# Qu'avec le Vent Céleste ricane l'Enfer ~
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Keilana Haze
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| L’altitude avait quelque chose d’enivrant, laissant auprès d’elle une infinie impression de liberté.
C’est ce à quoi songeait Kailana Haze, Chef du Clan Nuage, alors qu’elle contemplait la grande place du centre depuis le haut d’un petit bâtiment. Elle comprenait ce que pouvait ressentir les membres du clan Foudre depuis leurs perchoirs. Enfin, la connotation dominatrice en moins.
Keil’ soupira, avant de se décider de quitter son poste d’observation. Flemmarder toute la journée, aussi tranquille soit-elle n’était pas vraiment digne de son rang. Elle se laissa lestement tomber le long du mur puis crocheta de ses doigts un rebord, afin de ne pas chuter. D’un habile mouvement de hanche, elle pu se balancer afin d’atteindre une partie du mur en brique, qui offrait de nombreuses prises pour sa descente. Exercice d’une facilité déconcertante lorsqu’on a subi un entrainement tel que le sien. Il est certain toutefois que nul autre qu’un Nuage pouvait s’adonner à de telles acrobaties.
Il va sans dire qu’il s’agissait là de sa personnalité ordinaire, rêveuse et flegmatique, se laissant porter au gré des vents célestes. Evidemment, elle se préoccupait quelque peu de ce qui l’entourait, mais pas outre mesure, faisant que le juste nécessaire. Il n’y avait pas d’urgence, après tout. Après quelques secondes d’hésitation, elle décida de s’engager dans une rue plutôt peuplée, histoire de s’y fondre, d’observer et écouter. Les informations étaient une chose bien utile, après tout. Primordiale même. Elle se laissa glisser dans la foule, habillée de son large pantalon noir et de son haut à capuche dans les tons grisés. Elle arborait autour de son cou un large ruban orange, et quelques bracelets d’argent teintaient à ses poignets. Comme toujours, elle s’armait d’une simplicité qu’elle jugeait délicieuse. Pas besoin de fanfreluches pour habiller les faux-semblants.
Retenant un bâillement, elle se laissa aller à sa contemplation.
Tous ces gens, ils étaient si… Méfiants. C’en était pathétique. Ils ne prenaient pas le bon côté de la chose, selon elle. Plus de la moitié des promeneurs qui étaient sensés faire leurs emplettes parmi les commerces se fixaient, se toisaient, se demandant à quel Clan faisaient parti l’un ou l’autre. Les Foudres affichaient souvent des airs terriblement arrogants. Les Vents souvent la crainte. Chacun d’entre eux avait quelque chose qui les trahissait. Il était bien rare que Keilana se trompe lorsqu’elle déterminait l’appartenance d’un inconnu. La mise en pratique de son esprit analytique au quotidien avait fini par la roder, rendant l’acte aussi banal que de lacer ses chaussures.
Les mains liées sur sa nuque, elle adoptait une démarche nonchalante et désintéressée, contemplant les nuages à loisirs. Les nuages si gris. Elle les préférait quand ils étaient d’un blanc cotonneux, se réconfortant de leur apparence moelleuse. Cependant, il était clair que jamais ils ne feraient comme elle le souhaitait, s’obstinant à être que vapeur changeante et difforme, s’arrangeant à sa manière, se liant, s’évertuant à devenir pluie, brume, ou encore cacher le soleil. Parfois, ils décidaient de se faire vicieux et se cachaient par-dessous la cité. Si la vue sur le ciel devenait alors imprenable, on ne pouvait pas en dire autant pour les flots de l’océan Atlantique, qui étaient sensés se trouver un kilomètre ou deux plus bas.
Hmpf.
Tout compte fait, ils étaient comme elle, changeant et capricieux. Ils n’avaient pas de maître mais restaient soumis à la force des choses, au vent et à la pression atmosphérique auxquels ils ne pouvaient échapper. Elle restait soumise à la politique de cette Cité Volante et subissait la guerre, bien qu’elle soit libre de ses mouvements. Sauf qu’en plus, elle avait des responsabilités et une conscience alors qu’aux dernières nouvelles, les Nuages étaient encore et toujours dépourvus de telles choses.
Nouveau soupir.
Elle finit par arriver à une petite terrasse parmi tant d’autres dans le quartier commercial. Visiblement, une dispute se préparait par là. Deux individus, l’un semblant avoir fait du tord à un autre, commençaient à se montrer grandiloquents et menaçants dans leurs propos, donc Keil’ ne saisissait pas encore la contenance. Elle se rapprocha cependant, intriguée, comme de nombreux badauds qui flânaient dans le coin. D’ordinaire, elle n’accordait que peu d’importance à ce genre d’évènements badins.
Sauf que l’un des individus polémiquant semblait être digne d’intérêt.
Dernière édition par Keilana Haze le Dim 3 Jan - 23:06, édité 1 fois | |
|  | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Ven 12 Juin - 0:54 | |
| . C'était un charmant petit établissement coincé entre deux hautes maisons comptant plus de baies vitrées que de murs opaques, surmonté d'un petit appartement un peu plus vieillot que ses résidences voisines. Un restaurant paisible où ne venait quasiment que des habitués, histoire de se remplir la panse et prendre des nouvelles les uns des autres à renforts de rires tonitruants et grande tapes dans le dos. L'ambiance y était chaleureuse et amicale, et Loup n'était pas mécontent de s'y être fait embaucher. Bien entendu, il n'était là que pour remplacer une serveuse en congé maternité et son contrat ne tarderait pas à prendre fin. Tant mieux. Loup n'aimait pas travailler trop longtemps au même endroit, la vie en devenait trop monotone : il avait besoin de changements. Et puis garder trop longtemps le même emploi, c'était comme prendre racine quelque part... Sa hantise.
. Pour aujourd'hui, il avait terminé. Sortant du restaurant, il lança un coup d'œil à son reflet et s'ébouriffa un peu les cheveux, avant de se glisser dans la marée de citadins. Pour une fois, il ne se fondait pas trop mal dans la masse vêtu comme il l'était d'une chemise blanche, d'un pantalon noir et d'un long manteau gris pâle.
. Comme à sa bonne habitude, à peine eut-il fait trois pas que Loup commença à se disperser : levant tout d'abord le nez vers le ciel, il sourit paisiblement à la grisaille qui couvrait l'île céleste. Non pas qu'il aime particulièrement les temps sombres mais simplement qu'avoir un ciel au dessus de sa tête après plusieurs heures enfermé entre quatre murs le ravissait plus qu'il n'en laissait paraitre.
Puis, un éclat de couleur qu'il attrapa du coin de l'œil le captiva : c'était une petite demoiselle blonde et sa mère, habillée de couleurs vives qui détonnaient un peu parmi les autres.
Ensuite, ce fut une odeur : un boulanger qui sortait une nouvelle fournée sans doute, il y en avait un deux ruelles plus loin, si son souvenir était bon.
. Mais ce qui retint son attention, ce fut un son. Un son étrange d'ailleurs, qui ne lui était pas familier. Qu'est ce que cela pouvait être ? Intrigué, Loup se fia à son ouïe et obliqua en direction du bruit qui s'était tut. Traversant une rue étroite, il déboucha sur une autre artère du centre du territoire Venteux, s'appuya élégamment contre un mur, les bras croisé sur son torse et écouta, curieux et attentif, ses yeux émeraudes cherchant quelque chose à quoi s'accrocher, quelque chose qui s'apparenterait au bruit. Oh, n'allez pas croire que ce son fut une chose extraordinaire. Simplement, ses notes plurent à Iudalaël qui d'une nature plutôt légère était affreusement simple a distraire.
. Le son revint, Loup quitta d'une poussé souple son appui et suivit ses sens aiguisés par de nombreux entrainements. Il déambulait dans la petite avenue, le regard furetant partout, évitant avec une aisance déroutante les passants en dépit de ses yeux fixés ailleurs. Le jeune homme se perdit ainsi un long moment, tournant un peu près toujours dans le même quartier, quand il finit par admettre que le bruit s'était tut pour de bon. Tant pis. Il reviendrait bien un jour. A peine eut-il aboutit à cette conclusion qu'il reporta son regard devant lui : grave erreur. Loup à un instinct inné pour ne pas se prendre d'obstacle lorsqu'il est dans la lune, en revanche ce retour au monde céleste dérouta momentanément son adresse inconsciente. Manque de chance, ce fut juste à l'instant où une haute stature s'approchait. Le garçon Nuage, peu désireux d'esquisser une acrobatie spectaculaire en pleine rue se contenta d'un rapide pas sur le côté qui suffit à ne pas se le prendre de plein fouet mais hélas pas à l'éviter.
- Hey le mioche ! R'garde où tu marches ! La prochaine fois je t'en fou une, c'est clair ?
. La haute stature se révéla être un homme qu'au premier abord, Loup trouva fortement désagréable. Un Vent sans doute ; il ne semblait rien avoir de particulier. Si ce n'est une impolitesse appuyée, sans doute ce genre d'Homme las d'avoir vu des batailles, bourru par les années.
D'un caractère peu belliqueux, Loup lui adressa un sourire entendu. Apparemment ce n'est pas ce qu'attendait sa nouvelle connaissance qui enchaina sur une histoire de "foutage de gueule", de "correction" et d'une suite marmonnée dans un jargon que le blond eu du mal à saisir. Une chose était claire : cet homme était de mauvaise humeur et voulait l'exprimer. Flûte, c'était bien sa vaine.
- Toutes mes excuses monsieur, j'étais distrait. Loin de moi l'idée de vous offenser.
. Après tout, tenter la diplomatie ne coûtait rien. Ouch... Si : ses chastes oreilles allaient avoir du mal à se purifier de la grossière slave d’inepties que répandit l'autre. Qu'est ce qu'il avait à la fin ? Il n'était pas content mais Loup ne pouvait rien pour lui, et puis il se montait la tête tout seul ! Voyez-le : il haussait le ton sans que le Nuage ait à l'y aider, se contentant de l'observer d'un air poli, placide, tranquille et patient. Pauvre Loup. Ce devait être précisément ce qui énervait son vis-à-vis.
. Poussant un soupir discret, Loup planta ses émeraudes dans le brun de l'homme. A présent, un éclat froid miroitait dans les joyaux verts, lui donnant quelque chose d'inquiétant. Autour d'eux, quelques curieux commençaient à se réunir : quoi de plus intéressant qu'un gorille crachotant sa hargne ? Un peu d'animation... Loup lança un regard circulaire, tout en glissant une mèche blonde derrière ses oreilles, effleurant au passage sa boucle. A vu de nez : quatre vents, un foudre et une étoile. Deux étoiles. Cinq vents. Fichtre, il faisait vraiment trop de bruit celui là ! Loup n'aimait pas attirer l'attention. Pas du tout. Et il n'était pas d'humeur extrêmement patiente ce jour ci. Ce type l'agaçait. C'était réciproque : le silence polaire d'Iudalaël irritait passablement le Vent outragé.
- Je n'ai pas pour habitude de servir d'amuse-gueule à un marchand grotesque, je vous serais reconnaissant de me laisser passer.
. Un ton charriant les glaces qui fit sourciller l'autre. Visiblement, il ne s'attendait pas à trouver plus fort que lui et le regard à présent effrayamment vide de Loup en disait plus long que sa silhouette svelte. Non, bien entendu le Nuage ne provoquerait pas de combat en pleine rue : si Aimable ne se calmait pas, il s'esquiverait, tout simplement. Petit à petit, d'autres badauds s'amassaient. Loup ne quittait pas des yeux son vis-à-vis, exerçant sur lui une pression subtile mais forte qui parfois suffisait à calmer le furieux. Du coin de l'œil, il distingua une silhouette qui lui parut familière. L'air nonchalant, les cheveux blancs... Rien de précis vu d'ici mais cette présence estompée suffisait pour confirmer que la jeune femme était du même clan que lui. Or... Il lui lança un coup d'œil d'à peine une fraction de seconde, pour en être certain, avant de se fixer de nouveau sur son Vent.
. Keilana Haze.
. Machinalement, Loup inclina la tête en guise de salut : oh à peine, juste histoire de dire qu'il l'avait reconnue. Et surtout pas dans sa direction, bien évidemment il regardait encore sa victime : la chef du clan Nuage ne tenait pas forcement à ce qu'on la remarque. | |
| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Jeu 18 Juin - 16:56 | |
| Keilana rendit son salut au jeune homme du Clan Nuage.
Ainsi, il s’agissait de Loup… Normal qu’il l’avait intéressée, c’était quelqu’un de doué qui aurait pu avoir un avenir prometteur, s’il s’était investi dans le métier d’assassin. Ce qui n’était pas le cas, s’entend, mais la jeune Chef du Clan Nuage n’en avait cure. Elle ne l’obligeait à rien et ne se servait de son autorité que pour des situations extrêmes ou très délicates, soucieuse du bien être des membres de son clan, quand bien même ils étaient en guerre. Chacun devait être libre de faire comme bon lui semblait, du moment qu’il ne mettait pas les autres en danger et qu’aucune règle fondamentale était enfreinte.
Chacun sa route, comme on disait.
