Enfer Céleste
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


# Qu'avec le Vent Céleste ricane l'Enfer ~
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

 

 « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Loup Iudalaël
# Membre du clan Nuage

Loup Iudalaël


Messages : 54
Date d'inscription : 06/06/2009
Localisation : ° Partout où le vent l'emporte.
Humeur : ° Lupine ♥

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeVen 26 Fév - 2:18

Ce topic est la suite de " Rencontre Fortuite ".

*

    . Loup n’était pas à l’aise. Pas du tout. Tout d’abord parce qu’il était à découvert, loin des recoins sombres, des toits hors de portés et de l’indifférence générale. C’est vrai qu’il lui arrivait des fois de déambuler de la sorte, dans le quartier Venteux, mais toujours dans les avenues bondées de monde où il pouvait se fondre complètement. Là… Il y avait certes de plus en plus de passants, mais pas suffisamment pour passer totalement inaperçu. Il se sentait cloué sur place, comme si pour une fois la gravité eu raison de lui. Il aurait pu, même dans cette allée, disparaître aux yeux de tous, se faufiler entre les promeneurs, se couler dans la rue sans qu’un seul être ne s’attache à sa silhouette… Mais la seconde raison de son malaise l’en empêchait : à côté de lui trottinait tranquillement une jolie brune qui avait retrouvé tout son enthousiasme. C’était quelqu’un qui le suivait. Elle avait beau être adorable, joyeuse, chaleureuse et tout ce qu’il fallait pour s’attirer la sympathie du Nuage, n’empêche que c’était quelqu’un qui le suivait. C’était gênant, ça le rendait nerveux.
    . Toutefois, ce sentiment n’était dû qu’à son enseignement, toujours lui, puisque le Nuage se savait totalement libre en ce moment même. C’était encore ce vent joueur et taquin qui le portait en avant de sa brise léthargique et euphorique à la fois. Un vent détaché de tout et de tous qui ne soufflait que par caprice, et était depuis la venue au monde de Loup son plus fidèle compagnon. Tout deux se ressemblaient tellement… Aussi vaporeux, insaisissables, lunatiques et imprévisibles l’un que l’autre. Il savait également pouvoir s’échapper quand bon lui semblait, tout comme il savait que bien peu de gens le regardait puisqu’il s’appliquait à paraître terriblement commun avec sa démarche ordinaire et sa frimousse angélique voilée d’un air banal à faire bailler un insomniaque. Quiconque l'aurait observé avec attention aurait néanmoins sentit le charme envoûtant de l'assassin, aurait vu son regard en éveil, ses émeraudes animées d'un éclat singulier et curieux de tout... Un autre Nuage aurait également remarqué que son semblable ne s'appliquait pas consciencieusement à son déguisement : il y avait dans les pas de Loup trop de souplesse pour faire un homme commun convaincant.


    . Le Nuage cheminait donc, somme toute, calmement, un doux rictus aux lèvres et à l’écoute d’une Jichinôra Fides Ei qui parlait avec amour de son précieux îlot. C’est qu’elle avait l’air de l’aimer, son petit chez elle. Loup s’y arrêta un instant : si son père était Nuage, elle devait tout de même avoir de la famille Etoile, et pour tenir si fort à son domaine… Il supposa premièrement deux choses : soit son père était mort sur cet îlot, soit elle aimait sa mère en dépit de son mutisme à son sujet. Il émit une troisième conjecture cependant, alors qu’il l’entendait parler : elle devisait de son chez elle presque comme elle le ferait d’une personne bien vivante, ça semblait la rassurer… Peut-être qu’elle était réellement seule en dépit de sa jovialité et se raccrochait à son antre comme un repère fixe, stable, quelque chose de sûr sur quoi elle pouvait compter. Mais comment s’y prendrait-elle, avec son caractère sociable et attachant, pour être finalement si seule ? Devenait-elle distante avec le temps ? Loup doutait que le manège enjoué de la jeune femme ne soit qu’un leurre, une hypocrisie : elle était bien trop spontanée pour cela. Il doutait également que ses connaissances puissent se lasser d’un personnage si gai et plein de surprise. C’est pourquoi il resta sur son idée : si Jichinôra était réellement seule, elle en était l’unique cause.
    . C’était un jeu. Un jeu de piste qu’il suivait sans même s’y forcer : deviner la vie de la demoiselle Fides Ei. C’était peut-être indiscret, mais lui, ça l’amusait. Et puis il ne faisait aucun mal : il ne la questionnait pas sur des points douloureux, ne fouinait pas n’importe où… Il mettait simplement bout à bout les indices qu’elle lui laissait.


    . Le tramway dans lequel ils étaient montés les promenait tranquillement à travers l’Enfer Céleste alors qu’un silence s’allongeait entre eux. Oh, il n’avait absolument rien de ces silences embarrassés et tendus que l’on tente à tout prix de meubler… Non, c’était le genre de silence agréable, à peine conscient, permettant de s’égarer quelques instants dans ses propres pensées, de faire une pause dans la conversation et d’admirer un peu les alentours. Et les alentours valaient le coup d’œil : petit à petit, on voyait se profiler, derrière les villas modernes Tempétueuses, de hauts gratte-ciel majestueux qui à l’image de leurs propriétaires s’élançaient à l’assaut des hauteurs imprenables, du moins à première vue. Loup n’aimait pas particulièrement l’architecture des deux districts belligérants de l’île : trop voyant, trop grand, trop gros, fait dans des matériaux trop lisses. Cela pouvait paraître étrange comme critère, mais Loup appréciait les défauts. Il appréciait les zébrures courant sur les bâtisses, les quartiers déstructurés, les toits en pagaille, les ruelles tordues et sinueuses, les vitres de bois, les murs colorés, les apparences cabossées… Ici… Tout était symétrique, géométrique, égaux et lisse. Tout était nouveau. Rien n’avait d’histoire. Cependant, il reconnaissait que la lumière qu’offrait les baies vitrées ou l’altitude que donnaient les buildings ne devait pas être désagréable, quand bien même un Nuage s’y serait peut-être senti trop vulnérable.

    . Enfin, le transport annonça l’arrêt attendu et Loup reporta son regard à l’avant : le vide. Le tramway s’était arrêté à une quarantaine de mètres du bord de la ville. Toutefois, à travers des nuages filandreux qui s’éloignaient paresseusement, on distinguait de petits îlots disparates flottant dans les airs.
    . Il était vrai que, sans savoir réellement pourquoi, Loup n’allait pas souvent vers les îlots du clan Etoile, pourtant il n’était pas rare qu’il vienne les contempler, de loin. Il adorait voir ces morceaux de terre posés sur le vide, défiant toute logique et se moquant bien des lois énoncées par des physiciens ronflants et compliqués. La plupart d’entre eux étaient fleuris, et l’ambiance globale qui en émanait était une paix tranquille et colorée sans troubles ou souillure. On avait peine à imaginer qu’il y circulait chaque jour des blessés balafrés et sanguinolents ou qu’il s’y éteignait un grand nombre de vie.


    . Descendant du tramway, Loup ne quitta pas des yeux ces parcelles du district étoilé, émerveillé comme un enfant devant son cadeau de noël. Il n’était pas mécontent de remettre pied à terre : le tramway ne le dérangeait pas en soi, c’était ouvert et pas trop bondé à cette heure-ci, mais Loup n’aimait pas les trajets trop longs, il avait l’impression de s’enraciner sur un siège. Perturbant. Autant marcher.

    . Il regarda Jichinôra le rejoindre, la contemplant toujours de son air doux et souriant. Sans se l’expliquer, il trouvait cela vraiment très étrange, voir ridicule, d’avoir accepté son invitation. Où cela pourrait-il bien le mener ? Entrer dans une maison inconnue, propriété d’une presque inconnue, et pourquoi ? Ils n’étaient pas si mal, à déambuler dehors. La seule chose qui l’incitait à priori à ne pas tourner les talons, c’était sa curiosité naturelle. Il se remémora également la mine réjouit de l’Etoile lorsqu’il avait accepté son invitation. Il lui avait fait plaisir, c’est ce qu’elle disait. Encore un concept qu’il trouvait étrange. Certes il pouvait le concevoir pour avoir souvent observé les gens agir de manière analogue, mais lui-même ne saisissait pas tout à fait pourquoi beaucoup avaient ce besoin de s’inviter les uns les autres. Bon, il n’y avait pas forcément que cela. Peut-être que la jeune femme était contente qu’il ne se soit tout simplement pas volatilisé, ce qu’il avait d’ailleurs bien faillit faire. Quoi qu'il en soit, ce petit bout d’enthousiasme se réjouissait vraiment d’un rien, ce qui n’était pas pour déplaire au Nuage.
    . Lui offrant un nouveau sourire malicieux, il déclara :


    « Je crois que c’est maintenant que je vous cède mon rôle de guide. »

    . Puis, avec une mine taquine il ajouta :

    « Allons voir cet îlot magique que vous chérissez tant ! »



Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Jichinôra Fides Ei
# Membre du clan Etoile

Jichinôra Fides Ei


Messages : 59
Date d'inscription : 19/06/2009
Localisation : Suivez l'odeur de légèreté...
Humeur : Mélodieuse ♫ ~

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeLun 1 Mar - 18:46

    Jichinôra ne songeait à rien. Elle ne parla pas, puisque ç'aurait été parler pour rien dire et infiltrer un évident malaise. Elle balançait légèrement, comme une petite poupée de chiffon, au rythme du transport ferroviaire. Un léger sourire flottait cependant sur ses lèvres. Elle était redevenue passablement paisible. Une pincée de mélancolie poignait encore dans son regard posé sur le paysage défilant sous ses yeux. Cette petite nostalgie persisterait peut-être encore une semaine, qui sait, mais une guérison si prompt était peu probable. Il lui fallait du temps pour s'enliser de nouveau dans le peu de lumière de ce monde. Néanmoins, se relever et sourire derechef avait été plus aisé que prévu. D'un bref coup d'œil, la guérisseuse zieuta le jeune blondinet tout près d'elle. Il est vrai que c'était tout à fait inattendu de le voir accepter son offre. Si l'agression n'avait pas eu lieu et qu'elle l'aurait tout de même invité, Jichinôra aurait découvert le pot aux roses dans sa propre surprise. Si cette réponse la stupéfiait, c'est qu'il était l'un de ces inaccessibles. Un Nuage.
    Elle détourna les yeux, les sourcils froncés. Loup lui faisait maintenant littéralement honneur de sa présence. Jichi se demandait bien se qui le poussait à tant de générosité à son égard. Le Nuage demeurait trop indéchiffrable pour en deviner naïvement la solution. Encore des mystères ! Et c'était sans doute ce qui faisait de lui un jeune homme si attrayant, si goûteux. Il lui faisait pensé à une friandise à mille et une saveurs, chacune authentique et pleine de surprises. Quelque chose d'agréable. Un fleur, tiens, aux pétales multicolores. Oui, cet exemple-ci était juste. Comme des tulipes, aisément capable de se parer de teintes différentes, inlassablement, mais toujours belles et invitantes. Bien évidemment, elle aurait apprécié que ce soit le cas des roses, mais celles-ci se réservaient les douces couleurs de l'amour; blanc et rouge. Bien que parfois, une bleue fasse sont apparition à travers le bouquet. Parfois lilas, parfois jaune ou rose, mais toujours dans le thème de l'affection. Elle songea à ses fleurs sur l'arc de métal. Avec la température qu'il faisait, il ne tarderait pas à pleuvoir, mais elles avaient été privées d'eau les trois ou quatre derniers jours. Eh bien, elle prendrait quelques minutes pour les abreuver. Elle ne croyait pas que Loup s'en formaliserait.

