes, aux murs, qui commençait à se détachées - celui qui avait fait ça avait vraiment travaillé comme un porc ; le sol, rayé par des passages incéssant, sa blouse, avec laquelle est jouait inconsciemment durant sa méditation. Elle était abimé. Ses bords éffilochées, ses taches de sang, les résistantes qu'elle n'avait pas réussi à enlever au nettoyage, et son prénom, étiquetté sur son sein, qui s'était détaché tant de fois que les coutures semblaient avoir été faites avec les fils de mille bobines différentes. Depuis quand l'avait-elle déjà ? Deux ans ? Cinq ans ? Trop longtemps. Depuis qu'elle était guerisseuse en fait. Il aurait été temps de la changer. Et pourtant,les dessins sur les bords, fait au bic dans un moment d'ennuis, les restes de terre sableuse, que ni les lavages, ni ses ongles n'avaient pu enlever, et chacune des taches présentes sur le tissu, qui étaient chacune une page de sa vie de guérisseuse... tous ses souvenirs. Elle avait sa vie sur cette blouse.

L'espace de quelques secondes, elle fut parcourut d'un court rire. Elle dissertait sur une blouse. C'était l'ennuis. Ou peut-être la folie... Elle rit de plus belle. Oui, certainement la folie. Elle pétait doucement les plombs April, c'était pour ça qu'elle était là, sur son brancard, à rire comme une enfant, alors qu'autour d'elle, c'était l'apocalypse. Calmant doucement le fou-rire qui l'avait pris, elle se dit que si sa petite graine de folie était revenu, alors les pensées parasites s'étaient certainement consumée. Elle pouvait donc retourner à ses occupations.

Et c'est alors qu'elle se laissait tombé au bas de son brancard qu'on vint la chercher.


- M'dame April ! On a besoin de vous...

April sourit. On avait de nouveau besoin d'elle. La vie reprenait.


Dernière édition par April Starfish le Dim 2 Mai - 14:00, édité 1 fois
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Elio Carolis
# Second du Clan Nuage

Elio Carolis


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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeMer 28 Avr - 13:47

    Elio n’avait jamais demandé de compassion des autres. Encore moins à propos de son œil mort. Et cela tombait bien. Parce que ce n’était vraiment pas de la compassion qu’on lui avait offert à ce moment-là. C’était d’ailleurs la première fois qu’on voyait le rouquin marcher avec une telle attitude. Les épaules rentrées, la tête un peu en avant, frappant dans chaque caillou qu’il rencontrait devant lui. Il grognait, comme un animal sauvage, comme un homme contrarié. Ah ça, si il avait pu prévoir ce qui arriverait à ce moment-là. S’il avait su déchiffrer à tant le sourire sur la bouche de Keilana. Le jeune homme attrapa ses cheveux et se mit à gémir en se trémoussant. Mais pourquoi il avait été si stupiiiiiide ? Pourquoi l’avait-il laissé mener la conversation, le prendre au piège comme une pauvre mouche qui se posait sur la toile d’une araignée. Maintenant, il pouvait rajouter à la liste des sentiments étranges que l’on pouvait ressentir, cette frustration étrange qu’il avait envers la chef du clan. Pourtant, il l’adorait. Là, pourtant il n’avait qu’une envie, c’était la prendre par son petit cou mignon doré et la secouer dans tout les sens comme une poupée de chiffon. Pour lui apprendre un peu ce que c’était que le sentiment que ressentait Elio envers son œil malade. C’était son œil après tout ! Même si il était plus que mort, déchiré par du plomb abominable, blanc et laiteux par l’aveuglement qu’on lui avait infligé. Déjà, il ne voulait le montrer à personne. C’était clair ça ? A personne, personne, personne. Non, même pas à Keilanaàquiildevaittoutenyréfléchissantbien. Et surtout pas à un guérisseur qu’il ne connaissait pas. Même si celle-ci était la chef du clan Etoile. Il en avait marre des chefs, voilà. Juste marre. Ils étaient tous méchants, méchants, méchants. Qui sait, si cela se trouvait, il allait tomber sur une sorte de psychopathe avec un sourire plus grand que ses joues, qui souhaiterait simplement lui voler un bras pour le revendre à une autre cité imaginaire. Bon, il fallait se calmer. April Starfish. Il avait lu un dossier sur elle, donc, elle n’était pas comme ça. Il pouvait faire confiance aux informateurs. Mouais. Si les informateurs avaient tous le profil de Keilanaquiaimebienl’embêter, il ne savait pas vraiment où est-ce qu’il allait. Mademoiselle voulait qu’il aille soigner son œil. Mais il était très bien comme ça son œil ! Si cela lui faisait plaisir d’avoir mal à la tête de temps en temps, que ça lui tire dans l’œil et tout l’bazard, ça ne la regardait pas la louve argentée. Elio se remit à gémir. Pourquoi est-ce qu’Olivia lui avait mis dans la tête de devenir second hein ? Il n’aurait pas pu simplement se faire accepter dans le clan et exercer son art tranquillement dans son coin ? Ou alors, il aurait du rester au clan Vent. Il aurait épousé Claire ou n’importe quelle fille du moment qu’elle n’était ni second ni Chef, et comme ça, il aurait gardé son œil atrophié bien comme il était. Il aurait fait des enfants et là il serait devenu le pire papa gâteau de tout l’univers. Travailler comme bûcheron pour passer sa colère de Keilanajeveuxquetusoignestonoeilc’estunordre. Ouaip. Ça c’était cool. Il aurait passé une éternité à choisir sa scie tous les matins et serait parti couper des arbres imaginaires. Ouaip parce que, c’était interdit de couper les arbres il croyait bien. Il faudrait qu’il se renseigne là-dessus. En attendant, il fallait qu’il aille voir, miss April Starfish. Et si elle n’était pas gentille, et bien, il retournait chez lui en courant et il disait à Keilanapasgentille qu’il irait une prochaine fois, promis. Et si cela ne lui convenait pas, il prenait une cuiller et il lui faisait bouffer, son œil. Mince alors !

    C’était joli par là tout de même. Elio n’était jamais venu sur les terres du clan des soigneurs. Ce fut comme si sa colère s’était atténuée (bah oui, il ne fallait pas pousser quand même, il rageait toujours). Sa démarche se fit de nouveau normale et il se redressa de tout son haut, pour profiter des paysages. C’était vraiment trop beau. Un petit sourire de gamin s’afficha sur ses lèvres, jusqu’à ce qu’il croise les yeux d’un type qui venait vers lui.

    « Qui êtes vous ? »

    Le genre même du garde qui est là pour empêcher les gentils gens d’apprécier le paysage. Son air sévère et sa façon de gonfler la poitrine était tout simplement hilarants. En plus, il faisait une tête de moins que le rouquin. Une grande tige, cet assassin. Beaucoup de ses anciennes amies lui avaient dit que ça les rassurait, et qu’elles aimaient faire des câlins à de si grands garçons. Bouarf, il s’en fichait, il n’était pas fait pour les sentiments le jeune homme. A la question de son interlocuteur, le roux répondit avec un clin d’œil (ça devait être bizarre de voir Elio faire un clin d’œil) et un grand sourire moqueur.

    « Ah tu savais pas ? Je suis le Second du Clan Nuage, je viens voir April Starfish. »

    Le garde sursauta et fit un salut étrange auquel Elio répondit en levant son index et son majeur et en montrant ses dents.

    « Suivez-moi je vous prie. »

    C’était bizarre comme le ton changeait tout d’un coup, et comme la voix devenait plus agréable et chantante aux oreilles du jeune homme. Une voix pas aussi agréable que celle de Keilanajet’embobinecommejeveux mais bon. D’ailleurs, il faudrait qu’il lui ressorte, ces surnoms un jour. Ça la ferait bien rire.

    Le garde se dirigea rapidement vers le bâtiment au centre des terres. L’hôpital le plus grand en quelques sortes. Elio le suivit à quelques mètres, d’un pas nonchalant et de plus en plus hésitant. Il ne voulait pas y aller, il ne voulait pas demander qu’on le soigne, il voulait paaaas. Mais, Keilanajerigolebiendetoi se cachait sûrement non loin, il la sentait, et si il se défilait, elle rirait tellement fort que le rouge sur ses joues rendraient la couleur du sang fade. Il reprit alors sa démarche de tortue ninja avec ses épaules rentrées et grommela dans son coin alors qu’ils atteignaient la porte d’entrée. Le roux s’intéressa alors au va et vient plus rapide qu’une tempête qui s’exerçait dans le bâtiment. Les gens pleuraient, les médecins couraient, les infirmières rigolaient cinq secondes puis s’en allaient pour aider un autre patient. Bref, la vie semblait dure ici. Il grimaça de compassion pour un grand-père qui avait le bras dans le plâtre et s’arrêta quelques instants pour passer sa main dans les cheveux de la petite fille qui pleurait parce que son doudou était cassé. Chose qui aurait pu paraître improbable, Elio sortit une aiguille et du fil (c’était son matériel de premier soin à lui éh !) et rabibocha la peluche rapidement. Puis il repartit en se frottant le front. Un vrai papa gâteau. Ça n’était pas du tout classe ça. En plus, le garde se foutait de sa gueule. L’assasssin se mit alors en mode commesijetravaillais. Il planta son œil dans ceux de l’homme et, en releva lentement ses mèches orangées, lui offrit un sourire carnassier. Le sourire du tueur. Monsieur gorille grimaça et reprit son chemin de manière légèrement plus rapide. ‘Lio sourit pour lui-même (et pour Keilanaj’obligelesgensàfairedeschoses si elle était bien là) et le suivit.

    - M'dame April ! On a besoin de vous...

    April Starfish. Des cheveux d’un bleu orgasmique, coupés tout de même assez court, sûrement pour quelques raisons pratiques. Elle avait ce visage des gens sympathiques qui se sont durcis par quelques expériences douloureuses. Et ce regard déterminé de la jeune femme qui s’ennuyait cinq minutes auparavant. Elio décida qu’il l’aimerait bien si elle ne lui touchait pas son œil moisi.

    « Désolé du mensonge, j’ai pas vraiment besoin de toi, j’suis juste venu discutailler. Surtout pas pour mon œil mort, hein, il est super chouette comme ça ! »

    Elio se mit à sourire nerveusement tout en se frayant un chemin sur les quelques mètres qui le séparait de la jolie fleur. Oui, il la comparait avec une fleur, c’était totalement niais, mais fallait avouer que ça lui allait bien. Pour l’instant. Une rose même. Une rose toute bleue. La fleur qui était si fragile et qui s’était créé une défense fabuleuse. Un petit sourire éclaira le visage du jeune homme alors qu’il analysait toute cette pensée.

    « C’est un peu pas poli de demander ça mais, je t’explique tout si tu m’emmènes dans un endroit où y’a moins de monde. »

    Il la tutoyait. Comme tout le monde, sauf Olivia. Même Keilanalacheftyrannique avait du se faire à l’idée. Cependant, cette fois-ci, il espérait vraiment que cela ne dérangerait pas la guérisseuse en chef. Peut-être parce qu’il ne voulait pas qu’elle perde cette petite expression malicieuse qu’il avait l’impression de distinguer parmi tout cela. Et, cette simplicité, avec une blouse décorée par ce qui semblait être une longévité incroyable. April devait sûrement la posséder depuis énormément de temps. Il ne put s’empêcher de frotter le bout d’une des manches de l’objet entre ses doigts.

    « Je crois que j’aime bien les objets personnalisés. »

    Oui il croyait bien. Parce que ça apportait une dimension que lui n’arriverait jamais à donner à ses objets à lui. Il ne se connaissait pas assez bien pour pouvoir dire quelle était vraiment sa personnalité. Mais ça n’était ni grave ni important. Finalement, il remerciait Keilanalasauvage de lui avoir permis de provoquer cette rencontre. Les chefs de clan étaient définitivement des gens plus qu’intéressant. Et April semblait l’apaiser.
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April Starfish
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeMer 28 Avr - 22:18

Apparemment, la raison pour laquelle April avait été appelé n'avait rien du grand blessé sanguinolent comme elle aurait pu l'imaginer au premier abord. La tête appuyé sur sa main, le coude appuyé sur son autre main, elle le fixait avec scepticisme. Il était roux. Oui, bon, ce n'était peut-être pas une raison de le rendre si suspect, mais il n'empêche que c'était la première chose qu'elle avait repéré chez lui : Il était roux. C'était une couleur rayonnante, une couleur de feu, si loin de son brun naturelle... plus loin encore de son bleu actuel. Grand, dégingandé, un sourire nerveux sur les lèvres... les cheveux dans les yeux. Pouvait-on réellement voir correctement ainsi ? April en doutait sérieusement. Elle le dévisagea longuement en silence, sourde à ce qu'il lui disait. Elle avait vu tellement de patient à moitié mort, clamant qu'ils allaient parfaitement bien, qu'elle avait pris l'habitude de ne plus les écouter. Elle n'avait pas besoin de cela, de toute manière. L'attitude, l'aspect, l'effet que lui renvoyaient ses interlocuteur était le plus souvent bien suffisant pour les trahir. Elle observa ses jambes, longues, fines... peut-être trop. Anémie ? Non. On ne l'appellerait pas pour de la simple anémie. Pourtant... Enfin, ce n'était pas pour ça qu'il était là. Elle lui en parlerait peut-être plus tard. Ses épaules étaient carrées, musclées... Imposant. Il était imposant. Mais discret aussi. Et son corps entier clamait à l'assassin.

