Enfer Céleste
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# Qu'avec le Vent Céleste ricane l'Enfer ~
 
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 « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}

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Sheen Everfield
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Sheen Everfield


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MessageSujet: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeMar 22 Déc - 21:18

    Le vent avait toujours soufflé, sur l’Enfer Céleste. Il avait toujours été là, comme une entité omniprésente, un repère intangible, une présence rassurante. Un élément, une chose, un fait, une réalité. Qu’on oubliait par la force de l’habitude, dans de très nombreux cas, ou auquel on n’accordait guère d’importance, dans d‘autres. Lorsque l’on se baladait dans des quartiers tels que celui du nord, par exemple, celui de la Foudre, on était toujours protégé par les imposants gratte-ciels qui bordaient les rues et dans lesquels l’activité se faisait. Le vent ne venait pas vous ébouriffer les cheveux, ne venait pas souffler sur votre peau nue, ne venait pas vous faire frissonner. Il se cognait contre les façades des nombreux bâtiments, perdait de sa vigueur en s’engouffrant entre les murs, devenait agréable brise. Un simple détail. A l’endroit où se tenait Sheen, en ce début de soirée-là, cependant, c’était différent.

    La Pointe du Céleste Enfer était connue comme étant le seul promontoire existant, si on ne comptait pas les ports et les îlots. Il se dressait dans le quartier Est de la ville, le quartier du clan Nuage, le quartier des Assassins. Et s’il n’était pas forcément très fréquenté, c’était certainement en raison de l’absence flagrante de la moindre barrière de protection. Non, la Pointe était un promontoire, un vrai promontoire, le promontoire de l’Enfer Céleste. En se plantant là, on ressentait toute la vigueur et la furie du vent, on avait une vue tout simplement fabuleuse sur le vide qui s’ouvrait sous nos pieds, on avait l‘impression de pouvoir voler, soudainement. Même si tout cela n’était que pure hallucination de l’esprit, bien entendu. Car toute personne plongeant de ce promontoire plongerait bien évidemment tout droit dans les bras de la mort, à défaut de se voir pousser des ailes dans la minute. En quittant le ciel, on quittait la vie. Ironie du sort.

    Sheen était assis sur ce promontoire. Assis sur le sol froid, en tailleur, à une distance respectable du bord. Les cheveux foncés malmenés par le vent, les yeux de jade rivés de manière désinvolte sur les nuages qui se mouvaient dans son champ de vision. L’air blasé, peut-être, ou tout simplement désintéressé. Un gamin, qu’on aurait pu croire sujet à s’envoler avec la moindre bourrasque de vent. Et pourtant. Soupirant un instant, le jeune Tempête se mit à tracer des arabesques invisibles sur le sol, autour de lui, de l’index droit. Machinalement. Il n’était pas censé se trouver là, certes. Sur le territoire du clan Nuage, je veux dire. Mais il s’ennuyait. Il avait passé l’après-midi complète en compagnie de membres de son clan, dans un bar du quartier sud. Ils s’étaient tous réunis pour boire un coup, fêter une mission réussie. Et Sheen savait très bien que l’alcool aidant et l’atmosphère se détendant sensiblement, les langues se déliaient beaucoup plus facilement. Et il suffisait d’avoir une bonne oreille, savoir écouter et savoir saisir une information au vol, pour que ce genre de sortie ennuyeuse à souhait ne reste pas une totale perte de temps. L’adolescent s’était donc contenté de boire quelques flûtes de champagne et de sourire gentiment aux gens, sans prendre la parole top souvent, dans l’attente et l'espoir d’apprendre enfin peut-être quelque chose qui pourrait lui servir. Une information, aussi futile soit-elle, qu’il puisse ensuite vendre à Angel ou Haze, par exemple. Histoire d’entretenir son petit marché personnel, et son titre de traître secret. Mais rien. Il n’y avait rien eu, rien d’intéressant, rien, pas même lorsqu’une grande majorité du groupe ne fut même plus capable de tenir debout. Du coup, au déclin de l’après-midi, Sheen s’était éclipsé, excédé.

    Ses pas l’avaient menés aléatoirement dans la ville, un instant. Il était resté un moment dans le quartier du clan Tempête, puis il s’était finalement décidé pour celui des Assassins, dans le but de monter jusqu’à ce promontoire. Pour s’y poser, respirer de l’air frais, profiter d’un instant de calme. Contempler le coucher du soleil lointain ou la venue du crépuscule, pourquoi pas, également, bien que ce genre de choses n’aient jamais guère passionné notre garçon. Il s’était donc assis, là, seul, et il y était resté. Il n’aurait su dire avec exactitude combien de temps, au juste. Une demi-heure, des heures peut-être ? Bonne question. De toutes façons, il s’en fichait. Tout ce qu’il savait, c’est que l’ennui arrivait, lentement mais sûrement, fourbe et cruel. De nouveau, un léger soupir, qui se perdit dans le vent. Sheen interrompit ses dessins invisibles pour tirer sur le col de sa chemise, tâcher de remettre sa cravate à moitié dénouée en place. Il leva le nez en l’air un instant, comme si contempler le ciel au-dessus de sa tête pourrait lui permettre de trouver une idée, quelque chose à faire. Mais cela s’avérerait en vérité inutile. Un fin sourire s’esquissa sur ses lèvres, alors qu’il gardait encore le nez en l’air. Il savait qu’Elle était là. Qu’Elle venait d’arriver, la Discrétion Incarnée. Admirable, mine de rien. Qui d’autre ?

    - Keilana.

    Son ton était plat, un brin enjoué ou faussement enjoué. Ce n’était pas une question, c’était une constatation. Sheen baissa enfin le menton, tourna le visage, le sourire léger aux lèvres. Il ne s'était pas trompé. L'ennui attendrait, puisqu'il en était ainsi, et la solitude aussi.
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Keilana Haze
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Keilana Haze


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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeMar 29 Déc - 13:28

    Souffle.
    La brise continue caressait l’Enfer Céleste. Les bourrasques intransigeantes faisaient vaciller la Pointe. Perchée au sommet d’un bâtiment aux briques vieillissantes, Keilana contemplait son royaume. Elle posait sur chaque recoin de son territoire regard aux apparences passives. Néanmoins, quiconque la connaissait savait avec quelle passion elle le défendait et quel dessein elle rêvait pour l’Est du Céleste Enfer.

    En théorie.
    Car, depuis qu’elle s’était « acoquinée » avec ce barbare de Chelsea Angel, les doutes se répandaient dans les ruelles, virulents. Imaginez ! La jeune femme qui se targuait de préserver à jamais la liberté de son clan le livrait sans aucune consultation préalable aux Conquérants ! Peu nombreux devaient être ceux qui considéraient cela comme une habile stratégie. Seule se murmurait dans les bas-fonds le doux mot « traitrise » comme un leitmotiv désormais lié à Keil’. Pis encore que ces accusations fondées étaient les ragots et abracadabrant quant aux intentions de leur chef. S’ils perdaient confiance en elle au point de calomnier chacun de ses actes, d’inventer les pires rumeurs à son sujet, de la traîner dans la boue, alors, ils n’étaient plus des Nuage. Ils avaient oublié ce que signifiait le clan, ce que signifiait le fait de voguer librement.
    Du moins, dans leur tête.
    Car leurs actions, pour la plupart, correspondaient. Chacun continuait sa vie comme si de rien n’était, comme s’il s’agissait simplement de missions comme auparavant. Recueillir des informations, tuer sur commande. Point barre. Cela demeurait, qu’importe ce qui se colportait, qu’importe les ouï-dire et palabres inutiles. C’était la raison pour laquelle Keilana n’agissait pas. Elle ne se donnerait pas la peine de s’expliquer, les risques d’une fuite d’information seraient bien trop grands.
    Et les cieux savent combien les traîtres sont chose courante, en ces lieux.