Elle se demandait, tout de même, de quelle façon allait réagir Loup. Non pas qu’il soit incapable de s’en sortir, cela aurait été vraiment ridicule de penser une chose pareille, seulement qu’elle connaissait assez son caractère pour savoir qu’il préférait ne pas se faire remarquer en tant que membre du Clan Assassin afin de préserver le semblant de tranquillité qui berçait a vie. Semblant, n’est-ce pas, puisque la paix n’était pas de mise en ces lieux. L’Enfer Céleste restait encore et toujours en guerre et il aurait été bien imprudent d’oublier ce genre de détail qui pouvait vous coûter la vie. La méfiance et la prudence devaient guider les pas de chacun pour avoir une chance d’être oublié de la Grande Faucheuse. Sauf pour les individus dont la force ou l’habilité était hors norme, ce qui concernait trop peu de gens. Par ailleurs, les personnes concernées étaient si haut placées dans la hiérarchie qu’ils ne pouvaient pas se permettre de rêvasser. Allons, c’était là le genre d’individu que l’on souhaitait voir éliminé : le moindre faux pas, et vous voilà avec la gorge tranchée. Jusque là, Keilana avait échappé à ce tragique destin. Si le flegme dément s’emparait d’elle bien souvent, la prudence ne la quittait pas pour autant.
Tout comme son instinct, d’ailleurs.
Il faut néanmoins savoir qu’entre la prudence et l’invisibilité, il y avait un gouffre. Jamais Keil’ n’était devenue Chef pour avoir à se noyer dans les profondes et traitresses eaux de l’inactivité. Elle voulait avant tout conserver une certaine liberté, tout en remplissant ses obligations. Elle mettrait sa vie en jeu pour son Clan. Impliquée et peut être un peu butée, il ne fallait pas compter pour elle pour rester dans l’ombre. Enfin, elle connaissait son métier, quand même, hein. La discrétion avant tout. Alors, s’il lui arrivait d’intervenir dans les affaires mondaines, elle se présentait juste sous une autre identité, si bien que seuls les membres de son Clan connaissaient sa véritable identité, ainsi que quelques exceptions dans cette ville : certaines réincarnations, les Chefs des Autres Clans...
Bref, il fallait juste comprendre de tout ceci que, si besoin était, Keil’ n’hésiterait pas à intervenir. Ce qu’elle ne ferait pas sans y être invité, de toute manière, puisqu’elle ne voulait pas froisser l’égo de qui que ce soit. Encore moins d’un membre de son Clan. Et puis, il fallait le dire : ce n’était pas comme s’il s’agissait d’une situation critique, ou des vies étaient en jeu ou pire encore, l’avenir de l’Enfer Céleste ! Non, ce serait donner que trop d’importance à un lourdaud de Vent qui, soit dit en passant, devrait être le seul à s’inquiéter de sa santé dans cette situation burlesque : pour tout œil exercé, il semblait évident qu’il ne faisait pas le poids face au blondinet au regard d’émeraude. Ce qu’elle murmura, amusé, d’ailleurs, s’attirant les regards étonnés de plusieurs, voire moqueurs même. Uh, la voilà qui passait pour une folle : quelle personne sensée ici donnerait la moindre chance au blondinet ?
Pas un Vent, en tout cas.
Hélas, la plupart se calfeutraient tellement dans leur neutralité qu’ils en oubliaient les dangers qui peuplaient leur monde parmi les cieux.
Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres pâles de la jeune Chef.
Autant profiter du spectacle et attendre que Loup en ait fini pour discuter avec lui, après tout. Elle chercha du regard ou s’asseoir et ne trouva que le muret de la terrasse, qui, donnait sur le vide. Hmpf, elle n’avait pas le vertige et pourrait aisément se réceptionner quelques mètres plus bas si jamais elle venait par la plus grand des hasards à tomber. D’autant plus que cela pourrait s’avérer être un point des plus stratégiques en cas de fuite précipitée : peu nombreux seraient les poursuivants qui auraient le courage de sauter d’une telle hauteur. Elle se hissa donc sur le muret à la force de ses bras et s’installa, une jambe pendant dans le vide, l’autre repliée contre sa poitrine et scruta par-dessus la foule.
Que l’égo du blond se sente flatté : il parvenait à distraire et intéresser la personnalité nonchalante de Keil’.
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| | | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Sam 20 Juin - 22:37 | |
| . «... ne fait pas le poids… »
. Loup saisit le murmure et poussa un léger soupir : si seulement cet idiot de gorille pouvait s’en rendre compte, lui aussi. Quelques Venteux sourires narquois se tournèrent vers lui. Fort heureusement, Loup était bien loin d’être de ces personnages turbulents qui s’offusquent d’un rien et n’en tint pas compte.
Depuis la dernière réplique, son belliqueux obstacle ne répétait qu’une seule phrase, en boucle et avec chaque fois plus de décibels : « tu veux mon poing dans ta gueule ? », très spirituel. En lui-même, Loup frissonna. Il n’aimait pas se faire remarquer, il n’aimait pas les regards mauvais à son égard et il n’aimait pas ces menaces pourtant ô combien dérisoires. Ca le mettait mal à l’aise. Il arborait cependant toujours son air poli et un peu distrait. Pour peu, on l'aurait presque vu sourire.
Du coin de l’œil, il observa sa supérieure choisir ses gradins et jouer les spectateurs. Et bien, si elle s’y mettait aussi elle que l’on disait si flegmatique. Loin de se sentir flatté d'une si noble attention posé sur lui, Loup n'en fut que plus accablé. Tss ! Comment se débarrasser d’un type aussi… Encombrant ?
. L’importun estima sans doute avoir suffisamment réitérer sa proposition de rencontre mano-faciale et la prononça une dernière fois d’une façon qui ne laissait aucune ambiguïté sur son caractère ultime. Fichtre. Loup était au désespoir, bien que son minois angélique soit toujours d'un marbre plaisant ; ne pouvait-on pas le laisser en paix ? Il s’apprêta à esquiver l’attaque qui ne tarderait pas à venir mais voila : derrière lui, un jeune duo de Vent observait la scène. S’effacer serait les placer en première ligne, et compte tenu de l’emportement du gros primate ainsi que de son entrainement certainement impeccablement rustique, miser sur sa capacité à arrêter son poing était un peu audacieux. Or, Loup était un jeune homme doux et malgré les apparences, plutôt altruiste. Eviter un coup aux dépends de deux fragiles citadins n'était pas dans ses principes. Tout ceci n'était pas bien grave mais l'affaire l'ennuyait pronfondément.
. Le Vent s’élança -lourdement, un vrai troupeau de buffle. Et cet équilibre... Affreux. Les maître-enseignants Nuages en auraient été malades.
. Fort bien. Si c’est ce que cet imbécile voulait, qu’on les remarque… Tant pis pour lui. Le Nuage décala légèrement une jambe vers l’arrière, toujours impassible et limite souriant, pour assurer sa position. Un Tempête fit un pas en avant ; un avertissement. En fier guerrier, certains d’entre eux estimaient que laisser trahir la neutralité des Vents était contraire à leurs moeurs. D’un subtil sourire, Loup le rassura.
Tout se passa très vite. L’attaque vint. Un pas de côté. Loup attrape le poing, perçoit la puissance de l’élan, la dose, la comprend, la pénètre, la mêle à sa force, la domine, la détourne et s’en joue. Riposte primaire. Ses grands yeux émeraudes à l'éclat lointain et son presque-sourire lui donne un air sauvage alors qu'il s'éxecute avec une facilité leste et grâcieuse. Une fraction de seconde plus tard, le rustre était à terre sans avoir eu le temps de comprendre comment.
Le Tempête avait regardé la scène d’un œil sévère, la main à la garde de son épée. Il attendait que Loup tienne sa promesse silencieuse. Ce dernier lui adressa un regard entendu, recula de deux pas et se détourna d’un pas éthéré.
- Maudits assassins, marmona le Vent en se relevant, on se demande pour quoi ils se prennent !
. Ces derniers mots avaient été criés. Un lourd silence s’abattit sur le théâtre.
Provocation gratuite de la part d’un perdant trop orgueilleux pour l’admettre. Classique. C’est comme cela qu’il remerciait son beau bourreau de l’avoir laissé indemne ? Dommage pour lui, le Nuage était complètement indifférent à la provocation.
- Allez, reviens ! Toi qui es l'un de ces foutus assassins, tu finis pas ton boulot ?
. Pour le coup, Loup s’arrêta et poussa un soupir exaspéré. C’est que la question était limite insultante. Oh, Loup se moquait éperdument de la façon dont on le traitait -verbalement-, en revanche il était un peu plus sensible au mépris à l’égard de son Clan. Le ton du Vent ne laissait aucun doute ; des paroles crachées avec une aversion grossière et sans doute arbitraire. Non pas que le garçon soit un grand défenseur de ses origines et loin de lui toute intention justicière ou punition grandiloquente à l'égard de l'impudent qui osait parler de façon si injurieuse. Simplement… Une telle méprise sur les Nuages le peinait.
. L'angoisse lui pesait au creux du ventre. Il n’avait certes pas peur du Vent ou de qui que ce soit, mais cette situation tendue où il était le centre d’une attention méfiante et hostile lui flanquait la frousse. Bien entendu, n’étant pas un couard et remarquablement doué pour maquiller ses débats intérieurs, le blond semblait toujours aussi posé et serein à la face du monde.
C'est d'ailleurs d'un ton toujours aussi paisible, mais froid, qu'il répondit :
- Monsieur je ne sais si c’est votre ignorance au sujet de mon clan ou votre caractère buté, mais j’apprécierais que vous n’entachiez pas les Nuages par des paroles en l’air.
- Pourquoi ? Tu vas t'défiler ? Tu vas m’dire que je mens ? Tu vas nier vos meurtres ?
- Je crains que ce côté des choses ne soit pas votre affaire. Cependant sachez qu’un contrat sur votre tête est aussi risible qu’improbable et que nous ne tuons généralement pas par plaisir. Vous n’êtes en aucun cas ma cible et tenez mieux votre langue : vous vous rendez ridicule.
. Loup détestait vraiment parler ainsi. Ces longues phrases glacées, pourtant dites sur un ton neutre, n’étaient pas vraiment en accord avec sa nature profonde. Néanmoins, la remarque cloua le bec au Vent. Tant mieux. Il avait évidement fait attention à n’absolument rien révéler sur les Nuages, seulement affirmé leur rang d’assassin. D’assassin professionnel : pas de tuerie en l’air, uniquement des meurtres placides et commandés. En bref : la vérité que tous savaient mais ne formulaient pas précisément. De quoi jeter un froid et redéfinir la place de chacun.
. Vu de l’extérieur, le calme de Loup était réellement effrayant. Son regard droit transperçait son adversaire d’une intensité à vous en glacer les tripes, quant à ses mots, prononcés d’un ton direct et placide malgré leur teneur macabre, en disait si long sur sa dangerosité qu’il paraissait suicidaire de répliquer ne serait-ce qu’une syllabe. D’émettre un son. Un soupir qui puisse attirer sur vous son attention. Le pire était sans doute cette mine toujours posée et rayonnante qui restait inchangée en dépit de la situation et des propos. Une ambiance bien oppressante, à croire que l’on avait mit la scène et les spectateurs dans une bulle coupée du monde où le climat était polaire. Une bulle centrée sur ce garçon aux allures pourtant si charmantes qui semblait maintenir autour de lui un sortilège empêchant tout mouvement. Sans doute est-ce pourquoi après un dernier regard mauvais, le Vent brisa l’envoûtement et s’en alla. Bien vite, les badauds se dispersèrent, soudainement plus empréssés.
. Le jeune maître du Jeu -qui n’avait pourtant pas conscience de son effet hypnotisant- salua d’un signe de tête son vigile Tempête, qui répondit de même avant de s’éloigner. Loup se détendit, glissant une mèche blonde derrière son oreille avec un léger embarras. Il n’aimait pas faire peur et trouvait toujours troublant que l'on puisse le croire capable de tuer n’importe qui de sang froid. C’était pourtant un fait : Loup savait être très convaincant dans ce rôle, surtout dans le quartier des Vents car les autres étaient bien moins impressionnables.
. M’enfin, il n’y avait pas de mort et l’incident allait bien vite être oublié.
Reportant son attention au dessus de lui, Loup constata avec étonnement que son chef était toujours là. Keilana Haze qui s’intéresse à un futile accroc de rue… Peu commun. Avec une souplesse aérienne, il la rejoignit sur son perchoir et s’assit, les jambes dans le vide, à un mètre d’elle. Distance respectueuse qu’il jugea raisonnable. Pas qu’il se méfie de la jeune femme -quoique telle était la nature de chaque Nuage- mais entrer brusquement dans l’espace proche d’un autre pouvait être vu comme un affront.
- Je suis surpris de votre présence.
. Réflexion simple, histoire de ne pas laisser un blanc s’installer. Une voix paisible et profonde.
Se disant, il posa son regard émeraude, à présent dénué de tout gèle, sur le joli brin de femme. Jolie, mais simple : un visage commun sans trait particulièrement remarquable, le teint plutôt crayeux, pas de forme mirobolante et même une tendance détendue dans son style. Son air flegmatique, sa silhouette moyenne et svelte ainsi que son âge banal la rendait vraiment ordinaire aux yeux de tous. Ordinaire et pourtant, Loup jugea qu’elle sortait du lot. Pas seulement à cause de cette chevelure neige, il lui trouvait une présence étrange, inroyable. Pas surpuissante, ou pesante, impressionnante oui, mais pas lourde. Une présence… Faite de flegme, bien entendu, et surtout de cette impression qu’elle avait d’être insaisissable, libre, forte et fière. Insolite… Indescriptible précisément. Magnifique néanmoins.