Un Nuage. Le Nuage. Le second. April sourit, amusée. Keilana l'avait avertie qu'elle le lui enverrait. Lui et son œil en vrac. Elle lui avait dit que se serait difficile. Elle lui avait même donné l'autorisation de lui filer des taloches s'il faisait le difficile. Devait-elle être désespérée pour même l'autoriser à taper sur son second. Enfin... de toute manière, elle n'était pas là pour blesser ses patients, lui avait-elle répondu. Elle avait suffisamment à faire avec ceux qui se blessait tout seul. Enfin, vu comme c'était parti, elle ne promettait pas de mettre juste un 'tit coup... pour voir comment ça faisait de taper sur ses patients.

April laissa échapper un rire, puis elle se reconcentra.

L'œil donc. C'était son œil qui était abimé. Soit. Ça expliquait les cheveux dans les yeux, ça expliquait le très léger déséquilibre au niveau de son maintien, et surtout, ça expliquait cette espèce de pose qu'il prenait, sans doute inconsciemment pour la regarder. A moins qu'il n'y ait aucun rapport... Enfin. Maintenant que le problème était résolu, elle allait pouvoir se concentrer sur autre chose. Sur ce qu'il disait par exemple. Elle avait cru voir le garde de l'îlot ciller à un moment.


- C’est un peu pas poli de demander ça mais, je t’explique tout si tu m’emmènes dans un endroit où y’a moins de monde.

Le tutoiement. C'était ça qui avait fait ciller le garde. Elle, ça la fit sourire. Elle aimait que ses patients soit à l'aise avec elle. S'il la tutoyait, c'est qu'il l'était. Mais le serait-il jusqu'au bout ? Keilana l'avait prévenu : ce type ne voulait pas qu'on touche à son œil. Pourtant, elle n'allait pas hésiter. Même si pour cela, elle devait le ligoter. De toute manière, elle avait ce qu'il fallait de chaine et de corde dans son bureau. Oh... ce n'était peut-être pas une chose qu'elle devrait divulguer s'il ne faisait pas de résistance. Ça risquait de lui donner une drôle d'image : April la dominatrice sadique. Elle haussa un sourcil. Étrange. Elle secoua la tête pour se sortir ces drôles d'idée de là. Il fallait qu'elle arrête de laisser son esprit défaillir ainsi, ça allait mal finir sinon. Elle devait se concentrer sur son patient. Et sur ce qu'il disait. Parce qu'il avait forcément dit quelque chose, sinon, il n'aurait pas pris ainsi la manche de sa blouse.

- Je crois que j’aime bien les objets personnalisés.

Ou pas. Peut-être n'avait-il pas parlé finalement. Et peut-être qu'il ne ferait pas trop de difficulté en fait. Elle avait bien envie de voir ça. De voir comment il expliquerait sa présence ici s'il n'avait, comme il le prétendait, aucun problème. Serait-il un excellent menteur ? Qui sait... peut-être se laisserait-elle prendre au jeu... April était très joueuse. Pourtant, elle ne le laisserait pas quitter cet hôpital sans avoir jeté un œil à... son œil. Drôle de jeu de mot. Elle sourit.

Adressant un signe de tête au garde, elle invita son patient à la suivre d'un signe de la main.


- Mon bureau est par là.

Puis, moitié marchant, moitié dansant, elle l'entraîna vers son bureau. Malgré son insouciante, elle le surveillait tout de même du coin de l'œil, bien décidée à ne pas le laisser filer, sous n'importe quel prétexte.

Le chemin jusqu'à son bureau n'était pas long. Mais le faire en compagnie d'April Starfish, directrice des lieux et grande cheftaine du clan, ça devenait tout de suite plus palpitant. Elle slalomait entre les patients à moitié éclopé, ceux qui pleuraient, ceux qui attendait avec anxiété des nouvelles d'un proche... et les guérisseurs, toujours plus avide de sa connaissance. Tous les dix mètres, ceux qui n'avaient pas osé la déranger alors qu'elle méditait, l'arrêtaient, lui posant des questions sur tel ou tel cas. Heureusement que son cas à elle n'était pas mourant, et qu'il n'y avait que quarante mètre à parcourir depuis son brancard pour arriver à son bureau, sinon, il est bien probable que leur traversée aurait durée un siècle.

Et enfin, le must du must, un petit garçon. En larme, sur le seuil de son bureau. Vêtue d'un pantalon de toile déchiré au genou, et d'une chemise beige de coton, il semblait être le plus malheureux des enfants. April le connaissait. C'était un des deux enfants du couple qui vivait sur l'îlot de centre de soin. L'une des seules maisons du plus grand des îlots. S'accroupissant devant lui, elle prit son menton par son doigt et murmura :


- Il y en a un ici qui a un gros chagrin. Tu veux en parler ?

L'enfant baissa la tête, et montra son genoux du bout du doigt. Une simple écorchure. Il avait du tomber et il s'était blessé au sol. Rien de bien méchant. Elle hésita un instant à le confier à une guérisseuse qui passait par là, mais finalement, elle se dit que ça donnerait un sursis au fuyard derrière elle. Alors, se relevant, elle le prit par la main et les invita tous deux à entrer dans son bureau.

Le jeune second aimait les choses personnalisées, ici, il allait être servit. La pièce était grande. Et bordélique. Autour d'un immense bureau brun rouge sur lequel trônaient une quantité impressionnante de dossier ouvert et de paperasse en tout genre, des livres de sciences et principalement de médecine s'empilaient, à même le sol. Et sur certaine de ces piles était posé des objets insolites. Ici, une bouteille d'eau et des gâteaux sec, là, un petit plaid en polaire, et enfin là, une grosse trousse de premier soin. Empoignant l'enfant par dessous les bras, elle balayait d'un geste du bras la paperasse inutile, et l'installa à leur place. Dans un mouvement beaucoup plus professionnel, elle attrapa la trousse de premier soin, et désinfecta puis pansa la petite plaie. Offrant un mouchoir au petit garçon, elle le laissa se moucher et le redescendit de la table.


- File maintenant... et fait attention où tu mets les pieds.

Ce n'est que lorsqu'il eut passé la porte, qu'elle se réinterressa vraiment à son patient principal. Libérant une chaise de ses encombrements - qu'elle alla placer sur une autre aussi chargée - elle l'invita à s'assoir et s'installa elle-même sur le coin de son bureau. Alors, avec un demi-sourire, elle demanda :

- Alors, à qui ais-je l'honneur ?
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Elio Carolis
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeDim 2 Mai - 17:46

    Pourtant, l’échange n’avait duré que quelques secondes. Elio avait planté son unique œil dans une des iris d’April. Etait-il paranoïaque ? Etait-ce un jeu de son inconscient ? Cette femme, soit elle le connaissait, soit ils se connaissaient, soit elle savait quelque chose sur lui. Peut-être l’avait-elle analysé d’un seul coup, comme lui se permettait de faire avec tout le monde. Ou alors, elle avait simplement un regard perçant. Un beau regard qui lisait son corps comme un livre ouvert. Il ferait attention mais il n’était pas nécessaire de catégoriser tout de suite la chef de Clan. Du moment qu’elle n’essayait pas de le séquestrer dans une pièce sombre où elle l’attacherait avec des cordes en fer pour lui arracher machiavéliquement son cache-œil. Il faillit frissonner à cette pensée. Il fallait s’attendre à tout, vu que cette journée n’était pas celle du pauvre organe mort de l’assassin. Comme si mourir n’était pas suffisant, maintenant, on voulait le charcuter, oui charcuter parce le mot « soigner » n’était qu’un euphémisme. Quelque part, il n’était déjà plus en colère. Il comprenait Keilana. Il comprenait son inutilité lorsqu’il souffrait, son potentiel face à la guérisseuse et le potentiel qu’il mettait au service de sa chef à lui. S’il était inefficace, il mourrait. C’était pour cela qu’il s’était entraîné sans relâche jusqu’ici, pour cela que même maintenant il passait sa vie à se donner des défis, à vouloir grimper, s’envoler, toujours plus haut, toujours plus vite. Il faisait une course contre ses faiblesses. Une course pour devenir le chien de Keilana, celui à qui elle n’aurait qu’à dire « Mors » pour que quelqu’un meurt. Il voulait être la personne qui l’empêcherait de se jeter dans les bras de son ennemi, cette personne qui lui donnait des yeux si cruels. Il ne voulait pas qu’elle finisse comme Olivia. Il jeta un coup d’œil à April. Elle non plus ne méritait pas tout ce qui s’annonçait, tout ce qui se passait, tout. Elle semblait heureuse en apparence, joueuse, malicieuse. Elle avait dans le regard cette étincelle qui ravissait les roux comme lui. Il imaginait la pression diplomatique que devait ressentir la bleuette, alors que le Clan Foudre frappait partout, alors que les malades arrivaient de parts et d’autres, alors que le clan des guérisseurs devait lui-même se mettre à faire la guerre. Il prit un air nostalgique et balança légèrement la manche de la jeune femme, remarquant comme ses bras n’étaient pas fait pour le combat. Elle avait des mains faites pour donner la vie, pour la replacer dans un corps qu’on aurait dit perdu. Enfin. Elio redresserait tout cela. De ses propres mains à lui, ces mains souillées par la magnifique mort, ces mains souillées par l’impuissance de ce jour-ci, ses mains souillées par tout ce qu’il avait fait ou pas fait. Puis il pourrait enfin devenir ce vagabond solitaire auquel il aspirait tant. Oui, c’était un bon programme.

    Un petit sourire illuminait ses traits alors qu’April faisait un signe de tête au garde. L’assassin ne put pas s’empêcher de lever la main vers l’homme pour lui faire un coucou, tout en lui criant.

    « Merci beaucoup de ton aide, mini King-kong. La prochaine fois je t’invite à boire ! »

    Le visage du jeune homme prit un air moqueur alors qu’il ricanait dans sa barbe, l’œil fixé sur la démarche gêné de l’homme qui venait sûrement de faire la pire manœuvre de sa vie en interpellant de cette manière un membre du Clan Nuage. En tout cas, ça avait bien remonté le moral du rouquin, il était content. Ce fut d’ailleurs April qui le ramena sur terre.

    - Mon bureau est par là.

    Il lâcha la manche de la pauvre blouse qu’il tenait depuis tout à l’heure puis se tourna d’un mouvement vif et agile pour suivre la danseuse qui s’entraînait dans les couloirs. Etait-il toujours paranoïaque ? Il avait l’impression qu’elle le surveillait, comme si elle prévoyait quelque chose. Elio fronça les sourcils. On ne surveille pas un assassin Aprilounette, c’est la meilleure façon pour lui donner de quoi suspecter les gens. Bah, peut-être était-elle juste curieuse. Il esquissa un petit sourire tout en évitant deux corps qu’il ne prit même pas la peine d’identifier. C’était un bon endroit pour s’entraîner ça. Il y avait des gens partout, des pleurs partout, des cris omniprésents. Le roux ferma les yeux, décidant de suivre sa bienfaitrice au son de ses pas. Il entreprit d’éviter les autres personnes par rapport à leur chaleur corporelle, leurs odeurs et surtout les bruits qu’ils émettaient. Ils étaient tous tellement bruyants. Cela lui faisait mal à la tête et rappelait son côté grognon à la surface. Les yeux fermés, il ne pouvait pas ressentir de sympathie pour personne. Sauf si cette personne avait la voix d’Olivia. Ces gens qui demandaient conseil à April alors qu’elle était très pressée, occupée par la magnifique personne qu’il était… Non, non loin de là. Disons que ces personnes avaient un timbre de voix si hypocrite parfois que cela lui faisait peur. A combien de complots April devait-elle faire face par semaines ?