    Légère, Keilana glissa au bas d’une corniche, pour ensuite sauter au bas de son perchoir. Vêtue de sa tenue noire ordinaire, elle ramena ses cheveux en arrière, rabattit son capuchon sur sa tête et dissimula le bas de son visage à l’aide d’une écharpe.
    Elle se trouvait ici en tant que Chef des Nuages : personne ne devait connaître sa véritable apparence, sans quoi, elle ne pourrait se fondre parmi la foule, encore moins parmi les siens. Personne. Voilà qui s’appliquait non seulement à ses confrères, mais aussi à ceux de l’extérieur. Plus encore : aux intrus. Or, un intrus rôdait. Silencieuse et féline, elle se posta juste derrière l’intrus.

    Sheen Everfield.
    Réincarnation d’Alcibiade.
    Le traitre.

    Rien que de dos, elle pouvait aisément le reconnaître, et cela pour une bien simple raison. Elle avait fait son devoir de pouvoir repérer n’importe quelle réincarnation, quoi qu’il arrive, se renseignant sur eux bien plus que sur les chefs des autres cl ans. Après tout, leurs pouvoirs pourraient, dans un futur pas si lointain, se révéler exceptionnels. Et le secret qu’ils dissimulaient bien plus encore.
    Ce genre de choses… Elle devait tout faire pour que cela ne tombe pas entre les pattes avides du Conquérant. Jamais. Néanmoins, cela devait tout de même faire parti des sombres desseins de la réincarnation d’Attila. Elle le savait, le sentait. Le vent frémissait à la perception de ces catastrophes qui approchaient à grand pas, apportant à l’Enfer Céleste les prémices du Chaos.

    Sheen l’avait sentie arriver.
    Cela contrariait quelque peu Keilana, mais elle mettait cela sur le compte des dons de la réincarnation. Après tout, ce n’était pas quelqu’un d’ordinaire. Elle s’avança, dépassa le traître pour se placer face au vide, profitant quelques instants de la sensation grisante. Les nuages en contrebas formaient une mer aux flots douceâtres et dévastés. Le vent remontait vers elle, caressant sa silhouette en équilibre, le ciel offrait un paysage dépourvu d’horizon.
    Infini.

    Au bout de quelques instants, elle daigna cesser d’ignorer l’agaçant garçon.

    « Sheen Everfield. »

    Elle avait adopté son ton neutre, légèrement sec, laissant tout son flegme loin derrière elle. Sans lui confirmer qu’il avait vu juste, sans l’exprimer de vive voix cependant, elle poursuivit :

    « Puis-je savoir ce qu’un membre du clan Tempête, le traître qui plus est, fait sur le territoire de l’Est, sans autorisation ? »

    Certes, elle se baladait à sa guise à travers l’Enfer Céleste tout entier sans y être invité. Néanmoins, elle ne tolérait guère les excès sur son territoire, ô combien sacré à ses yeux. Enfin, elle, c’était son métier, de errer, recueillir des informations et assassiner de temps à autre. Sheen, quant à lui, ne pourrait que semer la discorde en ces lieux.
    A moins, bien sûr, qu’il eût quelques intéressantes informations à lui vendre.
    Un fait dont la Chef du Clan Nuage ne connaissait pas était certes rare, mais pas impensable. Il suffisait d’avoir accès aux secrets les mieux gardés par les chefs des clans, par exemple. Ou alors, la chance de s’être trouvé au bon endroit, au bon moment. Moins courant encore : penser à un détail qu’elle pouvait avoir omis.
    Car, Keilana restait humaine.

    Elle posa son regard indéchiffrable sur lui.
    Le détailla, le scruta.
    Chercha à lire au plus profond de son âme.
    Voilà qui ferait une drôle de distraction.
    Un jeu ?
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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeDim 3 Jan - 20:03

    C’était bien Keilana Haze, chef du clan des Assassins, qui venait d’arriver, Sheen ne s’était pas trompé. Ne jamais sous-estimer les capacités d’une réincarnation, jamais. Même si cette dite réincarnation se trouvait juste être un adolescent à l’air innocent, frêle et pas bien dangereux. Comme on le disait toujours, il ne fallait jamais se fier aux apparences, n’est-ce pas ? Il n’y avait certainement rien de plus juste à cela.

    Le jeune Tempête attendit sagement et sans bruit que la silhouette vêtue de noir daigne bien se tourner vers lui. Car elle l’avait dépassé, sans un mot, pour se camper face au vide et y rester un instant. Le garçon, lui, ne bougea pas de sa place, ne changea aucunement de position. Il resta assis, là, sur le sol, en tailleur, l’air nonchalant et désinvolte, serein. Le léger sourire flottant sur le visage, étirant ses lèvres, les prunelles de jade fixées sur le dos de la nouvelle venue. Patientant. Guère longtemps, à vrai dire, car bien vite, la voix de son interlocutrice s’éleva, sèche et neutre à la fois.

    « Sheen Everfield. »

    Le garçon ne perdit pas son sourire.

    Oui, c’était bien lui. De toutes façons, ce n’était pas une question, c’était une simple constatation, comme lui l’avait fait un instant plus tôt. Et il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour donner une réponse, vu que la demoiselle vêtue de noir reprit la parole pour lui demander ce qu’il faisait là. Sur le territoire de l’Est, celui des Nuages. En sachant que lui était un membre du clan Tempête, celui des guerriers, et qu‘il n‘avait aucune autorisation pour se trouver là. Hum, comme c‘était regrettable. « Le traitre, qui plus est ». Sheen détourna légèrement la tête, pour promener son regard à la lueur quelque peu amusée sur le ciel, décidant de prendre son temps pour répondre. Evidemment, Keilana faisait partie des rares personnes qui le connaissait, lui, en tant que réincarnation du clan Tempête, réincarnation d’Alcibiade, traître des anciens temps. Ces personnes se comptaient sur les doigts d’une main dans l’Enfer Céleste, à vrai dire. Quelques chefs, quelques personnes influentes, et c’était tout pour le moment. Si l’on voulait persévérer dans l’exercice de la trahison, on ne pouvait décemment pas révéler à tout le monde sa véritable nature, n’est-ce pas ? Car après tout, les affaires seraient du coup beaucoup moins florissantes. Il était bon d’avoir quelques contacts influents, des personnes au sommet de l’échelle sociale et bancale à qui vendre des informations. De toutes façons, c’était de cela que vivait Sheen aujourd’hui. En glanant des informations, en faisant en sorte de connaître certaines choses de la bouche d'une personne ou une autre. Puis en allant les revendre, à d’autres, tout çà pour en tirer un bénéfice certain. Sans prendre en compte les concepts de fidélité et de loyauté, bien entendu. Vendre une information à quelqu’un ne faisait pas de ce fameux quelqu’un une personne impossible à trahir, dans la politique du fils Everfield. Et c’était très bien ainsi, pour lui.