Et derrière cette jeune femme tranquille à l’allure si commune, respirait la grande Keilana Haze, tête du clan Nuage, tête des Assassins et guerrière sans scrupules... | |
| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Lun 22 Juin - 16:59 | |
| Une brise fraîche se glissa jusqu’à Keilana, ébouriffant ses cheveux et lui donnant une de ces apparences frivoles qui ne lui correspondait pas vraiment. Elle demeura impassible, se délectant en secret de la caresse céleste, appréciant au possible les moindres plaisirs naturels que cette existence lui offrait. Parce que pour la jeune femme, la nature était consœur de la liberté. L’une comme l’autre, elles lui permettaient de s’évader, de ne faire qu’un avec son propre élément, de se sentir elle-même jusqu’au bout des orteils. L’indéchiffrable sensation qui s’emparait d’elle restait alors son secret, un trésor qu’elle chérissait autant que sa vie elle-même.
Un doux frisson parcourut sa colonne vertébrale.
Grisant…
Rien n’était plus grisant que le contact avec les éléments, que ce sentiment de liberté qui grondait en elle, comme un jeune oiseau serait envahi par le désir de découvrir la voûte céleste, comme un enfant qui ne demande qu’à découvrir le monde.
Hélas !
Voilà quelques impressions bien éphémères qui, dès que la brise se calma, disparurent, ne la laissant que dans un tourbillon frustrant de souvenirs. Elle manqua de grogner de mécontentement. Heureusement, elle oublia bien vite cela, son regard d’apparence inexpressif sur la scène qui se tenait un peu plus loin. Tout cela était si prévisible ! Enfin, pour ce qui était de la réaction du Vent, bien entendu. Loup restait fidèle à ses principes, mais elle ne savait pas s’il allait battre en retraite ou donner une simple leçon, révélant en même temps son habilité.
Habilitée démontrée ici, mais rien d’exceptionnel. Elle reconnaissait là une certaine modestie et un gout pour la discrétion, quand bien même il n’y avait rien de discret à étaler un pauvre bougre au milieu d’une foule de badauds.
Enfin, nous voici donc à l’instant fatidique où le Vent insultait vertement le Clan Nuage.
Si Keilana ne montrait que bien peu ses émotions et se faisait maîtresse dans l’art de les dissimuler, elle n’éprouvait pas moins un irrépressible besoin de sauter à la gorge de l’énergumène. Oh, bien entendu, elle ne se le permettrait jamais… Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que ce genre d’inepties titillait ses chastes oreilles et à chaque fois, sa fierté en prenait un coup. Ainsi, personne n’était capable de comprendre quelle était la différence entre meurtrier et assassins ? Personne ne pouvait voir une quelconque valeur dans ce travail. Cela lui semblait pourtant plus qu’évident. Heureusement, Loup était là pour fermer le caquet de cet incurable et insipide humain, doté d’aucune spécificité, d’un Clan qui cachait sa faiblesse sous ses désirs de paix. Une bonne chose de faite, selon Keil’.
L’attitude glaciale du jeune Nuage avait fini par avoir l’effet escompté. Parfait. Véritablement parfait. Enfin, la rue reprendrait son activité normale. Pourtant, Keil’ avait senti, de loin, l’angoisse du blond. C’était l’un des facteurs qu’elle jugeait « affaiblissant ». Elle pensait néanmoins qu’il valait mieux cela et réfléchir avant d’agir plutôt que d’être comme elle, passant de son « mode commun » à son « mode assassin » en une fraction de seconde, sans prendre la peine de juger plus profondément la situation.
Sa schizophrénie avait quelque chose de redoutable, certes, mais il s’agissait bien là d’un atout à double tranchant.
La Chef de Clan avait vu l’homme des Tempête qui traînait là. Il était dos à elle et elle ne pouvait pas distinguer son visage. Seulement, il sentait le Sud, c’était évident, elle l’avait sentit. Ce fut la raison pour laquelle elle abandonna sa position nonchalante et se tendit telle la corde d’un arc. Loup devait l’avoir vu, lui aussi. Seulement, il ne lui adressa qu’un regard entendu. Ah ? S’il n’était pas trop belliqueux alors… Keilana s’était détendue, quoi que toujours sur ses gardes. C’était qu’officieusement, le Clan Nuage était allié au Clan Foudre, quoi que cela ne fût pas par plaisir, loin de là. Keil’ ne faisait que se jouer de la réincarnation d’Attila le temps de trouver une solution stable pour les Nuage. Or, le double-jeu n’était pas une mince affaire : se traitrise pourrait s’avérer dangereuse, précipitant la fin du Clan.
Bref. Tout cela pour faire remarquer qu’il était courant pour un membre du Clan Tempête de prendre en haine les Nuages… Et qu’en l’occurrence, ce cher Loup avait eu de la chance.
Justement le voilà qui se plaçait non loin de Keilana, à une distance toutefois raisonnable, lui faisant part de sa surprise. Un fin sourire aux airs faussement absents se dessina sur les lèvres de la jeune femme, avant qu’elle ne réponde évasivement :
« Surprendre est le quotidien des Nuage, cher Loup. »
Sauf que dans le cas de Keilana Haze, il s’agissait de surprendre dans tous les sens du terme : tuer, tromper ou se balader, toute son existence consistait à agir de façon insolite. Une manière de se préserver, aussi bien en ce qui concerne son identité que sa personnalité profonde. Mine de rien, être assassin pouvait avoir quelques séquelles sur le mental, quoi que cela n’était pas vraiment une généralité dans ce clan ou le métier se transmet depuis nombre de génération. Il était certain que, inconsciemment, chacun avait sa façon de se substituer aux cris déchirants de sa conscience. Et pour la jeune femme, il s’agissait plus que de se dissimuler derrière sa multiple personnalité.
Elle poussa un bref soupir, pivota et s’allongea sur le dos, la tête basculée en arrière pour pouvoir fixer à sa guise Loup si l’envie lui en prenait. Chose qu’elle ne faisait pour autant : elle se contentait pour le moment de contempler les nuages dans le ciel, si proches… Si proches qu’on avait l’impression qu’on pourrait les atteindre juste en levant la main.
Resongeant à ce qui venait de se passer, elle finit par marmonner :
« Tu as eu de la chance. »
Loin d'elle l'idée de le discrédité.
Il s'agissait simplement de la façon dont elle avait perçut les choses.
Or, il ne faut jamais douter de ce que Keilana Haze perçoit.
Jamais.
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| | | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Ven 3 Juil - 17:20 | |
| . Loup détourna les yeux de Keilana pour les reporter sur la vue qui s’offrait à lui. Une population grouillante s’affairait dans le quartier venteux : des marchands, des citadins, quelques voleurs à la tire… Là-bas ; un vendeur à la sauvette et juste sous ses pieds, un gamin qui observait le joli blond avec les grands yeux ronds de la candeur. Loup lui fit un clin d’œil, ce qui lui valut un bel éclat de rire joyeux avant que l’enfant ne s’éloigne, houspillé par une mère inquiète. Le jeune homme poussa un léger soupir paisible relevé d'une touche fataliste : inspirait-il à ce point la méfiance qu'une mère tiraille son marmot en dépit de ses rires ? Une question qui ne le retint pas plus que le temps de poser son regard ailleurs.
. Le jeune assassin ne cherchait pas spécialement à se cacher de la vue des passants, simplement à ne pas se faire trop remarquer. Les tensions de son accroc avec l’homme bourru d’un peu plus tôt étaient depuis bien longtemps balayées par la marée humaine qui déferlait dans les rues, et bien qu’il n’en ait pas douté, il se sentit soulagé. Une nouvelle brise passa sur le toit où il avait rejoint son chef, s’attardant brièvement dans ses mèches dorées avant de continuer sa course vers le sud. Loup suivit du regard ce souffle invisible avant de fermer les yeux, se laissant bercer par les bruits alentour. Plaçant le brouhaha ambiant en arrière plan, il écouta les craquements des maisons, les pas dans les venelles, le vent dans les feuilles d’un arbre… Un chêne sans doute, à l’odeur qui s’en dégageait. Tous ces bruits composaient une mélodie aux notes singulières qui l’emplissait d’un calme enivrant et le transportait au delà des chaînes son enveloppe charnelle. Elle était si agréable, cette impression de voyager avec les aléas du vent, des sons, du temps, et des courants invisibles à l'humanité...
. La voix de la jeune décolorée rapatria brusquement les sens du presque-sylphe dans son corps et il ouvrit les yeux. Balançant ses jambes dans le vide, il fixa un moment le bout de sa chaussure et sourit, tournant ses émeraudes vers le ciel.
« Le quotidien »… Loup n’aimait pas cette idée de quotidien, d’habitude, de répétitions monotones. Mais compilé avec la surprise, la phrase prenait une tournure singulière, subtilement paradoxale, qui collait bien à l’étrange clan des Nuages. Le libre clan des Nuages. Du moins est-ce l’image qu’ils renvoyaient. Et ce même après l’alliance avec les Foudres. Loup ne faisait pas partie des assassins maudissant la soi-disant lâcheté d’Haze, il n’était cependant pas non plus l’un de ses défenseurs engagés. Dire qu’il s’en fichait de correspondrait pas bien à sa personnalité, simplement… Iudalaël prenait les événements comme ils venaient. Keilana les avaient alliés au clan Foudre. Qu’elle ait ses raisons ou non, c’était un fait. Cela n’empêcherait pas Loup de se sentir libre, il ne se considérait absolument pas comme obligé, ni envers les conquérants, ni envers les Nuages. Pas d’attaches. C’est ainsi qu’il avait toujours vécu. Oh, ne vous méprenez pas, si une guerre éclatait il est certain que le jeune homme se rangerait sans rechigner et sans hésitation dans les lignes des siens, éxécutant un devoir qui en dépit de tout persisterait au travers de son apparente liberté.
. Sa noble compagnie s’allongea nonchalamment alors que Loup s’égarait à nouveau, les yeux ouverts cette fois-ci, perdus dans le bleu infini du ciel.
« Tu as eu de la chance. »
. Loup ne bougea pas d’un pouce, la mine toujours vaguement souriante, les prunelles toutes à leur céleste spectacle. Son esprit cependant analysait les paroles de Keilana. C’est aussi la réflexion qu’il s’était fait.
Y repenser lui valut un léger pli contrarié entre les sourcils : il n’aimait pas ressasser les évènements finis. Mais oui effectivement, l’affaire aurait pu être beaucoup plus emmêlée. Grave non, pas vraiment : Loup avait du talent et il se serait retiré du théâtre avant que la chose ne tourne au vinaigre, sans réelle difficulté. Cependant ce tableau tendu aurait pu inspirer quelques ardeurs aux clans belliqueux qui avaient assisté à la scène. Ce Tempête notamment, avait fait preuve d’une tolérance et d’une maturité que tous n’observaient pas, se contentant de lancer un avertissement silencieux à Loup qui était pourtant indirectement son ennemi. Pire, un foudre aurait pu remarquer l’attitude du guerrier et s’énerver. Rien de tout cela ne s’était pourtant passé et Loup considérait l’histoire comme close.
Se la remémorer ne lui apporterait pas grand-chose de plus, si ce n’est cette curieuse peine qui lui pesait dès qu’on lui portait de la haine, dès qu’on le rejetait. Rien d’absolument écrasant, rien qui le brisait, simplement… Une ondoyante mélancolie s’insinuait en lui. Loup était ainsi fait : il se fichait qu’on l’ignore, mais il n’aimait pas qu’on le déteste. Aussi, à défaut de le blesser, l’attitude du Vent avait ravivé cette douce tristesse qui parait ses yeux et ne les avaient quitté depuis sa tendre enfance.
. Décrochant son regard du ciel pour le poser à nouveau sur la foule, il acquiesça toutefois ; il avait conscience de la facilité avec laquelle l’affaire s’était résolue.
- La chance est une alliée traîtresse mais précieuse.
. Il avait dit cela d’un ton un peu absent. Bien entendu, comme tout bon assassin Loup avait appris, et ce depuis son plus jeune âge, à ne jamais se reposer sur la chance. La remarque n’avait été que très anodine.
. Fixant son regard sur un duo féminin en train de fondre devant une vitrine de luxe, Loup poursuivit :
- Ce Tempête était bien commode, cependant, il m’a surpris.
. Comme quoi, il y avait des guerriers qui savaient bien placer leur fierté et ne pas déclencher un drame sur une terre neutre. | |
| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Dim 5 Juil - 20:03 | |
| La chance ? Une alliée ?
Keilana n’y croyait pas beaucoup. La chance n’était selon elle qu’un ramassis de facteurs, une suite cohérente d’évènements où le hasard n’avait pas son mot à dire. Ce qu’on appelait donc très communément chance n’était autre qu’une suite de probabilité où l’on se soustrayait de manière fort admirable d’une situation délicate.