    - Il y en a un ici qui a un gros chagrin. Tu veux en parler ?

    Elio sursauta et rouvrit prestement l’œil. Il le posa instantanément sur la petite silhouette qui était assise par terre. Un enfant pleurait. Seul. Il tourna la tête pour voir si les parents n’étaient pas loin, mais il n’y avait personne pour s’occuper de ce petit gars. Personne sauf la jeune femme aux cheveux magnifiques devant le rouquin. Il esquissa un petit sourire. C’était bien que des personnes comme cela existent. Lui n’aurait même pas jeté un coup d’œil à l’enfant s’ils avaient été tous seuls dans la rue. Mouais. Peut-être que si en fait. Parce qu’il savait ce que cela faisait d’être petit et tout seul. A sept ans, on n’aimait pas déjà forcément l’être. Discrètement, alors qu’April ouvrait la porte de son bureau, l’assassin s’approcha de l’enfant et lui ébouriffa les cheveux sans le regarder. Fallait pas pousser trop loin non plus. Il n’assumerait pas son côté gentil avec les enfants, impossible.

    La petite troupe entra alors dans le bureau de la cheftaine. Tout d’un coup, Elio se sentit comme chez lui. Des livres, du papier, des objets un peu important pour des lectures trop longues. Le paradis. Alors que la bleuette s’occupait de l’enfant, le rouquin se donna le droit de se promener un peu dans la pièce. A vrai dire, il s’arrêta assez rapidement devant un livre sur le lien entre la médecine et les plantes. En faisant attention aux marques pages laissés ci et là, il entama la lecture. Au Clan Vent, il avait déjà lu un livre de la sorte, mais celui-ci était beaucoup plus détaillé. Il se perdit totalement dans les lignes, adossé à l’un des murs de la salle, concentré. Une de ses mains s’était posé sur son menton alors qu’il fronçait les sourcils pour mieux comprendre.

    - File maintenant... et fait attention où tu mets les pieds.

    Elio releva la tête lorsque la porte du bureau claqua derrière lui. Il reposa ses yeux sur le livre pour finir sa ligne et le reposa là où il l’avait prit, exactement ouvert à la même page que lorsqu’il était entré dans le bureau. Il posa le regard sur April qui lui faisait de la place sur une chaise, avant d’aller s’asseoir sur une autre en face. Lentement, mettant ses mains dans sa poche, il se dirigea vers cette chaise libre, sur laquelle il posa un genou mais n’osa pas vraiment s’asseoir. Paranoïa œuf course. Finalement, il se dit que pousser l’irrespect aussi loin n’était pas de bon goût et posa lentement son derrière sur la surface enfoncée du siège. Par un geste presque automatique, il fit sauter une cigarette du paquet dans sa poche arrière et la porta à ses lèvres. Avant de se rendre compte du lieu où il était, de se taper le front avec la paume de la main, et de ranger ce même objet. Dans le genre bourde, Elio Carolis était vraiment quelqu’un d’avancé.

    - Alors, à qui ais-je l'honneur ?

    Ah oui, mince. A qui avait-elle l’honneur ? Gardant son visage neutre, qui ne laissait place à aucune expression de recherche ou de doutes, il fouilla parmi les personnages qu’il avait. Il lui fallait garder quelqu’un de joueur, de taquin, de gentil, de perdu, aimant les enfants, la lecture, et les plantes. Une sorte de chercheur appartenant au clan du Nuage surtout pour la recherche. Tout en étant second, donc un peu dangereux tout de même. Bah, oui, ça lui semblait pas mal comme nouvelle identité. Il n’avait pas envie de trop mentir, pour une fois.

    « Nate Sylver, second du Clan Nuage. »

    Il lui offrit un large sourire avant de la quitter du regard. Nate était un personnage mélancolique. Elio s’en était servi énormément à une époque, avant de le remanier et de le transformer en quelque chose de plus intéressant. Enfin. Il faisait bien l’affaire. Après tout, Nate était un second très fidèle. Si Keilana venait à passer, elle serait contente que malgré sa récente colère, le rouquin ait utilisé ce personnage. Il soupira. Si jamais sa cheftaine de clan venait, ça serait le bordel, un bordel monstre. L’assassin serait obligé de partir en courant, en criant comme un démon, avant de s’exiler pour toujours dans un trou à rat pour que personne ne le retrouve. Parce que deux femmes contre lui, c’était deux de trop. Et April serait facilement intéressée par l’histoire de son œil. Sa lumière taquine s’embraserait et elle sortirait de nulle part des livres mangeurs de cache-œil.

    « Keilana m’envoie pour avoir un listing des personnes de notre clan qui ont été blessée depuis l’année dernière jusqu’à aujourd’hui. Tu sais pour répertorier tout ça, faire des nouvelles stratégies tout ça. »

    Pour plus de sûreté, il osa rajouter.

    « Moi ça va très bien d’ailleurs comme tu peux le voir. »

    Il se leva précipitamment et fit le poirier sur une seule main, un peu pour le spectacle, et surtout parce qu’il se sentait mal assis à cette chaise en face d’un médecin. Le roux ne s’attarda cependant pas là-dessus et revint à sa place avant de prendre une pose de très sage garçon, les yeux grands ouverts dans une candeur assez crédible si on ne comptait pas avec le lueur malicieuse qui régnait dans son unique iris.

    « En passant, c’est joli comme prénom April. Pas aussi joli que tes cheveux, mais joli. »

    Il lui lança de nouveau un sourire, cette fois-ci complice. Cette venue allait être utile en fait, les dossiers permettraient à Elio de confectionner ces stratégies par rapport aux blessures, causées par quelles armes et dans quelles circonstances. Ainsi, il pourrait entraîner des jeunes du clan à affronter ces situations et ensuite confier ces données à d’autres entraîneurs. Oui, ça lui paraissait vraiment bien.

    Encore fallait-il que Keilana ne débarque pas.
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April Starfish
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeDim 2 Mai - 19:00

April se mordilla la lèvre. Contrariée. Elle l'avait vu entrer dans le bureau. Elle l'avait vu feuilleté l'un de ses bouquins, elle avait vu qu'il en avait été interessé. Et elle avait été contente de cela. Vraiment contente. Parce que cela voulait dire qu'il se sentait bien ici. Dans un univers quasi familier. April aimait que ses patients se sentissent à l'aise dans son bureau. C'était plus facile pour le soin, parce que c'était la preuve qu'ils étaient détendus. Et l'autre paraissait parfaitement à l'aise. April était contente. Puis il s'était approché de la chaise qu'elle lui avait désigné. Et là, tout avait déraillé. Quelque chose avait changé dans son attitude. Il avait hésité à s'assoir. Le reste n'avait pas d'importance. Au diable la cigarette, au diable ses attitudes irrespectueuse. Il n'était pas à l'aise. Il n'avait pas conscience. Et ça, ça allait rendre le travail d'April autrement plus difficile.

- Nate Sylver, second du Clan Nuage.

Elle soupira. Au moins ne mentait-il pas sur ce qu'il était. Quoi que pour que le garde l'amène à elle, il avait bien dû lui dire qui il était, et il aurait été idiot maintenant, de mentir. Et puis mentir sur son identité aurait été franchement stupide. Il n'y avait que les raisons de sa présence ici qui devait être masquée, n'est-ce pas ? Le reste, après tout, elle s'en fichait, c'était plus pour faire la conversation qu'elle lui demandait son nom. Et aussi parce que c'était mieux que de traiter les patients comme des numéros. Certains de ses collègues le faisaient. Eux s'entendraient dire, un jour, qu'ils ne mettaient pas assez de cœur dans ce qu'ils faisaient. April soupira de nouveau, se sortant cette phrase absurde de la tête. Il mentait. L'autre en face d'elle, celui qui lui avait dit qu'il s'appelaitNate Sylver... il mentait. C'était comme une évidence pour elle, qui connaissait le corps et l'esprit humain par cœur pour l'avoir analysé pendant des années. Il mentait et cela blessait April comme à chaque fois qu'un de ses patients lui cachaient quelque chose. Enfin. Ça ne devait pas être important. Keilana l'avait prévenu : ce type était un menteur. Logique pour un assassin. Ce n'était pas la première fois qu'elle en voyait un. Ce ne serait certainement pas la dernière non plus. Pourtant... Elle n'aimait pas les menteurs et elle allait lui faire payer cet affront. Pas tout de suite. Quand le moment serait opportun plutôt.

- Keilana m’envoie pour avoir un listing des personnes de notre clan qui ont été blessée depuis l’année dernière jusqu’à aujourd’hui. Tu sais pour répertorier tout ça, faire des nouvelles stratégies tout ça...

De mieux en mieux. April eut un petit rire acide. Quelque chose de discret, mais qui prouvait bien tout le ressentiment que ses mensonges lui inspirait. Elle plissa les yeux un instant, vrillant ses pupilles d'ébène dans son unique œil. Elle lui ferait cracher la vérité, même si elle devait le torturer. Elle donnait sa parole qu'il la laisserait voir cet œil.

- Moi ça va très bien d’ailleurs comme tu peux le voir.

Ah oui ? Il allait très bien ? C'était ce qu'on allait voir. Oh, bien sûr, son poirier était très impressionnant. Mais si April n'avait pas été en jupe, elle lui aurait pu lui prouver que ça ne prouvait rien. N'importe qui pouvait faire ça. Même les yeux fermés. Même avec une seule main. Et même sans les mains si on lui laissait le droit de se servir de la tête. Ça ne voulait rien dire, et lui comme elle le savait. Enfin... surtout elle en fait. Car elle était de plus en plus persuadé que cette petite anémie qu'elle lui avait diagnostiqué dès qu'elle l'avait vu n'était pas une hallucination. Il avait réussi à lui cacher son œil. Pas son anémie. Et pour une bonne raison : il n'en avait pas conscience.

- En passant, c’est joli comme prénom April. Pas aussi joli que tes cheveux, mais joli.

Les compliments maintenant. Qu'essayait-il de faire dont ? Il essayait de l'amadouer, pour qu'elle ne se méfie point ? April ? Joli ? C'était stupide. C'était comme le bleu de ses cheveux au final. Lorsqu'elle avait teint ses cheveux, tous ceux qu'elle côtoyait à l'époque avait été estomaqué. Le seul à avoir apprécié était Roland. Mais ça n'importait pas. C'était une couleur de cheveux de punk. Lorsqu'elle était entrée en apprentissage chez les guérisseurs, combien avait essayé de la faire changer de couleur de cheveux ? Mais elle ne voulait pas. Parce que le jour où elle retrouverait Roland, il fallait qu'il reconnaisse la gamine bleu qu'il avait détruite. Elle gardait cette couleur rien que pour ça. Et aussi parce que ça la rendait hors du commun. Mais ça, il ne fallait pas le dire. Toujours était-il que la complimenter sur ses cheveux et son prénom n'allait certainement pas l'éloigner de son but premier : le diagnostiquer. Cependant, elle était quelqu'un de poli, aussi, alors qu'elle s'approchait doucement de lui pour observer son visage d'un air soucieux, elle répondit d'un ton absent:

- C'est parce que je suis née un premier Avril. C'était ça ou poisson alors...

Laissant un silence se poser sur lui, elle s'accroupit à sa droite, pour qu'il ne la croit pas en train d'examiner son œil, et fronça les sourcils.

- Tu permets que je t'examine tout de même ? Je te donnerais les documents que tu souhaites ensuite, mais...

Elle parlait d'un ton absent, comme si elle doutait de son propre diagnostique. Elle lui prit doucement la main, cherchant ainsi son pouls. Un peu rapide. C'était bien ce qu'elle pensait. Parfait. Elle allait lui découvrir cette anémie, et ensuite, elle découvrirait comme par enchantement son œil. C'était démoniaque. Enfin... presque.

Laissant sa concentration dévié de son pouls à son œil visible, elle se redressa doucement, et retourna s'installer face à lui.


- Je vais te poser une série de question, et j'aimerais que tu me répondes sincèrement...

Elle n'attendit pas qu'il acquiesce et enchaina.

- Est-ce que tu te sens fatigué en ce moment ? Est-ce que lorsque tu t'entraines, où lorsque tu exécutes un effort physique plus intense... tu t'essouffles plus rapidement ? Parce que, si c'est le cas... vu ton pouls élevé, et ta pâleur... Il est possible que tu souffres d'anémie...