    Il savait qu’il aurait pu donner une information dont il aurait été le détenteur fortuné à Keilana, pour s’assurer un semblant de tranquillité en ces lieux. Ou tout du moins pour justifier sa présence. Mais le hic, c’était que justement, il n’en avait pas pour l’instant. Pas de véritablement intéressante, en vérité. Ou c'était peut-être que rien ne lui venait immédiatement à l'esprit. Les rues et ruelles de l’Enfer Céleste était d’une étonnante, banale et triste tranquillité, ces temps-ci. A croire que tout le monde trouvait mieux à faire en s’occupant uniquement de choses anodines et sans intérêt. A croire que le vent propice à la trahison prenait son temps pour tourner en sa faveur. A croire que personne ne préparait un sale coup, pas le moindre, pas même un coup tout court. A croire que tout allait bien, que tout n’était que neutralité et calme quotidien. Abject. Et insensé. Il devait forcément se préparer quelque chose. Forcément. Cela allait venir, quelque chose allait venir ; Sheen ne faisait pas que l’espérer, il en était intimement persuadé. Il fallait juste attendre, et se trouver au bon endroit au bon moment. Ce n’était pas toujours facile, son expérience de l’après-midi en était un parfait exemple : il y avait toujours le risque de perdre son temps. Mais cela viendrait. Cela venait toujours.

    - Je profitais d‘un instant de tranquillité. Et la vue est superbe de ce promontoire, on n‘en trouve pas de semblable dans les autres quartiers.

    Sheen s’exprimait sur ce même ton calme et quelque peu enjoué qu’il avait utilisé pour apostropher la demoiselle du clan Nuage. Il avait décroché son regard du ciel pour le poser sur son interlocutrice, la bouille innocente, l’air tranquille. Il pencha ensuite légèrement la tête du côté, prit appui en posant une main sur le sol. Toujours souriant. Toujours imperturbable.

    - Tu excuseras mon intrusion ?

    On pouvait toujours poser la question.
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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeVen 8 Jan - 22:14

    Le Vent souffle mensonges et faux semblants.
    Le Vent balaye l’hypocrisie, l’infâme, le perfide.
    Le Vent n’aspire qu’à un monde transparent, dépourvu d’obstacles.

    « Le Vent Céleste joue à l’encontre de la traîtrise », songea Keilana.
    Elle espérait de tout cœur que le moment venu, son instinct lui permettrait de se méfier de Sheen, de ne pas faire les mauvais choix au mauvais moment. Si ça n’en avait tenu qu’à elle, il serait déjà mort et jeté par delà la Pointe, traversant les cieux sans fins pour qu’un jour peut-être son corps heurte la surface déchaînée des océans. Après tout, il ne méritait pas grand-chose de plus, ce cher Alcibiade. Et il était dangereux.
    Il n’y avait qu’à songé au nombre de personne qui s’étaient cotisées, si ce n’était de riches outrageusement trompés, qui avaient déposés une demande d’assassinat à l’encontre du jeune garçon. D’ailleurs, avec tout ce beau monde qui devait lui en vouloir, il était étonnant que ce petit Everfield soit encore en vie. Très étonnant, même.
    Ne jamais sous-estimer une réincarnation.
    D’autant plus que c’était parce qu’il s’agissait là d’une réincarnation, l’une des clefs de l’Enfer Céleste et de ses mystères que Keilana avait refusé de coller une prime sur la tête de ce démon. Enfin, pour le moment, il n’avait pas fait grand mal aux Nuage. Elle serait bien amusée s’il tentait de s’en prendre à Chelsea… Elle se voyait alors dans l’obligation de considérer la possibilité qu’il puisse être utile, un jour. Qui sait, aider les Nuages plutôt que son Clan… Il suffisait qu’elle lui promette l’offre la plus intéressante, la plus subtile.
    A méditer.

    Si elle allait excuser son intrusion ?
    Keil’ se retint difficilement de froncer les sourcils, gardant une immobilité parfaite. Evidemment que non. Mais en même temps, elle ne pouvait pas faire grand-chose, si ce n’était le jeter à coup de pied dans l’arrière train. Or, elle n’avait pas de raison pour faire cela. Déplacé, bruyant, quel intérêt ? Cela ne ferait qu’attirer les regards suspicieux. Keilana s’en passait très bien.
    D’un autre côté, Sheen faisait ressortir le plus sombre de sa personnalité sans s’en rendre compte. Intérieurement, elle bouillait, son instinct lui hurlait de ne pas lui accorder sa confiance. Oh, elle ne lui accordait en rien, mais se devait de rester neutre au possible. Alors elle ravalait rage et mépris, histoire de ne pas commettre d’impair, sans pour autant parvenir à se plonger dans son flegme ordinaire, pas plus que dans sa mordante mesquinerie.
    Alors, elle oscillait désagréablement entre ses multiples personnalités, en équilibre précaire avec toujours cette crainte de plonger irrémédiablement au mauvais endroit, au mauvais moment.

    Elle songea un bref instant à sa réponse. Mentir, sombrer dans l’hypocrisie ? Elle gardait cela pour Chelsea, et Chelsea seul. Un traitement de faveur, un jeu de rôle. L’ignorer serait une forme d’impolitesse qu’elle ne pouvait accepter. Alors quoi ? Après réflexion, l’honnêteté semblait être un choix judicieux, tant qu’elle mesurait ses paroles. Il fallait juste qu’elle veille à ne pas en dévoiler plus que ce que Sheen n’en savait déjà. Ce qui, en soit, n’était pas vraiment un problème : les Nuages n’étaient-ils pas maîtres en matière d’information ?

    « Je ne t’excuse certainement pas ton intrusion. Je la tolère parce que je n’ai guère le choix. »

    Ah, ce qu’il pouvait l’insupporter !
    Lui et son indolence, son sourire moqueur constant !
    Sa traîtrise !

    Sous le tissu qui recouvrait le bas de son visage, un sourire mauvais se dessina. Finalement, elle basculait. C’était vertigineux, comme sensation, que de savoir que l’on provoque le destin, que la neutralité s’échappe insidieusement pour mieux présenter sa gorge au potentiel ennemi. Un murmure, un souffle parmi l’immensité nuageuse franchit les lèvres de la Chef du Clan Nuage :

    « Je me demandai, si parfois, les individus de ton acabit admirent la Pointe uniquement parce qu’ils rêvent de pouvoir se jeter dans le vide. »

    Son regard d’onyx qui jusque là fixait les cieux sans fins vrilla Sheen, alors qu’elle concluait, d’une voix presque sifflante :

    « Histoire de fuir le démon de la solitude. »

    Elle voulait savoir.
    Elle désirait absolument discerner la moindre faiblesse chez son vis-à-vis. Si à force de traîtrise, la solitude ne le rongeait pas, si à force de mentir, il se laissait qu’on lui tournât le dos. Si à force d’être seul, une forme quelconque de tristesse l’étreignait. S’il y avait un semblant d’humanité, s’il y avait un cœur sous cette attitude. Il existait plusieurs types de réincarnation. Les indissociables, comme Chelsea Angel et Attila ou encore celles qui luttaient sans cesse, deux âmes pour un même corps, comme la réincarnation de Cassandre. Est-ce que Sheen possédait un caractère aussi imbuvable, ou bien, était-ce le fait d’Alcibiade ?
    Voilà une information intéressante, que le jeune Tempête pourrait aisément vendre à Keilana. Car il s’agissait bien du genre de détails qui l’intéressaient et qu’une simple enquête ne pouvait dévoiler. Evidemment, le mystère des Réincarnations demeurait une source sans fin d’informations. Une source sans fin d’intérêt, de divertissement. Mais surtout, Chelsea avait découvert quelque chose, et comptait bien s’en servir. Or, elle ne pouvait le laisser à ses sombres desseins. Etait-ce un détail que les Réincarnations seules savaient ? N’en prenaient-elles conscience que tardivement ? Y avait-il un effet déclencheur ? Ou bien, se trompait-elle sur toute la ligne et Chelsea avait été le seul mis au courant, d’une obscure manière ? Tant de questions qui demeuraient sans réponse, tant d’inconnues qui pouvaient du jour au lendemain ruiner tout son plan.

