Clya Arkantaï, Seconde du clan du Vent

Choisir le vent ce n’est pas seulement choisir un clan, c’est aussi fermer la porte aux autres.
J’aurais pu, aller, les nuages, la tempête. J’aurais pu. Seulement c’est le vent le vent qui m’appelle.
Mon histoire n'est pas l'histoire du vent, ce n'est pas vraiment la mienne non plus. Elle appartiens plus à Loïc, à Aruchk qu'à moi. Mon histoire va commencer, bientôt, ce n'est qu'une question de temps

Clya ne se souviens pas, faut dire aussi qu’à l’heure de ses premières secondes il est rare de se souvenir. Son père Aruchk avait entouré sa toute petite main dans sa main solide de guerrier. Et il avait fermé les yeux. A qui a-t-il adressé sa prière, nul ne le sais, mais les membres de sa famille l’entouraient et eux aussi ont fermé les yeux, ajoutant puissance et force au rituel. Le temps d’un instant tout c’était arrêté, sans que personne autre qu’Aruchk ne le sache.

La naissance de Clya avait été longue et douloureuse pour la mère. Sa famille avait soufflé en même temps qu’elle pour lui donner du courage. En cercle autour d’elle, ils étaient restés, la tenant, la touchant. Seul Aruchk n’avait eu le droit d’être là, à lui était la tache de convaincre un guérisseur de venir à son aide. Il s’était rendu auprès du clan des étoiles, à l’îlot le plus proche. Les membres du clan l’avait vu entrer dans leur territoire avec suspicion mais il était venu sans ses deux lames vaillantes alors ils l’avaient laissé entrer. Il avait supplié un guérisseur de venir auprès de sa douce femme Kaliah, lui le grand guerrier qui n’avait jamais au grand jamais demander leur aide pour soigner ses blessures si grave soit elle. Le guérisseur était venu et il avait soigné sa femme en aidant Clya à sortir. Il avait sauvé sa Kaliah.

Mon père était un dieu dans la constellation des guerriers.

Etrangement Aruchk était un bon père. Il était toujours patient avec sa peste de fille, toujours doux et jamais enclin à la colère. Il laissa ses deux lames de côté pour reprendre les armes normales des guerriers : des armes à feu. Aruchk avait changé. Il n’était plus l’homme qui se laissait submerger par ses émotions durant la bataille, qui, aveuglé par le sang, devenait fou. Si son calme était désormais olympien, il avait néanmoins perdu tout son talent au combat.

Quand il est mort pour eux, il était à deux doigts de finir 6 pieds sous terre. On ne sort pas du jeu.

Loïc fut en quelque sorte le second père de Clya. Il lui apprit bien plus de chose de la vie qu’un ami aurait pus lui apprendre. Il lui apprit qu’il n’a jamais donné de baisser les armes, ou d’en changer. Il lui apprit qu’il n’est jamais bon pour la santé que d’avoir une famille. Que si l’on est le meilleur on se doit de le rester. Loïc était un conquérant, un excellent combattant qui avait de commun avec Aruchk outre le même amour pour la femme, un talent au combat. Tant qu’Aruchk était plus fort que lui, Aruchk méritait sa femme, son respect. Mais ce n’est pas Kaliah qui fut la raison du duel qui eu lieu entre les deux hommes. Aruchk était son mentor en quelque sorte, un ennemi avec qui il apprenait à chaque instant, du jour où le mentor refusa de lui apprendre l’immense savoir qu’il possédait Loïc décida de le lui arracher.

Il emmena de force Clya et Kaliah dans sa demeure au clan de la foudre. Il les enferma dans une chambre avec tout le confort et la gentillesse possible. Il n’avait su conquérir le cœur de Kaliah et c’était l’une des seules conquêtes qu’il s’était vu refusé, mais il ne fut pas brute, ni méchant. Aruchk fut dans l’obligation d’accepter un duel avec ses deux sœurs de cœur mais sa puissance, sa colère, sa folie qui lui venait au combat ne réussissait pas à passer outre les barrières qu’il s’était mis au fil du temps. Les coups eurent raison de son corps.

Mon père est mort et bien qu’il fût gentil et sage, je crois que cela fut un soulagement pour tout le monde. Le talent amène envieux et peureux. Trop de talent tue son homme. Mon histoire telle que le monde la connait se termina à ce moment même. Loïc avait moins de charisme, moins de talent. Le monde ne suit pas l’histoire des seconds, elle préfère les premiers.
Loïc nous adopta, moi et ma mère comme la famille qu’il n’avait jamais eue. Il donna à ma mère réconfort et amour et je crois qu’au fil du temps, elle lui pardonna.

Le corps d’Aruchk était plein de sang et aussi étrange que cela puisse paraisse, Clya cru voir du sang pour la première fois. Elle toucha le sang du bout de ses 10 ans et le posa sur son visage comme son père le faisait. Le sang était encore chaud et vif, il sécha sur ses joues ou se mélangea à ses larmes. Kaliah se jeta sur le corps et pleura. Loïc la laissa s’occuper du corps et resta auprès d’elle quand elle pleura son mari. Kaliah habita longuement dans la maison de Loïc avant de devenir sa femme sans jamais tenter de s’en aller.