Elle laissa passer un silence, comme pour le laisser réfléchir à ce qu'elle venait de lui dire. Outre le fait que l'anémie était une bonne excuse pour elle de l'observer de plus près, c'était également très bon pour lui. Il fallait qu'elle le lui fasse comprendre. Et surtout, qu'il la laisse lui faire sa prise de sang. Ça lui apporterait les réponses relative à sa maladie, et peut-être même des informations sur son œil. Peut-être... l'espoir faisait vivre .Se retournant vers la trousse à pharmacie qu'elle avait abandonné sur le bureau après le départ du petit garçon, elle en sortit une seringue de taille moyenne ainsi qu'une aiguille ranger dans un étui hermétique.

- M'autoriserais-tu à te faire une prise de sang ? Pour vérifier... Il faut que tu comprennes que l'anémie, dans le cadre d'un... métier à risque, comme le tien, peut être très dangereuse. Un vertige, une faiblesse... bref, je ne te fais pas un dessin... Mais si tu as bel et bien des carences comme je l'imagine, il vaut mieux le savoir tout de suite. Surtout que le traitement n'est pas franchement handicapant...

Elle laissa un nouveau silence passer avant de terminer. Il était toujours important de laisser le choix au patient. Elle n'était pas une tortionnaire. Elle souhaitait simplement qu'il reparte de son office en meilleur forme. C'était son rôle de guérisseuse.

- Alors ? Me laisses-tu te faire cette prise de sang ?

Elle ne le laisserait pas filer ainsi. Parole d'April.
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeDim 9 Mai - 17:34

    Un jeu de dupe.
    Où aucun des deux ne l’était réellement.
    Approche et je m’en irais, fuis et je serais curieux d’en savoir plus.
    Maintenant, Elio en était sur, April savait quelque chose sur lui qu’il ne pouvait pas lui cacher. Il sentait toutes les cellules de son corps animal se méfier, se tendre, prête à l’élan de la fuite, à l’élan de l’esquive. Son iris verte ne la quittait pas, comme un radar duquel on ne pouvait s’échapper qu’en frappant. En frappant fort. Il ne s’amusait plus du tout. Le rapport force faiblesse qu’ils partageaient le mettait dans une position fort peu agréable. Cette femme était au moins aussi têtue que lui. Il l’avait vu dans ce regard sombre qu’elle lui avait jeté alors qu’il lui donnait une fausse identité, il l’avait vu dans chaque mouvement desquels elle n’avait pas conscience. Il n’arrivait pas à analyser. Cet acharnement à vouloir soigner quelqu’un. C’était cette lueur étrange qu’il avait vue dans les yeux de tout le monde jusqu’à présent, qui avait éclairé un chemin qu’il n’avait jamais emprunté. Pourquoi vouloir outrepasser la volonté d’autrui pour le simple prétexte que cela serait mieux pour lui ou elle ? Elio se sentait très bien. Il estimait que s’il était malade, il pourrait se soigner tout seul, à moins qu’on lui crève l’autre œil. Si cela arrivait, d’ailleurs, il souhaitait que jamais on ne le retrouve et qu’il meurt dans un coin, même si cela signifiait n’avoir aucun honneur ni aucune renommée après coup. Olivia avait-elle agi courageusement pour avoir une semblable renommée après la mort ? Non. Elle avait toujours tenu droite, malgré la blessure béante qui saignait son cœur à vif. Il estimait qu’il était endroit de vouloir garder ses propres blessures pour lui-même. D’autant plus que si on effaçait le souvenir de ses erreurs passées, si on effaçait cette douleur qui lui rappelait chaque matin le regard d’Olivia, ses paroles alors qu’il sombrait dans la déchéance… que lui resterait-il d’elle ? Il sursauta. Sursauta d’une manière si non contrôlée qu’elle semblait irréelle pour lui. Une lueur sauvage s’empara de son œil alors que doucement, la décision devenait d’évidente, irrémédiable, irrésistible. C’était le chemin d’une courbe épurée dans laquelle sa propre lumière s’encastrait avec un son si parfait que l’en éloignait le rendrait bestial. C’était encore enfoui. Il se méfiait simplement. Seulement, la bête était là, proche, et s’il ne s’était jamais mis en colère, le jeune homme était sur la limite de connaître ce sentiment qui balayait les limites du contrôle de soi. Elles s’y mettaient à trop, et par trop de chemins détournés. Passant une main dans ses cheveux, il soupira, reprit doucement un semblant de calme et écouta la voix absente de son interlocutrice. Une voix qui manifestait de l’intérêt qu’elle avait pour son visage. Ah elle voulait voir l’œil de la déchéance. Rencontrer l’enfer d’une effroyable méprise, ce qui valait des regards soucieux ?
    Elle ne verrait rien.
    Elle n’était rien pour pouvoir voir cela.

    - C'est parce que je suis née un premier Avril. C'était ça ou poisson alors...

    Il esquissa un léger sourire, presque félin. S’il aurait pu ressembler à un psychopathe, au terrible assassin assoiffé de l’art de tuer qu’il était en réalité, le jeune homme conservait une trace d’humanité, parce que malgré tout il ne pouvait pas nier qu’il appréciait la jeune guérisseuse. Il passa encore une fois sa main sur son visage, l’arrêtant au niveau de son œil, écartant les doigts pour voir la bleuette s’approcher de lui. Il se tendit légèrement alors qu’elle s’accroupissait. Ça ou poisson hein ? L’acharnée avait une vie dure elle aussi. Est-ce que la tuer lui rendrait service ? Il secoua la tête. Plaça ses deux mains sur son visage. Mordit ses joues pour retenir un fou rire qui le prenait. Enleva tout ce masque et redevint la personne saine qui compatissait certes étrangement, mais compatissait. Eh bien, quelle maladie le prendrait-il, quel mal faudrait-il qu’elle extraie de son corps ? Le mal qui habitait Elio était bien trop profond pour un être humain. Il naissait de son orbite laiteuse pour fleurir dans son cœur. Comme une rose bien piquante. Comme la formidable association du sang sur un corps beige. Lui-même ne connaissait pas encore l’étendue de cette parcelle incontrôlable. Il ne voulait pas qu’un autre le découvre avant lui. Hors de question.

    - Tu permets que je t'examine tout de même ? Je te donnerais les documents que tu souhaites ensuite, mais...

    Elle avait une peau très agréable. Une douceur qu’il aurait aimé apprécier dans d’autres circonstances. Au moins, cet examen futile lui permit de ne plus penser à son art. A revenir dans le monde où il y avait si peu de mission de meurtre qu’il était quelqu’un de fréquentable, de sympathique. Qui se contrôlait. Malheureusement, la fleur qui jouait sur un terrain trop vaste quitta trop rapidement son poignet et revint bientôt s’asseoir en face du rouquin qui passa sa langue sur sa lèvre inférieur en toute nonchalance, le regard fixé sur la fenêtre. Il s’en contrefichait des documents, tiens. Il n’en avait rien à faire de la survie du Clan Nuage. De tous ces imbéciles qui se pensaient si fort, si beau, si ombres alors qu’ils n’étaient que bruits, lourdeur et parfois, même pas promesses de progrès. Il s’en fichait après tout, si Keilana se conduisait dans un chemin obscur en signant une alliance avec le clan qu’il fallait annihiler. Elle était folle de penser qu’elle porterait le poids de ce monde sur ses frêles épaules. Quelle idée alors, mais quelle idée, lui, Elio Carolis, de vouloir l’aider elle, la jeune femme qui voulait remplacer Atlas dans son dur labeur d’empêcher les Hommes de mourir écrasés par le ciel. Comme il aurait souhaité n’être qu’une ombre. Un de ces gars détestables qui séduisent une femme par village pour croire à une vie de famille de temps en temps mais qui s’en allaient bientôt, sans aucunes traces de remord. Dommage qu’il soit droit dans son esprit. Dommage qu’il soit fidèle. Dommage que le roux considère Keilana comme quelqu’un de trop important, pour le clan et petit à petit il se l’était avoué, pour lui. Cependant, cela ne signifiait pas qu’il était dépendant. Dépendant de personne, ne rendre personne dépendant de lui. La phrase proverbiale à laquelle il se plierait toute sa vie. Cela commençait par une autonomie dans les choix, ses choix personnels que personne n’avait le droit d’influencer. Par la connaissance de lui aussi. Personne n’avait le droit de le connaître pour de vrai.

    - Je vais te poser une série de question, et j'aimerais que tu me répondes sincèrement...

    Rictus. Regard de la bête qui se pose sur elle un instant, avant de laisser place au second absent mais prêt à réagir à chaque événement. Sincèrement. N’avait-elle pas déjà remarqué que la sincérité ne signifiait rien entre eux deux ce jour-ci ? Qu’ils avaient malheureusement de mauvaises circonstances dans leur rencontre ? Pensait-elle réellement qu’il était si docile ? Ne s’imaginait-elle pas pourquoi et comment un vagabond avait pu devenir le second d’un clan d’assassin ? Mignonne. Elle croyait en lui. Gentille. Son sourire se fit nostalgique. Il le savait déjà. Il ne lui offrirait peut-être jamais une confiance pareille lui. Il n’était pas capable d’être aussi sympathique en fait.

    - Est-ce que tu te sens fatigué en ce moment ? Est-ce que lorsque tu t'entraines, où lorsque tu exécutes un effort physique plus intense... tu t'essouffles plus rapidement ? Parce que, si c'est le cas... vu ton pouls élevé, et ta pâleur... Il est possible que tu souffres d'anémie...

    Anémie. Il ne savait strictement pas ce que cela signifiait. Tant mieux, ça voulait dire que ça n’était pas mortel. Un pouls élevé ? Si c’était celui qu’elle lui avait pris tout à l’heure, c’était simplement parce qu’il avait eu en même temps envie de la tuer et en même une peur terrible de le faire. Il était pâle ? Parce qu’il était estomaqué, outré qu’on ne respecte pas son corps, sa douleur. Parce qu’à vouloir tout soigner, on faisait des mauviettes, des mauviettes capables de rien. Le roux laissa le silence emplir la pièce. Son personnage joyeux et énergique aurait parlé. Depuis longtemps il aurait parlé. Il semblait que le théâtre du jeune homme avait laissé place à un mur de silence, une statue au regard électrisant. Elio Carolis n’était jamais essoufflé, Nate Sylver sûrement. L’un était si habitué à peu dormir, avait passé tellement de nuit blanche pour que son corps ne dépende pas du sommeil tant qu’il ne lui autorisait pas, l’autre sûrement pas. Olivia aurait été dans cette pièce, elle aurait éclaté de rire. Son élève, une anémie ? S’il n’était pas digne de son entraînement, il n’avait qu’à crever. Un rictus s’empara de ses lèvres.

    « Aïe, mais t’es folle, tu m’as ouvert le front avec ta pierre !
    - T’as mal ?
    - Bah ouais carrément, faut que j’aille me désinfecter.
    - Si une blessure comme ça t’arrêtes, alors arrête tout. Parce que si tu ne supportes rien, t’as qu’à crever ! »


    - M'autoriserais-tu à te faire une prise de sang ? Pour vérifier... Il faut que tu comprennes que l'anémie, dans le cadre d'un... métier à risque, comme le tien, peut être très dangereuse. Un vertige, une faiblesse... bref, je ne te fais pas un dessin... Mais si tu as bel et bien des carences comme je l'imagine, il vaut mieux le savoir tout de suite. Surtout que le traitement n'est pas franchement handicapant...

    De nouveau, un temps de pause. Choisissait-elle bien ses mots ou étaient-ils un discours bien formé pour chaque patient un peu récalcitrant ? Il aurait aimé le savoir tiens. Est-ce qu’elle était vraiment aussi proche de ses patients qu’elle le laissait paraître ? Etait-ce une façade pour mieux les fragiliser devant la toute puissance de sa médecine ?

    Alors ? Me laisses-tu te faire cette prise de sang ?

    Il n’hésita plus à cacher quoique ça soit. Un bref éclat de rire, cynique, emplit la salle. Puis, l’assassin croisa les jambes, s’avachit totalement sur sa chaise, son regard sauvage planté dans les iris de la douce mais dangereuse fleur. Aimait-elle souffrir ? Aimait-elle que chaque patient raconte sa vie pleine de malheur ? Qu’un vieillard lui montre les dents qu’on lui avait cassées pour voler sa miche de pain ? Il ne pensait pas qu’elle soit naïve. Il n’osait pas le croire, parce qu’il avait une bien meilleure opinion d’elle que cela, et parce qu’il reviendrait sûrement la voir si elle n’était pas trop vexée du fait qu’elle ne toucherait jamais à son sang et encore moins à son œil. Il était curieux de voir la couleur du visage d’April alors qu’il s’humectait les lèvres, croisait les bras, se préparant à parler, longuement. Longuement, car il voulait que les choses soient très claires.