    Et ce serait la perte des Nuages.
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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeLun 11 Jan - 19:21

    Qu’il était doux d’user de faux-semblants, qu’il était divertissant de deviner les pensées tortueuses d’un vis-à-vis, qu’il était plaisant d’énerver les gens qui savaient avec des sourires et des paroles hypocrites, qu’il était jouissif de s’amuser du malheur, de la complexité et de la misère des autres. Qu’il était décidément bon d’être mauvais.

    Sheen ne se départit pas de son éternel sourire léger, narquois, discret et équivoque, comme toujours. Le vent continuait de souffler, de siffler, de se mouvoir dans les airs, sur le promontoire. Comme un troisième protagoniste présent dans la scène qui se jouait ce jour-là, à cet endroit-là et avec ces personnes-là, sur l’Enfer Céleste. Comme tellement d’autres. La vie n’était qu’un grand théâtre, après tout. Avec ses décors, ses acteurs, ses histoires. Ses masques, ses costumes, ses textes. Son divertissement, son spectacle, ses mensonges. Sheen détacha son regard de jade de la silhouette de son assassine interlocutrice, pour le lever sur le ciel nuageux, un instant, l’air pensif ou nonchalant, en attente de la prochaine réplique. Prochaine réplique qui viendrait tout naturellement de sa vis-à-vis, car c’était là les règles du jeu, de la scène : on se donnait la réplique, encore et toujours. Derrière chaque mot, chaque phrase, se cachait une pensée détournée, une pensée véritable, qu’il pouvait être aisé ou non de saisir. C’était un jeu, une habitude, une assurance, une défense, un mode de vie. On s’envoyait et se renvoyait la balle, constamment, encore et toujours. Jusqu’à ce que l’adversaire ne tombe. Ou que l’on ne tombât le premier.

    Une première réplique vint. Sheen rapporta son regard sur sa collègue de scène, qui elle, conservait encore son propre regard rivé sur le ciel. Elle n’excusait en aucune façon son intrusion, bien entendu. Mais elle la tolérait. Parce qu’elle n’avait pas le choix. Evidemment. Le sourire de Sheen s’étira imperceptiblement, au coin des lèvres fines. Parce qu’elle « n’avait pas le choix »… Comme ces mots étaient doux à entendre, et comme ils devaient coûter à cette chère Keilana. Qu’il devait être dur de ne pas être totalement libre, songea furtivement le Tempête. Mais d’un côté est-ce qu’une seule personne pouvait arriver à l’être, entièrement libre ? Qu’est-ce qu’était la liberté, au juste, au fond ? Voilà une intéressante question, n’est-ce pas ? Certes. Mais elle ne persista pas dans l’esprit de Sheen, à cet instant, car il était bien trop occupé dans l’instant présent pour laisser son esprit vagabonder sur des terrains philosophiques. Il continuait de regarder le chef du clan adverse, qui reprit d’ailleurs bientôt la parole, dans un murmure porté par le vent et parfaitement audible.

    « Je me demandai, si parfois, les individus de ton acabit admirent la Pointe uniquement parce qu’ils rêvent de pouvoir se jeter dans le vide. »

    Sheen ne bougea pas, ne cilla pas, ne réagit pas. Il gardait résolument les yeux rivés sur son interlocutrice, vis-à-vis et adversaire, le sourire ne s’effaçant pas d’un pouce. Il sentait que le coup serait beau. La réplique, belle. « Les individus de ton acabit »… C’était joliment formulé, pour désigner les petits salauds, les démons traitres et complexes. Quant-à rêver de se jeter dans le vide… Et bien, comme Sheen arrivait parfaitement à se regarder dans un miroir chaque matin, par on ne savait quelle force d’esprit ou d’inconscience, il n’avait aucune envie de mourir. Et encore moins de se tuer. Il s’assumait. En très grande partie tout du moins, et la plupart du temps. Il ne craquait pas si facilement. Non, pas si facilement.

    « Histoire de fuir le démon de la solitude. »

    La balle était envoyée. Et en l’interceptant, Sheen avait une lueur dans les yeux, une étincelle d’intérêt dans le regard. Comme lorsque l’on trouvait face à soi un adversaire particulièrement intéressant, que l’on appréciait le duel, et que l’on observait cela d’un œil intéressé, d’un air perfidement joueur. Keilana avait baissé les yeux vers lui, le regard accrochant l’autre. Confrontation. Jeu. Le sourire de l’adolescent s’étira un peu plus, narquois à souhait. Un imperceptible mouvement de faiblesse ? Un cillement de yeux ? Non. Car d’une part, l’adolescent se targuait de contrôler parfaitement les mouvements de son corps, ainsi que ses sentiments, et surtout ses réactions. Il n’était pas maître dans l’art de la tromperie et de la trahison pour rien, après tout. Mais d’autre part, il ne considérait tout simplement pas la solitude comme un sujet de faiblesse éventuelle. Certes, il était seul. Il le savait parfaitement. Et parfois, il était vrai qu’il lui arrivait de se rendre compte qu’il ressentait comme un infime pincement à ce l’on appelait cœur, lorsqu’il y pensait. Il se dégoûtait de lui-même, d’ailleurs, dans ces moments-là. Mais il reprenait toujours le dessus. Il chassait ces aliénantes pensées de son esprit, et il reprenait goût au mauvais, à la perfidie, à la tromperie, au mal. A ce qui faisait de lui ce qu’il était, et ce qu’il avait toujours été, même dans une autre vie. Non, là n’était pas son point faible. Il n’était pas si aisé de toucher et de couler un être complexe et visiblement pourri jusqu’à la moelle, en vérité. Pourtant, ce n’était pas impossible. Et quoiqu’il puisse penser, Sheen n’était pas une force brute sans faiblesse aucune. Certainement pas.

    Sheen n’était de toutes façons jamais seul. Pas en tant que réincarnation. On ne pouvait pas véritablement se sentir seul lorsque l’on savait que l’on était le réceptacle d’une âme réincarnée, n’est-ce pas ? Certes, dans le cas de la réincarnation du clan Tempête, Alcibiade n’était pas une présence tangible dans l’esprit de l‘adolescent désigné comme réceptacle. Non, les deux entités qu’étaient Sheen et Alcibiade n’étaient aucunement dissociées, mais restaient néanmoins distinctes d’une certaine façon, dans le fond. Car si les deux personnages étaient les mêmes, ils étaient tout de même différents de par leur vécu. Ce vécu qui n’était pas le même, d’une époque à l’autre. Comme si le personnage, à la base, n’en était bien qu’un seul et unique exemplaire, mais qu‘en ayant vécu deux fois, il pouvait avoir l‘impression de ne pas être seul. Il avait été Alcibiade à une certaine époque, et aujourd’hui, il était Sheen. Tout simplement. Si aujourd’hui, Sheen ne sentait pas la présence d’Alcibiade et s’il ne considérait le traitre grec que comme un rôle qu’il aurait joué par le passé, il n’empêche que dans une certaine mesure, l’adolescent n’arrivait pas à se sentir totalement seul dans son corps, ou dans son esprit. Et cette impression, même minime, loin de contrarier ou inquiéter, ne faisait que remplir un besoin vital et minimum de compagnie. Car tout homme en avait besoin, pour ne pas sombrer dans la Folie. Sheen considérait donc Alcibiade comme la personne qu’il avait été par le passé, généralement et la plupart du temps, mais parfois, lorsque que ses pensées s’égaraient sur des chemins obscurs, il lui arrivait de se demander ce que cela signifiait vraiment, être une réincarnation. Tant de mystères, même pour les principaux concernés… Complexité et ambiguïté proprement fascinantes, somme toute. Une inépuisable source de questionnements.