    Le tramway cessa d'avancer. Le paysage, auparavant mouvant, figea. Quelques personnes se levèrent de leur sièges, dont Loup puis elle. Jichinôra laissa une dame passer devant elle à la sortie, ce qui la retarda un peu. Jichinôra ne se pressa pourtant pas; son pas était calme et respectueux, comme à chaque fois qu'elle s'apprêtait à retourner sur son bel îlot. À quelques exceptions près.
    Loup avait un air doux et serein. Avoir été irrationnelle, elle en serait probablement tombée amoureuse à ce moment précis. Il était si beau et désirable ! Quoique quelque chose, en elle, l'empêchait de créer ce lien trop décisif à son goût. Ainsi, elle se contentait de quelque chose de vague mais pas nécessairement dénué d'intensité. Ou bien, comme elle croyait en ce cas-ci, de barrières non-énnoncées ou écrites, mais mises en place par un accord commun, sûrement inconsciemment.

    « Je crois que c'est maintenant que je vous cède mon rôle de guide. »

    Au bout du compte, sortir du territoire Tempête n'avait pas été très compliqué. À force d'errer, elle aurait probablement trouvé, mais préféra garder cela sous silence. Tout le charme de la situation aurait été fané.

    « Allons voir cet îlot magique que vous chérissez tant ! »

    Jichinôra Fides Ei lui sourit de nouveau. Un tel sourire, complaisant et personnel, était quasiment sa marque de commerce. Comme une pensée dite à voix haute, elle lança en prenant la tête :

    « J'ignore si tu lui trouveras tout ce charme dont je te vante les mérites... mais si tu savais ! Il l'est réellement, magique. Disons qu'il a vu des plaies physiques autant que psychologiques se refermer. »

    Par physique, elle sous-entendait celles des patients qu'elle accueillit temporairement pour leur guérison ou bien ceux d'Heidy Hallway et de ses prédécesseurs. Très peu avaient péris. C'était comme avoir une infirmière privée. Peu de gens, cependant, connaissait l'existence d'un tel service à proximité. Ils préféraient se rendre au centre du Clan, croyant y trouver de meilleurs soins. Quel soin est plus efficace que l'exclusivité d'un médecin ? Sait-on jamais.
    Et par psychologique, elle sous-entendait les siennes, plus que n'importe quelles autres. Ses roses grandirent en s'abreuvant de ses quelques larmes. Sa maison devint chaleureuse sous sa propre humanité et l'îlot lui-même respirait la liberté par les longues herbes vertes dans lesquelles Jichinôra s'étendit si souvent.

    Sur ce, elle entama sa courte route. Son petit chez elle était un peu plus retiré que les autres îlots. Les gens sur la terre principale étaient difficilement discernables du paysage. Seul les mouvements massifs des foules étaient facilement visibles. Alors, elle sauta dans un petit vaisseau de transport en y invitant son jeune compagnon. Le chemin dura peut-être une dizaine de minutes puisqu'il n'y eut aucun détour. Lorsque la porte coulissante du véhicule s'ouvrit sur son domicile, elle s'y précipita, toujours suivie par la même peur de tomber dans le vide lors de la transition. On ne s'y fait jamais. Elle trottina un peu plus loin puis attendit que Loup descende lui aussi du transport. Un sourire astronomique illumina son visage doucement caressé par sa chevelure au vent. Elle croisa les bras sur sa poitrine, émanant une fierté abondante.
    Les immenses roses rouges sur son arc, un peu plus loin sur la gauche, ajoutaient une agréable pincée de couleur au paysage gris du ciel. Le phare, du côté opposé, se dressait, imposant malgré sa vieillesse. Puis, tout au fond, la petite maisonnette de campagne qui ne démontrait aucun signe d'âge par les soins délicats de Jichinôra. Pour le reste, une grande cour balayée par de constantes bourrasques. C'était chez elle et nulle-part ailleurs. Ce n'était plus un îlot du Clan Étoile, c'était l'îlot Fides Ei. Son père y reviendrait.

    La guérisseuse lança alors :

    « Te voici chez moi, Loup. N'est-ce pas magnifique ? L'infinité des cieux s'ouvre à moi, ici. L'infinité des rêves... »

    Elle retira ses ballerines noires et les jeta distraitement vers la maison. Nu-pieds, elle trottina un peu puis se laissa choir dans l'herbe. Elle était dans son élément. D'un regard enfantin, brillant de malice taquine, elle lui demanda :

    « Alors, comment trouves-tu l'endroit ? Sens-toi toujours libre d'y venir et de t'y asseoir pour méditer. C'est toujours agréable... »

    Elle inspira l'air frais puis leva les yeux vers le ciel.

    « Ici, il n'y a pas de solitude. Il n'y a que la paix. »


Spoiler:


Dernière édition par Jichinôra Fides Ei le Jeu 25 Mar - 4:52, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Loup Iudalaël
# Membre du clan Nuage

Loup Iudalaël


Messages : 54
Date d'inscription : 06/06/2009
Localisation : ° Partout où le vent l'emporte.
Humeur : ° Lupine ♥

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeJeu 4 Mar - 1:42

    . Jichinôra rayonnait. Loup sourit en repensant à sa comparaison de plus tôt : une nymphette ! Certaines légendes assuraient que chaque nymphe avait son arbre-vie, celui dont elle tirait sa longévité et dont elle ne pouvait s’éloigner trop loin sans que son énergie n’en pâtisse. L’îlot de l’Etoile devait lui être comme un arbre-vie…

    « J'ignore si tu lui trouveras tout ce charme dont je te vante les mérites... mais si tu savais ! Il est réellement, magique. Disons qu'il a vu des plaies physiques autant que psychologiques se refermer. »

    . Le Nuage ne releva pas, par principe, et suivit la jeune femme. Il se doutait que les blessures psychologiques ne concernaient pas entièrement les souffrants belliqueux venus quémander ses soins, mais surtout elle ou du moins sa famille. Il n’était pas suffisamment discourtois pour la questionner sur ces points sensibles et à vrai dire, sa curiosité visait moins le passé que la personnalité de ses rencontres. Il aimait deviner les facettes multiples et parfois complexes des individus, leur histoire ne regardait qu’eux… Une philosophie que Loup ne trahirait pas, peu désireux lui-même que l’on ressasse son propre vécu. Oh il y repensait parfois, il ne voulait pas oublier son enfance ou n’importe lequel de ses actes macabres ; c’aurait été un manque de respect aux mémoires défuntes. Néanmoins, en parler… C’était comme donner un peu plus de terrain à la lagune glacée qui rongeait son âme.


    . Jichinôra obliqua pour entrer dans une petite navette aérienne, et Loup comprit soudain l’une des sans doutes multiples raisons pour lesquelles il ne venait pas sur les îlots : c’étaient de petites prisons gardées par un redoutable geôlier : le vide ! Certes, les navettes étaient faciles d’accès et l’île céleste principale pas très loin, mais il trouvait le concept dérangeant.
    . Décidemment l’idée lui plaisait de moins en moins… Qu’est-ce qui lui avait pris d’accompagner une Etoile sur un minuscule bout de terre au milieu de nulle part ? Montant malgré tout dans le véhicule - et sans se départir de sa mine paisible, cela allait de soi - il médita plus sérieusement sur cette dernière question. Il ne trouva durant les dix minutes de trajet qu’une seule, unique et excellente raison : son impulsivité. Il en avait eu envie
    donc il avait accepté la demande de la jolie brune, poussé par son alizée capricieux. Malin. Oh non, ce n’était pas spécialement une question de gentillesse : Loup avait beau être adorable, si cela avait été par prévenance qu’il avait accepté l’invitation, pour ce cas de figure, c’aurait été basculer dans la pitié. L’assassin n’insulterait jamais personne de ce qu’il considérait être un affront. Certes, la miséricorde dans certaine circonstances était louable à ses yeux, mais lui-même ne s’y adonnait pas.

    . Ils slalomèrent entre quelques îlots et cailloux volants avant de mettre le cap sur une direction fixe. Cessant à regret de couver du regard les bouts de terre fleuris, le Nuage reporta ses émeraudes sur le petit paradis qui lui paraissait enchanteur, comme promis, et vers lequel son hôte semblait les mener.
    . Tentant de mettre de côté le fait qu’il était à une dizaine de minutes par-dessus le vide de l’île-mère, il étouffa un éclat de rire clair lorsque Fides Ei se précipita d’enjamber la maigre distance la séparant de son sol. Il la suivit, bondissant lestement dans la propriété céleste. On s’y sentait toujours moins à l’étroit que dans une navette, quand bien même ladite navette possédait l’immense atout d’être dirigeable et donc de l’amener où il le souhaitait. Il regarda avec une angoisse parfaitement indécelable l’Enfer Céleste dont on ne distinguait plus que les plus hautes structures, pensant avec cynisme qu’après tout, le gros de la ville était aussi une île. Et même un bagne infernal de choix. Il poussa un soupir jaloux en regardant les nuages, libres formes flottantes au grès du vent… Si libres…


    . Iudalaël secoua la tête pour chasser ses idées défaitistes, semblant s’ébrouer comme le louveteau qu’il incarnait décidemment fort bien, et glissa quelques mèches blondes derrière son oreille gauche, frôlant au passage sa perle jade tout en découvrant enfin intégralement la résidence Fides Ei.
    . Il arrêta son geste en plein mouvement, laissant échapper un émerveillement qui vint ensoleiller sa frimousse angélique. La coquette petite maison et le vieux phare qui veillaient tel le couple parental sur le terrain étaient certes plein de charmes, mais pas la cause de son éblouissement. Cela pouvait paraître naïf, enfantin et mignon tout plein mais ce qui ravissait Loup, c’était bel et bien la flore abondante dont regorgeait l’îlot. Comme les autres sans doute, mais comme il n’y venait jamais… Un arc s’enorgueillissant de superbes roses qui s’entrelaçaient avec cette majesté propre aux fleurs attira longuement son regard, l’hypnotisant littéralement jusqu’à ce que la propriétaire des lieux le rappel à la réalité.


    « Te voici chez moi, Loup. N'est-ce pas magnifique ? L'infinité des cieux s'ouvre à moi, ici. L'infinité des rêves... »

    . Loup sourit, il comprenait effectivement l’euphorie que pouvait apporter cette endroit, surtout lorsque l’on y était seul : c’était certes une petite terre au milieu de nulle part encerclée par un vide sentinelle… Mais c’était surtout un havre d’une paix simple et enjouée, enlacé par le ciel, caressé par le vent et embrassé par une liberté limitée dans l’espace, peut-être, mais infiniment présente, presque palpable.