La chef du Clan Nuage laissa alors échapper un soupir, songeant tristement qu’elle n’avait pas employé le terme adéquat. Les mots se jouaient contre elle, il fallait qu’elle y prenne gare : un chef à qui l’art de la rhétorique fait défaut risque gros. Enfin, puisqu’elle avait conscience de ce petit problème, elle se promit de songer à cela un peu plus profondément et de corriger cet excès de langage.
Elle aurait bien le temps de faire cela, lorsqu’elle passerait ses journées à flâner sur l’île.
Toujours allongée, elle laissa une de ses jambes glisser dans le vide, non sans s’imaginer la chute vertigineuse que cela imposerait si, brusquement, son corps balançait du mauvais côté du muret. Le genre de sensation forte où l’adrénaline envahissait chaque cellule de votre corps avant que ce dernier vienne s’écraser en une mare rougeâtre, devenant qu’un ensemble de chair et d’os démembrés. Keilana avait même entendu dire que, lorsque l’on chutait sur une très longue distance, à une trop grande vitesse, on mourrait avant même d’avoir touché le sol.
Crise cardiaque.
Qu’il était triste d’être humain, n’est-ce pas ?
L’organe palpitant dans la poitrine de chacun était d’une faiblesse désolante. Mais si Keil’ n’en pensait pas moins, elle se considérait encore comme étant humaine, ne se cachant pas de sa faiblesse. En soit, le cœur qu’elle mettait à la tâche –non pas les assassinats, mais la protection de son Clan- était une faiblesse. L’individualisme lui aurait peut être mieux réussit.
Nouveau soupir.
A quoi bon se prendre la tête avec de telles futilités ? Revenir sur les évènements passés, ressasser les peines n’amenait que le remords et affaiblissait d’autant plus l’âme. L’acceptation au contraire pourrait la conduire bien plus loin, alliée à une détermination sans faille. Et sous les apparences trompeuses, elle en avait à revendre, de la détermination.
Un nuage timide parcourut le ciel, une trace grisâtre et éphémère, de l’eau vaporeuse qui voguait au gré du vent. Finalement, les nuages devraient être que l’outil des membres du clan du même nom, et non pas une représentation. Ils devraient utiliser à leur guise la masse sans intérêt, adorateurs du Panurgisme pour parvenir à leur fin. Parce qu’après tout, elle n’avait aucune envie de n’être qu’une trace éphémère et sans but.
Pas du tout.
Un fin sourire s’étira à nouveau sur les lèvres de Keilana, avant qu’elle ne se redresse et rétorque enfin à Loup :
« Oui, bien commode en effet… Malheureusement pour lui. »
Et encore, ce n’était qu’un Tempête.
Un Foudre qui aurait agit de la même façon aurait subit un châtiment plus terrible, encore. Ou bien plus doux, qui sait ? Car pour certains, la mort valait bien mieux que la honte, celle d’être accusé sans grande raison d’avoir trahis son Clan, les siens, sa famille et les racines de son appartenance. Depuis peu, les membres du Clan Nuage étaient réellement considérés comme les alliés des Foudre… Keilana ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même, après tout. Et c’était en cela que l’indulgent Tempête pourrait avoir des ennuis. Quoi ce n'était pas dans les mœurs du Clan...
Ce qui l'inquiétait plus, à vrai dire, était un membre du Clan Foudre qui, discret, avait suivit la scène un peu plus loin. Peut être saisirait-il cette occasion pour créer un affrontement, usant de prétextes bancals pour briser la fragile paix qui s'était plus ou moins établie.
Keilana se redressa puis s’étira, faisant preuve d’une souplesse peu surprenante pour un membre de son clan. Leste, elle se laissa tomber au sol, puis enfoui ses mains dans ses poches de son large pantalon après avoir rabattu la capuche de son pull grisé sur sa tête. Un air éclat mystérieux dans ses prunelles d’onyx, elle marmonna :
« Viens, on va voir où son tempérament va le mener. »
Elle voulait bien entendu satisfaire sa curiosité, mais aussi enquêter un peu sur le Clan Tempête, qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’infiltrer. Là, ils allaient se rendre à la frontière même du territoire du Vent, en direction du Sud. S’ils trouvaient un bon point d’observation et se montraient attentifs, retrouver la trace de leur cible ne devrait pas être trop compliqué.
Elle espérait tout de même que le tendre Tempête n’aurait que quelques réprimandes en prime et ne se ferait deviendrait pas victime de violences à outrance. Si c’était le cas… Hélas, elle ne pourrait rien faire. Ce serait à la fois manquer à son devoir, mais en plus faillir à la pseudo-alliance qui l'unissait au Clan de la Foudre. Sans compter la situation délicate dans laquelle se trouverait leur Bonne âme. Bref, rien de très réjouissant en perspective, si ce n’était l’éventuelle possibilité d’en apprendre un peu plus. Il était certain qu’avant d’être des assassins, les Nuage étaient des informateurs.
Il serait peut être bon que la population du Céleste Enfer s’en souvienne.
Keil’ se glissa habilement parmi la foule, mimant le banal, le commun, sans se mettre en évidence, s’effaçant pour les non adeptes. L’art de passer inaperçu, maîtrisé à merveille. La jeune femme sourit franchement, songeant que Loup devait être doué à ce petit jeu là, lui aussi…
Elle hésita un instant. N’était-il pas de son devoir de s’enquérir des aptitudes de ses combattants ? Cette idée lui plu. Elle s’arrêta donc au milieu de la foule, cherchant l’éclat émeraude des prunelles du blond, puis émit un rire cristallin, annonçant le début de la partie.
Elle disparut.
Se fondit dans la masse.
Maintenant, il restait à voir si Loup parviendrait à la suivre. Au pire, il était loin d’être bête. Ils pourraient toujours se retrouver plus au Sud.
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| | | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Dim 12 Juil - 20:08 | |
| . Ce que les membres du clan Nuage pouvaient être différents ! Sous leur pourtant similaire masque paisible et impassible… Alors que Keilana songeait à utiliser les nuages, alors qu’elle pensait ne pas vouloir n’être qu’une trace éphémère… Loup lui en était à une tout autre théorie. Tout en cherchant des formes dans les moutons célestes, ils les enviaient d’être si libres de toutes chaînes, de n’être qu’un caprice du vent, de se laisser paresseusement porter par lui, puis disparaître lentement avec grâce. Loup ne songerait jamais à vouloir utiliser un nuage, se serait pour lui briser son essence que de faire autre chose que l’observer… Et surtout, le jeune assassin se fichait éperdument de n’être qu’un remous insignifiant dans le fleuve du temps. Au contraire. Cette idée lui plaisait. « Une trace éphémère et sans but », c’est tout à fait ce qu’il voudrait être. Un inconnu parmi tant d’autre vagabondant où bon lui semblait, suivant ses pieds et n’écoutant que ses envies de liberté... Hélas le destin en avait décidé autrement : il était Loup Iudalaël du clan Nuage, prisonnier de l’Enfer Céleste et de sa morbide réputation.
« Oui, bien commode en effet… Malheureusement pour lui. »
. Keilana s’était redressée, souriante. Loup hocha la tête, esquissant un sourire paisible à son tour. Effectivement, ce Tempête était admirable, mais pas forcément aux yeux de tous.
. Etant un Nuage talentueux bien qu’il répugne à tuer, Loup était en revanche excellent pour l’espionnage, l’information, les vols… Il savait donc a peu près à quoi s’en tenir quant aux mœurs des Guerriers du Sud ; leur chef était réfléchi, si l’homme recevait une correction pour son attitude trop sage, ce serait par des membres plus belliqueux de son clan… Ou bien… Oui, il sentit son regard émeraude rejoindre celui de Keilana : elle l’avait repéré avant lui, ce Foudre. Un Foudre animé d’intentions sans aucun doute barbares, compte tenu de la démarche large et décidée qu’il empruntait. Cela dit, en théorie du moins, les Nuages et les Foudres étaient alliés ; Loup n’avait plus rien à voir dans l’altercation qui allait sans doute bientôt arriver. Alors qu’il observait fixement avec une attention à la fois curieuse et détachée le Conquérant se faufiler dans la foule, pistant le Tempête, la cheftaine s’étira tel un majestueux félin et sauta au bas du toit. Le blond, toujours silencieux, tourna vers elle deux gemmes vertes attentives. S’encapuchonnant, la princesse assassine lança d’un ton neutre :
« Viens, on va voir où son tempérament va le mener. »
. Etonné d’être ainsi invité mais n’en montrant qu’un haussement de sourcil, Loup descendit à son tour, d’un bond souple, et emboîta le pas de la décolorée. Enfin… Entendons-nous : « emboîter le pas » n’a pas la même connotation pour un Nuage que pour d’autre. Loup et Keilana n’avaient vraiment pas l’air de deux membres d’un même clan ayant conversés quelques secondes plus tôt : Iudalaël ne la suivait pourtant pas de très loin, un pas de côté à peine, mais leurs attitudes banales et citadines empêchaient tout rapprochement entre eux. Ils étaient comme deux étrangers l’un à l’autre, chacun toutefois capable d’entendre un moindre murmure de l’autre, d’interpréter un moindre mouvement, de suivre une moindre indication...
. Pour Loup, c’était plus un reflexe qu’autre chose. Cet instinct qu’on lui avait enseigné pour les travaux d’équipe s’activait tout seul dès qu’il était en compagnie d’un membre de son clan. Pourtant, Loup avait beau être excellent, il n’était pas spécialement un Nuage très sérieux dans sa vie quotidienne, sans mission.
. Pour l’heure donc, il avait l’air d’un Vent à la démarche gracieuse qui flânait seul dans les ruelles. Quelqu’un de très ordinaire somme toute. Et même si ses traits angéliques ne l’aidaient pas forcément à passer inaperçu, sa maîtrise du savoir de son clan en revanche, si. C’était dans l’attitude : les gens ne le voyaient pas vraiment, ses gestes étaient trop atténués, trop insignifiant, son air trop neutre.
. Sentant qu’on le regardait, Loup tourna ses yeux vers l’onyx de sa supérieure. Il y lut… Un furtif éclat amusé, une sorte de défi, que vint relever un rire argentin. Il n’en fallut pas plus au Nuage pour comprendre que Haze allait le mettre à l’épreuve, et lorsqu’elle disparut, le jeu fut très clair.
. Le blond esquissa un sourire espiègle : chef ou pas, ce bout de femme voulait jouer ? Fort bien. Une fraction de seconde après Keilana, Loup disparut à son tour. Si elle s’en tenait à ce qu’elle avait annoncé elle suivrait le Tempête, et le Tempête allait sans doute vers le sud. Aussi s’y orienta-t-il et repéra bientôt une silhouette leste qui se faufilait… Non… Bien plus que cela, une silhouette qui paraissait glisser autour des passants, les esquivant avec une aisance discrète, invisible… Elle avait beau avoir rabattu son capuche pour cacher sa tignasse neige, sa grâce et sa souplesse la trahissait. Oh très peu, certes : si Loup n’avait pas repéré ses vêtements il aurait eut plus de mal à la localiser, mais pour l’heure… Il s’insinuait dans ses pas, s’avança jusqu’à sa hauteur pour lui lancer une œillade malicieuse -histoire de dire qu’il l’avait à l’œil- puis resta légèrement en retrait, surveillant s’ils étaient toujours dans l’axe du Tempête. C’était le cas évidemment ; Keilana savait parfaitement ce qu’elle faisait. Il l’a perdit deux fois de vue, tout de même mais la retrouvait vite.
. Loup devait faire attention cependant… C’était un garçon un peu maladroit. Et très facile à distraire. Ce qui lui valut de perdre une troisième fois son chef de vue : le bruit… Passant dans la ruelle qu’il avait croisée à l’aller, il réentendit le tintement qui l’avait tant intrigué. Levant le nez vers la provenance du son, il faillit heurter une fillette qui évidemment n’avait pas fait attention à lui -puisque tel était le but à la base- et dû faire un écart précipité.
. Envolée la Keilana…
Il slaloma un moment un peu plus au hasard, retrouvant rapidement le scalp du Tempête émergeant de la foule et convergea vers lui, cherchant simultanément le moindre indice de la piste Haze. Peine perdue. Une fois égarée de vue plus d’une seconde, retrouver la trace d’un maître nuage n’était si aisé. Pourtant… Ce fut son parfum qui le mit sur la piste. Contrairement à beaucoup de donzelle alentour, il était discret, un peu épicé et doux à la fois. Elle avait dû frôler quelqu’un ou alors il s’était rapproché d’elle. Il s’orienta… Ah… Oui là-bas… Ce ne pouvait être qu’elle.
. Bien qu’il n’en ait jamais douté, Loup devait le reconnaitre : Keilana Haze méritait -du moins pour ses capacités- sa place de tête du clan Nuage. Il en eut un pincement d’admiration ; cette aisance, cette souplesse… En parfaite harmonie avec ses mouvements, imperceptible… Elle ondulait dans la foule. Un soupçon de jalousie aussi peut-être ? Loup esquissa un sourire pétillant ; la jeune femme avait dû s’entrainer dur pour en arriver là, quand bien même elle eut un don inné.
Alors que le blond faisait attention à ne pas perdre son chef, autre chose attira son attention : le Tempête obliquait vers un coin de ville moins peuplé et le Foudre accéléra le pas. Bientôt, le conquérant dépassa le guerrier et lui barra la route, un rictus arrogant aux lèvres.