    - Je ne dirais pas que la solitude soit un démon, ma chère.

    Tout était une question de point de vue, n’est-ce pas ?

    Sheen s’était exprimé sur un ton calme, à la fois enjoué et légèrement moqueur, comme habituellement, mettant court à ses réflexions et conservant son sourire et sa position, nullement gêné par les crampes que pourraient occasionner une immobilité trop longtemps prolongée. Il leva juste une main, pour déloger une mèche de cheveux noire qui s’était placée devant ses yeux à cause du vent, d’un geste nonchalant. Et reprit, sans se départir de son agaçant calme olympien, levant un regard qui semblait pensif vers le ciel.

    - De plus, je ne pense pas l'être. Seul.

    Une manière détournée d’aborder le thème ô combien bancal des réceptacles d’âmes réincarnées, peut-être. Tout pouvait prendre un sens différent selon la façon dont il était perçu, de toutes façons. Sheen laissa quelques infimes secondes de silence s‘écouler, avant de baisser de nouveau la tête et de se confronter au regard du Chef des Assassins, un sourire franchement narquois aux lèvres, cette fois. Le ton, ironique. Amusé.

    - Dommage, hein ?

    Tu m’en diras tant.
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Keilana Haze
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Keilana Haze


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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeSam 27 Mar - 14:14

    S’il était bon d’être mauvais, en soi, Keil’ se satisfaisait alors de l’ignorance de Sheen.

    Oui, il ignorait encore ce qui lui était destiné. Il manipulait les vies des autres à sa guise sans savoir que là, dans les ténèbres, sa destinée l’attendait, immonde. Et celui qui manipulait serait donc manipulé, celui qui riait tant des lacunes de chacun, de leur manque d’omniscience se trouverait à son tour pris au piège pour le plus grand plaisir de Chelsea Angel. Oui, seule la réincarnation d’Attila le Hun pourrait se satisfaire alors, de la situation qui régnerait sur l’Enfer Céleste. Tôt ou tard. Keilana souffrirait de cette situation, elle le savait. Néanmoins, elle garderait pour elle la jouissive satisfaction de voir ce traitre de Sheen, ce morveux arrogant, réaliser son erreur. Celle qui lui coûtera tout. Absolument tout. S’il savait, peut être ne se moquerait-il pas tant des autres…

    Et l’ignorance demeure.

    Alors, comme ça, il ne pensait pas être seul ? Pas le moins du monde ? Parce que l’âme d’un traitre le possédait ? Oh. Quelle idée saugrenue… Son clan le rejetterait. Une fois la vérité éclatée au grand jour, il serait toujours repoussé. Qui voudrait d’un Alcibiade dans son camp ? Qui voudrait d’un traître ? Personne, évidemment. Puis ne pas être seul ne signifiait pas seulement bénéficier de compagnie. Pouvait-il seulement prétendre avoir des amis ? De véritables et honnêtes relations ? La jeune femme en doutait fort. Selon elle, la véritable solitude s’effaçait quand on éprouvait quelques nobles sentiments à l’égard de ses proches. Quand on se défaisait de l’hypocrisie et de tous ces jeux sournois. Cela Keilana n’en démordait pas. Alors qu’elle le fixait, Sheen pouvait aisément lire dans ses prunelles d’onyx, ce qu’elle voulait bien le laisser voir. Ce mépris pour sa philosophie et son attitude.
    Un mépris glacé et pénétrant, comme les vents d’hivers qui mordaient assurément la chair.

    Et l’ignorance régnait toujours.
    Maîtresse.

    Peu à peu, le regard de Keilana redevint impénétrable, ses pupilles pareilles au puits sans fonds dissimulant les connaissances. Informations accumulées que jamais Keil’ ne délivrerait même sous la torture. Nuage un jour, Nuage toujours. Peu à peu Keilana regagnait son flegme tranquille, son monde intérieur si paisible, une facette de sa personnalité aussi utile que ses talents d’assassins, aussi utile que son cynisme et son habilité à manipuler les mots aiguisés. La brise caressa son visage pâle comme la mort frôle la faux glaciale, effaçant l’horripilant sentiment qu’elle éprouvait à l’égard de Sheen. A la place, elle se laissa ailler à ses raisonnements sereins. Elle ne perdait rien de ses impressions, de ses pensées, seulement les sentiments superficiels qui obstruaient le jugement et qui coupaient court à la méditation. Elle conservait ses avis, exprimait toujours ce qu’elle souhaitait sans commettre sous l’impulsivité un quelconque écart. Car Everfield était un personnage dangereux n’est-ce pas ? Qui comprenait aussi bien qu’un Nuage quelle était l’importance de la moindre information.
    Et le prix de chacune d’entre elle.

    Le parfum de l’ignorance flottait dans l’air, subtil et charrié par les Vents.

    « Sois sûr, Sheen Everfield que s’il fallait tuer une réincarnation pour prouver mon allégeance envers Chelsea Angel le moment venu, je te choisirai. »

    Et alors, elle serait impitoyable, même si son ton neutre n’en montrait rien. Oui, elle serait pareille à la bourrasque, fugace et violente. Il ne s’agissait pas d’une menace, mais d’une vérité énoncée. Pourquoi abréger les souffrances de Cassandre ? Son pouvoir se révélerait plus qu’utile quand les choses tourneraient mal. Attila ? Son heure viendrait bien assez tôt. Son précieux Hattori ? Jamais ! Et Hypocrate, quant lui, sauvait tant de vies que cela serait d’une stupidité profonde que de mettre fin à ses jours. Restait Sheen. Sheen le traître, le vil. Sheen qui aurait son rôle à jouer mais qui demeurait le plus imprévisible, le moins contrôlable. Qui pouvait tout faire foirer, somme toute. Keil’ faisait preuve d’une logique implacable, dépourvue de ressentiment quelconque ou puéril. Le résultat d’une profonde réflexion plus qu’un décision impulsive. Même si, la déclaration s’accordait parfaitement à la situation, où l’adolescent s’avérait être un agaçant petit prétentieux qui semblait ignorer ce que le destin lui réservait.

    Ignorance…
    Tendre amante, vile traitresse !

    Se plonger dans l’ignorance alors que les souffles célestes portaient maints messages, maintes vérités ! Ô ignorance adorée et chérie, protégeant les faibles esprits puis les livrant à l’inéluctable. Sheen lui-même ne l’incarnait-il pas ? Ses victimes se trouvaient trahies sans même s’en rendre compte, ignorant tout de leur perfide adversaire. Dame ignorance faisait vivre Sheen. Cependant, tandis que l’ignorance perdurerait une fois Sheen trahi à son tour par sa précieuse amie elle-même, cette dernière continuerait à sévir dans les cieux, se délectant de la stupidité humaine et de ses conséquences.
    Triste sort, hein ?