    . L’Etoile se déchaussa, dansa quelques pas légers dans l’herbe et s’y étendit. Les yeux emprunts d’une étincelle lutine, elle continua :

    « Alors, comment trouves-tu l'endroit ? Sens-toi toujours libre d'y venir et de t'y asseoir pour méditer. C'est toujours agréable... »


    . Le Nuage la remercia d'un regard amical alors que contemplant les cieux, elle conclut :


    « Ici, il n'y a pas de solitude. Il n'y a que la paix. »

    . Pas de solitude… Si Loup en avait toujours été là, il aurait validé son idée selon laquelle Jichinôra personnalisait dans une certaine mesure son chez-elle, se trouvant un compagnon pour palier à son esseulement. Mais Loup était tout à fait ailleurs, à présent.


    . Il s’approcha de la jeune femme et s’accroupit à environ un mètre d’elle. Puis, fermant les yeux, il déploya tout ses autres sens…

    . Espace. La maison. La cour. Le phare. Jichinôra Fides Ei. L’arc aux roses.

    . Goût. Goût d’un air pur, frais et folâtre. Goût pimenté d’un soupçon sauvageon, sucré d’une pincé de douceur, piquant d’un zeste de malice, un peu amère d’un sel de mélancolie, mais infiniment savoureux avec son grand bol de vie.

    . Toucher. La caresse de la brise sur son visage, semblant plus tendre que de coutume. L’herbe effleurant ses mains d’un chatouillement joueur et chaleureux. Le sol sous ses pieds. Sans béton, couvert de cette terre que l’on disait mère de l’humanité.

    . Odorat. Effluve robuste de ladite terre, arôme épicé de l’herbe… S’y mêlait des odeurs plus familières telles que… de la peinture ? Du bois verni, sans doute les fenêtres, des pierres chauffées par le soleil, du métal… Celle légère et sucrée de Jichinôra à côté de lui qui rappelait le parfum subtil imprégnant pourtant l’air ambiant, l’envoûtant : les roses.

    . Ouïe. Sa propre respiration, profonde et calme, celle apaisée de son hôte. Le vent vint chuchoter à son oreille, soulevant avec lui le chant des herbes hautes qui pliaient en cadence, le mugissement de son souffle polissant le phare, s’infiltrant par les fenêtres de la maison, faisant craquer l’arc aux roses. Une mélodie qui gonflait au fur et à mesure que Loup s’y abandonnait, grisant ses tympans jusqu’à ce que la ritournelle emplisse son esprit de la voix puissante et enivrante de l’îlot.


    . Loup rouvrit brusquement les yeux, avant que l’ivresse ne le gagne totalement, recouvrant une vue qui atténuait ses autres sens. Il sourit. Le sourire le plus sincère sans doute qu’il donna ce jour là, un sourire où l’on décelait un morceau de son âme : joueuse, enfantine, sensible et limpide. Une vision rare.

    « Je comprends mieux… » murmura-t-il peut-être plus pour lui que pour l’Etoile « … il est si simple d’imaginer une âme à cet endroit… Il est si…
    vivant. »

    . Vivant. C’était un mot qui pour Loup signifiait bien plus que le contraire de mort. Un mot qui portait entre autre tout son amour pour la vie, emprunt d’une magie vieille comme le monde. La Vie.


    . Il se redressa, ferma un instant encore les yeux, goûtant de nouveau à cette ivresse, puis regarda Jichinôra. Les herbes affolées par le vent jouaient dans ses mèches brunes et lançaient des ombres taquines sur son visage fin. Elles semblaient la câliner avec mille et unes cajoleries tendres et maternelles. Jichinôra aimait son îlot, et il semblait bien le lui rendre.

    « Tu es bien plus jolie, en paix. » lança-t-il avec un sourire terriblement enjôleur qu’il avait à peine conscience de servir.

    . C’était une phrase simple et sincère. C’est ainsi que Loup donnait sans y faire attention ses compliments ; en offrant avec une franchise pure ce qu’il pensait, spontanément. Le retour à la joie de Jichinôra rendait à l’Etoile ce charme dont elle émanait avec tant de naturel, ce charme qui avait tant intrigué l’assassin.


    . Sans prévenir, il s’éloigna de sa démarche souple et gracieuse, se dirigeant vers ce qui l’avait captivé dès le début : les roses. Il n’en poussait pas sur l’île principale. Pas de fleurs. Quelques arbres, tout juste. Cette couleur rouge soutenu, ce parfum si peu familier, cette chose si ciselée, si fine, semblant si fragile l’émerveillait sincèrement. Oh il avait déjà vu des roses, tout de même, mais en cette quantité et si délicatement épanouit. Et puis… Pour l’esprit lupin qu’il était si simple de divertir, le spectacle représentait une distraction de choix.
    . Il tourna autour de l’arc, prenant garde où il posait les pieds, les mains dans le dos dans un geste à peine réfléchi, par peur de commettre une maladresse. Une telle fascination pouvait sembler exagérée, mais encore une fois, c’était Loup.


    . Et Loup savait pourquoi son vent espiègle l’avait poussé à suivre Jichinôra, à présent.


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Jichinôra Fides Ei
# Membre du clan Etoile

Jichinôra Fides Ei


Messages : 59
Date d'inscription : 19/06/2009
Localisation : Suivez l'odeur de légèreté...
Humeur : Mélodieuse ♫ ~

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeJeu 11 Mar - 4:46

    Jichinôra ouvrit ses yeux après les avoir fermés pour engouffrer le plus d'air possible dans ses poumons. Elle aperçu un jeune loup, tout près, accroupis. Puis ce fut son tour de garder les paupières closes. La guérisseuse comprenait très bien le phénomène; combien de fois avait-elle agis de la sorte, à l'instar de plusieurs visiteurs précédemment accueillis sur son îlot ? S'imprégner de la liberté est toujours un peu cérémonieux, envoutant. Plusieurs fois, elle l'avait fait le pieds dans le vide, une main caressant un pétale de rose distraitement. Heidy l'avait réprimandée par le passé pour cette action « déraisonnable ». Le bonheur ne tient pas à la raison, lui avait-elle répondu. Tout simplement, de son sourire angélique, une constatation sans préjugé ou reproche. Je crois que c'est l'une des dernières paroles qu'elle ait pu adresser à sa mère. Contrairement à ce que l'on pourrait s'attendre d'elle, cela n'assombrit point son humeur. Cette petite égratignure était superficielle. Éloignée. Rien comparativement à ce qui la fit trembler quelques instants auparavant.

    Puis, elle put apercevoir l'émeraude des iris de Loup à nouveau. Ensuite, autre chose. De plus nouveau, de plus significatif. Un sourire. D'une franchise presque criminelle pour un Nuage; clair, transparente, brillant d'une honnête jeunesse. Le plus sincère qu'il avait pu lui offrir depuis leur rencontre. Jichi' le grava dans sa mémoire pour être certaine de le reconnaître en toute occasion. Pouvoir reconnaître les moments précieux, pouvoir les savourer.

    « Je comprends mieux... il est si simple d'imaginer une âme à cet endroit... il est si... vivant... »

    C'était un murmure, sûrement pour lui-même, un constat qui ravit la jeune demoiselle, heureuse de voir son compagnon acquiescer sur ce point. Il semblait apercevoir la beauté véritable que représentait le petit lopin de terre Fides Ei, autre chose qu'un simple jardin entretenu par les dernières découvertes en matière de botanique.
    Puis il referma les yeux quelques secondes. Goûter, toucher à nouveau à cette sensation délicieuse. Loup posa les yeux sur la propriétaire de ces lieux. Elle ne sourit point, cette fois-ci, se contentant de lui rendre son regard.

    « Tu es bien plus jolie, en paix. »

    Charmant. Quel autre mot ? Jichinôra restait humaine, bien qu'incapable d'assumer complètement l'affection qu'elle portait aux autres. Elle fondit. Un joli sourire charmé. Dire merci serait futile. Oui, plutôt naïf. Ce n'était pas pour lui faire plaisir. Loup n'avait pas l'air de ce genre de personne; s'il le disait ainsi, c'est qu'il le pensait. Sincèrement, sans aucun doute, et Jichinôra s'en trouvait flattée. Elle n'ignorait pas le fait que sa frimousse soit mignonne, quoiqu'elle ne s'en vantait guère, mais une reconnaissance était toujours douce à entendre.

    Loup se leva. Elle le suivit des yeux, curieuse de savoir où il pouvait bien se rendre. Elle espérait qu'il ne la quitterait pas tout de suite. Jichinôra avait envie de davantage, plus que de brèves salutations. Autre chose.
    Aux roses; il s'était dirigé directement à l'arc paré des délicieuses fleurs écarlates. Jichinôra l'observa. Loup en fit le tour, semblant fasciné par ses chéries, le main dans le dos. Elle le fit songer à un enfant en pleine découverte. C'était mignon. Adorable.

    La guérisseuse se leva à son tour. La chatouille des longues herbes sur la plante de ses pieds la fit sourire légèrement. Mais sur la cicatrice blanche, fraîche relique des ruines de l'Ouest où elle rencontra Sheen Everfield, c'était un peu moins agréable. Ce qui rendait sa démarche un brin, faiblement claudicante. Elle s'approcha et se joignit à son admiration. Quelques secondes. Un silence respectueux, elle ignorait au juste pour honorer quoi, mais c'était là, bien présent. Puis Jichinôra tourna la tête vers Loup qui était apparemment perdu à travers les nombreuses pétales qui s'offraient à son œil assoiffé de beauté. Elle pencha la tête sur le côté. À quoi pouvait-il bien songer ?
    Elle détourna le regard et le reposa sur ses fleurs rouges, les yeux emplis d'une tendresse toute maternelle. Sa voix refléta toutes les heures passées à entretenir celles-ci.

    « Ces roses sont de véritables perles... »

    Un ton rêveur, peut-être amoureux si le terme était exact. Bien des gens auraient voulu voir une telle intonation adressée à eux. C'était inconscient chez elle; réel et inconscient.

    « Elles sont pour mon père. »

    C'était une quelque sorte une confession. Une évidence énoncée.
    Jichinôra se souvint de quelque chose : elle devait les arroser ! Détail qu'elle avait omis... elle fit volte-face sur son pieds en meilleur état puis, juste avant d'entamer sa petite course jusqu'à sa maisonnette, lança à la cantonade :

    « Je reviens ! Je vais chercher quelque chose pour les arroser... qu'elles restent belles. »

    Puis elle s'élança et frôla, du dos de la main, celle de Loup. C'était un remerciement, discret, sans mots éparpillés et maladroit, un petit geste. Et par frôler, on sous-entendait qu'elle avait approché sa main juste assez pour qu'il sente sa chaleur sur sa peau sans y avoir de contact mal placé. Un murmure. Jichinôra avait eu le génie de ne pas l'inviter à l'intérieur. Elle considérait déjà comme énorme qu'il ait bien accepté de monter à bord du vaisseau de transport avec elle. Ou qu'il ne se soit pas éclipsé après le léger incident au territoire Tempête. Et c'était une marque de confiance aussi évidente qu'un éléphant dans un berceau de le laissé seul devant l'arc aux roses. Il n'y avait pas de honte à admettre la surveillance sous laquelle elle gardait toujours ceux qui s'approchaient de ses belles.
    Elle ne tarda pas; elle entra, se dirigea dans le petit salon tout au fond où elle avait l'habitude d'entasser les outils de jardinage puis s'empara rapidement de l'arrosoir. Après l'avoir remplie d'eau, bien généreusement, et retourna à l'extérieur.