« Alors mauviette, je t’observe depuis tout à l’heure : tu joues les justiciers puis tu te sauves face à un petit Nuage ? »
. Loup eut un grognement puéril : c’était lui le petit Nuage ? Pire : ce serait lui l’excuse bancale qui provoquerait sans doute la bataille ? Voila qui assombrit son humeur pourtant plutôt enthousiaste après le jeu de Haze.
Le Tempête détailla un moment le Foudre, jaugeant sans doute les chances qu’il avait de ne pas déclencher de combat en plein territoire neutre. Cependant… Se faire ouvertement provoquer par son principal ennemi était autrement plus énervant que voir un allié de cet ennemi se faire injurier par un Vent… Il n'était pas dit que le Guerrier soit aussi indulgeant que précedement.
« De toute évidence, vous avez mal observé » rétorqua-t-il en posant une main sur la garde de son épée.
. Loup lança un regard en biais à Keilana. Il n’en faudrait que très peu pour que les deux adversaires se jettent l’un sur l’autre. Comptait-elle seulement regarder… ? Ce serait la chose à faire, mais on était en terre venteuse et les combats Tempête-Foudre impliquaient très souvent le décor ; s’ils se battaient, la ville allait en pâtir et surtout les passants peu entraînés.
Pas qu'il attende spécialement une instruction. S'il n'avait pas rencontré Keilana, en situation similaire Loup se serait dit pareil : il ne devait pas intervenir. Pourtant... | |
| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Ven 24 Juil - 22:24 | |
| Keilana n’aurait jamais dû douter : Loup s’était montré aussi habile que joueur, donnant une vision à la fois juste et propre à lui-même du Clan Nuage. Un tel comportement ne pouvait que satisfaire la jeune femme, qui ne se lassait pas de contempler la liberté, sous toutes ses formes. Et, selon elle, le jeune homme devait être un des individus les plus libres qu’elle connaissait.
Il fallait dire, aussi, qu’il était rare qu’un membre du clan ne se prête pas au jeu, manquant par la même occasion de prouver qu’il possédait l’essence même d’un Nuage. Néanmoins, Loup se différenciait ici encore des autres : il était naturellement joueur et n’était pas motivé, comme d’autres, par la traque ou par le désir de connaître les capacités de leur chef. Il se livrait à l’exercice avec bonne humeur et une pointe de puérilité, à se demander s’il y avait vraiment un défi là-dessous.
La Chef s’était laissée attendrir un peu, par un tel comportement, et le jeu avait alors pris pour elle une dimension autre. Un véritable jeu, une réelle sensation de liberté et non plus une vague et nostalgique contemplation d’un sommet de cage et l’accomplissement d’un devoir. Elle s’était faite à la fois vaporeuse et agile parmi la foule, goûtant pour la première fois aux palpitements de son être, plutôt que de rester froide et flegmatique. Ainsi, ce qui avait été qu’une simple provocation l’enchantait désormais.
Pour en revenir aux vils intéressés qui ne se prêtaient au jeu que dans le cadre d’un malsain défi ou d’un désir de pouvoir, Keil’ se révélait toute autre. Elle prenait un malin plaisir à réellement les semer, pour ensuite se glisser dans leur dos et appliquer une lame tranchante sur leurs gorges. Jamais elle n’avait été poussée à en tuer un : ils réalisaient la plupart du temps qu’ils n’étaient pas de taille au simple contact froid du tranchant sur leur peau et de la brume qui semblait les étouffer soudain.
Ce n’était pas pour rien que la jeune femme se nommait Haze.
Une fois que Loup l’eut rejoint, elle lui adressa un sourire franc et satisfait, reconnaissant aussi bien son talent que son avenir prometteur, quand bien même il n’aspirait pas à l’assassinat.
De son perchoir, elle contempla les deux ennemis, le manieur d’épée menaçant le Tempête, cela va de soi.
Ah, ces rustres imbéciles du Clan Foudre : tous aussi belliqueux les uns que les autres. Elle se demandait, parfois, comment elle parvenait à négocier avec leur Chef. Quoi que, la réincarnation d’Attila était un individu plutôt particulier. Dangereux surtout. Car, sa folie n’avait pas de limite en vue de ses talents. Il était aussi fin stratège que puissant guerrier, effrayant par la force de ses ambitions.
Vous me direz, si les choses n’étaient pas ainsi, il n’y aurait pas de Guerre, sur l’Enfer Céleste.
Pourtant, cela restait encore à prouver. Si Keilana considérait le Clan Tempête plus juste de par ses principes, elle concédait qu’il perdrait bien de sa superbe s’il abandonnait sa vocation belligérante.
Difficile d’imaginer la cité autrement que dans la situation actuelle…
Cette pensée la fit légèrement soupirer.
Un souffle furtif dans cette atmosphère pensante. Les deux adversaires se toisaient en silence, évaluant consciencieusement les capacités de chacun, chaque muscle tendu, l’esprit alerte, prêts à bondir à la moindre occasion.
Keilana n’esquissa pas le moindre geste lorsqu’elle sentit le regard de Loup glisser sur elle. Elle gardait ses prunelles d’onyx rivées sur la scène attentive à ce qui allait se dérouler leurs yeux. Même si elle ne devait pas le faire, l’envie d’intervenir la prenait, à la fois pour provoquer vertement les foudres de la réincarnation du Hun, mais aussi pour affirmer l’indépendance des Nuage malgré l’accord.
Oh, et puis, le simple plaisir de s’interposer la motivait pas mal, en fait.
Cependant, elle ne pourrait pas user de son rang que trop peu connu, son anonymat représentant étant l’une des rares choses qui lui assuraient encore une mobilité sereine.
Enfin, le fait de se dévoiler ne la restreignait pas. Un plan habile se dessinait déjà dans son esprit vif, afin de ne tuer personne. En effet, passer en « mode assassin » serait peu sage.
Voire, pas du tout.
La jeune femme n’était pas décidée à agir.
Elle s’interrogeait sur l’action –ou l’inaction– future du blondinet. Son respect pour elle le conduirait-il à une obéissance des plus sages et à se tenir tranquille, ou bien irait-il chercher l’affrontement haï ? Peut-être trouverait-il une option plus adaptée à ses exigences ? Oui, voilà qui intriguait vraiment Keil’, si bien qu’elle s’amusa de cette nouvelle phase d’observation. Elle demeura de marbre sans pour autant chassé toutes expressions de son faciès, afin de tromper Loup quand à son indécision. Elle maintenait les traits légèrement contrariés de ceux qui ne pouvaient agir à leur guise, trop impliqués dans leurs objectifs pour s’en écarter ne serait-ce que d’un pas.
Or, c’était vrai.
Keil’ ne s’écartait jamais de ses objectifs, elle se contentait de s’élever plus ou moins sur la même voix pour un savourer la liberté et en envisager toutes les possibilités.
Après un bref moment, elle murmura :
« Ils vont bouger. »
Ce n’était qu’un souffle, une prédiction pour le moins précise, car l’instant d’après, le commode Tempête esquiva habilement un coup de sabre diagonal avant de tirer trois coups de feu. Aucun d’entre eux n’atteignit sa cible et ce peu de mouvement avait déjà fait comprendre à l’œil exercé de Keil’ qu’ils étaient plus ou moins à force égales.
Déjà, les paris se succédaient dans sa tête, puisqu’elle réévaluait à chaque mouvement les chances de chacun, contemplant la danse affable et dépourvue d’élégance qui se menait en contre bas.
Un combat entre Nuage eut été plus époustouflant, pour le non-profane. - Spoiler:
Je viens de remarquer qu’un membre du Clan Tempête ne peut pas avoir d’épée… j’avais zappé u_u. Va falloir modifier ça sur ce post et celui un peu plus haut ^^’
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| | | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Ven 31 Juil - 10:27 | |
| . Loup broncha ; apparemment, Keilana n'avait pas l'intention d'intervenir. Néanmoins l’expression légèrement contrariée que dénota son complice en disait bien plus long que l'immobilité de la jeune femme. En effet, Loup lut aisément les traits de son chef -puisque telle était l'intention de cette dernière- : ce n’était pas qu'elle ne voulait pas intervenir, elle ne devait pas intervenir, ce qui changeait tout… mais ne signifiait pas non plus que le blond, lui, le pouvait... Et aucune piste à ce sujet sur le visage de la flegmatique décolorée.
. Le fait était qu'en plus d'embarrasser son chef, une intervention de Loup pourrait fortement offenser les belligérants, ce qui n'était pas spécialement très malin.
Cependant, les badauds se rassemblaient autour du duo ennemi : quoi de plus attrayant qu'un bon bain de sang entre un Foudre et un Tempête ? Loup grinça des dents, agacé par tant de naïveté. Le combat qui menaçait de se dérouler, une fois à son point culminant, mettrait sûrement son arène en charpie, et la bande d'inconscients servant de spectateur ne serait pas forcement épargnée.
Voila ce qui préoccupait Iudalaël : il se fichait éperdument que deux clans se déchirent, si ça les amusaient, ils pouvaient bien faire ce qui leur plaisaient ce n'était pas les affaires du Nuage, chacun choisissait sa façon de vivre. Or donc, les Vents avaient choisi la neutralité et ne se rendaient pas forcément compte de la violence des batailles opposant leurs voisins. Se battre sur un terrain neutre était aux yeux de Loup une chose franchement méprisable, c'était piétiner le choix de vie de quelqu'un et même si les duellistes n'avaient pas tant d'état d'âme tout cela irritait le Nuage.
. Sans changer ne serait-ce qu'un trait de son expression paisible, Loup serra les poings au murmure de Keilana.
. Un coup d'épée, trois balles perdues.
. Le Guerrier avait prit garde à ce qu’aucun Neutre ne soit touché en dépit de l’esquive du Conquérant, mais combien de temps encore pourrait-il le faire ?
Les émeraudes de Loup incendièrent Keilana. Oh non, grand chef, n’y vois rien de provocant : l’assassin avait parfaitement conscience de sa place. Elle était son chef, il était membre de son clan. Simplement, il ne savait pas quoi faire et son caractère capricieux s’agitait, cette jeune femme étant impossible à prévoir. Il ne parvenait pas à deviner ce qu’il arriverait s’il agissait.
. Deux coups d’épée, un coup de feu.
. Le sang de Loup était en ébullition, chaque fibre de ses muscles étaient prêt à bondir, tout son corps paré à l’affrontement, chacune de ses cellules vibraient d’impatience, son esprit n’avait qu’à en donner l’ordre : agir. Ce n’était pas tant la santé des badauds que cette impression de ne pas pouvoir intervenir qui fâchait Loup. Il était un esprit libre, l’idée qu’il ne puisse pas quitter son toit quand bien même il l’aurait voulu lui était insupportable. Rien vu de l’extérieur ne trahissait son état d’esprit cependant, si ce n’est peut-être une immobilité trop parfaite.
Agir.
. Un coup d’épée, deux coups de feu.
. Un frisson le parcouru, ses yeux étincelèrent, mais son expression générale ne changea pas : paisible, presque souriant, attentif. Très attentif. Un œil exercé aurait remarqué que pas un seul mouvement en contrebas ne lui échappait, il suivait chaque geste de chaque personne avec précision.
Agir.
L’évidence le frappa alors avec force : il voulait bouger. Et bien quoi, il était retenu ? Il était Loup. Seuls les chiens avaient des laisses. Keilana n’agirait peut-être pas, et alors ? Aucun élément ne reliait l’inaction d’Haze à la sienne propre. Il était du clan Nuage mais avant tout, il était lui et lui tout seul. Il était libre, et si la laisse qui l’étranglait présentement était son respect pour son chef alors il était difficile de faire une entrave plus stupide ! C’était presque humiliant de ne rien faire alors que tout en lui tendait au contraire, tout simplement parce qu’elle était présente, mais elle ne lui avait donné aucun ordre. C’étaient les gamins hypocrites qui volaient des pots de confitures en douce puis esquissaient de grands sourires d’ange devant leurs mères !
. Du premier coup d’épée jusqu’à présent, il ne s’était écoulé qu’une paire de minutes, et Loup était redevenu sûr de lui et serein. Il agirait. Ce n’était plus une question de respect envers Keilana, celle-ci était assez habile pour avoir deviné que Loup lui en vouait un profond et sincère et la reconnaissait sans ambigüités comme supérieure à lui. Là n’était pas la question.
Il agirait. Certes oui, mais s’interposer purement et simplement n’était pas conseillé… Que ferait-il donc, c’est la question que vous vous posez n’est-ce pas ?
. Vous le voyez, mon louveteau. Tout beau tout classe avec ses jolies mèches dorées batifolant autour de son visage angélique aux belles émeraudes prodigieusement lumineuses ? Ce bonhomme à la mine radieuse, l’allure tranquille, vêtu d’un grand manteau ? Celui-là même respirant la quiétude, là-bas, sur son toit. Il en jette hein ? Mais c’est Loup. Et Loup se fiche éperdument de sa réputation, aussi fit-il ce qui lui parut le plus approprié pour arrêter les hostilités sans humilier personne. S’humilier lui-même. Après s’être assuré qu’aucun regard n’était tourné vers lui, il se défit de son manteau et murmura :
« Moi, j’agirais alors. »
Il sourit, et entra dans la peau de son nouveau personnage.