Loïc donna les âmes sœurs de son père à Clya, en lui demandant leurs noms. Clya fut incapable de le lui dire alors il les lui donna en lui demandant de les faire chanter. Clya ne su quoi faire. Incrédule Loïc compris que le seul disciple d’Aruchk avait été lui-même et que ce père n’avait même pas tenté de léguer son savoir et son talent à son seul enfant.
A 10 ans Clya n’avait rien d’une femme, mais plus grand-chose d’une enfant déjà. Elle était la seule personne a qui il pouvait confier son art alors il le fit. Il lui donna les lames de son père, en lui confiant la mission de trouver leur véritable nom. En disant que si Clya arrivait à les dompter elle pourrait connaître enfin leur histoire. Il l’obligea à suivre un entrainement long et difficile. Il la forma comme l’on forme un jeune garçon, dans le sang et les claques, dans le feu et la fatigue.


J’ai aimé Loïc autant que j’ai aimé mon père et peut-être plus encore. Il a donné un sens. Il savait et il parlait, par la voix, par les chocs. Mais Loïc était mon mentor et mon père le sien. Je ne les ai jamais trahis, aussi, lui comme moi on savait que le jour allait arriver. Le jour où je devrais venger mon vrai père, défier mon mentor. Ce jour là on l’attendait tous les deux comme de vrai gamins. Il fallait que je sois prête et cela prenait un temps fou. Comme douce à été notre impatience, on n’en a jamais parlé mais on savait.

Clya avait 17 ans, quand elle attendit Loïc devant sa maison, leur maison. Les deux armes à la main, un sourire aux lèvres, elle le défiait et il le savait. Il marcha lentement, faisant durer le plaisir, faisant monter la pression et les battements de cœur. Il prit ses armes, les caressa une dernière fois en leur murmurant leurs noms puis se rendit devant la jeune fille. Ils ne parlèrent pas. Ils jouèrent seulement le grand jeu de l’enfant et du père, de l’élève et du mentor. Loïc voulait mourir de sa belle mort, Clya avait besoin de s’affranchir. Ils se jouaient entre eux un jeu du vieux monde. Comme les rituels de son père, comme la fierté et l’honneur de ses deux hommes, comme sa mère qui était resté auprès de Loïc. Un saisissement de l’instant, elle allait assassiner la seule personne capable de la comprendre et il ne faisait même pas nuit.

Ils se battirent. Encore et encore. Même technique, à nu l’un et l’autre. Loïc toucha Clya, elle sentit son propre sang et doucement la torpeur, la colère s’infiltra dans ses veines. Sa vitesse s’accéléra, son cœur battait si vite qu’elle risquait une attaque. Il n’y a pas de temps pour cesser de se battre. Les coups s’accélérèrent, les parades aussi et puis il y eu un coup. Direct, bien placé, un coup et l’homme tomba. Tandis qu’il se séparait de son sang, Clya repris ses esprits et encore sous le joug des émotions elle se mi à pleurer. Ce fut elle qui se jeta sur lui et qui pleura sur son corps se tachant de son sang. Il sentait tellement bon son sang, il sentait le courage, la force et l’amour. Elle pleura Loïc et ce fus elle qui ne pu bouger ni parler ni vivre pendant quelques semaines après sa mort. Kaliah était resté debout, à quelques mètres d’eux pendant leur combat et elle n’avait rien dit.

Je ne crois pas avoir vu plus forte femme que ma mère. Plus pure femme. Pendant toute ses années avec Loïc je n’avais pas laissé mes sentiments m’ouvrirent le cœur. Quand il est mort, mon cœur n’a plus pu vivre normalement. Mes émotions sont devenu des raz de marées, mon cœur lui-même à des ratés et tout se chevauche parfois dans mon esprit. Il avait la même force capable de me porter sur cette terre qu’avait mon père. Mais vieillir c’est cela non ? Devoir se porter toute seule. Et cela s’apprends. J’apprends. Je n’ai pas encore réussi à calmer mon palpitant.

Avant de mourir, Loïc parla une dernière fois à Clya. Il lui raconta l’histoire des armes qu’elle tenait encore dans la main. Dans le temps Aruchk avait tué un guérisseur. Quand ses deux sœurs, jumelles de naissance furent souffrantes, il ne put croire qu'elles étaient trop malades pour être soignées et il crut que le clan des étoiles se vengeait en les laissant intentionellement mourir. C’est ce qui lui donna son talent, sa rage au combat plus tard. Il forma deux lames identiques et sublimes à l’image de ses sœurs. La seule fois où il retourna chez les guérisseurs fut pour sa femme..

Mon père avait des sœurs. Elles sont devenues miennes maintenant, ce sont les seules capables de calmer mon cœur ou de l’enflammer pour la bataille. Elles ont la même magie que les rituels : elles portent chaud au cœur et transforme l’âme. Il faut croire à la puissance de nos promesses, de nos chants et de nos désirs. Il faut y croire et y croire encore.

Clya a quitté le clan de la foudre. Elle a quitté sa mère. Son âme apaisée, elle n’avait nulle part où aller alors il lui a fallu choisir. Le vent fut son refuge, le vent fut sa demeure, le vent qui avait toujours été là. Son âme était tellement neutre quand son cœur ne s’emballait pas.

J’ai toujours dis qu’il avait fallu choisir. Mais il n’y a eu véritablement de choix. Par certains cotés je n’ai rien à faire auprès du vent. Mais c’est lui qui s’est imposé, c’est lui que j’ai vu, c’est lui qui m’a appeler. Il faut cesser de se battre …