    « Non, désolé. En fait, je ne suis pas désolé. Tu peux ranger ta seringue maintenant. »

    Un rictus étira ses lèvres, rapidement. Ephémère. Il n’avait plus l’envie de plaisanter, ni même de jouer. Il posa son œil un instant sur la seringue, un autre sur la fenêtre et en dernier, le planta dans les yeux ébènes de la guérisseuse.

    « Dans mon « métier à risque », la part de risque revient à ma proie. »

    Rictus. Effrayant.

    « Et à personne d’autres, parce que je connais mon corps. C’est d’ailleurs le seul élément de moi que je connaisse aussi parfaitement. Si je dois mourir à cause d’une faiblesse de mon corps, cela signifie que je n’avais plus rien à faire sur ce monde. »

    A la manière de la guérisseuse, il laissa un long blanc s’installer, ses paroles prenant de l’ampleur à chaque fois que l’écho de ses mots clefs frappaient le mur de la conscience du bureau avec la force qu’il leur avait insufflé. Il accordait que certaines personnes n’avaient ni peur de son regard bestial, ni de ses mots inquiétants. Seulement ces personnes n’existaient plus ou il les appréciait. Enfin, il sentait sa colère petit à petit redescendre alors qu’elle passait dans chacun des mots qu’il soufflait, murmurait presque. Il porta sa main à la clope qu’il avait juste avant rangé, et la porta à ses lèvres, avant de l’allumer d’un geste vif, presque invisible.

    « Je suis le seul qui autorise mon corps à être fatigué. Le seul qui m’autorise à avoir des vertiges ou des faiblesses. Et si j’ai réellement une anémie, alors merci, j’irais me renseigner, et je me soignerais tout seul si je considère cela nécessaire. »

    Il adressa un clin d’œil à la chef des Etoiles, avant de souffler un nœud de fumée sur le côté, sans jamais perdre de vu la situation. Sa main libre se plaça dans ses cheveux qu’il ébouriffa allégrement, avant de soupirer une nouvelle vague de fumée. Impérieuse. Comme son attitude à ce moment. Détestable peut-être, mais tellement révélatrice de son refus absolu.

    « Je n’apprécierais vraiment pas qu’on cherche à me soigner alors que je viens gentiment demandé des dossiers, hum. Alors, oui, je sais, tu sais très bien que je ne suis pas là pour ça. Et ce n’est pas ta faute si nous en arrivons là. J’aurais quelques mots à échanger avec Keilana. »

    Il ricana légèrement avant de reprendre un regard droit, froid. Elle comprendrait rapidement que son poste ne l’autorisait pas à tout. Il espérait que rien de regrettable ne se produirait. Il espérait que la vie d’Olivia n’ait pas fini comme cela pour rien. Il espérait tant de choses. Le laisserait-on en paix avec ses espoirs utopiques ? Avec l’onirique détermination d’un jour, redresser le monde, le porter jusqu’à Olivia et le déposer à ses pieds, enfin fier et heureux. Enfin digne d’elle.

    « Maintenant, je te prie de m’excuser, mais puisque les dossiers se révèlent peu informateurs pour mes ambitions de stratégie, je préfère te laisser à ton hôpital et à tes patients réels. »

    Il se leva si rapidement qu’il failli en faire tomber la chaise. Lentement, il se dirigea, non pas vers la porte, mais vers cette fenêtre qui l’attirait depuis longtemps. Elio quitta alors la bleuette des yeux, sa vision n’entrant plus dans les sens dont il avait besoin pour la surveiller. Il ferma d’ailleurs cet œil si aveugle en réalité, se concentrant sur ses autres sens, se concentrant sur ce qu’il était et ce qu’il ne fallait pas laisser paraître.

    « Parce qu’on ne touchera jamais mon œil. »

    Il ouvrit la fenêtre.
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April Starfish
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeDim 9 Mai - 20:41

Le silence raisonna. Pas dans la pièce, mais dans l'esprit d'April. Elle n'était pas vexée. Ce n'était pas le premier à lui refuser un soin. Ce ne serait certainement pas le dernier. Keilana lui avait demandé de soigner son second, soit. Elle avait essayé et avait échouée. Tant pis. Le jour de la grande bataille, se serait peut-être un ennemi de moins à éliminer. Ou un allier de plus à perdre. Ce ne serait pas le premier, et certainement pas le dernier. Un léger rire passa ses lèvres. Qui croirait cela ?

April était déçue. C'était la vérité. Pas vexée mais extrêmement déçue. Premièrement, elle n'avait pas réussi à récupérer la confiance de Nate. Elle n'était pas encore du niveau de l'ancien chef, elle le savait déjà, mais l'expérimenter ainsi la bouleversait plus qu'elle ne l'aurait jamais imaginée, et la voix claquante du jeune homme dans la pièce lui rappelait avec stupéfaction qu'ils n'étaient pas du même univers. Elle était guérisseuse, il était tueur. Elle donnait la vie, il donnait la mort. Elle était étoile, il était nuage. Ils n'avaient ni les mêmes objectifs, ni les mêmes caractères. Qu'il ne veuille pas qu'elle le soigne, ni même qu'elle touche son œil était une preuve flagrante pour ça. Et quelque part, elle le comprenait. C'était la deuxième chose qui décevait April. Elle aurait aimé être face à un c*nnard capricieux qui aurait passé des heures à lui exposer des arguments bidons pour finalement l'envoyer chier parce qu'elle aurait insister. Lui aussi exposait des arguments bidons bien sûr, mais elle comprenait la raison sous-jacente qui menait ses décisions. Un blessure, une cicatrice, une marque sur le corps, outre le fait d'exposer sa faiblesse à une personne que l'on ne connait pas, elle permettait le souvenir impérissable de l'instant fatidique où cette trace physique avait été apposée. Et par la même, le but qu'elle indiquait. Comme un message sur son corps, son étoile disait : Tu ne mets pas assez de cœur dans ce que tu fais April.... Comme une carte qu'elle ne pourrait jamais perdre, elle lui indiquait la route à suivre pour devenir la meilleure guérisseuse possible. Comme une signature, elle lui rappelait la personne qu'elle avait juré d'être. Et lui ? Quelle message transmettait son œil ? Quelle route lui indiquait-il ? Et surtout, quel était le personnage qu'il voulait être ? Outre le mystère de la blessure, sa curiosité la poussait à résoudre le mystère du jeune homme. Et c'était la raison de sa troisième déception : sa curiosité n'était pas rassasiée.

Mais c'était aussi la raison pour laquelle elle n'abandonnerait pas. Elle finirait pas gagner sa confiance, même si elle devait passé dix, vingt, trente ans à y travailler. Et ensuite, lorsqu'elle aurait compris, elle le soignerait. Et elle pourrait mourir comblée. Nate - ou quelque soit son nom - serait le nouveau but de sa vie. Celui qui mènerait son âme quand le clan serait celui qui mènerait son esprit. Il avait parlé. Elle l'avait écouté. Elle ne l'avait pas entendu. Elle était butée, et bornée. Lui aussi. Le jeu risquait d'être intéressant.

Elle repris doucement pied avec la réalité. Il avait essayé de l'éloigner, de lui faire peur, il lui avait parlé, l'avait regarder comme un tueur. Tueur qu'il était. Il était le second de Keilana. Il n'était pas n'importe qui. Elle n'était pas n'importe qui. C'était la seule chose qu'il semblait avoir oublié. On ne devenait pas chef de clan par hasard. Et ce n'était ni sa rage meurtrière, ni son dédain infecte qui la toucherait. Elle allait au delà des mots et des apparences. Ce n'était pas nouveau. Et là, elle sentait qu'elle devait agir.

Elle le vit se lever. Elle le vit s'approcher de la fenêtre. Et elle comprit avant même qu'il l'ouvrît qu'elle devait réagir si elle voulait avoir une chance de le revoir un jour. Mais faire quoi ? Elle avait encore sa seringue à la main, et lui avait déjà un pied dehors. Comment l'arrêter ? Lui jeter la seringue pour tenter de le blesser et par conséquent lui donner une raison de rester ? Non. On n'arrête pas les courants d'air avec des objets. Pas quand ils ont la force qu'avait Nate. Alors était-il inarretable ? Ne pourrait-elle pas le retenir ? Ne le reverrait-elle jamais ? Ne résoudrait-elle jamais le mystère ? Non. Comme tout le reste, elle pouvait arrêter un courant d'air. Avec le cœur. Et avec sa voix.


- Attend Nate.

Elle pria pour qu'il s'arrête. Lui tourna un instant le dos et fit ce qu'elle pensait avoir à faire. Avec des gestes sures et rodé par l'habitude, elle démonta sa seringue, jeta l'aiguille qui n'avait pas servit, et referma la trousse de soin. Puis, toujours sans le regarder, elle se dirigea vers la grande bibliothèque, portant un tabouret attrapé près du bureau. Elle s'installa au pied de l'une des bibliothèque et posa le tabouret pour monter dessus. Le silence dans la pièce était religieux. Etait-il parti ? Ce jour signerait-il la plus grande défaite de sa vie de médecin ? Elle préféra ne pas y penser et se reconcentra sur ce qu'elle recherchait. Un livre. Un tout petit livre. Un tout petit livre dont la couverture kaki semblait avoir vécu des siècles. Tout en haut d'une étagère, il était rangé, couvert de poussière. Elle l'attrapa et le regarda un instant. Soufflant la poussière qui se trouvait sur le dessus de l'ouvrage, elle l'ouvrit rapidement et le feuilleta avec un sourire attendrit. Puis se rappelant la raison de sa présence ici, elle redescendit de son tabouret.

Retournant vers la fenêtre, sans lever les yeux de la couverture du livre, elle murmura :


- Tu ne veux pas que je te soigne. Soit. Mais je veux quand même t'aider. Alors prend ce bouquin. Il y a tout ce qu'il faut savoir sur l'anémie. Je l'utilisait pendant mes études.

Elle releva les yeux vers la fenêtre et l'endroit où il se tenait quelques secondes plus tôt et termina :

- Si souhaites te soigner toi-même, alors je te laisse ce droit. Cependant, pour l'avoir étudier pendant longtemps, je sais que la voix de la médecine n'est pas simple. Alors si tu as besoin de quoi que se soit, de quelque information que se soit. Ma bibliothèque t'est ouverte. Sers toi. Je ne te demanderais qu'une chose : celle de remettre mes livres à la place où tu les as trouvé. C'est tout.

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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeMar 18 Mai - 20:29

    Sans avoir même prit le temps de regarder à quelle hauteur il était, Elio commença à enjamber la fenêtre, ses pensées fixées sur la façon dont il allait se tenir durant la chute pour se faire le moins mal en bas. Le vent sur sa joue conduisit une unique larme au silence. Le rouquin ne mentirait plus jamais à April Starfish. Maintenant qu’elle l’avait vu comme cela, il n’y avait plus aucun rôle à jouer sinon celui de la sincérité. Comment allait-il faire ? Comment se dépêtrer de cette impasse ? Il ne voulait plus jamais la voir. Son poids penchait dangereusement vers le vide. Olivia…

    - Attend Nate.