. Ce fut… à la fois comique et exaspérant pour les adversaires. Il est vrai que ce n’est pas tous les jours qu’un imbécile se casse la figure en plein milieu d’une scène de combat, sur l’un des protagonistes de surcroît et mieux : non seulement il tombait du ciel, mais en plus devant la ligne de mire du canon du Tempête. Cerise sur le gâteau : il geignait d’un ton malheureux en se frottant la tête, l’air franchement très maladroit.
Heureusement, le Guerrier avait été trop surpris pour tirer sur le pauvre bougre, posé sur son derrière, qui semblait prendre conscience de sa situation.
Le duelliste encore debout ne le reconnut pas, en dépit de leur rencontre de plus tôt : en effet ce garçon était d’un banal incroyable ! Il devait avoir… Quinze ans ? Sa chemise ample écorchée, son pantalon poussiéreux -sans doute après la chute-, ses cheveux blonds ébouriffés, ses yeux hagards et son expression un peu naïve témoignaient que d'un jeune homme très gauche, mais qui ne paraissait pas vraiment méchant. Il lui rappelait quelque chose pourtant… Arf, il avait dû le croiser.
. Loup était un nuage très talentueux, et notamment pour se déguiser. Néanmoins un garçon qui tombe du ciel est indéniablement louche, comme on put le noter à l’expression du Foudre apparemment très remonté contre cet impudent môme qui avait osé lui choir dessus. Le blondinet parut remarquer ce dernier détail, se releva d’un bond et s’empêtra aussitôt dans une slave d’excuses ponctuées de courbettes :
« Désolé ! Je suis vraiment désolé ! Ca ira monseigneur ? Pardonnez-moi je suis tellement confus ! Je ne voulais surtout pas vous interrompre je… »
« Toi… Espèce de charogne stupide et maladroite ! Qu’est-ce que tu es ? Un Vent ne serait pas assez crétin pour tomber de nulle part et un Nuage pas assez empoté ! »
. La mine que tira Loup fut admirablement convaincante : celle d’un enfant prit en faute, et profondément blessé. Il déglutit, comme terrorisé par le puissant combattant devant lui et d’une petite voix :
« Je suis très maladroit monseigneur, c’est pourquoi je m’entrainais d’ailleurs… »
« Ainsi tu es un Nuage ! »
« Oui monseigneur, même si je n’en suis pas digne, je leur fais honte… »
. Et ses propos l’illustraient à merveille : quel Nuage assez idiot irait vendre de la sorte ses faiblesses et ses hontes ? Pire, quel Nuage irait appeler un Foudre " monseigneur " ? Quel Nuage courberait si facilement la tête devant un autre et avec autant de bonne foi ?
« Décidemment ! Voila un clan bien décadent ! »
. Touché. Mais Loup ne broncha pas. Il avait ce qu’il voulait : le Foudre avait trouvé un nouveau bouc émissaire et rivait sur lui son attention. Quant au Tempête, il écoutait avec curiosité, intrigué par le curieux phénomène qui les avait interrompus.
« Ne dites pas cela monseigneur, je suis faible mais les autres sont de vrais buffles ! »
. Ce que Loup savait parfaitement, c’est que son masque naïf était sans failles, voila pourquoi il se permettait de sortir de telles âneries sans avoir peur que cela fasse trop. Comparer des Nuages avec des buffles, de quoi plonger tout le monde dans la nébuleuse. De toute évidence le garçon devant eux aurait mieux fait d’être un Vent. Loup s’enfonçait dans son rôle d’incompétent profond. Il en était comique, ce qui était volontaire : dédramatiser la situation et détendre l’atmosphère.
Maintenant, il fallait séparer les deux ennemis complètement, ce qui serait bien plus difficile… Cependant, Keilana l’avait dit elle-même, non ? Ce Tempête avait un drôle de tempérament, il serait peut-être simple de le faire partir. | |
| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Lun 3 Aoû - 23:32 | |
| Pour un peu, notre pauvre Keilana en aurait fait une syncope.
Ou alors, elle serait littéralement morte de rire face à la scène des plus burlesques que lui offrait son jeune Loup. Avouez tout de même qu’il s’était surpassé en la matière. Le ton si sérieux qu’il avait employé en déclarant qu’il agirait offrait un contraste terrifiant avec son étrange comédie.
Enfin étrange… Quand on considérait Loup et ses idéaux, il n’y avait rien de bizarre dans ses agissements, juste l’application d’une logique rodée accentuée par quelques traits enfantins. Bref, Keilana appréciait, c’était tout ce qui avait à savoir. Néanmoins, elle tâcherait de réprimander ce qui était devenu un blondinet de garnement maladroit. Enlaidir de la sorte le prestige des Nuages, cela restait tout de même un acte affligeant. Et si la jeune femme ne trouvait pas cela dramatique pour le moment, c’était qu’elle s’empêtrait dans son flegme increvable et sa gaminerie.
Attendez qu’elle reprenne son statut de chef, cela pourrait barder…
Quoi que, n’oublions pas que nous parlions de Keilana, pas d’un chef autoritaire et sans merci, tenant aux règles et au comportement irréprochable comme à la prunelle de ses yeux. Elle prônait le libre arbitre, du moment que tout l’engrenage fonctionnait pour l’avenir du Clan. Les règles étaient donc peu nombreuses et l’étiquette peu contrôlée. Certainement se contenterait-elle donc d’une remarque bien placée, d’un reproche discret mais perfide qui instaurerait son mécontentement sans pour autant nier sa part de responsabilité.
Là n’était pas la question dans l’immédiat. Keil’ devait songer à son rôle. Qu’allait-elle choisir ? Une seconde sale gosse maladroite pour montrer la décadence des Nuage ?
Tout de même pas. Il y aurait là un abus dont elle serait incapable, quand bien même il lui était arrivé de mettre de côté la fierté de son clan. Il ne s’agissait guère ici d’une affaire majeure qui requérait tant de sacrifices, non. Alors quoi d’autre ? Une stupide chef de faction à la recherche d’un incapable ? Non plus, cela manquerait cruellement de distraction…
Oh, en fait, elle avait trouvé…
Elle inspira profondément, enleva sa capuche et contempla une dernière fois la scène en contrebas. Des badauds, Loup, les deux belligérants.
Une bombe à retardement, somme toute.
Et le sourire qui se dessinait sur les lèvres de Keilana semblait simplement faire face à un spectacle de clown. Seulement, l’adrénaline qui se répandait d’ores et déjà dans son sang était la seule preuve de ce que cette simple altercation pourrait engendrer.
Légère, elle s’élança du haut du toit dans le vide, dans un plongeon digne d’une épreuve Olympique de l’Ancien Monde.
Si Keilana avait décidé d’intervenir avant que Loup ne se décide, elle se serait seulement interposée, sans révéler son identité et déclarer sobrement qu’en tant que Nuage et supérieure direct du blondinet, elle devait elle-même régler son compte au Tempête en fonctions de la décision du Chef de Clan. Les Foudre, en tant qu’allier, ne pouvaient pas l’empêcher de laver l’affront fait aux Nuage. Après cela, elle aurait laissé le Tempête ne paix, le tout sans dévoiler son identité. Evidemment, si le Foudre s’était révolté, elle l’aurait proprement menacé et lui aurait gentiment fait comprendre qu’il n’avait qu’à filer pleurer dans les jupes d’Attila pour que ce dernier convoque la Chef de Clan. Quelques doucereuses menaces auraient suffit, donc à régler cette affaire. Quoi qu’elle aurait dû, après, en référer auprès de l’autre barbare d’énergumène qui se croyait le plus grand conquérant de tout les temps, ce qui n’aurait pas été une mince affaire.
Puis, nettement moins amusant que se donner en spectacle de la sorte.
L’avantage de l’habile stratégie de Loup, s’était que le petit Foudre n’oserait pas se plaindre auprès de son Chef, le ridicule de la situation s’imposant. Et même s’il le faisait, Keilana ne s’en amuserait que plus, se moquant ouvertement de ce dernier pour croire de telles balivernes. Un entretient quelque peu risqué aussi, mais qui ne frôlait pas vraiment l’incident diplomatique en vue des relations peu classiques qu’entretenaient les deux dirigeants. La prudence les pousserait à se méfier l’un de l’autre et donc à limiter les répercussions de chaque incident burlesque.
Keil allait s’amuser, elle en était certaine.
Elle serait le Buffle.
Mais à sa façon.
Le Buffle agile et vaporeux né sous le signe du Nuage.
Un Buffle distingué, je vous prie.
Son plongeon la poussa à faire une jolie pirouette de toute élégance dans le vide. Elle avait sauté la tête la première, s’était positionnée en équerre, avait déployée ses bras pour atterrir souplement sur les épaules du Foudre, manquant de peu de le faire vacille. Pauvre bougre, il n’aurait jamais dû se relever, si c’était pour voir la mine peu enchantée de Keilana les sourcils froncés, tête à l’envers devant la sienne alors qu’elle se penchait dangereusement depuis son perchoir, faisant preuve d’une souplesse et d’un sens de l’équilibre peu communs.
« Décadent ? Quels sont ces inepties que je viens d’ouïr ? Comment osez-vous ainsi porter atteintes à mes chastes oreilles, médisant sur mon Clan, sur mon âme ? »
Contrairement à Loup, elle avait opté pour un ton exagéré, théâtral. S’il fallait passer pour des bêtes de cirques, autant le faire en bonne et due forme. La réflexion fonctionnait aussi lorsque l’on disait « S’il fallait se foutre de la gueule des conquérants, autant le faire en bonne et due forme ». Drôlement plus charmant ainsi, n’est-ce pas ?
Keilana daigna descendre de son perchoir, avant que la stupéfaction quitte les traits du Foudre et qu’il ne décide de la déloger de ses épaules. Ne pas prendre de risque inutile restait un point important de cette mascarade. Il serait tout à fait stupide de se blesser dans une telle entreprise. Car plus que physiquement, ce serait l’orgueil de la jeune femme qui en prendrait un sacré coup.
Vive, elle se tourna face à Loup, poings sur les hanches, sans quitter son air courroucé.
« Et vous jeune homme ? Voilà des heures que je vous cherche ! Puis-je savoir ce que vous manigancez encore, chenapan ? Quel plan saugrenu avez-vous inventé pour décrédibilisé le prestige des Nuages ? Votre cousine, la sublime Chef de Clan ne saurait que vous réprimander à ce sujet, et sachez qu’elle ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez ! »
Et voilà, le pari était lancé.
Loup n’avait plus qu’à lancer sa réplique, et en théorie, le Foudre aurait bien vite fait de filer, avant de s’attirer d’avantage d’ennuis. Il ne prendrait pas le risque de s’exposer d’avantage, sans connaître les réels facteurs de la situation. Au pire, elle lui lancerait une réplique menaçante et hautaine, ou lui montrerait en quoi elle était le Buffle.
Il fallait se montrer convaincant, et vite. Car il y avait toujours le risque pour Loup de se faire reconnaître. Non pas qu’elle doutait de la perfection de son déguisement d’attitude, mais il ne fallait pas oublier qu’il ne s’était pas changé et que la blondeur de ses cheveux ainsi que la pureté de ses traits n’étaient pas du genre à passer inaperçu.
Keilana imaginait déjà la légende urbaine.
Un jeune homme qu’on aurait entrevu deux fois dans la même journée, à chaque fois au bord de l’affrontement, s’en tirant remarquablement. Seulement, tous ignoraient si c’était la même personne, en vue des attitudes totalement opposées des deux individus.
Une bizarrerie Nuagesque, somme toute. | |
| | | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Mer 5 Aoû - 0:07 | |
| . Loup regarda du coin de l’œil la gracieuse silhouette, aussi discrète que fascinante qui s’élança du haut du toit et évolua dans les airs… Un faucon ? Non, bien plus que cela ; c’était un sylphe. La jeune femme évoquait un sylphe. Souple, légère et céleste… Une pirouette parfaite, si aisément esquissée qu’on eut pu croire que la demoiselle volait pour de bon, et ensuite… Ouch… Ce Foudre dégustait décidément ! Pas que Loup doute du poids de plume de Keilana mais c’était tout de même la seconde personne qu’il se prenait sur le dos… Pauvre bougre. Pour peu il inspira même un peu de pitié à l’assassin blond lorsque la décolorée lui fit un sermon entre les quatre yeux, positionnée de façon fort fantasque sur les épaules du Conquérant. Le garçon ne put retenir un sourire un coin : c’était la chef du mystérieux clan Nuage, elle ? Pff… Tant mieux. Cette facette de Keilana qui se prenait aisément à n’importe quel jeu –filature dans les rues ou jeu de rôle- lui attirait une grande sympathie. Elle l’avait rejoint finalement… Loup était apaisé, sans savoir réellement pourquoi. Mais… La réputée chef des Nuages allait-elle se prêter au jeu ? Voila qui l’intriguait.