    Elle s'accroupit au pieds de l'arc de métal puis y versa de l'eau. Sans accorder un regard à Loup, Jichinôra Fides Ei dit :

    « Ne sois pas effrayé, mais j'aimerais penser à autre chose qu'à une vague connaissance si je te croise un jour. »

    Elle cessa son mouvement et releva la tête vers lui.

    « Mais sans envahir ton univers. »


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Loup Iudalaël
# Membre du clan Nuage

Loup Iudalaël


Messages : 54
Date d'inscription : 06/06/2009
Localisation : ° Partout où le vent l'emporte.
Humeur : ° Lupine ♥

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeMer 17 Mar - 21:22

    . « Ces roses sont de véritables perles... »

    . Il l’avait senti approcher, mais ses yeux restaient éperdus dans les entrelacs de roses. Il s’imprégnait des détails de la fleur pour emmener ce souvenir avec lui, lorsqu’il rentrerait dans les rues grises et silencieuses du quartier Nuage… Oh il aimait beaucoup son quartier, mais une touche de couleur ne pourrait certes pas lui faire de mal…
    . Pourtant, le ton de Jichinôra le rehaussa vers la réalité. Ces roses, elle les aimait si fort… Pour Loup, cela semblait vertigineux. Son amour, oui, mais surtout les intonations saisissantes de sa voix. Cette capacité à exprimer ses états d’esprit avec autant de facilité que de force le déstabilisait. Pour peu, sentir une telle passion si proche de lui l’aurait même effrayé…


    « Elles sont pour mon père. »

    . Ceci expliquait cela. Elle les aimait sans doute aussi pour leur beauté, leur parfum, le travail et la patience dont elle avait fait preuve pour les faire grandir, mais si elle les destinait à son supposé défunt père… Loup tourna ses yeux émeraude vers son hôte pour contempler son expression. Paisible. Paisible et amoureuse.


    . Puis, la jeune femme parut se souvenir d’un détail et annonça qu’elle allait chercher de quoi abreuver ses belles.
    . Trop près.
    . Loup devina le contact avant même de le sentir. Fichue manie ! Retenir un geste brusque lui fut cependant bien plus facile que lors de la première fois, et même si cette habitude tactile qu’avait Jichinôra le faisait gronder, il n’en montra rien. Il avait bien compris qu’il n’y avait absolument rien de mauvais dans ses contacts, rien de malsain. Dans celui-ci, il avait senti une chaleur complice et amicale… Ce n’était pas désagréable, c’était juste inhabituel venant d’une toute nouvelle connaissance, de quelqu’un à qui il n’avait pas encore offert sa confiance.


    . Il la regarda galoper, encore consterné, en direction de sa maisonnette. Galoper… Loup pencha légèrement la tête de côté : elle boitait. Très légèrement, certes, n’empêche qu’elle boitait. Il fronça les sourcils mais… Non, elle marchait normalement lorsqu’ils avaient quitté le quartier Tempête… De plus, la gêne ne semblait pas venir de la cheville mais de la plante du pied, donc… Elle ne s’était pas blessée lors de l’interaction du quartier Tempête. Ce que c’était aussi, de se balader pieds-nus ! Elle avait dû se griffer sur quelque chose en gambadant. Rassuré tout de même, et à présent seul avec l’arc fleuri, Loup lança un regard vers le large… C’était peut-être le moment de partir… Mais reportant son attention sur les merveilles écarlates de l’îlot, il oublia toute idée d’envol et s’accroupi, levant le nez. Le spectacle des roses avec en arrière plan un ciel ensoleillé avait quelque chose de très carte-postale. Loup n’avait pas de goût spécialement prononcé pour le romantisme et les images s’y accolant, pourtant cette vue le charma…
    . Parcourant les entremêlements de tiges, son regard s’accrocha aux épines… Des épines… Oui, cette fleur avait quelque chose de très humain. Fragile, mais hérissée de pointes. Trop orgueilleuse pour baisser ses pourtant trop faibles défenses. Lançant une œillade sceptique vers la maisonnée, tel l’enfant s’apprêtant à commettre son forfait, il frôla du bout des doigts l’une des griffes du végétal… Pourquoi ? Pour rien, par curiosité d’un ressenti… C’est à peine si les fleurs tremblèrent à ce contact tant il était léger, ce qui n’empêcha pas Loup de se redresser en sursaut en entendant revenir la maîtresse de l’îlot. Mains croisées de plus belle, il resta interdit alors que Jichinôra arrosait ses plantes, souriant de ses propres enfantillages.
    . Si jamais son geste s’était révélé maladroit, il aurait été terriblement abattu, et confus… Confus d’avoir trahi la confiance qu’elle avait placé en lui l’espace de quelques instants. La confiance… Par l’Enfer… ! Il n’aurait pas été Nuage qu’il en aurait rougi de honte ! Bête qu’il était, il se laissait encore distraire trop aisément et n’était plus assez attentif. Il aurait été bien avilissant de passer à côté de l’ampleur du cadeau de l’Etoile. Elle adorait ses roses et avait laissé ses si délicates princesses avec un inconnu, un inconnu qu’elle avait vu abattre un homme en plus… Cette prise de conscience lui rappela également qu’il devrait bientôt s’éclipser. La confiance de Fides Ei n’était pas pour le rassurer. Pourtant… Elle était comme un baume…


    « Ne sois pas effrayé, mais j'aimerais penser à autre chose qu'à une vague connaissance si je te croise un jour. »


    . Surprise. Stupéfaction. Peur. Résignation. Morosité.
    . D’un pas en retrait par rapport à la ravissante jardinière, Loup déglutit, silencieusement, alors que ces différents troubles se succédaient dans son esprit. Ah non, il ne fallait pas partir sur ce registre ! Pourquoi partait-elle sur ce registre ? Il devait vraiment partir… Cette tournure ne lui plaisait pas du tout, il détestait devoir penser à des « liens » avec les gens, c’était si compliqué… Et si désagréable. Jichinôra leva les yeux vers lui, et la mine interloquée de l'assassin passa instantanément à son immuable air paisible. Indecelables pensées, comme tout bon Nuage qu’il était en dépit de son caractère évaporé.


    « Mais sans envahir ton univers. »

    . Cette dernière phrase, en revanche, le fit sincèrement sourire. Un petit rictus amusé, indulgent, une touche d’effronterie et un zeste de tendresse. Un zeste, mais déjà. Qu’elle était adorable, cette petite phrase…

    « Envahir… Mon univers… ? » murmura-t-il d’un air absent et railleur à la fois.

    . C’était drôle, non ? Une si petite femme qu’il venait de rencontrer, qui ne connaissait rien de lui et dont il ne savait rien non plus si ce n’était ce qu’il en avait peut-être deviné. Oh, il n’y avait rien de méprisant dans les pensées de Loup, jamais. Il trouvait juste charmante l’attention de la jolie brune. Oui décidemment, il l’aimait bien.


    . Envahir son univers… A peine un battement de cil, une pulsation de cœur, les yeux rieurs de Loup exprimèrent une infinie tristesse. Son univers. Si grand, si vaste...
    . Froid. Si froid… Si lugubre… Si mort. Son âme si colorée et vive éteinte, ternie et agonisante sous un piège de glace. Un joli, joli piège de glace tout blanc, tout argenté, étincelant doucement…
    . A peine un battement de cil, une pulsation de cœur. Même un œil avisé n’eut pu le voir, il y aurait peut-être décelé une émotion non maquillée, mais sans saisir laquelle.

    . Il sourit à l’Etoile, plus doucement cette fois-ci, la couvant presque du regard. Si on envahissait son univers, se réanimerait-il ?
    Mais non. Cette question ne se posait pas. Il se savait incapable de s’ouvrir et quand bien même, il en avait bien trop peur. Peur pour lui, que l'on découvre ses points faibles, qu’on le devine, qu’on le connaisse et apprenne à l’apprivoiser, à l’attacher… Et peur pour les autres ; et s’ils ramenaient quelques flocons de sa sphère gelée chez eux… Auraient-ils une balafre gercée par le gel, eux aussi ? Une de plus, parmi leurs propres tourments…


    . D’une voix douce, il finit par lui répondre :

    « Je doute que l’on se recroise un jour… »

    . En effet, sa rencontre avec Fides Ei n’avait été qu’une erreur d’inattention qu’il ne commettait que très rarement, un hasard que son étourderie avait guidé. Cela ne surviendrait plus avant un long moment. Quoi que, peut-être pourrait-il la revoir dans le quartier venteux, puisqu’il y déambulait ouvertement. Mais dans les rues bondées, se serait une curieuse coïncidence.


    . Son regard glissa à nouveau vers les fleurs, imperturbables, ouvrant toujours leurs sanglants pétales à la caresse du soleil.

    « Mais… J’aime beaucoup vos roses. »

    . Ce n’était pas une promesse, à peine un sous-entendu. Ca n’avait rien de tangible, de stable. C’était comme un château de sable qui pouvait à tout moment s’effondrer sans laisser de trace. C’était comme Loup. Sa seule présence en compagnie aussi longtemps relevait déjà d’un phénomène très rare. Loup n’était que brume, comme ses confrères, il allait et venait sans prévenir et ne laissait que peu de choses derrière lui. A peine des souvenirs.
    . Mais si un jour il repassait au Clan Etoile, peut-être reviendrait-il sur cet îlot. Et si jamais Jichinôra le surprenait, alors… Ils pourraient reprendre le fil là où ils l’avaient laissé… C’était « plus » qu’une simple connaissance déjà, non ?
    . L’amitié pour l’assassin… C’était un concept flou et nébuleux… Il n’aimait pas poser des mots sur ce genre de sentiments, ça les enfermaient dans quelque chose de si petit et restreint… Ca créait des attaches bêtes et conditionnées qu’il ne désirait pas. Loup avait des noms. Pas des amis, juste des noms. Des noms et des ressentis. Il avait Elie, complicité, malice, jeu, rivalités. Il avait Raphan, sérénité, paix, confiance, respect. Et d’autres… C’était des noms, des gens qu’il aimait. Savoir qu’il y tenait, c’est tout ce dont il avait besoin.