    Il s’assit sur le rebord de la fenêtre. Avec aucun signe de grâce, aucune maîtrise de son corps. Ce fut comme si une poupée venait de perdre les fils auxquels elle était attachée par son marionnettiste. Tournant volontairement son visage vers l’extérieur, l’assassin prit une bouffée d’air, explorant le paysage de son unique œil valide. Le Clan Etoile avait pour lui les quartiers les plus paisibles qu’il existe. C’était beau. Beau ces îlots qui flottaient, attachés entre eux par des ponts qui semblaient tirés d’un rêve fou. Le roux se demandait ce que c’était que de vivre dans un tel endroit. De se réveiller tous les jours et voir ces habitations, ces bâtiments qui semblaient si loin de l’atmosphère tendue de la sphère. Elio passa une main dans ses cheveux. C’était dommage. Le Clan Etoile avait une portée politique très importante. Voilà ce qu’il en faisait. Un conflit avec le chef même de la tribu. Un rictus s’empara de ses lèvres alors que, lentement, il tirait une bouffée de nicotine sur sa clope, renvoyant dans l’air souillé par les malades une fumée onirique. Pourquoi avait-il le poste de second en réalité ? Aucune réelle motivation à aider le peuple même auquel il n’appartenait que depuis si peu de temps. Aucune possibilité de ressentir quelque chose d’humain envers qui que cela soit. Il porta une main à son cœur, sans retenir le rictus satyrique sur ses lèvres. Plus rien là-dedans. Plus rien qui vaille la peine de vouloir le soigner. Elio Carolis n’était qu’un cadavre aux grandes idées. Il n’était plus que la dépouille d’un être, le roc sans intérêt. Même médical. Comment pouvait-on seulement vouloir à ce point se rapprocher d’un homme qui ne faisait que présenter des personnages à longueur de temps ? C’était tellement inconcevable. Il se mordit les joues pour s’empêcher de rire, cachant sa bouche de sa main. Tout ce qui le tenait droit, c’était les perspectives de meurtre. Les perspectives de donner à chacune de ses victimes l’apogée de la déchéance, la magnifique toile du sang s’échappant lentement, comme animé de sa propre conscience. Il avait toujours l’impression de bien tuer. De soulager les personnes qui lui offraient leur dernier soupir. Peut-être donner la mort était-il le seul geste d’amour qu’Elio Carolis pouvait offrir à un être humain ? Plus doux que de serrer dans ses bras, plus passionné qu’un baiser puisqu’il n’était pas capable de sincèrement faire ces deux actes. Il jeta un œil sur April, quittant son amer analyse du paysage. Ses cheveux bleus. C’était fou comme il aimait cette couleur. Drôle cette affirmation de laquelle il était sur. L’étoile était en train de fouiller dans sa bibliothèque, ses petits bras tendus pour atteindre un livre à la couverture kaki. Il se serrait levé, l’aurait aidé. Nate Sylver. Elio, officiellement, n’était pas au beau fixe. Il n’avait plus envie d’être entièrement dans ce bureau. Il voulait sortir, marcher, gagner peut-être la tombe de son mentor même si cela lui prenait quatre heures de marche. Seulement, elle lui avait dit d’attendre. Et il était poli. Jusqu’aux tréfonds de son être, il restait gentil malgré tout ce qu’il était. Il ne voulait pas causer la plus grande perte d’une guérisseuse. Pire que de perdre une bataille ou même une guerre, perdre un patient. Même si le rouquin ne s’était jamais présenté comme tel.

    Bientôt, elle trouva ce qu’elle cherchait. Le sourire qu’elle lança aux pages n’échappa pas à Elio qui tirait alors une deuxième bouffée de nicotine. Cette femme était fragile, derrière tout cela. Tout le monde était fragile quelque part. April portait sa fragilité sur ses épaules, sur une d’entre particulièrement. Une étoile, à la couleur de ses cheveux, une étoile dont il ne saisissait pas entièrement le sens mais qui était certainement dure. Puisque elle se tenait les épaules basses toujours, comme essayant de se libérer d’un fardeau. Elio aurait peut-être aimé être le héros romantique qui lui aurait lentement enlevé le poids sur son frêle corps. Seulement, il fallait être humain pour cela. Il fallait savoir se laisser aller aux sentiments. Le roux était loin de ça.

    Elle s’approcha. Il se tendit légèrement, tout animal sauvage qu’il était.

    - Tu ne veux pas que je te soigne. Soit. Mais je veux quand même t'aider. Alors prend ce bouquin. Il y a tout ce qu'il faut savoir sur l'anémie. Je l'utilisais pendant mes études.

    Il posa sur elle un œil désintéressé. Qu’il en crève de cette anémie. Elle voyait bien où tout cela menait. Il ne comprenait pas. Pourquoi ne laissait-elle pas tout simplement tomber ? Il y en avait tellement d’autres, des blessés, dans ce monde. Il y en avait une multitude, des gens qui se présentaient, cœur sanglant sur la main, pour qu’on leur panse leur blessure. Elio demandait juste à ce qu’on le laisse se consumer petit à petit avec les siennes. Alors, pourquoi April continuait-elle ? Quel intérêt trouvait-elle dans le second du Clan Nuage ? Jamais il ne posa les yeux sur le livre. Absorbé par la guérisseuse, il tentait de comprendre quel sentiment pouvait faire qu’en une seule rencontre, un lien aussi fort se tende entre eux. Un lien étrange, qui semblait pour l’instant si fin qu’en sautant par la fenêtre, le roux le casserait inexorablement. Il ne savait pas quoi répondre. Il ne savait pas quoi faire. La fumée s’échappa une nouvelle fois de sa bouche se perdant dans l’océan du ciel. Il ne présenta que son profil amoché à la jeune femme. Son cache-œil énorme, mangeant la moitié de son visage, aussi noir que le vide qu’il cachait. Aussi vide que la tête du second à ce moment. Un second pourtant en alerte.

    - Si souhaites te soigner toi-même, alors je te laisse ce droit. Cependant, pour l'avoir étudier pendant longtemps, je sais que la voix de la médecine n'est pas simple. Alors si tu as besoin de quoi que se soit, de quelque information que se soit. Ma bibliothèque t'est ouverte. Sers toi. Je ne te demanderais qu'une chose : celle de remettre mes livres à la place où tu les as trouvé. C'est tout.

    Il sourit. La voie de la médecine, difficile ? Il ne la sous-estimait pas, certes, mais ce qui était difficile pour Elio, dans la médecine, c’était lorsque celle-ci s’appliquait à quelqu’un d’autre que soit. L’assassin connaissait déjà quelques propriétés intéressantes, comme par exemples, les quelques points essentiels du corps où une simple pression suffit à prendre la vie. Etait-ce là un moyen pour qu’elle le revoit ? Le revoir. Sur un facteur autre qu’amical bien entendu. Les deux étaient mal parti pour entretenir une relation avec un semblant de normalité. Il était même étrange que le jeune homme soit toujours là, assit docilement. A vrai dire, il ne resta pas plus longtemps immobile. Aussi insaisissable qu’une ombre, il se leva… non… il se glissa, se téléporta jusqu’à la guérisseuse non loin de lui. Comme un songe, il se baissa lentement tout en soulevant une mèche des cheveux de la chef de clan. Puis, il effleura de ses doigts le cou de celle-ci, appuyant légèrement plus fort là où, il avait déjà pressé plusieurs fois, souvent avec la plus pure tendresse qui pouvait émaner de son être. Il avait alors ôté le livre des mains de sa propriétaire et était retourné au bord de la fenêtre, marchant de cette démarche fluide d’un assassin qui avait retrouvé tout son calme. Soufflant une nouvelle vague de fumée, il fronça les sourcils et lit quelques mots. Quelques formules.

    « Je n’ai pas l’ambition de devenir un grand soigneur. Seulement celle de me guérir, s’il y a encore quelque chose à tirer de mon cadavre. »

    Il adressa un léger sourire à la bleuette, sans croiser ses yeux. Il ne voulait plus la regarder dans les yeux. Sans rôle à jouer, les yeux étaient trop révélateurs de soi, dans un contact direct avec d’autres. C’était dangereux. Sérieusement, il se replongea dans le livre, qu’il tenait d’une main par le haut, l’autre étant levé vers le plafond, avec la fin de sa clope en bonne garde. Un petit rictus de l’étudiant intéressé étirait ses lèvres et il tournait les pages d’un air distrait, beaucoup trop rapidement pour un lecteur débutant. Il se souvenait avec délectation les heures passées dans la bibliothèque du Clan Vent, la meilleure de ce monde. Il se souvint également Claire. La violette qui venait à la fin de sa vie là-bas, toujours avec lui. Sa petite amie à l’époque. Petite amie à laquelle il n’avait jamais su donner d’amour. Elle était Etoile elle aussi. C’était fou comme elle n’en avait pas le caractère, du moins d’après lui. Une fumeuse beaucoup plus dépendante que lui, adepte d’un Carpe Diem pas toujours très sain. Elle non plus, n’avait jamais su le satisfaire lorsqu’il lui demandait pourquoi.

    « Pourquoi vouloir m’aider ? Pourquoi être là pour moi ? »

    Sa voix était dure, similaire à celle d’un scientifique qui s’adressait à ses sujets. Il ne releva pas la tête de l’ouvrage, qu’il ferma d’un geste doux et aimant, ayant terminé les paragraphes qui l’intéressaient réellement. Il n’avait qu’à changer essentiellement de régime alimentaire, le reste suivrait. Puis, il avait d’autres problèmes à régler plus importants qu’une maladie comme celle-ci. Son corps n’était qu’un point secondaire dans le rôle qu’il jouait. Parce qu’il le devait à Keilana. La seule femme devant laquelle il courberait l’échine, la seule devant qui il poserait un genou à terre. Etrange sentiment que celui de la loyauté. Etrange ressenti que celui-ci de vouloir donner son aide.

    « Je ne pense pas que je reviendrais souvent ici. J’ai d’autres sujets auxquels je dois me confronter et quelques réalités à fuir. »

    Il adressa un énième rictus au vide devant lui, passant dans sa tête les quelques entraînements à donner, les promesses à tenir et les dossiers à remplir. Plus une recherche personnelle qu’il devait réellement faire aboutir avant que quelque chose ne bouge dans ce pays.
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeDim 23 Mai - 19:04

    Décidément, cette conversation était passionnante.
    Bien plus que l’insipide paperasse qui l’avait occupée quelques heures, et qu’elle avait lâchement abandonnée. Enfin, elle avait le mérite d’avoir une excuse potable, et une théorie qui s’avérait pour le moins exacte : son crétin de second bougon refusait de se faire soigner. Voilà qui ne changeait pas beaucoup de d’habitude, mais en vue de son rang… Keilana ne pouvait tout simplement pas le laisser faire à sa guise. Évidemment, cela s’avérait une tâche ardue que de surveiller ce sale gosse, quoi que plus âgé qu’elle. Enfin, il ne s’en tirerait pas comme ça. Déjà, il la faisait déplacer. Mauvais point. Keilana n’aimait pas des masses jouer les chaperons. Ensuite ? Elle devait le sermonner. Alors que son Second ne devrait pas nécessiter de telles puérilités et se prendre en charge de manière intelligente. Et non pas de manière inconsidérée. Parce que, oui, il était dangereux pour lui aussi bien que pour la survie du clan Nuage de conserver un tel handicap, douloureux qui plus est. Les années à venir ne seraient pas de tout repos, il serait temps qu’il s’en souvînt, qu’il grandît un peu.

    Bref, c’était avec ce genre de préoccupations en tête que Keilana quitta la tranquillité de son bureau pour se rendre sur dans le centre de soin où se trouvait April. Bien entendu, elle lui avait parlé au préalable, histoire qu’elle sût quoi faire de cette tête de mule de poil de carotte. Enfin, elle se doutait que la guérisseuse n’était pas prête de lui mettre des taloches, alors, elle s’était dit qu’une tentative d’intimidation à la Haze devrait peut-être avoir un peu plus d’effet. Elle se félicitait d’être la meilleure de son domaine, sinon, jamais une telle approche aurait été possible. D’ailleurs, il n’avait pas intérêt à fuir, foi de Nuage, où il passerait un sale quart d’heure. Ou une saleté de mois, cela serait plus juste. Bref. Elle s’était glissée dans le bureau d’April alors qu’ils étaient en pleine conversation, sans se faire remarquée, s’était glissée dans l’ombre de la porte à côté de l’armoire. Puis, elle attendit le moment opportun pour se percher en haut de l’armoire, pratiquement invisible dans l’ombre, sa chevelure claire recouverte de tissus noir. Là, assise en tailleur, elle pouvait suivre tranquillement la conversation… D’ailleurs, elle était plutôt contente que son Second décida de prendre l’identité de Nate, cela avait l’avantage de rehausser la réputation du clan après l’incident plutôt théâtral qui avait eu lieu une semaine ou deux auparavant avec Loup. Se donner en spectacle était, d’une manière ou d’une autre, la grande passion des Nuage…

    Elle commençait à s’énerver, ainsi perchée, la petite Keil’.
    Si bien qu’elle finit par faire un léger mouvement, qui attira le regard d’April, inévitablement. Là était l’art de la dissimulation, pour un peu que l’on restât immobile dans l’obscurité, on pouvait rester invisible aux yeux de tous, même des individus pour lesquels les lieux étaient familier. Mais le moindre mouvement, aussi infime fut-il, mettait tout à l’eau. Ou l’absence de mouvement quand cela était nécessaire, les jours de brise, par exemple. Toute une technique subtile, une illusion qui aurait dût être fugace mais qui, en l’occurrence, parvenait à durer. Enfin, sauf dans ce cas précis, ou Keilana s’était bêtement laissée voir. Dommage. Elle aurait bien voulu voir où mènerait cette conversation, mais le regard d’April aurait vite fait d’attirer l’attention d’Elio. Or, elle préférait cent fois surprendre qu’être surprise. Elle glissa au bas de l’armoire, silencieuse, se montrant enfin, fit craquer les articulation de ses épaules, restées trop longtemps voutées et figées pendant le phase d’observation, puis libéra sa chevelure de son couvre-chef de tissu sombre.