    Keilana contempla quelques instants la course des nuages dans les cieux, puis demanda armée de son éternelle placidité :

    « Que penses-tu de l’ignorance, Sheen ? »

    Oui, qu’en penses-tu ?
    Le chef des Nuages savait bien des choses, mais ignorait trop souvent les motivations profondes de chacun. Serait-elle trahie par cette faiblesse ? En quoi pourrait-elle être trompée à son tour ? Les sentiments humains qui lui échappaient causeraient-ils sa perte ? Elle s’imagina furtivement victime de l’ignorance à son tour. Peut-être était-ce aussi la destinée des Nuages, de se laisser abuser par les vents capricieux. Sans doute l’inexorable l’attendrait quelque part, implacable force et alors elle aurait perdu tout contrôle. Ses armes se retournant contre elle. Ses croyances n’ayant plus aucun sens. Son cynisme adoré soufflant son haleine fétide sur son âme éthérée.
    Un sourire énigmatique se dessina sur son visage exsangue.
    Qui de nous deux, Sheen, perdra le premier ?
    Qui sera la première victime de notre Dame adorée ?
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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeLun 12 Avr - 22:53

    Le mépris.

    Il y avait ce mépris, ce mépris terrible, ce mépris glacé, ce mépris fort, ce mépris incontestable dans le regard de Keilana Haze, dans ses pupilles, dans ses iris. Ce mépris plus que visible, ce mépris qu’elle voulait certainement qu’il comprenne, qu’il voie, qu’il subisse. Un mépris impossible à ignorer. Sheen conserva cependant le même air, conserva ce masque d’impassibilité légère et arrogante, et attendit, en silence, affrontant ce regard, refusant de détourner les yeux, se contentant d’hausser très légèrement, presque imperceptiblement, un sourcil. Oh, que cette jeune femme pouvait le mépriser. Oh, que le chef du clan Nuage pouvait ressentir un mépris pénétrant à son égard, lui, Sheen Everfield, gamin seul et sans aucune conception de loyauté dans l’âme, réincarnation déroutante d’un être méprisé, symbole de la traîtrise elle-même. Oh oui, qu’elle pouvait le mépriser, comme tant d’autres pouvaient le faire également. Ce mépris, ce mépris… Qu’il était difficile à encaisser sans sourciller. On pouvait le détester, on pouvait le haïr, pour ce qui était, pour ce qu’il faisait, on pouvait toujours l’apprécier dans une certaine mesure, ou alors l’ignorer, mais le mépriser ou avoir pitié de lui… Voilà qui était tout de suite plus dur à avaler, pour un être doté d’une fierté lambda. Mais il fallait faire avec. Toujours, constamment, dans toutes les situations, conserver ce masque, conserver la maîtrise de ses sentiments, conserver ce jeu, ce rôle. Ne laisser transparaître aucune faille. Ou le moins possible. Toujours.

    C’était un jeu, une technique, une subtilité que la demoiselle aux cheveux décolorés magnait parfaitement, pour sûr. Sheen avait déjà eu de maintes occasions de le constater, aussi ne s’étonna-t-il pas outre mesure de voir le regard de sa vis-à-vis passer du mépris à l’impénétrabilité des sentiments, à cette force neutre et implacable, à cette sorte de mur dissimulateur et protecteur. Elle avait ouvert une valve pour jeter la force de son mépris glacé à la face du jeune Tempête, ce Tempête qui n’en était même pas véritablement un, ce gamin sans aucune conscience morale, ce traître et ce petit salopard de sombre arrogant. Ce mépris qui avait fait furtivement et imperceptiblement pincer les lèvres de l’adolescent aux yeux de jade, alors qu’il détournait finalement son regard de quelques centimètres, tournant son visage à l’air hautain vers les nuages qui se mouvaient lentement à l’aide du vent. Qu’il aimerait parfois être véritablement lisse de tout sentiment, un puits de ténèbres inébranlable, une force brute et noire comme la nuit. Qu’il aimerait être intouchable, éternellement intouchable, détesté de tous mais pas atteint par le poids de la solitude. Qu’il aimerait faire plonger tout le monde en ayant l’assurance d’être le dernier à rester debout. Qu’il aimerait être encore plus gagnant que ce qu’il pensait déjà être, débarrassé de toutes les futilités des sentiments humains, des faiblesses, de la peur, de l’angoisse, des doutes. Oh oui, qu’il aimerait, mine de rien. Qu’il aimerait.

    « Sois sûr, Sheen Everfield que s’il fallait tuer une réincarnation pour prouver mon allégeance envers Chelsea Angel le moment venu, je te choisirai. »

    Un sourire se dessina encore une fois sur les lèvres du gamin, lentement, doucement, progressivement, un sourire torve, en coin, une espèce de rictus arrogant ou satisfait, un petit sourire léger qui mêlait à la fois une certaine insouciance et un sérieux incontestable. Un sourire, sur les fines lèvres, une subtile et presque imperceptible inclinaison de la tête. Légèreté. Mais un regard qui ne trompe pas, un regard fixe, un regard assuré, un regard qui sait. Sérieux.

    - Je suis ravi de cet honneur.

    Un souffle audible, porté par le vent ou allant à l’encontre du vent, un mensonge éhonté prononcé d’une voix égale, quoique surtout sarcastique, cynique, ironique. Sheen était une réincarnation, doublé d’un très bon tireur dans son clan de guerriers, mais il restait avant toutes choses un gamin. Un gamin qui n’égalait pas la force de forts conquérants, un gamin qui n’égalait pas l’agilité et l’efficacité d’assassins doués. Un gamin qui se déplaçait vilement sur l’échiquier en faisant tomber indirectement les autres, en faisant en sorte qu’il ne soit pas celui qui éliminait littéralement, mais en faisant en sorte de tirer les ficelles. Une ombre insaisissable, un démon possesseur, un danger certain à lui tout seul. Mais pas une force inébranlable et immortelle de la nature, non. Un traitre avec ses faiblesses.

    « Que penses-tu de l’ignorance, Sheen ? »

    L’ignorance…
    Amie, ennemie ?
    Une égale. Une traîtresse, comme lui l’était aussi.

    Ce qu’il en pensait ? Excellente question. Il savait qu’elle pouvait lui être diablement utile, car les victimes de Sheen Everfield n’étaient-elles pas victimes de leur propre ignorance ? Elles ne savaient pas à qui elles avaient à faire, elles ne savaient pas ce qu’il se passait, elles ne savaient pas que la traitrise les attendait, au pas de leur porte, elles ne savaient pas que la traitrise se trouvait dans le sillage de Sheen, invariablement et irrévocablement. L’ignorance tendait la main à la traitrise, l’ignorance soutenait la traitrise, l’ignorance aidait la traitrise. Mais l’ignorance pouvait se retourner contre vous, et se trouver soi-même ignorant était une lacune, un piège, un danger, une frustration, une horreur sans nom. La réincarnation d’Alcibiade aimait l’ignorance des autres. Il la vénérait. Mais il exécrait, haïssait la sienne. Au plus haut point.

    Sheen effleura machinalement de son index la crosse de son Beretta qui dépassait de sa ceinture, dans son dos, comme si ce contact rassurant pouvait l’aider à réfléchir, à retrouver une certaine contenance, à se rassurer. Il ferma un instant les paupières, comme s’il entrait véritablement dans une réflexion, jusqu’à ce qu’un sourire bref s’empare encore une fois de ses lèvres, avant de disparaître, semblable à un rire furtif. Il rouvrit alors les yeux, posa une main sur le sol pour se redresser, tranquillement. Se redresser de toute sa petite taille, de son mètre soixante et quelques, de son frêle et maigre corps, mais se redresser avec assurance, avec agilité, avec une arrogance non dissimulée, un air hautain incontestable, une assurance qui se voulait inébranlable, avec fierté. Se tourner pour faire face à la jeune femme, redresser le menton, sourire encore, légèrement, furtivement, sournoisement.