    . Iudalaël fit un pas éthéré vers l’arc, tout en pensant aux dires de Jichinôra, évasivement. Elle qui semblait si solitaire par instants en dépit de son constant rayonnement… Quand son attention pour lui avait-elle changé ? Oui… Quand, sans peut-être y songer, avait-elle commencé à essayer de l’apprivoiser ?
    . Simple : lorsqu’elle l’avait reconnu comme Nuage. Les clans n’avaient pas l’air de lui être grand-chose, à première vue. Mais... Et si Loup avait réellement été un Vent, lui aurait-elle proposé d'être un peu plus qu'une connaissance ? S’il n’avait pas été de ce clan qui sans doute manquait tant à l'Etoile ? S’il n’avait pas été un Nuage…


    . Regardant l’une des fleurs droit dans les pétales, il se fit une réflexion tout à fait différente : cette fille devait vraiment avoir des doigts de fée… Lui, s’il n’y faisait pas attention, il pouvait être très maladroit. Incroyable, hein ? Et retirer ne serait-ce qu’une feuille de la plante lui semblait criminel. Pour s’occuper de choses si fines, elle devait vraiment avoir des doigts de fée...
    . C’est à ce moment précis qu’un pétale choisi de quitter son nid et de voleter, juste devant lui. Sans réfléchir, il bondit lestement en arrière, planquant ses bras dans son dos et ce à une vitesse si folle qu’on eu peine à croire que le jeune homme effrayé et penaud planté là eu pu l’esquisser avec tant d’aisance et de naturel.
    . Non seulement la chose n’était pas grave, mais en plus il n’y était absolument pour rien. Il se rendit compte de tout cela la seconde qui suivit et esquissa un sourire de Louveteau prit en faute. C’est qu’il devenait expressif le blondinet...

    « Pardon, je suis maladroit et… »

    . Et en plus il avait faillit se faire prendre en flagrant délit quelques instants plus tôt. Ayant peur de s’emmêler dans une explication étrange, il secoua la tête et sourit à nouveau.
    . Le fil de ses pensées lui revint cependant, et son sourire s’effaça au profit d’une mine étrange, calme et pensive.

    « ... et si je n’avais pas été un Nuage… ? »
    compléta-t-il d'un ton à peine audible, sans réelle pensée définie.



Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Jichinôra Fides Ei
# Membre du clan Etoile

Jichinôra Fides Ei


Messages : 59
Date d'inscription : 19/06/2009
Localisation : Suivez l'odeur de légèreté...
Humeur : Mélodieuse ♫ ~

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeJeu 25 Mar - 4:48

« Envahir...mon univers... ? »

C'est ainsi que le voyait Jichinôra. Son univers. Le sien était une interminable toile de soie, délicatement tissée, entretenue par une petite âme en pleine errance. Cependant, le malheur avec une toile, c'est qu'elle est trouée. Horriblement trouée. De partout. Curieusement, sa base résiste aux rafales violentes, se reconstitue toujours après le passage d'ouragans ou typhon, mais jamais elle ne s'emplit. Elle ne tient qu'à quatre ou cinq fils. De plus près, lorsqu'une gouttelette perle sur celle-ci, un reflet est visible; des diamants rouges, des merveilles de rubis. Des roses. Un arc. Puis, la gouttelette n'y tient plus; elle lâche prise et éclate sur le sol froid, maintenant divisée en des milliards de parcelles toutes plus solitaires les unes que les autres. La seconde perle aura une image plus floue : un sourire lointain, douloureux, un sourire paternel. Mais cette goutte ne se prendra pas dans la toile. Elle passera son chemin et trouvera perchoir sur les herbes plus vertes d'en bas. À par cela ? Des miroitements encore plus vagues. Des sourires, des remerciements, une réhabilitation de quelques semaines. Toutes passeront leur chemin, mais encore plus rapidement que la goutte au sourire paternel. Ce qui la rendit encore plus éphémère, tristement. La pluie est une mauvaise chose; elle ne tient qu'à un fil, au lieu de s'empêtrer dans plusieurs et de rester sur place. La soie dont ces liens insaisissables étaient conçus avait du bon. Pour un œil curieux, la beauté discrète et reluisante de ceux-ci apparaîtra. Un minuscule halo de lumière en émane en permanence. Même durant les orages, bien que plus effacé, le faisceau résiste. Cependant, les ficelles de soie ont aussi un vilain défaut : si une personne a le malheur de trop s'y accrocher, elles se rompent. Sans plus attendre. Ainsi était son univers. Un terrain glissant où elle ne pouvait accueillir quelqu'un. Ce coup de tête de sa part la fit réfléchir. En le rapprochant, elle le perdrait. Elle était répugnée à l'idée de s'approprier son attention. Le concept de devoir du temps à quelqu'un parce qu'il possède le titre « d'ami ». Le temps est un privilège. La patience est un présent. La guérisseuse savait combien ces deux vertus étaient vitales, pour les avoir côtoyer dans son travail. Exiger celles-ci de Loup était cruel. Dégoûtant. Tout comme s'il l'avait exigé de sa part. Déjà, elle remettait tout en question.

C'était maladroit de sa part. Ce n'était pas comme elle.

« Je doute que l'on se recroise un jour... »

Jichinôra baissa les yeux. Elle était au courant. Elle ne l'avait pas rencontré les dix-huit dernières années. Alors, pourquoi en serait-il ainsi pour les dix-huit prochaines ? Il oublierait son nom. Elle aurait du dédain envers ce souvenir rendu fade par le temps car il la rattacherait quelque part. Elle n'avait pas de temps à consacrer à cela. Jamais.
La jeune demoiselle versa encore un peu d'eau à ses fleurs, puis en tapota la terre. Elle aurait besoin d'être pétrie. La possibilité de quelques minutes affairées à l'arc dissipa un peu son étrange sentiment. Partagée. Entre deux extrêmes. Déception, soulagement, tristesse, paix. Peut-être avait-elle tenté de l'atteindre parce qu'il était inaccessible. Certaine de ne pas y arriver, elle avait lâcher ces quelques mots par pure inattention. Elle ne savait pas.

« Mais... j'aime beaucoup vos roses. »

Il fit un pas vers ses roses. Jichi' leva rapidement les yeux vers lui mais garda le menton bas. Toujours à genoux, s'il décidait de s'en prendre aux roses, elle ne pourrait rien faire pour empêcher son mouvement. Sur le moment, elle se sentit horriblement impuissante. Tentez donc d'attraper les nuages dans l'infinité bleue du ciel. Tentez donc. Pour quoi passerez-vous aux yeux des autres ? Croirez-vous vous-même au succès de votre entreprise ? Ou plus simplement : désirerez-vous seulement mettre fin à cette fantasque rêverie, atteindre votre but ? La guérisseuse, elle, en doutait fort. Elle voudrait avoir à ne faire aucun effort pour que cette rencontre ne se termine jamais. Ne jamais avoir à mettre des mots sur quoi que se soit, seulement le vivre. « Mais, lorsque l'on ne dit rien pour les retenir, les gens s'envolent... » Pourquoi ? Pourquoi toujours devoir les retenir auprès de nous ? La solitude est si effrayante... ne pouvons-nous pas nous contenter d'une fidèle liberté ? Ou bien le monde est-il trop trompeur et fourbe ? Trop... toujours trop. Se menotter aux mots, enchaîné par des promesses silencieuses qu'elle n'avait aucune envie de prononcer.
Puis, lorsqu'elle leva les yeux, un délicat pétale rouge effectua une petite courbe qui lui était familière, poussé par le vent. Sa courte tige se délia du cœur de la fleur, prête mais asséchée par les trop nombreuses minutes écoulées, et se laissa délicatement chuter vers sa terre. Loup, à ce moment devant la petite parcelle de rougeur en liberté, sursauta brusquement et fit un bond derrière. Il semblait effrayé. Pourtant, cet infime événement était d'un calme et d'une lenteur surnaturelle, une simple cérémonie où la rose voyait une partie d'elle-même l'abandonner, se faner. D'une douceur infinie. Qu'est-ce qui avait bien pu l'apeurer ? Inconsciemment, cela inquiéta Jichinôra. Une petite inquiétude alarmante. Ses yeux prirent l'expression de ceux qui viennent de voir un mauvais présage.

« Pardon, je suis maladroit, et... »

Il avait l'air désolé, l'air de se sentir coupable. Peur de la réprimande ? De faire croire aux autres en une trahison quelconque ? Qu'était donc la source de ce sentiment ?
Pourtant, cela s'évapora comme une traînée de poudre sous la bourrasque. Puis, il prononça une petite phrase qui fit trembler son cœur :

« ..et si je n'avais pas été un Nuage... ? »

La panique, sans trop qu'elle ne sache pourquoi, l'envahit. Un frisson douloureux secoua son buste et elle baissa la tête pour arroser nerveusement la terre déjà humide au pied de l'arc. Ses cheveux de jais dissimulaient son expression affolée. Elle ne tremblait pas, mais ses mouvements habituellement sereins et continus étaient raides et vifs. Remise en question. Division. Attachement. Cela signifiait qu'elle allait ressentir son départ ? Y voir un trou ? Non, elle devait briser ces liens, rompre ces fils de toiles anormalement coriaces, le mettre en périphérie de ses sentiments, comme tous les autres. La guérisseuse sentit ses yeux se remplir des larmes maladroites. Elle les ravala illico, gardant un brin le globe vitreux, mais sans être une évidence bien claire.

« Loup, oublie tout ça ! Oublie ce que je viens de dire... Je... »

Elle leva les yeux vers lui. Elle se sentait coupable. Coupable d'avoir dit de telles insanités, d'avoir lâcher des bêtises et promesses vagues, coupable de lancer à tous vent ce qui pouvait bien sortir de son cœur en débauche. Son désir de le revoir cogner à sa porte était ardent, sincère. Mais lui sortir ses sornettes n'allait-il pas le conduire invariablement vers ce qui ne devait pas arriver ? Que ce soit ce à son avantage ou pas, le destin allait être modifié si elle semait cette idée dans son esprit. Maintenant, il croyait qu'elle l'approchait pour ses nobles origines Nuages. Les Nuages... sa fascination pour eux datait de sa venue au monde ! Il est normal de préférer la compagnie d'un certain tempérament, plus souvent commun à ce Clan précisément. Était-elle uniquement enchantée par ce jeune garçon à cause de son titre ? Mais non, bien-sûr que non... avant même de l'apprendre, elle avait été enchantée.

Elle se leva.

« Je m'excuse ! Pardon, sincèrement... »

Elle se sentait dans le tort. Raison initiale et précise ? Aucune idée, c'était son sentiment présent et elle tenait à s'en excuser, quoiqu'elle ait pu faire, blesser autrui n'était pas dans ses intentions. Précipitée, pataude, quasiment incorrecte. Jichinôra se sentait soudainement redevable. Il fallait quelque chose. Quelque chose pour effacer cette tare. Les contacts le faisait reculer, ses mots étaient pour le moment souillés... alors quoi ?
Elle tourna vivement la tête vers ses roses. Brillantes. Belles. Épanouies. Symboliques.
Délicatement, elle glissa ses deux mains sous celle qui perdit l'un de ses pétales quelques minutes auparavant et la détacha doucement, avec une précaution maternelle pour ne pas blesser la plante si généreuse en beauté. La demoiselle enroba son précieux d'un regard débordant d'amour et de respect. Cette rose-ci était dans le plus beau temps de floraison possible de cette sorte de fleur; les pétales tombaient, mais ceux qui repoussaient étaient encore plus gros et majestueux. Celle-ci se trouvait à son juste apogée, resplendissante.

« Prends-la, je t'en pris. »

Elle la lui tendit. Elle lui tendit une part de ses souvenirs, reposant dans ses paumes.