    De son regard d’onyx, elle fusilla Elio.

    « D’autres sujets auxquels te confronter et des réalités à fuir, hein ? »

    Elle sifflait de mécontentement, entre ses lèvres blafardes serrées, sa musculature fine et tendu comme sa posture avaient quelque chose de menaçant, terrifiant. Qu’il n’essayât pas de fuir, il savait à qui il avait à faire. Ce n’était pas la Keilana flegmatique, ni l’amusée. Non, il faisait face à l’Assassin, chose rare. Et la fureur de la Nuage faisait vibrer l’air ambiant comme la promesse de la Faux transportée par ce futile Exécuteur. Bien plus dangereuse… Oui, elle l’était. C’était le sang que réclamait cette facette de la jeune femme, le massacre, le combat, l’assassinat en bonne et due forme. Elle fit un pas en direction de son Second, furieuse.

    « Ce n’est pas l’anémie, le problème Nate Sylver. Assied-toi, maintenant. Et arrête de fumer. »

    L’ordre avait claqué, implacable.
    Plus tard, elle reviendrait à la normale. Plus tard, elle lui adresserait un sourire compatissant, amusé, ou exaspéré, reprendraient leur petit train-train quotidien pour faire vivre le clan. Plus tard, encore, elle irait voir Chelsea Angel, pour régler quelques affaires. Mais pour le moment, il fallait absolument s’occuper de cette tête de mule, quitte à lui foutre une sacrée frousse. Oh, s’il voulait tester le degré de sérieux dont faisait preuve Keilana à l’instant, il pouvait toujours essayer. Mais qu’il ne s’étonnât pas si elle lui mettait la raclée de siècle, s’il se retrouvait cloué au mur tel un crucifié, au bien ligoté à sa chaise, avec un cordage si serré que sa circulation sanguine en serait coupée. Elle avait parfois cette impression d’abuser du jeune homme, de l’exploiter au-delà de ses capacités. De ne pas avoir choisi le bon second ? Pourtant, la complicité qu’ils partageaient, leurs points de vue quelque peu différents, ce genre de détails faisaient que leur coopération était efficace. Il suffisait juste qu’elle l’obligeât à murir un peu… en espérant que cela ne serait pas trop tard. Après tout, il exécutait très bien les tâches qu’elle lui donnait à faire, ce genre de chose. Pourquoi avait-elle le sentiment d’être injuste ?

    Elle se tourna vers April, et s’adressa à elle d’un ton plus neutre, quoi qu’encore tendu. Dans le fond, Keil' s'en voulait de ne pas lui avoir donné l'occasion de répondre à Elio en l'interrompant. La réponse qu'elle aurait pu donner l'intriguait quelque peu.

    « Bonjour. Je voudrais que tu examines son œil, s’il-te-plait. »

    Au moins, elle devait essayer de faire quelque chose pour en calmer la douleur. Elle ne pouvait pas le laisser se distraire par une vive migraine ou quelque chose dans ce genre qui le mènerait à sa perte. Sans lui, elle serait tout bonnement perdue. Et c’était peut être la raison pour laquelle elle était si en colère, cette dépendance inattendue, cette collaboration qui ne devait absolument pas prendre fin, auquel cas… Le clan et la liberté auxquels elle tenait temps seraient condamnés. Oui, là encore, elle réalisait combien elle sacrifiait sa précieuse liberté.
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeDim 23 Mai - 23:56

A quel moment Keilana était-elle entrée ? April n'en avait pas la moindre idée, cependant, elle se doutait bien qu'elle finirait pas arriver. Son second était après tout une tête de mule, et elle était probablement la première à le savoir. Pourtant, April était troublée. Pour deux raisons. La première était qu'elle appréciât ne pas avoir de visiteur surprise dans son bureau, après tout, elle était tenu au secret professionnel, comme le déclamait le Serment, et la présence d'un tiers la dérangeait, comme si par sa propre volonté, elle brisait le serment. Et ça la mettait légèrement en boule. La seconde, c'est qu'elle sentait que la présence de Keilana allait ruiner tous ses efforts d'amitié avec Nate. Et ça aussi, ça la mettait quelque peu en boule. Mais comme pour l'instant, elle n'avait pas d'autre choix que d'observer la gueguerre entre la chef et son second - alors que ceux-ci squattait son bureau, un comble tout de même - elle préféra profiter de l'intervention de la jeune femme pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Sur tout ce qu'avait pu lui dire Nate - ses signes évident de refus à toutes compassions, à toutes aides, et à toutes sympathies - elle n'avait retenu que deux choses. Et ce n'était malheureusement pas les plus importantes. Nate n'avait pas l'intention de revenir. Oh, bien sûr, il suffisait de voir les comportements de défenses qu'elle déclenchait chez lui pour s'en douter sans qu'il n'ait besoin de l'exprimer, mais l'entendre ainsi, c'était comme un poignard qu'il lui aurait enfoncer dans le foie - pas dans le cœur, n'exagérons rien, elle n'était pas si sensible. En même temps, qu'attendre d'autre d'un assassin... Bref, cette constatation la minait peut-être même plus que l'intervention de Keilana la contrariait. Et pourtant, il y avait autre chose. Quelque chose qui la perturbait plus encore que ça. Nate avait fait preuve de tendresse. Oh, ça n'avait duré qu'un demi quart de seconde, mais pourtant, ç'avait été suffisant pour scotché complètement la pauvre guérisseuse qui, pour une fois, mettait définitivement trop de cœur à ce qu'elle faisait. Une première...

April se mordit la lèvre. Elle en venait à haïr les assassins, qui la menait dans les derniers retranchements de sa sensibilité. Pourtant, elle ne pouvait pas simplement s'en foutre, c'était ses émotions qui faisait d'elle une bonne guérisseuse et, elle en était sure, une bonne chef. Mais ces deux là... c'est deux là... Ils arrivaient par leur simple présence à la troubler et à l'irriter profondément. Et elle comprit soudainement la raison pour laquelle les clans s'étaient séparés : leur état d'âme n'était pas compatible. Eux, Étoiles, étaient bien trop sensible, par rapport aux autres clans. Les Vents, quant à eux, étaient bien trop menteur. Et les Foudres trop barbares. Et... Bref, ce n'était pas le moment de disserter pour Énième fois sur un sujet qu'elle n'avait que trop ressassés. Alors elle ferma les yeux. Et elle souffla. Entre Nate qui lui assurait que tout allait bien et qu'il pouvait se soigner tout seul, et Keilana qui lui faisait ses gros yeux en lui demandant de soigner son second, il y avait de quoi devenir chèvre. Ou, dans le cas de la guérisseuse la plus zen du monde, à craquer, même après une séance de détente sur couloir. Si elle avait su que de tels spécimens se présenterait à elle, probablement se serait-elle offert une séance sur la pelouse, dehors, au soleil. C'aurait été plus reposant. Mais elle ne s'en doutait pas. Résultat, elle craquait. Au bout de quoi ? Une heure. Un comble.

Donc, April craqua, comme dit plus haut. Les yeux fermer, le souffle fort, elle avait tout de la spasmophile en pleine crise. Sauf que sa souffrance à elle, c'était l'envie incroyable qu'elle avait de finir cette bouteille de Bourbon qui dormait dans son tiroir. Il y avait presque dix ans qu'elle n'y avait pas touché, et pourtant elle l'avait gardé. C'était sensé être un souvenir, à l'image de son étoile, un souvenir qui était sensé lui rappeler sa déchéance, et sa résurrection. Et pourtant, là, elle avait l'impression qu'elle ne pouvait pas tomber plus bas dans le ridicule. Elle avait l'impression d'être tombé dans une scène qui ne la concernait pas, de s'être mêlée d'affaire qui ne la regardait pas, et surtout, de ne pas être là où elle aurait dû être. Et elle n'aimait pas ça, April, parce que soudainement, elle ne mesurait plus la gravité de la situation, ni l'importance que Nate pouvait avoir dans les jours, les mois ou les années à venir, pour Keilana, certes, mais également pour le reste de l'Enfer Céleste dans lequel ils vivaient tous. Alors, se passant une main d'apparence flegme dans les cheveux, comme pour se remettre les idées en place, elle déboutonna sa blouse, et la laissa glisser au bas de ses bras.

Pour quiconque de non-avertie, ce geste était celui d'une personne ayant chaud dans sa blouse, ou celui d'une personne qui avait besoin de faire de plus ample mouvement que la toile dure du vêtement ne lui permettait pas. Pourtant, n'importe quel médecin informé savait que lorsque l'un d'eux retirait sa blouse, cela avait une tout autre signification. April retirait sa blouse. April cessa, jusqu'à nouvel ordre, d'être une guérisseuse. Et pas conséquent, elle cessait d'être le chef de son clan. Ou presque. Attrapant le vêtement elle le posa en vrac sur une pile de livre. Puis, rouvrant les yeux, elle fixa tour à tour les deux Vents présent dans son bureau, et secoua lassement la tête, non-pas pour signifier à Keilana qu'elle refusait sa demande, mais simplement pour leur signifier son ennui. Elle s'éloigna à reculons, les gardant tous deux dans son angle de vue, et contournant son bureau, elle s'assit derrière pour s'adosser négligemment à sa chaise, les deux pieds sur la table.


- Vous savez quoi ? Vous me faîtes chier.

Sa voix n'était pas colérique, elle n'était pas triste, elle était neutre. Un peu lasse peut-être, fatigué certainement, mais dans l'ensemble neutre. Oui, Keilana Haze et Nate Sylver lui pompait l'air avec leur dispute de couple assassin, butés tous les deux, madame dominant de part sa position supérieur dans le clan, mais monsieur refusant clairement de se laisser faire, au risque de perdre la vie comme d'autre perdait le droit de dormir dans le lit conjugal. April eut un léger rire à cette pensée avant de se reconcentrer sur ses vis-à-vis. Elle avait pertinemment conscience de perdre le sens de la gravité, et l'une aurait pu éventrer l'autre qu'elle n'aurait probablement pas tout à fait réagit comme il le fallait. C'était sa façon à elle de péter les plombs après trente-cinq heures de garde et des montagnes de paperasses lu et signer. April envoyait promener ses patients.

- Entendons-nous bien, Keilana, Je n'ai absolument rien contre le fait de soigner ton second, mais sérieusement, m'as-tu déjà vu forcer un patient ? Ce n'est quelque chose qu'en principe, je n'ai pas le droit de faire. Alors tu dois bien te douter que lorsque ledit patient connait plus de quinze façon de me tuer avec un doigt, je ne vais certainement allé à l'encontre de sa volonté...

Elle se fit la réflexion que Keilana devait, elle, connaitre au moins dix façons de la tuer sur l'instant sans même la toucher, mais comme de toute manière, elle n'avait aucune raison valable de le faire, et qu'elle était, ne l'oublions pas, en territoire ennemi, ce n'était une bonne idée pour personne.

- Crois moi Keilana, je ne veux pas te manquer de respect : il ne me laissera jamais voir son p*tain d’œil, et quand bien même il obtempérerait, il serait dans de si mauvaise disposition que je n'arriverais à rien. Si un patient ne veut pas guérir, crois-moi, il ne guérira pas. C'est psychosomatique.

Elle concentra alors son attention sur Nate, et lui jeta un sourire amère et légèrement crispé. Après tout, Keilana ne devait pas être la seule à prendre, et il avait été celui qui l'avait, au final, le plus exaspérée.

- Quant à toi, Nate Sylver, ne crois pas que je vous ai oublié, toi, ton œil et tous tes petits bobos que soit disant tu préfères soigner seul. Sache seulement que je me doute avoir perdu cette fois-ci. Mais je ne suis pas du genre à abandonner. Et à la manière dont tu connais tout un tas de chose sur mes pensées à la façon dont je me comporte, je connais, moi, un tas de chose sur tes blessures à la façon dont tu te déplaces. Chacun ses talents.