. Mais enfin, il aurait été idiot de se trahir et Loup regagna bien vite son masque d’adolescent de quinze ans empoté. Il écouta avec attention ce que dit Haze, cherchant un indice pour faire évoluer ses propres mimiques… Ah, la simplicité apparente du chef des Nuages était contrefaite : voilà qu’elle parlait de façon non pas hyperbolique, très théâtrale ! Clairement ; une personne qui se donnait en spectacle avec des airs à la fois importants et familiers si l’on faisait attention à la façon dont elle traitait le Foudre. C’est pourquoi Loup comprit autant le « s’il faut passer pour des bêtes de cirque autant le faire jusqu’au bout » que le « s’il faut se foutre de la gueule des conquérant ». Ravi d’avoir là un feu vert, Iudalaël se permit de s’immerger complètement dans son rôle. Eh quoi ! Comme à sa bonne habitude, tout au fond de lui, enfermé dans les tréfonds de son âme il avait peur le louveteau ! Aller au devant de deux guerriers ainsi et devant les yeux d’un assassin hors pair en plus, au milieu de toute une foule de badaud ! Pensez-vous s’il était rassuré ! S’immerger dans son rôle fut… Délicieusement rassurant.
. Aussi se composa-t-il un visage effrayé que tous purent interpréter de la sorte : la nouvelle arrivante flanquait au gauche blondinet une drôle de trouille ! Il avait un peu ce visage d’enfant prit en faute compilé à celui du même enfant qui sait qu’il va se prendre un savon mémorable… Très réussi.
Toujours aussi vive, la tête du clan Nuage abandonna son juchoir et fit face à un pauvre garçon apeuré, l’air très malheureux, tête rentrée dans les épaules, yeux fermés très fort qui attendait que l’orage passe.
« Et vous jeune homme ? Voilà des heures que je vous cherche ! Puis-je savoir ce que vous manigancez encore, chenapan ? »
. Loup ouvrit les yeux, l’air profondément affligé, désolé et repenti, et comme tout bon petit boulet, tenta de couper la parole :
« Maître je… »
. Maître ? Bah, dans le fond c’était vrai et suite au « monseigneur », pourquoi pas ! Derrière les traits de son personnage, Loup apprécia l’aisance avec laquelle Keilana savait aussi changer de visage. Elle semblait courroucée, agacée à merveille ! Elle aurait pu l’être authentiquement, me diriez-vous, mais alors l’atmosphère aurait été bien différente et Loup sur la défensive… Non, elle devait plutôt… S’amuser.
« Quel plan saugrenu avez-vous inventé pour décrédibilisé le prestige des Nuages ? »« Mais je… »
. Loup se mordilla le pouce nerveusement, son air malheureux s’accentua encore, si bien qu’on aurait presque pu croire qu’il allait pleurer. La mine de nouveau profondément blessée, il baissa la tête, comme abattu par les paroles de Keilana.
« Votre cousine, la sublime Chef de Clan ne saurait que vous réprimander à ce sujet, et sachez qu’elle ne devrait pas tarder à montrer le bout de son nez ! »
. Loup n’eut aucun mal à feindre la surprise : s’il s’attendait bien à une conclusion surprenante, se retrouver, lui, comme le cousin de la grande Keilana Haze, quelle promotion ! En revanche il osa interpréter le « ne saurait que vous réprimander à ce sujet » : cette phrase lui était peut-être bien destinée, après tout il discréditait en effet le Clan Nuage quand bien même il avait précisé antérieurement qu’il était assez rare de trouver d’aussi mauvais élément que lui.
. Le personnage de Loup passa donc de la surprise à la terreur pure et dure : bon, il fallait repousser ce Foudre ? Le Chef de Clan était censé le faire fuir, n’est ce pas ? Et bien on allait l’y aider un peu ! Loup fut parcourut d’un frisson feint et se mordit la lèvre, pour le coup l’air très sincèrement nerveux. Et derrière cela, il s’amusait bien. Non seulement Keilana Haze était descendu l’aider à séparer les deux belligérants, mais en plus elle jouait avec lui, et puis bien encore ! Et le « sublime » mutinement placé devant « Chef de Clan » lui aurait tiré un beau sourire amusé si cela avait pu correspondre au drôle qu’il incarnait.
Secouant la tête avec conviction, il répondit d’une voix tremblante :
« Oh noooon ! Maître que lui avez-vous dit ? Non, Son Excellence Ma Très Admirable Cousine l’a deviné c’est cela ? Elle sait toujours tout ! Non, non, non ! Il ne faut surtout pas que son Eminence vienne ici je… Oh lala ! Sa Sérénissime ultime Assassin notre exemple inégalable à tous, m’avait dit pourtant que la prochaine fois elle viendrait me tirer les oreilles en personne ! »
. Il s’amusait à donner de très hauts qualificatifs en désignant Keilana mais dans un but précis : ils surpassaient tous très largement le « monseigneur » donné au Foudre et il avait bien l’intention d’écraser celui-ci par la réputation d’Haze. D’ailleurs la mine terrifiée de Loup était dressée dans cet optique. Le Foudre lui avait provoqué de la gêne, Keilana de la crainte. Et il avait mit une pointe de malice à rappeler l’habilité de son chef à tuer, histoire de ne pas laisser d’ambiguïtés.
. Quelques badauds déjà commençaient à partir, d’autre, bien trop curieux, espéraient voir de leurs yeux cette Keilana dont tout le monde parlait mais que personne n’avait jamais vue. Finalement, mêlant terreur et admiration sans bornes, Loup partit dans une énumération extravagante de tout ce qui pouvait animer à la fois estime et peur chez sa prétendue cousine : sa façon si macabrement silencieuse de s’approcher de sa proie sans éveiller le moindre soupçon, sa façon de tout savoir par l’opération sans doute du Saint-Esprit, sa façon d’observer fixement sans être vue et de tout apprendre sur quelqu’un, sa façon de deviner les tréfonds de l’âme rien qu’en sondant du regard, sa façon de vous glacer le sang dans les veines, sa façon de… Tout cela en furetant de tous les côtés. Bien entendu Loup exagérait au maximum, son personnage et son talent le lui permettant aisément sans se faire démasqué.
. Il se tut brusquement, n’osant plus respirer, et laissa un silence s’installer, regardant partout autour de lui. Où comment installer un climat inquiétant, hein ?… Puis, d’un ton sourd, il lâcha sa pierre :
« Peut-être est-elle déjà ici… ? »
. Bon, ils perdirent au moins la moitié de leurs audimat. A vrai dire ils ne restaient des spectateurs plus que des passants qui se pressaient, ou presque. Parfait. Il lisait déjà dans le Foudre et le Tempête un certain malaise, quelque chose comme : « si je pars, j’ai l’air d’un couard mais je n’ai vraiment pas envie de rester ». Il fallait leur donner une échappatoire, leur tendre une perche pour qu’il s’en aille. Mais Loup eut un accès de puérilité et ne put s’empêcher de faire ce qui suivit :
« Aaah ! »
. S'écria-t-il en fixant du regard un point au-delà le foudre, esquissant un pas précipité en arrière. Le bonhomme sursauta presque et se retourna d’un bloc. Loup prit une mine piteuse qui n’était qu’à moitié feinte, l’autre demi étant à l’adresse de la décolorée.
« Excusez-moi, j’ai vu une ombre bouger… J’aurais dû savoir pourtant qu’elle ne laisserait même pas cela au hasard ! »
. Bon et bien, il n’y avait plus qu’à. La dernière action de Loup, bien que puéril, avait mit les chocottes au Conquérant qui finalement ne paraissait pas si courageux que cela. On pouvait bien proposer n’importe quoi à présent, pour sûr le Foudre où le Tempête prendrait le premier bateau pour quitter ce port où Keilana était censé se rendre… Et puis, du coin de l'oeil, Loup aperçut le Guerrier froncer les sourcils d'un air concentré... Sans doute le visage de Loup le travaillait-il, il fallait accélérer la cadence. | |
| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Jeu 3 Sep - 11:44 | |
| Le jeu était exquis.
Quelque chose d’à la fois risqué et entrainant, douceâtre comme acide, ne pouvait donner naissance qu’à l’exquis. C’était l’impression que faisait la situation à Keilana. Amusée par les réactions de Loup, surtout de sa surprise quant à sa soudaine promotion au sein de la famille Haze, mais aussi de sa comédie, elle se laissait aller à une superbe hilarité intérieure. Son personnage mystique devenait cruel et craint, bon à tirer les oreilles tandis que son flegme se trouvait effacé dans une habile comédie, remplacé par le burlesque rôle de terrifiante chef qu’on lui donnait.
Elle devinait déjà que, suite à de telles frasques, les rumeurs circuleraient bien vite jusqu’aux chefs des différents Clan. Il lui semblait que les Vents ne se poseraient pas de questions. Auréhane en avait certainement entendu des meilleures. Chelsea, lui, se ferait peut-être un plaisir de se moquer d’elle, ou de lui passer un savon. Il faut dire que, ces imbéciles de Foudre, aussi, se laissaient prendre au piège (ce n’était pas comme s’ils pouvaient faire autrement, face au talent des Nuage, bien entendu). Enfin, pour ce qui était du mystérieux Ragziel Howell, il fallait dire que cela restait… un mystère. Elle ignorait s’il allait baser son jugement sur quelques échos de bêtises ou non.
D’un autre côté, cela arrangeait Keilana. Il pourrait ainsi sous-estimer le Clan Nuage –ouch, pauvre orgueil. Un ennemi qui vous sous-estime est un ennemi facile à piéger.
Néanmoins, Keilana elle-même ne sous-estimait-elle pas ce cher Ragziel ?
Un frisson parcourut l’assemblée de spectateur. Le Tempête semblait sur ses gardes, le Foudre crispé. A la frontière des territoires, tous semblaient murés de base, dans un climat de méfiance. Alors, pour ce qui était de la situation actuelle, on pouvait lire la tension sur chacun des visages ci-présents. La plupart oscillaient d’ailleurs entre la curiosité et le désir de prendre la poudre d’escampette : il n’était pas rare que quelques Vent soient malencontreusement blessés lors d’altercations entre clans belligérants, et cela n’avait, bien entendu, rien de nouveau.
Ce fut certainement la raison pour laquelle quelques individus commencèrent à s’éclipser plus ou moins discrètement.
Enfin, Keilana en ajouta plus encore à l’effet, en sifflant :
« Mais quel imbécile vous faites, pauvre garçon ! Ne retenez-vous jamais rien de ce que votre Maître vous apprend ? Ne la sentez-vous pas, cette aura meurtrière de la Dame des Assassins, cette aura de suprématie ? »
Elle toisait le pauvre Loup de toute sa hauteur, son air sévère tirant sur le désespéré. Il était amusant de jouer les maîtres tyranniques, elle devait l’avouer. Peut être essaierait-elle de faire une scène identique à Chelsea, juste pour voir sa réaction. Certainement le chef des Foudres trouverait le personnage très cocasse... Très peu probable qu’il la prenne au sérieux.
Elle poursuivit, dans un désir de ne laisser aucun sous-entendu, marquant la fin du suspens :
« Evidemment, qu’elle est déjà ici. Parmi nous, pauvre sot ! Mais voilà, vous êtes tellement incompétent que vous n’êtes même pas capable de démasquer votre propre cousine ! Vous qui, à la naissance, étiez promis à un brillant avenir ! »
Elle ajouta un regard méprisant à son élève factice, avant de lâcher, impitoyable :
« Quelle honte ! »
Le silence qui s’installa suite à la tirade était plus qu’équivoque. Jetant des regards inquiets, soupçonnant ses voisins de foules, les badauds commencèrent à se disperser. La terreur qu’inspirait cette nouvelle Keilana avait quelque chose de comique : la réincarnation d’Attila n’avait plus qu’à bien se tenir !
Il est vrai que l’apparition de ce dernier aurait certainement autant secoué que la révélation concernant la cruauté qui habitait le Clan Nuage. Chose déjà soupçonnée de par la crainte naturelle des habitants à l’encontre des assassins, elle prenait désormais forme grâce au nouveau personnage du Chef du Clan.
De quoi faire frémir l’Enfer Céleste pendant encore quelques temps…
Il fallait bien qu’à un moment ou à un autre, les deux opposants agissent. Le Foudre, déjà, pestait :
« Je vais de ce pas faire mon rapport à mon supérieur ! »
Il n’empêchait qu’il fuyait, le couard, comme l’espérait la jeune femme. Oh, elle avait hâte de rire au nez de ce cher Chelsea, de lui prouver combien la subtilité, et même l’ânerie valait mieux que la violence gratuite des Conquérants et d’un sourire sournois lui révéler son avenir, son triste dessein. Jamais il ne parviendrait à ses fins, même en pensant l’avoir soumise à son autorité.
Quelle blague !
Les Nuage seraient libres, point barre. Pourquoi diable se bercer d’illusions ? Pourquoi penser que l’issue d’une bataille déciderait du vainqueur de la guerre ? Tout cela n’était qu’élucubrations.
Le Tempête, plus humble, plus perspicace surtout, s’inclina.
« Il est temps pour moi de me retirer. »
Un simple salut qui signifiait à la fois tout et rien, un bel exemple de neutralité, un soupçon de gratitude afin de préserver quelque fragile équilibre. Il lui faudrait être prudent, d’autant plus que la réincarnation de leur Clan n’était pas de bon augure. Alcibiade le Traitre ne saurait se défaire de son âme pour rester fidèle aux Tempête. Restait à espérer que de trahison en trahison, ses actions auraient quelque chose de bénéfique pour la Cité Volante.