« Tu n'es pas un Nuage, je te le promets. Tu es Loup, d'accord ? Tu es Loup. »


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Loup Iudalaël
# Membre du clan Nuage

Loup Iudalaël


Messages : 54
Date d'inscription : 06/06/2009
Localisation : ° Partout où le vent l'emporte.
Humeur : ° Lupine ♥

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeDim 11 Avr - 14:10

    Panique ?
    Perplexité.
    Nervosité ?
    Doute.
    Affolement ?
    Incompréhension.
    Tristesse… ?
    Trouble…


    . Loup était perdu, chacune des émotions de Jichinôra, à peine trahi par ses mouvements soudainement saccadés, trouvait un écho dans le Nuage. Pourquoi se soudain changement d’attitude ? Il ne comprenait pas. Ce qu’il avait dit… Etait blessant ?

    « Loup, oublie tout ça ! Oublie ce que je viens de dire... Je... »

    . Loup se mordit la lèvre, ennuyé. C’était de sa faute, il avait été stupide. Vraiment très stupide, à croire que cette journée n’était vraiment pas la sienne. Jichinôra semblait ébranlée, et c’était sans nul doute à cause de ce qu’il avait dit ; il n’aurait pas dû être si direct. Quel imbécile…


    . Elle leva les yeux vers lui et Loup perdit instantanément son expression soucieuse, reprenant son masque calme. Il fut frappé de plein fouet et eu grand mal à n’en rien laisser paraître ; ce voile sur les yeux bruns de l’Etoile… C’était des larmes ? Deux fois qu’elle était triste depuis leur rencontre… Décidemment, mieux valait qu’il disparaisse. Loup n’aimait pas voir les gens tristes, il les fuyait bien souvent. Il ne savait jamais quoi dire, jamais quoi faire, il pouvait juste les regarder avec son air posé pour leur apporter une présence. Au sein de son clan, on montrait rarement ses larmes et les mots ou les gestes n’étaient pas nécessaires pour apporter un soutien.

    . Elle se redressa. Loup la suivit des yeux. Des yeux vides de toute expression, pour ne pas trahir son trouble. Jichinôra était une Etoile, il n’aurait jamais dû l’oublier. Ses gestes finis, son attitude légère et le « truc » des Nuages que l’on retrouvait chez elle l’avaient trompé. Bien sûr qu’elle avait vécu chez les Assassins, mais elle tenait aussi des Guérisseurs. Il ne pouvait pas se comporter avec elle comme avec un membre familier de son clan ! Il n’aurait pas dû parler de la sorte… Enfin, il ne servait à rien de regretter ce qui était déjà arrivé.

    « Je m'excuse ! Pardon, sincèrement... »


    . Loup entrouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa. Que pourrait-il bien raconter, de toute façon ? Il ne devait pas s’égarer. Elle lui demandait pardon et il n’était pas certain de savoir pourquoi, ça l’ennuyait d’être la cible d’une excuse. Elle s’excusait pour lui avoir demandé… D’être plus qu’une « simple » connaissance ? Pensait-elle avoir proféré là un blasphème ? Un interdit ? Une offense ? Quel idiot ! Lui qu’on disait très talentueux et intelligent, il n’était qu’un idiot. Cela dit, elle n’était pas mieux ; quel mal y avait-il à demander cela à quelqu’un ? Pourquoi devait-elle se sentir coupable ? Loup ne l’avait accusé de rien !
    . Il commençait à s’énerver, intérieurement. En froide colère contre son propre manque de tact et le manque de confiance en elle-même de la jeune femme. Pas d'une de ces colères noires, destructrices et furieuses, non évidemment. Il était juste très agacé.
    . Il n’aimait pas promettre, surtout promettre des liens avec les gens. Alors pourquoi lui en demandait-on ? Il n’avait vraiment pas voulu la bousculer, ni même lui accoler un adieu. Il ne voulait pas y penser. Alors pourquoi retirait-elle avec tant d’empressement ses propres paroles ? De quoi avait-elle peur ? Qu’il se fâche ? Non, tout de même ! Il n’avait pas l’air de ce genre de personne ! Qu’il s’en aille alors ? Il faudrait bien qu’il parte un jour ! Est-ce que ça voudrait dire pour autant qu’ils ne se reverraient jamais ? Ce n’est pas ce qu’il lui avait dit ! Il ne voulait pas y penser… Ca l’irritait. Loup pensait présent, il vivait au rythme de ses pas, de son souffle et de ses envies. Jamais à celui de ses projets ou ambitions. Il ne planifiait pas souvent les choses, il n’aimait pas. Il se sentait obligé d’aller les faire après, il se sentait engagé.


    . Jichinôra paraissait paniquée, tojours. Elle tourna précipitamment la tête vers ses roses, comme si une idée folle lui traversait la tête.

    Ce fut d’ailleurs le cas.

    . Ses gestes hâtifs redevinrent subitement doux et maternels alors qu’elle glissait ses mains sous la fleur qui peu avant, avait effrayé Loup en perdant un pétale… L’assassin ouvrit de grands yeux stupéfaits en comprenant ce qu’elle s’apprêtait à faire et voulut la retenir, la tige se brisa avant. Il contempla d’un air mitigé la jolie brune qui caressait d’un dernier regard amoureux son bel enfant.


    « Prends-la, je t'en prie. »

    . Puis, levant le regard vers lui qui cette fois ne songea pas à moduler son expression, elle lui offrit le trésor.

    « Tu n'es pas un Nuage, je te le promets. »

    . Loup redressa la tête d’un mouvement vif. C’était ça alors ? Par Eole ! C’était ça qui l’inquiétait ? Loup se sentit encore plus mortifié. Qu’est ce qu’il lui avait pris de lâcher ça ? Forcément, qu’elle l’entendrait, forcément qu’elle s’en inquiéterait ! Mais où était donc passé son esprit d’analyse ? Il porta une main à son front, baissant la tête dans une attitude blasé -par lui-même. Mais quelle andouille… Il n’avait pas dit ces mots en l’air, il pensait toujours que c’était parce qu’il était Nuage qu’elle lui avait posé la question. Mais c’était complètement sot de l’avoir lancé ainsi… Evidemment, dans le fond son clan n’avait rien à voir là-dedans, ce n'était pas le principe de Jichinôra ! D’accord, l’idée lui était venue à l’esprit. Il est vrai qu’elle semblait très attachée à son père, assassin de son vivant et cela pouvait influencer son jugement. Mais loin de Loup l’idée de la blâmer !

    « Tu es Loup, d'accord ? Tu es Loup. »


    . Relevant la frimousse, il rencontra les yeux anxieux de la petite Etoile, les mains offrant toujours le si précieux présent.
    . « Il était Loup… » Curieux comme une phrase si simple fit son chemin. Lui que l’on avait durant toute son enfance appelé par le nom de son père… Il était Loup, il avait trouvé cette réponse tout seul, enfant. Mais c’était pour cela que Jichinôra lui avait posé la question.
    . Ce n’est pas parce qu’il était un Nuage qu’il en avait le tempérament. C’est parce qu’il était Loup, qu’il avait pu être un Nuage. Un rayon de soleil vint caresser la plaine enneigée de l’univers Lupin d’un chatoiement chaleureux. Oh non, ce n’est pas cela qui irait le faire fondre, Loup ne laisserait jamais personne atteindre la sphère glacée qui figeait ainsi son monde. Ce rayon ne réchauffait pas, ne perçait même pas un pouce de neige. Mais déjà, il éclaircissait le ciel, timidement.


    « Je suis Loup ? » répéta-t-il d’un ton étrange aux accents espiègles.


    . Un beau sourire reconnaissant illumina son visage angélique, apportant un peu de chaleur à l’atmosphère si rafraîchie de la scène. Il n’aimait pas les climats tendus.
    . L’assassin eut un éclat de rire argentin et posa deux perles émeraudes enjoués sur son hôte.


    « Je suis désolé, Jichinôra, je ne voulais pas t’offenser. » déclara-t-il de sa voix posée, la tutoyant pour la première fois « Ne te méprend pas, loin de moi l’idée de mépriser tes intentions. »

    . Il ne croyait pas qu’elle l’ait approché par intérêt. Quoi qu’en fait si, à la base, puisqu’elle était perdue dans le quartier tempête et cherchait une boussole, mais ça n’avait rien à voir.


    . Avec ses gestes achevés et gracieux, il glissa ses mains sous celles de l’étoile, les prenant presque dans les siennes. Il traversait une nouvelle fois la distance qu’il imposait entre eux, ne prenant pas la fleur, toutefois.

    « C’est un cadeau trop important, pour que tu me le donnes. Ces fleurs appartiennent à ton père, je ne suis pas sûr d’avoir le droit de l’accepter. Tu ne me dois rien, je ne suis pas en colère contre toi. »

    . Il abandonnait toute prudence, tant pis pour son maudit enseignement, et parlait avec simplicité, à cœur ouvert.


    . Lâchant les menottes de Jichinôra, il lui offrit un nouveau sourire rassurant.

    « Tu n’as pas non plus besoin de vouloir me retenir. Tu n’as pas besoin de faire des efforts. Je n’aime pas, ces ambiances étranges. Ca ne te va pas non plus. »

    . Il parlait de cela à cause de la panique de l’Etoile. A quoi cela servait-il, de modifier son attitude pour retenir quelqu’un ? Mieux valait jouer franc-jeu, et il ne voulait surtout pas que Fides Ei perde sa spontanéité qui l’intriguait tant !


    . Dans un nouvel éclat de rire, il ajouta d’un ton railleur qui ne laissait aucun doute sur le caractère taquin et seulement taquin de ce qu’il allait dire :

    « Et puis ce serait vain avec moi. Tu ne penses pas ? »


    . Cette attitude joueuse, légère et malicieuse qui l’imprégnait à présent avait une signification qui crèverait les yeux de plus obtus aveugle de l’Enfer Céleste : il adoptait Jichinôra. La barrière froide et trop courtoise qu’il maintenait entre eux était tombée, c’était définitif. Il y avait toujours une distance, mais Loup gardait une distance avec tout le monde. Il lui accordait un peu de sa confiance et acceptait un peu de la sienne, se révélant sans déguisement aucun.
    . Ce qui avait fait basculer l’équilibre ? Ses derniers mots. La rose. Elle avait convaincu la facette farouche de Loup. N’allez cependant pas croire que le Nuage relâchait toute vigilance. Jamais. Il adoptait simplement la présence de Jichinôra, l’intégrait aux autres Noms.

    . C’était déjà beaucoup.

Revenir en haut Aller en bas
Jichinôra Fides Ei
# Membre du clan Etoile

Jichinôra Fides Ei


Messages : 59
Date d'inscription : 19/06/2009
Localisation : Suivez l'odeur de légèreté...
Humeur : Mélodieuse ♫ ~

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeJeu 15 Avr - 4:50

    Son rire l’avait laissée perplexe. Passer d’un à l’autre, du plus grand désarroi à la joie enfantine, est tout de même demandant. Même avec toute la volonté du monde, Jichinôra ne put que répondre à son hilarité que par un fade petit rictus. Ses doigts caressaient doucement la rose par-dessous, lui apportant un peu de réconfort dans l’incertitude.