Enfin, soupirant comme satisfaite d'être libérée de son exaspération, elle termina :

- Maintenant, si vous souhaitez vous entretuer, n'hésitez pas, ce ne seront pas les premières taches de sang que verront ce bureau. Et soyez rassuré, je ne soignerais les blessés que s'ils le souhaitent. Juste une chose : évitez de tacher ma représentation
d’Hippocrate, c'est un original.
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Elio Carolis
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MessageSujet: Re: Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé]   Solitude et Ennui [PV Elio Grand blessé] I_icon_minitimeSam 29 Mai - 15:07

    « D’autres sujets auxquels te confronter et des réalités à fuir, hein ? »

    Franchement, Keilana ne l’étonna pas. Elle ne l’étonnerait plus maintenant que son odeur frappait ses narines, alors qu’elle avait enlevé ces tissus sombres chargés de cacher sa chevelure. Sa supérieure hiérarchique. Supérieure de rien du tout, ouais ! La louve n’avait en tête que des idées de bénéfices, que des préjugés sur lui. Elle devait sûrement penser qu’il était un vrai gamin en pleine crise d’adolescence, qu’il ne faisait que jouer avec les nerfs des autres pour son plaisir d’être mis en premier plan. Il détestait cela. Il détestait cette manière que tout d’un coup, tout le monde prenait pour le rabaisser sans cesse. Malade de ci, malade de ça, incapable à ses yeux, futile aux autres. C’était tout de même drôle de voir à quel point, les personnes placées au sommet oubliaient le danger que pouvait leur apporter ceux d’en dessous. Il voyait bien aux lèvres serrées de la jeune femme devant lui, à son ton plus que colérique et à sa musculature qui jouait sous sa peau, qu’elle le méprisait, ne souhaitait qu’une chose, sa mort, ou sa soumission totale. Un léger sourire s’empara des lèvres du fumeur. Pour une seule négation, une seul petit élément qui lui paraissait si dévastateur, voilà qu’elle oubliait toutes les missions qu’il avait rempli pour elle, tous les meurtres qu’il avait su rendre si discret juste pour faire de l’habitude de l’argentée, quelque chose de moins chaotique. A quoi bon rester l’esclave de cette fichue promesse qu’il s’était faite lui-même pour elle ? A quoi bon continuer de faire tout cela, à quoi bon toujours essayer d’être le meilleur pour la convaincre ? Rien ne changeait. Elio avait beau avoir toutes les caractéristiques pour surpasser la chef, il avait beau être plus redoutable encore qu’un véritable animal, cela ne suffisait pas. Non, il devait aussi se dévêtir de sa liberté et la lui déposer à ses pieds, l’aider à obtenir la laisse qu’elle refermerait autour de son cou. Parce que sinon, elle ne le supportait pas. Il fallait bien voir, voir cette lueur dans ses yeux, cette envie de sang, de mort. Il avait envie d’éclater de rire, et de pleurer toutes les larmes de son corps en même temps. Etait-il à ce point déçu de la jeune femme à qui il consacrait sa vie depuis quelques temps ? Avait-il à ce point peur de réaliser que le piédestal avait alourdit les chevilles de cette femme aux espérances trop hautes ? Il avait mal. Mal que sa valeur soit rangée si loin, mal de penser à cette fausse coopération qu’elle lui avait toujours offerte. Comprenait-elle réellement qui il était derrière tous ces personnages, la louve qui n’avait pour yeux que la promesse de vengeance ?

    « Ce n’est pas l’anémie, le problème Nate Sylver. Assied-toi, maintenant. Et arrête de fumer. »

    « Je suis très bien assis là. »

    Le bord de la fenêtre était en effet, un fauteuil de premier choix. Puisque maintenant, il avait même réalisé qu’il était au rez-de-chaussée. Il réalisait bien à quel point sa réponse contrastait avec l’idée d’ordre inéluctable que la voix de Keilana avait prise. Il savait bien qu’elle ne supporterait sûrement pas, seulement, Elio était peut-être membre d’un clan, mais il avait l’âme d’un sans-abri. Qu’on lui arrache tout ce qu’il avait, rien ne lui appartenait mis à part son esprit et ce qu’il voulait faire. Seulement, il souhaitait ardemment être reconnu plutôt que bafoué. Ce pourquoi il écrasa sa cigarette à même sa main, traçant sur sa peau le serment brûlant d’un dévouement malgré tout fort. C’était un signe, un appel. « Regarde Keilana comme tu peux cracher sur l’ensemble de mon corps et garder tout de même le respect de mon âme. ». Un signe, gâché par le rictus conscient de l’assassin. Il aimait beaucoup la voir en colère. Même si elle lui promettait mille morts, il adorait cela. Quelque part, peut-être était-il suicidaire ? Non. Ça n’était pas ça. Il aimait la vie, il souhaitait vivre, mais mourir n’était en rien capable de lui faire peur. C’était naturel. De toutes manières, n’était-il pas déjà un peu mort ? Un œil disparu dans les néant d’un souvenir trop important, un cœur attaché à un passé qu’il n’aimait même pas réellement. Le personnage était si difficile à cerner.

    « Bonjour. Je voudrais que tu examines son œil, s’il-te-plait. »

    Il jeta un regard terrifié vers April. Si les deux se mettaient ensembles, il n’aurait aucune chance de leur résister. Il serait pris comme un animal dans une cage, n’aurait qu’à subir le terrible affront qu’on lui ferait. Il grogna légèrement, déçu également, de l’importance que Keilana donnait à l’implication de sa compère cheftaine. Puisqu’elle était là depuis le début, n’avait-elle pas remarqué à quel point la bleuette prenait tout cela au sérieux ? Quel manque de diplomatie. Cette petite statue, plantée si droit en face de la guérisseuse qu’on aurait dit un guerrier grec, avait-elle seulement en tête mes enjeux d’une telle situation ? Lui qui, malgré tout, commençait à s’attacher à la jeune femme têtue, commençait à imaginer de multiples scénarios où enfin, des façons de penser différentes pourraient s’allier, pour remettre enfin ce monde dans l’état d’unité qu’il avait été auparavent…

    - Vous savez quoi ? Vous me faîtes chier.

    C’était vrai. Il était si concentré sur Keilana qu’il n’avait plus fait attention à April. Elle, qui avait enlevée sa blouse, qui semblait jeter l’éponge et laisser tomber les digues de sa détermination. Il en fut assez attristé pour elle. Mais pas assez pour éprouver un vif intérêt pour ce retournement de situation, du moins, dans la manière d’être de la guérisseuse. Il lui semblait l’apprendre beaucoup mieux à présent. Et même s’il se faisait l’image d’un vautour se posant sur le cadavre, Elio ne put s’empêcher de prêter plus d’attention. D’afficher ce profil de scientifique, ce profil du lecteur, lecteur de lignes comme de visages.

    - Entendons-nous bien, Keilana, Je n'ai absolument rien contre le fait de soigner ton second, mais sérieusement, m'as-tu déjà vu forcer un patient ? Ce n'est quelque chose qu'en principe, je n'ai pas le droit de faire. Alors tu dois bien te douter que lorsque ledit patient connait plus de quinze façon de me tuer avec un doigt, je ne vais certainement allé à l'encontre de sa volonté...

    Avait-elle si mal que ses émotions s’étaient cassées ? Il fronça les sourcils. Il n’aimait pas ça. Au moins, elle n’avait pas changé de discours. Et son soulagement face au fait qu’elle ne voulait pas le forcer à quoique ça soit fut si vif qu’il aurait voulu sauter de son perchoir, courir la prendre dans ses bras. Parce que, si elle le disait devant Keilana, cela signifiait qu’elle ne changerait pas d’avis. Que rien ne changerait son avis mis à part Elio lui-même, en lui donnant la permission qu’elle attendait. Qu’elle attendrait. Sur le coup, il se trouva assez rude envers cette pauvre guérisseuse. Il avait mal agit envers quelqu’un qui ne voulait faire que son travail. Il se promit de ne plus l’importuner de cette manière, à l’avenir. Quelque part, il n’aimait pas la dernière phrase qu’elle avait prononcée. Le roux n’avait vraiment aucune raison de la tuer, et il n’aurait même pas osé la tuer si elle l’avait forcé à faire une piqûre ou quoique ça soit tout ça parce qu’il n’aimait pas la médecine. Il grimaça légèrement avant de prendre un léger rictus et de planter son œil sur Keilana. La louve qui devait sûrement rire en pensant qu’ils pouvaient bien tuer de mille autres manières.

    Il sentit alors le poids des yeux sombres d’April se poser sur lui. Gentiment, avec toute l’humanité dont il pouvait faire preuve, il tint son regard, et hocha la tête, signe qu’il l’écoutait et qu’il était désolé de tout cela. Signe qu’elle l’impressionnait énormément, et qu’il était conscient d’être l’unique fautif pour elle. Signe également, que malgré tout, il resterait le même, peut-être aussi têtu et borné qu’elle et sa chef.

    - Quant à toi, Nate Sylver, ne crois pas que je vous ai oublié, toi, ton œil et tous tes petits bobos que soit disant tu préfères soigner seul. Sache seulement que je me doute avoir perdu cette fois-ci. Mais je ne suis pas du genre à abandonner. Et à la manière dont tu connais tout un tas de chose sur mes pensées à la façon dont je me comporte, je connais, moi, un tas de chose sur tes blessures à la façon dont tu te déplaces. Chacun ses talents.

    Oui. Bien sur qu’elle avait des talents. Il lui reconnaissait ça depuis le début. Il savait bien qu’entre ces douces mains, elle redonnerait liberté à l’oiseau aux ailes cassées qu’il semblait être. Seulement, Elio était un animal bien trop sauvage et bien trop craintif pour ne pas être terrifié par le confort que l’on pouvait lui offrir. Vivre à la dure. N’y avait-il que cela dans la vie du jeune roublard ?

    « Tu n’as en rien perdu quelque bataille qui soit, je t’assure. »

    A vrai dire, il n’osait pas en dire plus. Il n’osait pas exaspérer encore davantage Keilana devant des remerciements à une réaction qu’elle n’avait pas envisagé de la sorte. De toutes manières, la guérisseuse semblait sur le point de continuer et terminer le flot de paroles qui l’animait, qui l’empêchait sûrement d’agir d’une manière qu’elle n’aimerait pas.

    - Maintenant, si vous souhaitez vous entretuer, n'hésitez pas, ce ne seront pas les premières taches de sang que verront ce bureau. Et soyez rassuré, je ne soignerais les blessés que s'ils le souhaitent. Juste une chose : évitez de tacher ma représentation
    d’Hippocrate, c'est un original.


    Il éclata de rire.

    « Je ne tâcherais pas ta représentation, April. Je n’ai pas l’intention de lever la main sur Keilana, et ce même si elle décide maintenant de me tuer. »

    D’un seul homme, il se tourna vers la louve et planta son œil dans les siens, un air de défi affiché sur tout le visage, l’air également, de cet intellectuel qui complétait les lacunes de sa coéquipière, qui la valait par autant de points que ceux sur lesquels elle semblait le dépasser. Il n’était seulement plus temps de réfléchir. Place à l’art oratoire mon cher.

    « Je suis très honoré de voir à quel point mon état t’inquiètes. Seulement, tu ne devrais pas oublier tout ce que j’ai réalisé dans l’unique but de te porter jusqu’aux étoiles, Keil’… Si tu me penses inefficace à cause de mon œil, alors à tes yeux, je suis un boulet dans mon entiéreté. Parce qu’on ne peut pas m’enlever cette partie de moi. Enlève-moi la douleur physique, que le seul moyen de m’enlever la douleur que je ressens dans mon corps sera de m’arracher le cœur. »

    Son visage prit rapidement l’air d’un enfant plein de joie, malgré ces paroles dures à arracher de sa bouche. Il détestait mettre en avant ce côté si mélodramatique de son être, ce côté si inéluctable de son cœur. Quelque part, Elio était faible. Si faible qu’il en devenait invincible.

    « Je ne pense pas que mon état soit si catastrophique. De toutes manières, si tu le penses comme tel, je te promets de passer dans l’ombre. Dis moi que tu trouves que la place de second ne me revient pas et je disparais, sans t’importuner encore davantage. »

    Ces mots-ci furent sûrement les plus durs à prononcer. Et sa voix se brisa légèrement à la fin de son discours, comme si envisager le futur d’errant qu’il aimait de cette façon le rendait invivable. De toutes manières, il fallait qu’il trouve une solution. Il savait comment s’en sortir. Il savait qu’il fallait contenter chaque côté, faire un traité avec un rapport équivalent. De nouveau, il se tourna, cette fois-ci vers April, et, son œil honteux de la scène qu’il jouait depuis le début devant elle, il demanda.

    « N’y a-t-il pas un moyen de faire quelque chose sans examiner l’œil ? »

    Il sourit comme un enfant. Et derrière se cachait le dégoût de l’homme. L’impression de trahison. Et malgré tout le soulagement d’essayer de contenter tout le monde…
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