    - Et toi, Keilana, que penses-tu de la liberté ?

    Cette fois, effectivement, il préférait répondre au chef du clan Nuage en lui retournant une autre question. Une question qui n’était pas forcément anodine. Il s’approcha de deux pas, fixant toujours sa vis-à-vis, le sourire toujours aux lèvres mais l’air plus sombre, le rictus mauvais et les yeux plissés comme un serpent, se plantant face à elle. Sa voix ne fut d’ailleurs plus qu’un souffle, un souffle audible et lent, un sifflement perfide qui s’insinuait dans l’air pour frapper les cœurs.

    - Tu me parles de l’ignorance, tu me regardes, me considères et me juges avec mépris. Mais entre temps, ce n’est pas moi qui me suis mis à la botte du chef d’un clan ennemi comme un vulgaire chien à tenir en laisse, entraînant tout mon clan avec moi sans me soucier de son avis.

    Oh, Sheen ignorait tout des plans que pouvait avoir Keilana Haze, bien entendu. Il ne disposait pas de la capacité de lire dans les pensées, de tout savoir, tout sur tout. Il pouvait assumer le fait d’être ignorant dans une certaine mesure, car tout le monde l’était forcément un peu. Mais cela ne l’empêchait pas d’émettre des hypothèses, de juger, même s’il n’en avait pas forcément le droit. Juger, oui, juger pour faire mal, juger par plaisir sordide, juger par mépris, juger par envie, peu importe. Les êtres humains jugeaient constamment, et ce en sachant ou sans savoir. Pourtant, au fond de lui, il n’empêche qu’il avait des soupçons, qu’il se posait la question de savoir si ce brusque rangement du côté du clan Foudre ne cachait pas quelque chose de plus subtil que la simple survie de son clan. Après tout, cela ne l’étonnerait pas. Et dans ce cas, il ne serait plus le seul à goûter au plaisir de la traitrise, pas vrai ?

    Son ton se fit plus sec, coupant comme une lame de rasoir, doucereux, hypocrite et vrai à la fois. Mais sans élever la voix, conservant ce débit bas, ce souffle, pour être audible sans pour autant alerter toute la population.

    - Va donc prouver ton allégeance factice à Chelsea Angel si tu le souhaites. Va donc obéir comme un chien en bafouant ta fierté, ou va donc jouer la comédie. Si tu le fait en toute connaissance de cause, reniant la liberté, tu es méprisable. Et si tu as quelque chose en tête… tu me ressembles, dans un sens.

    Oui car elle devrait forcément être traitre, dans ce cas. Et l'adolescent lui-même n'avait jamais éclipsé la possibilité de se ranger du côté du chef du clan des conquérants, ou du moins partiellement, histoire de s'assurer une certaine tranquillité. En tous les cas, même si Sheen ignorait tout des véritables plans de la demoiselle, cela ne l’empêcha pas de sourire perfidement de nouveau, à ses derniers mots. Il savait que la chef du clan Nuage le méprisait, et soyez sûrs que s’il pouvait trouver une comparaison entre eux, comme il venait de le faire à l’instant, il en jouerait. Forcément. S’il pouvait faire mal, il essaierait toujours, même si cela ne fonctionnerait pas forcément. L’adolescent recula alors de quelques pas, comme si l’impact de ses paroles avait été plus fort en s’étant rapproché. Il considéra sa vis-à-vis quelques secondes, innocemment, légèrement, tranquillement, et sourit de nouveau. Comme si tout ceci n’était qu’un jeu. De nouveau, un ton affreusement frivole, faussement léger et insouciant, mais arrogant, sûr de lui et fier, alors qu’il inclinait légèrement la tête du côté en un geste enfantin.

    - Je suis peut-être ignorant. Mais j’ai encore ma liberté.

    Ou du moins était-ce une chose dont il voulait être persuadé.
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Keilana Haze
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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeSam 17 Avr - 9:01

    Un éclat colérique traversa les prunelles de Keilana Haze.
    Ces paroles fourbes, cette accusation que personne ne proférait à haute voix la plongèrent dans une colère noire. Une colère qui se manifesta sous sa forme la plus dévastatrice, la plus inattendue. Que Sheen se réjouisse, car personne ne voyait la demoiselle dans une telle colère sans sentir son dernier souffle lui échapper quelques instants plus tard, sans avoir connu la fulgurance de la mort, sans avoir pu faire ses adieux à ce monde ô combien cruel. Non, personne ne voyait cette facette de l’Assassin et en sortait vivant. Ou presque. Elle avait le mérite d’avoir un objectif concret. Elle sacrifiait sa liberté, au profit de son clan –son bien le plus précieux, pour son peuple ! Oui, elle se sacrifiait. Elle ne leur avait pas demandé de comprendre, encore moins de la remercier.

    Elle éclata de rire.

    Il était hors de question que Sheen soit averti de ses motivations, les décèle. Il pouvait se douter qu’elle complotait quelque chose, mais il n’en saurait jamais l’exacte nature. C’était ce désir grandissant et dévorant de mettre le Céleste Enfer à feu et à sang, souffler la destruction sur ses maigres structures, d’arracher le cœur encore chaud palpitant de la poitrine de Chelsea Angel. Elle rongeait son frein. Riait. Agissait avec une parcimonie feinte, empreinte d’intelligence et de finesse. Elle jouait un rôle délicieux, toute en finesse, se laissant emporter par les vents capricieux pour mieux revenir à la charge, une fois son heure venue. Contrairement à ces misérables rebuts, elle n’était pas poussée par quelque basique instinct, insufflé par une âme s’appropriant votre corps, vous ôtant toute personnalité, vous privant de tout contrôle.
    La satisfaction se joignit à la colère, grisant les sens de Keilana, l’étourdissant quelque peu. Elle avait provoqué Sheen, cela avait fonctionné, en dépit des sales manies de ce dernier. L’ignorance l’avait de toute évidence frappée, et la jeune femme espérait bien qu’il ne s’en remettrait pas de sitôt. Les répliques courtes et évasives avaient laissé place à de longues répliques acerbes, à une répartie puérile à laquelle il s’était consciencieusement appliquée, comme l’un de ces gamins persuadé de créer une œuvre d’art du bout de ses crayons de cire colorés.

    Ce fut donc un rire cruel, qui s’échappait entre les lèvres blafardes de Keilana.
    Un rire crue, mauvais et sarcastique, promesse de mort et de vengeance, charriant la faucheuse sur ses vents encore paisibles, se moquant ouvertement de l’ignorance. Oui, là encore, elle suintait le mépris. Car elle était peut être considérée comme traitresse et esclave, mais elle n’avait jamais trahi sa cause et ne courbait l’échine que de manière factice et superficielle, de quoi blesser son Orgueil sans lui nuire, de quoi tromper l’ennemi sans s’octroyer d’entraves. Keilana serait libre, elle le savait. C’était un espoir, une certitude, un désir dément qui l’envahissait quand elle parlait de liberté. C’était la passion, un son strident qui l’assourdissait, une lumière aveuglante qui chassait les ténèbres de son existence, l’odeur enivrante des espaces infinis convoités. Elle se penchait au bord du précipice, se noyait dans l’océan bleuté, lorsque, sollicitant chacun de ses muscles, elle affrontait les vents furieux, la gravité, le danger vivifiant de la Pointe. Et, la tentation se fait, celle de basculer, là. Un instant. Une éternité.