    « Je suis désolé, Jichinôra, je ne voulais pas t’offenser. Ne te méprends pas, loin de moi l’idée de mépriser tes intentions. »

    La jeune guérisseuse était confuse. Si confuse ! Délibérément. Elle voyait là un refus, une acception, les deux mélangés, balançant dangereusement du positif au négatif… sa petite bouche se pinça en un pli indécis. Dans ses yeux brillait une lueur vague; son éternel optimisme lui dictait de sourire et de gambader plus loin pour que l’intrus s’en aille sans plus d’échanges. Mais non; faire cela était impoli, disgracieux et surtout ingrat après qu’il ait accepté de venir sur son îlot malgré sa nature Nuageusement prudente. Et puis, comment tourner les yeux à un être si charmant ? De ceux dont on devient assoiffé après un seul coup d’œil. On l’aperçoit dans la foule, tente de le suivre des yeux et soupir en le voyant nous toiser avec gaminerie de sa haute tour. Inaccessible. Mais, ne nous a-t-il pas accordé un coup d’œil ? Le jeu en valait la chandelle, alors. Sa simple présence la contentait.
    Puis il glissa ses mains sous les siennes. Jichinôra ne put décoller les yeux de ce contact. Pour la seconde fois, il lui offrait quelque chose d’inestimable. Elle fixait la rose et sentait le contact chaud de la peau de Loup sur la sienne. Il avait les mains douces. Très douces. Pratiquement autant que le sourire dont le jeune louveteau la gratifia. Il ne voulait pas la voir triste… tout comme elle ne voulait pas l’être.

    « C’est un cadeau trop important pour que tu me le donnes. Ces fleurs appartiennent à ton père, je ne suis pas sûr d’avoir le droit de l’accepter. Tu ne me dois rien, je ne suis pas en colère contre toi. »

    Timidement, elle leva les yeux. Ses mèches d’ébène dissimulaient à moitié ses yeux de nouveau scintillants de bonheur. Il refusait la fleur. Mais c’était si superficiel ! Il comprenait, alors. Il comprenait son père, il comprenait sa vie, il comprenait son sentiment. Il ne lui en voulait pas d’être ainsi, maladroite et précipitée, enthousiaste puis nostalgique. Un petit malaise s’installa dans le cœur de Jichinôra. Peut-être avait-elle tendance à dramatiser ? Oh, oui, probablement un peu… c’était peut-être un peu effrayant de voir les émotions d’autrui ainsi exposées à tous vents. Néanmoins, Loup était toujours présent. Et avec un sourire, qui plus est. Il ne s’en faisait pas, comme elle, à l’habitude. La rose qu’elle tenait dans sa main avait quitté ses racines à cause d’une culpabilité fausse. La guérisseuse se promit que cela ne se reproduirait plus; au moins, elle avait grandit, un peu, à peine, elle gagna alors en sérénité. Les Nuages sont libres et s’étendent de part et d’autre du monde. Pourquoi ne le reverrait-elle pas ? Il savait le chemin, maintenant. Il lui avait dit qu’il entendait bien venir faire un tour, un jour. Et sa nature, sa si délicate et voluptueuse nature, ne semblait pas encline à lui jouer un mauvais tour après le bol de sincérité qu’elle n’avait cessé de lui verser depuis leur rencontre.
    Doucement, son cœur devint léger. Par le rire apaisant de Loup et par son raisonnement serein.

    « Tu n’as pas non plus besoin de vouloir me retenir. Tu n’as pas besoin de faire des efforts. Je n’ai pas ces ambiances étranges. Ça ne te va pas non plus. »

    Ces mots faisaient écho à tout son mal; ce n’était pas elle de se démener pour que quelqu’un reste auprès de sa personne. Elle n’était pas si égocentrique. Il avait senti qu’elle avait voulu le retenir et cela la gêna un brin. Maintenant, il avait prit conscience – enfin, officiellement – du désir qu’elle avait de le connaître. Non, de le côtoyer. Le terme était plus juste. Le connaître, ça n’avait pas d’importance. Il fallait connaître les règles à suivre pour une opération, le protocole d’une extraction, les dessous du corps humains et toutes ces choses matérielles, mais une personnalité, un esprit ? Dieu sait que cela ne mènerait nulle part. À quoi bon visiter un musée dont on connait personnellement tous les artéfacts ? C’est d’un ennui… non, elle n’irait pas voir plus loin. Et Loup méritait, à ses yeux, bien plus que des facettes troublantes d’elle. Elle aimait sourire. Pourquoi pas !
    Alors elle sourit, tout simplement. C’était sa manière de vivre, voilà tout. Ça ne lui allait pas de s’inventer des paniques. Pas du tout.

    « Et puis ce serait vain avec moi, tu ne penses pas ? »


    Elle joignit son rire au sien. La voilà, la chose après laquelle elle courait en haletant depuis le début : un rire franc. Soulageant, allégeant. Un petit quelque chose, discret, qui la ravie. Le sourire amical de Loup l’émerveilla. Le sien n’en brilla que davantage.
    Puis, les lèvres de nouveau étirées par l’allégresse, la jeune Fides Ei baissa les yeux sur le petit trésor écarlate dans ses mains. Maintenant, il était porteur d’un souvenir unique et bien précis. Une détresse malheureuse guérie par le plus pur des baumes. L’amitié nouvelle. Le regard de Jichinôra prit une teinte de triste joie. Celle d’une mère fière de voir son enfant s’envoler de ses propres ailes mais effrayée à l’idée de ne plus pouvoir le couver. Rien d’aussi malsain que les sentiments précédents. Elle avança la grosse rose vers Loup, sans pourtant la lui offrir. Elle voulait seulement qu’il la regarde une dernière fois. Puis une grande bourrasque balaya de nouveau l’îlot, faisant vire-voleter sauvagement la chevelure de Jichi. Du même coup, elle leva rapidement ses mains jointes en même direction que le vent et la fleur s’envola, quelques pétales se libérant du cœur à cet instant. Les cheveux dans le visage, elle regarda son trésor commencer sa route vers l’infini. Puis le souvenir devint passé pardonné.

    « Ma rose est devenue porteuse d’un bien mauvais moment… alors je la laisse s’envoler, tout cela n’existe plus. » expliqua-t-elle avec sa douceur primale. « Je crois que c’est une bonne chose que ce soit vain avec toi… à bas les ambiances étranges ! »

    Ses derniers mots furent prononcés avec taquinerie, quelques ricanements les succédant. Silencieusement, elle lui fit une promesse de simplicité. Rien de compliqué. Elle ne le lierait pas à elle par sa détresse. Il déciderait cela de sa volonté propre.
    Jichinôra sourit, radieuse. Elle fit quelques bonds de ballerine pour s’éloigner de l’arc aux roses; les émotions déferlaient toujours sauvagement près de celui-ci. Au lieu de cela, elle retourna à travers les longues herbes courbées par un vent un peu plus fort qu’auparavant. Il porta justement ses paroles jusqu’à Loup :

    « Avoir été n’importe qui, je t’aurais condamné à un câlin ! Mais comme tu es un invité d’honneur, je t’octroie un traitement de faveur. Pas de câlin pour toi. Par contre, je peux toujours partir une fournée de pain chaud que nous mangerons dehors. »

    Elle avait pris soigneusement la peine de ne pas le forcer à entrer, le jeune homme en parlerait si le désir se pointait, et son ton d’enfant taquin exprimait clairement qu’elle voulait seulement lui faire plaisir. Jichinôra Fides Ei désirait voir son prochain relever l’échine avec autant d’aisance que ceux qui n’ont connu que amour et calme. Que les labeurs s’effacent; les siens autant que ceux des autres. Du même coup. Un bref instant, tout près de la flamme agitée d’une bougie à travers la noirceur de la triste routine.

    Tout près d’elle qui s’ouvrait à nouveau, fleurissante, pleine de promesses, un ange aux cheveux d’obsidienne.
Revenir en haut Aller en bas
Loup Iudalaël
# Membre du clan Nuage

Loup Iudalaël


Messages : 54
Date d'inscription : 06/06/2009
Localisation : ° Partout où le vent l'emporte.
Humeur : ° Lupine ♥

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeLun 19 Avr - 0:55


    . Loup sourit, encore. Il avait le rire facile de toute façon, on le savait. En dépit de ce que beaucoup pensait, les Nuages pouvaient être simples, de par leurs esprits légers. Bien peu avaient le regard de tueurs en permanence, la mine grave et les mains toujours parées à la strangulation. Loup particulièrement n’avait absolument rien d’un meurtrier, si ce n’était dans les faits. Sa nature Nuageuse ne faisait pourtant aucun doute ; comme quoi, la caractéristique de ce clan était bel et bien une âme libre et non pas les mains sanglantes.

    . Pour l’heure, il était simplement heureux d’avoir redonné à Jichinôra son sourire si précieux. Il lui avait manqué. C’était à ces petits faits simples, que beaucoup voyaient comme des détails, que Loup accordait le plus de valeur. Le sourire de Jichinôra était pour lui un trésor inestimable. Aujourd’hui en tout cas, qui pouvait dire de quoi demain serait fait ?


    . Le Nuage regardait le ciel, là où la rose s’était envolée. Il en était jaloux… Si belle et si légère, elle pourrait visiter l’infinité des Cieux, voyager sans se soucier d’autre chose que le courant du Vent, et même si un jour elle retombait… Le voyage en aurait valu la peine. Qui sait, peut-être aurait-elle même quelques graines à apporter au sol qui la recueillerait…
    . « Porteuse d’un bien mauvais moment » avait dit l’Etoile. Loup avait donc vu juste. Pas que ce fut difficile de déchiffrer Fides Ei, mais on n’était jamais à l’abri d’une mauvaise interprétation. Beaucoup d’expressions s’étaient peintes sur le visage de la jolie brune, Loup avait craint ne jamais retrouver ce rayonnement qui l’avait charmé. Mais à son refus quant à la rose, sa mine avait retrouvé ses couleurs, ses yeux leurs éclats et sa bouche son esquisse joviale. Elle n’était pas offensée, loin de là, et Loup s’en ravissait. L’atmosphère s’était déliée, allégée, des touches vives ravivaient la scène qui s’était momentanément assombrie. Puis Jichinôra avait ri, à nouveau. Et le cœur de Loup avait perdu son inquiétude, son âme enfantine avait sourit et sa peur s’était envolée.


    . Puisque le moment s’était effacé avec la rose, tout était bien. Maintenant, Jichinôra avait balayé sa tristesse, et il ne s’en sentait que plus rassuré. Il n’aurait pas su comment faire face à la demoiselle éplorée, surtout qu’il n’aurait pas non plus saisi les raisons de ses larmes.

    . Il la regarda s’éloigner, petite nymphe dansant gaiement, écouta les notes de son rire qui trouvèrent un écho dans la frimousse adoucie de Loup. Elle resplendissait à nouveau, perle enjouée scintillant dans la grisaille du monde infernal, le vent lui-même semblait adorer jouer dans ses longs cheveux ébènes, s’égayant de trouver une si charmante compagne de jeu. Il porta même les mots de l’Etoile jusque Loup.