Il fallait croire qu’il était désormais tant de se retirer, de baisser le rideau.
Pour ne pas gâcher un tel spectacle aux derniers et courageux observateurs, la jeune femme saisit Loup par l’épaule de façon un peu rude et l’entraina à sa suite, tout en ronchonnant :
« Allons, partons ! N’allons pas imposer à la Sublime Brume de vous donner une leçon en publique, par tous les Vents ! Ne pensez-vous pas que vous en avez assez fait ? »
Bon, on avait vu mieux comme sortie de scène, mais il fallait dire que Keilana avait grand besoin de montrer à Loup qu’elle le réprimandait légèrement. Rien de bien méchant, en soit, elle n’allait pas lui faire la morale. De une, elle était mal placée pour le faire, de deux, elle prônait la liberté… Et de trois, elle s’était bien amusée, alors, peu lui importait de telles conséquences !
- Spoiler:
Désolée pour la qualité plutôt médiocre du post ^^"
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| | | | Loup Iudalaël
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Jeu 8 Oct - 19:55 | |
| . Oh… Voila à présent qu’il était « promis à un brillant avenir »… Dieux du ciel, que n’était-il réellement ce mécréant qu’il incarnait ? Il songeait avec un sourire masqué que Keilana dû très aisément déceler, gardant toutefois la tête basse et l’air penaud.
. Loup n’avait pas spécialement pour habitude de se sentir minuscule aux côtés des figures connues, aussi la réputation ou la place dans la hiérarchie d’Haze ne lui faisait ni chaud ni froid. Il avait juste toujours eut un grand respect pour elle, ce qui la lui faisait reconnaitre comme son chef, le titre ne lui étant rien. Et à présent... Il s’émerveillait sincèrement.
Lui si souvent solitaire ne s’était jamais autant amusé ! Oh non ce n’était pas comparable à beaucoup d’autres beaux jours passés avec les quelques amis dont il daignait entretenir les liens ; ce n’était pas le même jeu, la même échelle, la même dimension. Rien à voir. Là-bas, ce n’était que boutades, quelques farces lorsqu’ils étaient plus jeune, rires aux éclats et bons moments. Une amitié simple, pure et heureuse en soit.
. Ici… C’était harmonie complice, subtilités synchronisées, jeu d’adresse, adrénaline presque puisque l’erreur n’était pas permise ! C’était « la cour des grands », des jeux de Nuages. De vrais Nuages. De ces Nuages qui ont compris leur essence et sont en osmose avec elle, en symbiose… En résonnance. De ces Nuages à qui tout parait aisé, léger et aérien. De ces Nuages qui ne s’enlisent pas les pieds dans un sol fait de principes, de « raison », logique ou autres balivernes geôlières qui les faisaient tous ressembler à de jolis petits moutons bêlant après le père berger les ayant conditionnés.
Ce jeu, bien que burlesque, illustrait cela. Par sa malice délectable, sa hardiesse éloquente, par le verso des masques cocasses, par les rires sous cape dans les coulisses. L’habilité des Assassins défaisait de ses doigts virtuoses les plus belles cuirasses et mettait à nu la volonté de ses adversaires, les laissant démuni devant une monstruosité qu’il ne savait même pas par où combattre.
. La petite Cheftaine acheva son élève, lui assenant un « Quelle honte ! » puissant. Loup parut se recroqueviller plus encore, et la situation évolua, la conclusion tomba.
Dernier Acte de la pièce.
Epilogue.
. Ils avaient gagné.
. Le Foudre se retira, le Tempête fit de même, plus humblement. Loup retint le clin d’œil facétieux qui lui venait à l’égard du Guerrier, au cas où il se soit trompé sur l’apparente sagesse du manieur d’arme à feu, et continua à jouer son rôle de godiche.
. Le spectacle touchait à sa fin. Les acteurs devaient se retirer, les spectateurs sortiraient de la salle en parlant encore longuement de l’histoire qui avait défilé sous leurs yeux. De cette peur blanche et glacée qui avait tourmenté les battements de leurs cœurs, menaçant de les arrêter à jamais. De ce silence de mort qui avait envahi leurs esprits, alors que les personnages évoluaient avec talent sur scène. Ils en parleraient d’abord entre eux, trop effrayés pour le faire sortir de ce petit cercle de témoins, puis le chuchoteraient à leurs voisins, et le murmure secouerait toutes les rues des quartiers avoisinant : Keilana Haze, la terrifiante Keilana Haze, la tueuse-dont-on-ne-connait-pas-les traits, celle dont on dira qu’on ne peut l’avoir vu sans en mourir, celle qui tue sans un bruit, celle qui défit toutes les lois naturelles, s’infiltrant partout avec agilité et aisance… Avec un peu de dentelles, l’image du Chef des Nuages risquait de devenir amusante. D’après les rumeurs les plus courantes, Loup parierait sur l’aspect d’une superbe femme à la beauté polaire, grande, le port altier, belle comme la mort. Ah… Finalement, il s’amusait déjà de ce qu’on en dirait. Il faudrait qu’il revienne écouter les potins dans les jours à venir…
Comparant l’esquisse qu’il s’était faite de ce que serait selon tous Haze à la décolorée ébouriffée qui lui lacéra l’épaule pour l’entrainer tout en ronchonnant, il sourit. Sourire qu’il masqua par de larmoyants « Aïeaïeaïeaïe mais maître je… AÏE ! Je vous jure je ne… OUILLE ! S’il vous plait… » . Il ne s’y trompa cependant pas : la poigne de la jeune femme était trop ferme pour rester dans les frontières du jeu, la réprimande était authentique. Bah… Peut-être l’avait-il un peu mérité ?
. Le maître et l’élève disparurent dans une ruelle adjacente, sous les regards mi-perplexe, mi-effrayés des badauds. Lorsqu’ils furent hors de vue, Loup se redressa, reprit sa propre peau et s’ébroua. Ouf ! Finalement, il était drôlement bon de reprendre ses chaussures ! Il épousseta son manteau, eut un regard vers le ciel -geste qui lui était naturel et lui avait terriblement manqué le temps de sa récréation. Puis, replaçant ses mèches blondes derrière sont oreille, faisant teinter son bijou, il prit la parole le premier après quelques secondes de silence :
« Je n’en doutais pas, mais vous avez décidément un grand talent ».. Simple interlude, il ne comptait évidemment pas s’échapper de façon si grossière et en vint au fait : « Je n’ai pas spécialement l’intention de m’excuser. Je suppose néanmoins qu’avoir éraflé l’image de ce clan que vous gardez m’attirera quelques reproches… ». Il effleura son épaule avec un beau sourire calme. Loup avait adoré le jeu, et quand bien même cela serait dans son caractère, il ne le regretterait pas. Il avait conscience cependant d’avoir discrédité les Nuages, mais ne pas agir l’aurait consumé de l’intérieur, c’aurait été refoulé son esprit libre. Quant à faire étalage de ses prouesses en séparant les belligérants par sa qualité de membre du clan des Assassins, cela n’aurait fait qu’aggraver la situation. Sans parler du fait que s’interposer entre deux ennemis jurés lorsque l’on est censé être l’allié de l’un… Pas terrible pour l’avenir pacifiste et les plans de la cheftaine, quels qu’ils soient. Loup ne la soutenait pas particulièrement dans ses décisions mais ne la contredisait pas non plus. L’habit ne fait pas le moine dit-on, mais cette petite -hum- avait l’air d’avoir du plomb dans la tête et des ailes dans le dos : s’enchaîner aux bourrins du clan voisin ne devait pas être quelque chose d’irréfléchi.
Et puis… Ce n’était pas non plus comme-ci Keilana n’avait pas joué le jeu… Aussi ne fallait-il pas prendre la première phrase de Iudalaël comme un acte d’effronterie délibérée. Il savait sa place et le ton qu’il employait de prêtait pas à confusion. Simplement, il ne regrettait pas son geste et s’excuser par hypocrisie ne lui ressemblait pas. A vrai dire, quand bien même se serait-il excusé, la talentueuse décolorée y aurait décelé une franchise feinte sans trop de peine. Loup savait jouer un rôle. Par contre, il ne savait pas vraiment mentir. . Il n’eut pas besoin d’expliquer tout cela, son attitude et son expression parlait pour lui : sincérité, calme et l’air de sortir d’une course folle. Vous savez, cet état où vous êtes après vous être amusé longuement, vous être bien essoufflé, avoir bien ri… Après vous en être remis, cette tranquillité chaleureuse qui vous envahi. M’enfin, intérieurement, il bouillait encore d’excitation, il ne rencontrait pas souvent -sans vanité- de personne sachant égaler son habilité… Keilana lui avait été un havre de ravissement. . Mais voyons ce qu’elle en disait… Elle. - Spoiler:
Je crois que pour ce qui est de la médiocrité u_u... Je suis ici championne haut la main ! Bref, désolée pour le délai choupette, je patauge un peu ^^ !
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| | | | Keilana Haze
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| | Sujet: Re: Like a Cloud ? [Terminé] Dim 3 Jan - 18:20 | |
| Keilana restait silencieuse, n’accordait presque aucune importance à Loup.
Elle sombrait à nouveau dans la douce torpeur de son flegme, avant que la facette trop sombre de sa personnalité refasse surface. Il aurait été bien bête que cet adorable Loup aperçoive le regard assassin de son chef, qu’il découvre l’aura violente qui pouvait émaner d’elle lorsqu’elle perdait le contrôle des méandres de son esprit. Si bête, n’est-ce pas ?
Alors, elle l’ignora. Elle ignora tout, sa colère, son amusement, le moindre sentiment chassé de son cœur pour laisser place à ce vide reposant, à ce souffle à même de porter, délicatement, le nuage vers des cieux plus paisibles. Des reproches ? Il n’avait qu’à se les faire lui-même. Il connaissait son erreur, il connaissait ses droits. Il pouvait lui-même se soucier des conséquences de ses actes, plus pour lui-même que pour le clan. Après tout, il n’était pas exempt de conscience qu’elle que soit sa philosophie de vie. Sans compter que Keil’ l’avait sciemment mis dans une situation délicate. Si elle avait daigné s’exprimer, peut-être aurait-il deviné que sa décision était certainement la plus juste. Qu’était l’orgueil face à l’injustice ? De vulgaires apparences avaient-elles leur droit face à au sort d’un individu ayant agit justement ?
Qu’il s’excuse ou non, dans le fond, elle s’en moquait. Tout ce qui importait dans cette affaire, c’était qu’il soit un Nuage digne de ce nom. Libre. Et là-dessus, elle n’avait rien à redire.
Amusée, elle l’avait été. Contrariée aussi, mais plus par le court que prenait les évènements que par le comportement de Loup. Un peu de distraction n’avait pas fait grand mal au chef du Clan Nuage, loin de là. A force de faire face à la réincarnation d’Attila le Hun, la jeune femme en oubliait ce qu’était la légèreté de l’âme. Elle se murait dans ses attitudes, dans sa personnalité à multiple facette pour mieux fuir une réalité qu’elle n’admettrait jamais : elle sacrifiait sa liberté pour préserver celle de son clan. Les missions des Foudres, pour la plupart, elle les accomplissait elle-même. Elle n’envoyait jamais de messager à Angel. Non, elle assumait entièrement ses responsabilités, tout en commençant à réaliser que, peut-être, elle ne parviendrait pas à mener ses projets à bien. Que si elle ne tuait pas Chelsea, elle condamnait son successeur à agir comme elle, dans l’ombre.
Un jour, peut être, elle y songerait.
Les pensées, traîtresses, se glisseraient jusqu’à elle, pour détruire le soupçon d’idéalisme et de témérité qui l’avait mené là. Alors, quand ce moment arriverait, elle n’aurait plus beaucoup de choix. Trop peu. La guerre ? La fuite ? Ou la perte définitive de sa liberté ? Une nouvelle alliance ? Chacune de ces options offrait des conséquences multiples et insondables que même les plus grands tacticiens de ce monde ne pourraient prévoir.
Curieusement, la situation dans laquelle elle se trouverait ressemblerait à celle qu’elle avait plus ou moins imposée à Loup quelques heures plus tôt. Grandeur nature. Plus complexe, si bien que d’une façon ou d’une autre le piège se refermerait sur elle.
Cependant, le temps n’était pas à de telles réflexions. Elles n’avaient pas encore traversé l’esprit vaporeux de Keilana. Elle demeurait immobile depuis quelques secondes déjà, ayant patiemment écouté le blondinet. Puis, malgré son attitude flegmatique, malgré le fait qu’elle venait de chasser toutes futilités de son cœur, elle se souvint qu’elle devait désormais accomplir ses devoirs. Rentrer à son bureau, dans la partie Secrète de l’Est, avant de se préparer à quelques sorties nocturnes qu’elle se gardait bien de partager.
A peine Loup eut-il détourné son regard, une faction de seconde, peut-être, Keilana Haze avait disparue, tel un souffle.
- Spoiler:
Post très court, j’en conviens. Mais il était temps que je te débarrasse de ce sujet ^^ Désolée du retard, la miss. Ne te sens pas obligée de répondre, je peux verrouiller, si tu veux... C'toi qui voit. Bonne année à toi =)
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