    Keilana cesse de rire, cesse de propager sa colère sarcastique au gré des vents, cesse soudain et de manière inattendue, suintaient toujours le mépris et la satisfaction, un sourire ironique au coin de ses lèvres trop pâle. Qu’il était bon de révéler quelques sentiments au grand jour ! De se débarrasser quelques minutes de son flegme et son indolence, se teinter de douceâtre insolence, ravager son interlocuteur de ses sensations pareilles au Fléau. Sans même user de violence, Keilana pouvait être cette lame acérée et mortelle, cette adversaire versatile et imprévisible, cette tornade de sentiments contradictoires et ravageurs. Elle n’avait pas besoin de mots, son corps, ses expressions avaient parlé pour elle, son rire avait déchiré l’atmosphère et rien de plus comptait. Car aussi nuisible fut-il, il n’en restait pas moins sincère. Abominablement authentique.

    « Adieu, ignorante solitude. Tu attendras ton heure. »


    Un souffle.
    Une simple brise qui s’appropriait le murmure, pourtant clair. Il s’estompa, raisonne sur chaque obstacle, et le temps qu’il se tût, Keil’ n’était plus. C’était une éclipse, les ombres s’emparant de l’éclat lunaire, une disparition pure et simple, silencieuse. Une ombre de plus se baladait dans la ville. Ce n’était pas une fuite, ni même un retrait. Keilana Haze n’avait pas la moindre intention de s’abaisser face à l’ennemi, n’était pas du genre à se contenter de petites courbettes, révérences futiles et sans signification. Non. Elle avait juste estimé que cela était suffisant, avait renforcé son désir de tuer Sheen Everfield, avait, tout simplement, testé sa propre détermination. Et puis, il y avait l’appel du devoir… Elle ne pouvait se permettre de passer des heures à s’occuper d’un gosse, aussi exécrable fut-il. D’ailleurs, le Traître ferait bien d’en faire autant, car sans tarder, une patrouille Nuage passerait par là…

    Derrière elle, encore, s’éternisait un vague écho désagréable, son rire incrusté dans le sol, résonnant encore dans les particules de l’atmosphère, sa cruauté assassine en réponse à la provocation, châtiment ancré dans la pierre, dans les cœurs. Car, elle ne visait pas la sensibilité, mais les sentiments, l’instinct de survie, les entités assimilées au cœur de pierre qu’elle se ferait un plaisir de fendre, par la force des vents.

    Oui, Sheen.
    Tu seras le premier.
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Sheen Everfield
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MessageSujet: Re: « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV}   « Au revoir, solitude. Tu attendras. » {PV} I_icon_minitimeMer 21 Avr - 20:38

    Keilana Haze.

    Une jeune femme, un chef, une image, un rêve, un souffle de vent, un murmure. Une lame affutée, un mépris glacé, une assurance dérangeante, un mystère insoluble. Le roseau qui se plie mais qui ne rompt pas, une insupportable contrariété mais une pièce importante de l’échiquier. Un roseau que Sheen se ferait un plaisir de couper, une insupportable contrariété qu’il comptait bien balayer, une pièce importante de l’échiquier qu’il espérait bien mettre sur la touche. Une alliée d’infortune à qui échanger des informations, une ennemie certaine qu’il méprisait certainement autant qu’elle le faisait de son côté. Mais la vie était un jeu, un immense théâtre. Les paroles n’étaient que répliques à décortiquer, on souriait hypocritement, mais les regards, les puits de l’âme, ne trompaient pas. Malgré tout ce qui pourrait se faire, malgré toutes les restrictions, les conventions, les obligations, les jeux ; les sentiments, eux, resteraient là, tapis au fond, dans l’attente. Nos deux protagonistes ne se portaient pas l’un et l’autre dans leurs cœurs respectifs. Et il était certain que Sheen Everfield et Keilana Haze ne s’entendaient que sur une chose, à leur sujet commun : tous deux voulaient voir l’autre mort. Cela, c’était en effet indubitable.

    Le jeune Tempête ne s’était pas forcément attendu à ce que ses paroles fassent formidablement mouche, bien évidemment. Il était peut-être doté d’une confiance en lui trop importante, d’un égoïsme atroce et d’un machiavélisme rare, mais il restait tout de même quelqu’un de perspicace. Loin d’être idiot. Aveuglé par ses défauts, par sa propre traitrise, par sa fourberie, mais pas un crétin fini. Il ne connaissait peut-être pas Keilana Haze, mais il la connaissait suffisamment pour savoir que les paroles venimeuses qu’il venait d’user à l’instant seraient loin d’être suffisantes pour espérer atteindre la cible. Or, son être frêle et démoniaque fut prit d’une sombre et ravageuse satisfaction lorsqu’il perçut l’éclat colérique dans les prunelles couleur onyx de sa vis-à-vis. Colère, douce colère, sourde colère, tentatrice colère… Qu’il était plaisant de voir ce sentiment flamboyant s’emparer d’une personne par votre faute. Pour Sheen, en tous les cas, çà l’était. Délicieusement. Un sourire, fugace, imperceptible, perfide, torve, se dessina momentanément sur les lèvres de l’adolescent, alors qu’il profitait de ces quelques secondes, son regard de jade satisfait et enivré se noyant dans la colère dévastatrice de cruauté et de mépris de la jeune femme. Oui, cela était tout bonnement plaisant, sombrement plaisant ; l’ivresse de la victoire, même factice, même intangible, restait toujours d’une jouissance incomparable. Mais comme tout plaisir que l’on apprécie, que l’on savoure, cela ne dura qu’un temps.

    Et Keilana Haze éclata de rire.

    Existait-il pire affront, existait-il meilleure façon de riposter avec un dédain admirable ? Probablement pas. Sheen ne pu empêcher un léger mais néanmoins visible froncement de sourcils de s’emparer de ses sourcils, image de sa contrariété soudaine, de sa frustration certaine. Vexé ? Certainement. Mais il prendrait sur lui, comme il le faisait toujours, avec efficacité et rapidité. Déjà, le masque impassible, quoique surtout hautain et assuré, revenait. Un fin sourire en coin. Suffisant. Il y avait juste peut-être le regard de jade qui, lui, restait noir, dur. Touché mais satisfait. La provocation avait trouvé son adversaire.

    « Adieu, ignorante solitude. Tu attendras ton heure. »

    Et Sheen se retrouva seul.

    Il ne marqua aucun signe d’étonnement, se contenta de promener son regard perfide et délicieusement cruel de démon humain sur les nuages qui se mouvaient encore, accompagnés du céleste vent. L’écho du rire planait, le souffle se confondait dans l’air. Cette sympathique petite partie était finie. Le jeune Tempête glissa une main dans une de ses poches, d’un air nonchalant, alors que son sourire en coin furtif s’étirait encore.

    - Tu m’en diras tant.

    Un souffle, lui aussi, en réponse sourde à la dernière réplique de l’adversaire.

    Sheen resta immobile quelques secondes, puis tourna finalement les talons. Il ne comptait pas rester sur ce cher Promontoire plus longtemps, car il était tout de même dans un quartier où il n’était pas censé se trouver. Inutile de s’attirer plus de foudres que celles qu’il s’attirait déjà quotidiennement, n’est-ce pas ? Il se sentait de toutes façons suffisamment régénéré, enhardi par cette rencontre intéressante, pour retourner vaquer à des occupations de parfait petit traitre fier de l‘être. Ses pas le guidèrent dans une rue adjacente, et il avança, la démarche fluide, nonchalante et assurée à la fois. Il était temps de rentrer chez soi.

    Cette partie était effectivement finie.
    Mais le jeu, lui, était loin de l’être.


Alea jacta est.

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