    « Avoir été n’importe qui, je t’aurais condamné à un câlin ! Mais comme tu es un invité d’honneur, je t’octroie un traitement de faveur. Pas de câlin pour toi. »

    . Loup retint un frisson ; un câlin… Les gens avaient parfois de drôles d’idées. Lui qui était pourtant si gourmand d’amour, la perspective d’une étreinte l’angoissait. Il appréciait que l’Etoile n’ait pas tenté l’expérience, pas sûr qu’il ne l’aurait pas instinctivement rejeté, et peut-être un peu trop violemment… Très peu de gens pouvaient se vanter de pouvoir approcher Loup de si près sans l’effrayer. Il y en avait cependant… La plupart dans son propre clan.

    « Par contre, je peux toujours partir une fournée de pain chaud que nous mangerons dehors. »


    . Le sourire de Loup gagna en chaleur, celle-là alors… Elle lui enchaînait les dilemmes. Il replaça l’une de ses mèches blondes, échappée par le vent, derrière son oreille, signe d’une hésitation. Il devait partir. Il voulait partir. En partie, seulement.
    . LTiraillé entre son besoin de quitter l’îlot et sa curiosité de Jichinôra, sa gourmandise de chaleur, il ne savait pas quoi faire… Elle lui donnait bien du souci, cette demoiselle. Il ferma les yeux et secoua doucement la tête. Non… Il était dit qu’aujourd’hui, il ne parviendrait pas à retourner dans son droit chemin… Quoique droit… Le chemin de Loup était assez tordu, à peine tracé, aux nombreux embranchements dans une immense forêt touffue.


    . Il rouvrit les yeux, brusquement, fixant sur la jeune femme ses prunelles lumineuses où dansait un nouvel éclat joueur, puis… Il disparut.

    . Joueur, un louveteau adorable, mais tellement joueur…

    . Loup bougeait vite, échappant en une fraction de seconde au champs de vision de l’Etoile avec l’habilité des assassins, ces secrets que leur enseignait le clan Nuage pour que leur proie ait la sensation d’une disparition pure et simple, alors qu’il ne s’agissait en réalité que d’un jeu basé sur la rapidité, la connaissance des réactions humaines et visuelles, et d’une vive attention.
    . Il s’était faufilé dans un battement de cil de sa vis-à-vis, le temps d’une pulsation de sang et il la contournait, arrivant dans son dos sans un son, sans un souffle.

    . Pourquoi ? Par jeu, sur un coup de tête. Parce que le tiraillement entre partir ou rester lui donnait une irrépressible envie de bouger, de se perdre dans sa rapidité pour s’en griser, disparaître, émanciper son esprit de son corps et ne plus penser à rien d’autre que sa liberté. Hélas, le petit îlot ne suffisait pas pour cela.


    . Toujours dans le dos de l’Etoile, il inspira, le regard tourné vers le ciel.

    « Je vais rester encore un peu, alors ? »

    . Il attendit qu’elle se retourne pour baisser le regard et lui offrir un nouveau sourire. Pourquoi acceptait-il de rester ? Il n’en savait rien. Tout comme il ne savait pas pourquoi il lui avait adressé la parole, pourquoi il avait accepté de la guider, pourquoi il était resté la soutenir après l’agression, pourquoi il l’avait suivit sur cet îlot ni pourquoi il avait abattu le mur qu’il imposait entre lui et le monde.

    « Tant mieux. »

    . La curiosité, oui sans doute, c’est ce qu’il s’était dit dès le départ. Il était curieux de cette spontanéité si belle et chaleureuse, de ce personnage si enjoué. Mais sans doute était-il surtout désireux de profiter de sons rayonnement quelques instants encore…

    « Je peux t’aider ? »

    . Pour le pain chaud. Ca avait l’air amusant… Non ?
    Ô aléas de la vie ~
Revenir en haut Aller en bas
Jichinôra Fides Ei
# Membre du clan Etoile

Jichinôra Fides Ei


Messages : 59
Date d'inscription : 19/06/2009
Localisation : Suivez l'odeur de légèreté...
Humeur : Mélodieuse ♫ ~

# Ascension #
Âme:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue10/30« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (10/30)
Souffle:
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Left_bar_bleue0/100« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty_bar_bleue  (0/100)

« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitimeMar 18 Mai - 1:22

    Tout le monde est capable de surprendre tous et chacun, c'est bien connu. Ceux allant contre leur nature, même pour un petit instant, sont rares; pour la plus part, nous découvrons une facette inconnue de leur personne. Jichinôra Fides Ei, même si elle était la transparence même, devait bien certainement cacher quelque chose quelque part, au fond d'elle, un visage étranger. Ses connaissances, proches ou lointaines, miseraient sur la colère; très peu l'avaient vus emporté par le courroux, ou au moins avec une once de haine dans les yeux. Peu de chose la mettrait dans cet état, quoi qu'il arrive. Si une horreur se produit devant elle, ce sera plus la tristesse qui envahira ses traits, une profonde nostalgie liée à la folie humaine. Le meurtrier ne verra point de sympathie pour lui, quelle que soit sa situation, mais il ne méritera pas sa colère non plus. Elle priera pour le défunt, maudissant peut-être son impuissance face à la situation, soutiendra la famille en deuil s'il y a lieu. Par pur humanité – et peut-être naïveté – elle ne sera pas du style à aller colporter aux autorités le tueur, à moins que le vœux ne soit énoncé. Car Dieu seul sait ô combien la rancune envers une personne en détruit le possesseur; plus que le destinataire. Elle désirait l'éviter... mais ne pourrait résister à l'idée d'exaucer le vœux des proches de la victime. Enfin, tout cela pour dire que l'aspect surprenant de la jeune guérisseuse résiderait plus dans sa logique, quelque fois paradoxale...
    Et pour Loup ? Un mystère sur deux pattes. Elle avait été sidérée.

    « Je vais rester encore un peu, alors ? »

    Jusque-là, tout était normal... oui, elle voulait qu'il reste. Elle voulait profiter de son sourire encore un peu, qu'il découvre un peu plus son monde. Pour, peut-être, venir s'y blottir un jour, car Jichinôra désirait avant tout être une main secourable pour ceux dont elle voyait une véritable valeur. Et peut-être, un jour, allait-elle être en mesure de le lui dire : elle était là. Tout simplement. Mais certaines personnes ne veulent pas l'entendre, et elle ne savait pas encore quoi attendre de Loup. La guérisseuse était maintenant très consciente qu'elle devait faire attention à ses mots... il avait tendance à reculer, même si jusqu'ici, il semblait avoir accepté sa proximité. En tout cas, un peu plus qu'à l'instant où elle avait fondue en larme – dont elle avait encore honte.
    Eh bien, si l'occasion se présentait, elle lui offrirait cette épaule. Sans mots, préférablement ; c'était moins engageant et gênant pour tous. Le meilleur des deux mondes !

    « Tant mieux. »

    Elle lui sourit. Il était si mignon, les yeux ainsi baissés, un petit sourire aux lèvres. Ah, c'était très sincèrement dommage qu'il ne veuille pas de câlin. Quel plaisir elle se ferait à lui en donner un ! D'amour tout plein ! À cette idée cocasse, son sourire s'accentua encore davantage.

    « Je peux t'aider ? »


    Qu'il lui offre son aide n'était pas étrange – c'était ce qui en découlait. Qu'il entre chez elle... dans sa petite maison, à travers ses possessions, sa vie intime, sa vie professionnel, au-delà de la charmante petite façade que représentait la cour de son îlot. Jichinôra prit une expression de stupéfaction. C'était très inattendu. Elle n'imaginait pas qu'il entre, du moins pas si tôt, pas aujourd'hui. Encore moins que ce soit lui qui énonce la chose; ce Loup ! Elle ne savait pas qui il était, tellement pas... peut-être cela ajoutait-il du piquant, mais elle réalisait bien que cela restait un terrain glissant. Alors à tâtons...

    Elle secoua la tête. Puis prit une expression de compassion, sait-on pourquoi.

    « Tu m'avais caché que tu cuisinais, petit turlupin ? »

    Elle baissa les yeux, pensive, légèrement souriante. Une bourrasque lui passa dans les cheveux. Elle croisa les doigts, piétina légèrement sur place. Puis leva timidement les yeux. Au fond, si elle avait été surprise par sa demande, c'est qu'elle-même hésitait à l'idée qu'il entre chez elle. Elle lui faisait confiance. Elle voulait qu'il reste proche. Mais peut-être, au fond, qu'il visite son nid de confort, était-ce un peu trop. Les blessés qui l'avait vu restaient indifférents à tout cela, plus préoccupés par leur propre douleur. Et peu d'entre eux notaient les petits détails, le genre de chose qui révélerait des informations privées sur sa vie. Et ces gens avaient tendance à passer leur temps à l'extérieur, la plus part nostalgiques; un espèce de passage nécessaire à la guérison. La réflexion, faut-il croire. Mais Loup Iudalaël, Jichinôra le savait bien, remarquerait chaque petite chose, chaque bêtise qu'elle aurait eu le malheur de laisser traîner, sonderait, analyserait, et en tirerait des conclusions plus ou miens vraies. Elle frissonna un peu. Elle n'avait pas envie que son jeune compagnon voit le mouchoir avec lequel elle essuyait ses larmes du soir, qu'il voit les initiales de son père brodés dessus. Qu'il sache que même seule, parfois, elle se laissait aller au désespoir. Qu'il apprenne ses manies, qu'il prenne connaissance de son habitude de toujours faire à manger comme si elle attendait un visiteur inopportun. Qu'il sache... tout !
    Jichi se mordilla la lèvre. Avec un air passablement d'excuse, elle dit :

    « Ça va aller... je ferai vite. Attends-moi dehors, tu as l'air d'un garçon de grand air, n'est-ce pas ? »

    Sa petite voix de demoiselle épris de douceur expliquait tout, sans doute. C'était étrange de la voir refuser un tel rapprochement, après avoir remué ciel et terre pour qu'il accepte de se laisser approcher. Un peu paradoxal. Mais au fond, elle avait bien le droit, non ? En temps et lieu, en temps et lieu, disait-elle de son regard délicat... et son prétexte était un peu faible, mais qui s'en inquiétait. Ce qui importait était le message derrière.
    Loup avait tissé un lien trop déstabilisant pour qu'elle le laisse s'épanouir trop rapidement. Se connaissant, elle s'emballerait bien trop vite, maintenant qu'il baignerait dans son intimité, tout bonnement. Mais elle restait une enfant... qui n'était pas encore prête, car papa existait toujours. Et veillait sur elle.

    Elle n'était pas prête pour le simple amour, quel qu'il soit.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] Empty
MessageSujet: Re: « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]   « Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra] I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
« Mon îlot est un endroit magique ! » [PV Jichinôra]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Jichinôra Fides Ei
» Jichinôra Fides Ei
» Jichinôra Fides Ei - fidèle à elle-même.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Enfer Céleste :: 
Enfer Céleste ~Etoile | Îlots |
 :: # Jardins
-
Sauter vers: